Cet article sur Jean 14.6 a pour sujet la vérité qui est opposée au mensonge et qui est pleinement révélée en Jésus-Christ, venu nous conduire sur le chemin de la vie et être avec nous jusqu'à la fin.

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Jean 14 - Le chemin, la vérité et la vie

« Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie : nul ne vient au Père que par moi. »

Jean 14.6

« Qu’est-ce que la vérité? » demandait le procurateur romain Ponce Pilate à Jésus-Christ qui comparaissait devant lui sous le coup de fausses accusations de sédition contre l’autorité de l’empereur romain (Jn 18.38). Étonnant que cette question soit posée à celui-là même qui avait déclaré un jour à ses disciples : « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie : nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14.6). Une telle affirmation nous confronte à une constatation inévitable : la vérité ne se définit que par rapport à ce qui est faux, erroné et surtout mensonger. On peut bien sûr dire que la vérité n’est pas connue tout simplement parce qu’on est dans l’ignorance de certains faits, il faut encore chercher avant de trouver de manière certaine. Mais il est impossible de ne pas voir que, très souvent, c’est par rapport au mensonge que se définit la vérité : le mensonge étant alors la suppression délibérée de la vérité.

Et c’est bien ce que l’apôtre Paul a en vue dans le passage suivant de la lettre qu’il écrit aux chrétiens de Rome :

« Du haut du ciel, Dieu manifeste sa colère contre les hommes qui ne l’honorent pas et ne respectent pas sa volonté. Ils étouffent ainsi malhonnêtement la vérité. En effet, ce qu’on peut connaître de Dieu est clair pour eux, Dieu lui-même le leur ayant fait connaître. Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient dans ses œuvres quand on y réfléchit. Ils n’ont donc aucune excuse, car alors qu’ils connaissent Dieu, ils ont refusé de lui rendre l’honneur que l’on doit à Dieu et de lui exprimer leur reconnaissance. Ils se sont égarés dans des raisonnements absurdes et leur pensée dépourvue d’intelligence s’est trouvée obscurcie » (Rm 1.18-21).

Étouffer malhonnêtement la vérité… N’est-ce pas en effet l’activité favorite des humains? On le voit à tous les niveaux : c’est vrai qu’on reproche souvent aux politiciens d’en faire leur sport favori, mais on pourrait en dire autant de bien d’autres secteurs d’activité. Par exemple, le journalisme manipulateur de l’information, qui filtre les nouvelles ou les commentaires selon des critères idéologiques dûment établis, selon le mot d’ordre de la bien-pensance au goût du jour; les pratiques commerciales frauduleuses qui trichent en contournant les règles tout en prétendant s’y conformer; la publicité mensongère; les historiens qui déforment sciemment les faits pour présenter leur version de l’histoire. etc. La société humaine respire en fait le mensonge comme un parfum auquel elle est adonnée. D’ailleurs, mensonge et meurtre, à petit feu ou à long feu, vont de pair.

Jésus-Christ dénonçait comme menteurs les leaders religieux de son temps qui ne croyaient pas en son message. Un jour, il leur a dit :

« Votre père, c’est le diable, et vous voulez vous conformer à ses désirs. Depuis le commencement, c’est un meurtrier : il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il ment, il parle de son propre fond, puisqu’il est menteur, lui le père du mensonge. Mais moi, je dis la vérité. C’est précisément pour cela que vous ne me croyez pas » (Jn 8.44-45).

Alors, où se tourner pour trouver la vérité? Uniquement vers celui-là même qui a été condamné et exécuté sur la base de mensonges dûment forgés, mais que Dieu a fait revenir à la vie et a élevé au plus haut, manifestant ainsi que ni le mensonge ni le meurtre ne pouvaient avoir le dernier mot.

Une des affirmations les plus controversées et même, pour beaucoup, scandaleuses de Jésus-Christ nous est rapportée dans l’Évangile selon Jean. Je l’ai déjà cité précédemment. Il déclare à l’un de ses disciples : « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14.6). Par là, il affirme que la seule voie vers Dieu le Père, c’est lui. Il n’y en a pas d’autres. Voilà des propos tout à fait sectaires, réagiront la plupart. Comment peut-il oser dire une chose pareille? Cela veut-il dire que ceux qui recherchent Dieu sincèrement par d’autres voies, à travers d’autres religions ou d’autres sagesses, n’aboutiront à rien, sinon à s’égarer? Il est intéressant de remarquer que le disciple à qui Jésus parle de manière aussi catégorique c’est Thomas, celui-là même qui doutera de la réalité de sa résurrection parce qu’il ne l’aura pas vu vivant avec les autres disciples lors de sa première manifestation à eux.

Alors, Jésus se prend-il pour le seul vrai prophète inspiré? En fait, il va bien plus loin. Un autre disciple, Philippe, réagit à cette parole de Jésus, et lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » Ce à quoi Jésus réplique :

« Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment dis-tu : Montre-nous le Père? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis ne viennent pas de moi-même; le Père, qui demeure en moi, accomplit ses œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père et le Père est en moi. Sinon, croyez au moins à cause des œuvres que vous m’avez vu accomplir » (Jn 14.8-11).

Donc Jésus affirme une unité entre lui et Dieu qui n’a pas d’équivalent.

Ce qui distingue la foi en Jésus-Christ de la recherche du divin, de la quête de la transcendance par toutes sortes de méthodes, de techniques, ou de sagesses, c’est qu’à travers lui, Dieu peut être connu comme Père. Dieu n’est pas une idée à contempler de manière mystique, en tâchant d’échapper à la réalité, il est vraiment proche comme un Père qui parle à ses enfants. Du fait même de sa nature divine et de sa nature humaine, seul Jésus-Christ pouvait apprendre à ses disciples à prier : « Notre Père qui es aux cieux. »

C’est bien aussi ce qui signifie le nom d’Emmanuel qui lui a été attribué à sa naissance et qui le caractérise : Dieu avec nous. La venue de cet Emmanuel avait été annoncée bien des siècles auparavant par le prophète Ésaïe, dans l’Ancien Testament. Au roi de Judée Ahaz qui vivait au 8siècle avant Jésus-Christ, Ésaïe annonçait le signe suivant : « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici que la jeune fille est enceinte, elle enfantera un fils et lui donnera le nom d’Emmanuel » (És 7.14). Emmanuel, Dieu avec nous. Au début de l’Évangile selon Matthieu, dans le Nouveau Testament, ce signe est rappelé à propos de la naissance de Jésus. L’évangéliste écrit en effet, concernant l’annonce de cette naissance faite par un ange à Joseph, l’époux de Marie :

« Tout cela arriva afin que s’accomplisse cette parole du Seigneur transmise par le prophète : Voici, la jeune fille vierge sera enceinte. Et elle enfantera un fils que l’on appellera Emmanuel, ce qui veut dire : Dieu est avec nous » (Mt 1.22-23).

Tout à fait à la fin de l’Évangile selon Matthieu, Jésus dit à ses disciples, après les avoir envoyés prêcher l’Évangile dans le monde entier au nom de l’autorité divine dont il est revêtu, dans le ciel comme sur la terre : « Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28.20). L’Évangile selon Matthieu commence donc avec l’annonce de la naissance de cet Emmanuel dont le signe prophétique avait été donné plus de 700 ans auparavant par la bouche du prophète Ésaïe, et il se termine par la promesse faite par Jésus lui-même qu’il demeure « Emmanuel », Dieu avec nous, jusqu’à la fin du monde. Par son Esprit, il demeure présent auprès de ses disciples de toutes générations, jusqu’à la nôtre et bien au-delà, dans la mesure où ses disciples demeurent fidèles à sa Parole et obéissent à tout ce qu’il a enseigné, en particulier l’ordre d’aller vers toutes les nations pour en faire des disciples.

Au chapitre 17 de l’Évangile selon Jean, lorsqu’il prie pour ses disciples, Jésus dit aussi :

« Consacre-les par la vérité. Ta parole est la vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les y envoie. Et je me consacre à toi pour eux, pour qu’ils soient, à leur tour, consacrés à toi par la vérité » (Jn 17.17-19).

Lui donc, qui est la Parole de Dieu incarnée, c’est-à-dire envoyée dans le monde et devenue homme, est cette vérité venue de Dieu, et par elle les disciples sont consacrés à Dieu. Or, savez-vous que Jésus-Christ, lors de cette prière, a prié non seulement pour les disciples qui étaient autour de lui, mais pour vous aussi qui croyez en sa parole? Oui, pour vous personnellement? Nous lisons en effet au verset 20 du même chapitre : « Ce n’est pas seulement pour eux que je te prie; c’est aussi pour ceux qui croiront en moi grâce à leur témoignage » (Jn 17.20). Si vous croyez, vous aussi vous êtes inclus personnellement dans cette prière de notre Seigneur, qui connaît tous les cœurs.

C’est donc dans la joie de cette certitude que nous pouvons aller de l’avant jour après jour, assurés d’être guidés sur le chemin, ancrés dans la vérité, conduits vers la vie nouvelle en Jésus-Christ, à la gloire de Dieu le Père et dans la communion du Saint-Esprit.