Cette prédication sur Jean 14.1-7 a pour sujet le but de la mort de Jésus et de sa glorification qui est que nous parvenions à la maison du Père; le chemin pour y parvenir est Jésus-Christ qui est aussi la vérité et la vie.

Source: La veille de la crucifixion. 3 pages.

Jean 14 - Le but et le chemin

« Que votre cœur ne se trouble point. Croyez en Dieu, et croyez en moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit; car je vais vous préparer une place. Et, lorsque je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi. Vous savez où je vais et vous en savez le chemin. Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où tu vas : comment pouvons-nous en savoir le chemin? Jésus lui dit : je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi le Père. Et dès maintenant, vous le connaissez, et vous l’avez vu. »

Jean 14.1-7

Dans quel but la glorification du Christ et de Dieu par la mort sur la croix, que nous avons contemplée dimanche dernier avec émerveillement? Pour quelle destination devons-nous nous aimer les uns les autres comme Christ nous a aimés? Par quel chemin l’atteindre? Jésus répond maintenant à cette double question : il définit le but et précise le chemin qui nous y conduit.

« Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. […] Je vais vous préparer une place. […] Puis je reviendrai, je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi » (Jn 14.2-3).

Dans la foi en Dieu, qui est aussi la foi en Christ, notre destination finale, c’est la maison du Père où sera vécue, dans sa plénitude, l’habitation du Père et du Fils dans chaque croyant. Cette maison est vaste : elle compte de nombreuses demeures. Là, réunis au Seigneur, les croyants demeureront pour toujours. Le départ du Christ va lui permettre d’aller préparer pour les siens leurs demeures célestes, afin qu’ils soient « un » avec lui dans la communion du Père.

Les vastes maisons orientales comportaient de nombreux appartements destinés à chaque fils et fille du maître de maison; elles pouvaient au besoin recevoir de nombreux invités, chacun ayant sa demeure dans l’unique maison. Telle est déjà la maison du Père! Assurément, ce sont là des images. Mais dans la représentation des choses spirituelles, nos esprits sont incapables de s’affranchir des notions d’espace et de temps. Dans cette maison, « les membres de la famille de Dieu » (Ép 2.19) seront rassemblés et trouveront chacun sa demeure toute prête.

Chers frères, quelle tendresse ce mot de « maison » n’évoque-t-il pas? Quel attrait, quel repos, quel bonheur, quelle vie en un mot, dans ces « demeures » dont le Christ nous assure qu’elles existent déjà!

Pour préparer la Pâque, quelques heures plus tôt, Jésus avait envoyé Pierre et Jean. Où devaient-ils aller? Ils l’ignoraient. Ils devaient suivre un inconnu portant une cruche et lui dire :

« Le Maître te fait dire : Où se trouve la salle dans laquelle je dois manger la Pâque avec mes disciples? Et il vous montrera une grande chambre haute, aménagée : c’est là que vous préparerez la Pâque. Ils partirent, trouvèrent les choses comme il le leur avait dit et préparèrent la Pâque » (Lc 22.11-13).

Pierre et Jean n’avaient plus qu’à préparer la Pâque. Sans doute le Christ se réfère-t-il à cet événement tout proche pour nous aider à mieux comprendre ses paroles. Ils sont là, dans cette chambre haute qui était d’avance toute meublée. Il a suffi à Pierre et à Jean de suivre l’inconnu : tout y était déjà prêt par ses soins. Pour que les disciples entrent dans la maison du Père, déjà prête elle aussi, pour accueillir tous les siens, il suffit que le Maître aille leur préparer leur place à chacun pour une Pâque éternelle avec lui. Par sa présence dans la maison du Père, tout sera prêt pour le recevoir. Christ est « la porte » et personne ne peut y entrer sans lui.

S’il en est ainsi, les disciples peuvent, sans trouble de cœur et dans la foi, supporter le départ et l’absence de leur Seigneur, et se consacrer au service de Dieu. Mais comment? C’est pourquoi Jésus ajoute : « Vous savez où je vais et vous en savez le chemin » (Jn 14.4). Le chemin que vous devez prendre vous-mêmes pour y parvenir et pour joindre le Père.

Thomas, le type d’hommes qui demandent sans cesse des preuves tangibles et des définitions précises, déclare alors, au nom de tous, qu’ils ignorent et la destination du Christ et le chemin qui y conduit. « Seigneur, nous ne savons où tu vas; comment en saurions-nous le chemin? » (Jn 14.5). Sans doute n’exprime-t-il pas ici l’incrédulité, mais le découragement d’une foi incapable de se représenter clairement les choses, comme c’est si souvent notre cas. Sans réprimander Thomas, et sans répondre directement à sa double question, Jésus poursuit paisiblement sa pensée.

Puisque le but de la vie humaine c’est l’union avec Dieu (accomplie désormais par son retour dans le sein du Père), le chemin par lequel ses disciples peuvent y atteindre, le chemin vers Dieu, c’est la vérité et la vie. Vérité et vie qui ne sont pas des abstractions intellectuelles. Il dit : « Je suis le chemin et la vérité et la vie » (Jn 14.6). Jésus ne dit pas : « j’ai été ». La vérité et la vie sont réellement présentes en lui, le Fils de Dieu.

Comme il prononce la parole qu’il est (Jn 1.1), comme il distribue le pain qu’il est (Jn 6), comme il donne la lumière qu’il est (Jn 8.12), il est la vérité; il révèle la vérité qu’il est. Comme il est la porte, il est aussi « le chemin ». « C’est moi qui suis le chemin. »

Nous ne pouvons connaître le Père qu’en recevant la vérité, en participant à la vie qui nous sont révélées et données en son Fils. Étant le Guide, il ne nous conduit à rien ni à personne d’autre qu’à lui-même. Il est le seul chemin pour rencontrer le Père. Il ne dit pas, comme s’il était un second Moïse : « Je vous montre le chemin. » Il dit : « Je suis le chemin. » Il ne dit pas, comme un autre Élie : « J’ai la vérité. » Il dit : « Je suis la vérité. » Il ne dit pas, comme tel apôtre : « Je vous conduis à la vie. » Il dit : « Je suis la vie », moi, en ce que je dis, en ce que je fais, en ce que je suis.

En tant que « chemin », Jésus jette un pont entre les deux rives d’un abîme. Un pont est un tout. S’il y a un hiatus, personne ne peut passer. Le pont se tient comme un tout : sinon il s’effondre et n’est qu’une ruine. Notre chemin vers le Père est une voie qui repose sur deux arches indestructibles : la vérité et la vie. Aucune autre route ne conduit à la maison du Père! Nos chemins à nous s’opposent radicalement à. celui qu’est le Christ : « Nous étions tous comme des brebis errantes, dit Ésaïe; chacun de nous suivait son propre chemin » (És 53.6). Or, un seul chemin nous conduit au Père. Il est merveilleux qu’il soit non une philosophie, non une morale, non une doctrine, mais une personne : le Christ. Il n’est pas une route inerte qu’on parcourt péniblement avec ses propres forces et son bagage personnel : il est un chemin vivant qui nous conduit au but, comme si le courant d’un large fleuve s’emparait de notre barque fragile, et par sa puissance nous conduisait à la mer; il suffit de vouloir nous y tenir, nous y maintenir, de toutes nos forces, pour être portés et menés : les forces de la foi, qui nous enracinent en Christ, et nous détournent résolument de tous autres chemins ou moyens pour atteindre le Père et sa maison.

Jésus est le chemin nouveau et vivant. Jésus est la vérité vivante, celle de la grâce de Dieu envers nous, pécheurs; la vérité de ses dons et de son amour. Jésus est la vie vivante, celle que Dieu accorde en son Christ, par la foi. En Christ : en ce qu’il est, en ce qu’il offre, en ce qu’il donne.

Ôtez Jésus, écartez-le : avec lui disparaissent le chemin, et la vérité, et la vie. Hors de lui, il n’y a ni chemin, ni vérité, ni vie. « Il n’y a de salut en aucun autre », s’écrie Pierre après la Pentecôte, « car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4.12). Toute prétention de rencontrer le Père, d’entrer dans sa maison en dehors du Christ et sans lui n’est qu’illusion et mensonge!

Rencontrer notre Dieu, le voir, voir notre Père, entrer dans sa maison, n’est-ce pas l’ambition de chacun de nous? Si oui, il n’y a pas deux itinéraires, il n’y a pas plusieurs chemins. Il n’y en a qu’un : « Vous le connaissez », dit Jésus. « Je reviendrai et je vous prendrai avec moi » (Jn 14.3). Il faut que vous viviez avec moi. Car vivre avec moi, c’est voir Dieu. « Je suis le chemin, la vérité et la vie »… « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14.11).

Comme à Philippe, le Christ pose à chacun de nous la question : « Ne le crois-tu pas? » Et à chacun de nous il ordonne : « Crois-moi ».