Cette prédication sur Jean 15.1-8 a pour sujet la communion que Jésus nous appelle à toujours avoir avec lui: que notre demeure soit en lui afin qu'il demeure en nous et que nous portions beaucoup de fruit.

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Jean 15 - Demeurez en moi

« Moi, je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde afin qu’il porte encore plus de fruit. Déjà, vous êtes émondés, à cause de la parole que je vous ai annoncée. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure sur le cep, de même vous non plus, si vous ne demeurez en moi. Moi, je suis le cep; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit, car sans moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche; puis l’on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. Mon Père est glorifié en ceci : que vous portiez beaucoup de fruit, et vous serez mes disciples. »

Jean 15.1-8

  1. Encore aujourd’hui
  2. Demeurez en moi!
  3. Une position stable et fragile
  4. Se débrouiller tout seul?
  5. « Et je demeurerai en vous »
  6. C’est pourquoi…

La parole à entendre ce matin est celle-ci : « Demeurez en moi » (Jn 15.4). Curieuse parole, tout compte fait… Qui peut se permettre de dire cela? Qu’est-ce que cela signifie?

1. Encore aujourd’hui🔗

Ma première observation est celle-ci : celui qui l’a dite à ses disciples, tel que cela nous est rapporté par Jean, le dit encore aujourd’hui, à ses disciples d’aujourd’hui. Notez que cette observation pourrait être rappelée au début de chaque prédication, et même chaque fois qu’on ouvre la Bible… Il s’agit d’une parole qui est en même temps ancienne et actuelle, en fonction du double caractère de l’Écriture : elle est le dépôt de la révélation, et elle est aussi une parole prophétique, une parole à écouter maintenant par celui qui l’entend.

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit à l’Église » (Ap 2.29). « Les paroles que je vous dis sont esprit et vie » (Jn 6.63). « Jésus est le même hier, aujourd’hui et éternellement » (Hé 13.8). Alors, il nous faut comprendre le sens.

2. Demeurez en moi!🔗

Que veut dire Jésus? Dans le verbe « demeurer », on reconnaît le mot « demeure ». Une demeure, c’est une maison. Nous avons tous une demeure, un domicile. Quelquefois une demeure principale et une secondaire…

C’est le lieu où nos pas nous ramènent tous les soirs, pour les repas, pour dormir. C’est le lieu où le cheval revenait tout seul, après la journée de travail! C’est le lieu vers où convergent les voitures sur les périphériques des grandes villes, chaque soir. C’est le lieu désirable.

Tous les patients que je rencontre désirent une chose plus que tout le reste : rentrer à la maison.

« Combien tes demeures sont chéries, Éternel des armées! […] Heureux ceux qui habitent ta maison! Ils te loueront encore. […] Mieux vaut en effet un jour dans tes parvis que mille ailleurs. J’ai choisi de me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu, plutôt que de résider sous les tentes de la méchanceté » (Ps 84.2, 5, 11).

À ses disciples, Jésus dit : « Ayez votre demeure en moi! » Nous connaissions : « Venez à moi! », mais là c’est encore plus… Avez-vous déjà considéré que Jésus était une demeure, un lieu où habiter, un lieu de résidence. Résidence secondaire? Pour le week-end? Quelques minutes le soir avant de se coucher? Ou résidence principale? Plus principale que notre résidence principale…

3. Une position stable et fragile🔗

Remarquez que « demeurer » n’est pas un verbe d’action, c’est un verbe d’état. Demeurer, c’est être établi, de manière habituelle, durable. C’est une position qui implique un repos. Mais dans la bouche de Jésus, le verbe est à l’impératif, ce qui signifie qu’il faut le vouloir, le maintenir. Cela rappelle le « Veillez et priez » avec la dimension d’un certain combat. Demeurer, c’est donc à la fois quelque chose de stable et de fragile, d’acquis et de dynamique.

Comme le mariage. On ne le remet pas en question, et cependant on doit y accorder une grande attention, chaque jour. C’est ainsi, avec le Seigneur. En réalité, c’est le propre de toute alliance.

Cela me permet d’introduire une image qui peut nous aider. Imaginez la foi comme un cercle. Grand ou petit, peu importe : il est à la fois très grand (vous pouvez faire beaucoup de choses ou parcourir beaucoup de kilomètres sans sortir de ce cercle) et assez petit (un pas suffit pour se trouver en dehors).

Ce cercle de la foi, c’est celui à l’intérieur duquel le chrétien vit dans la réconciliation, la confiance, la paix et l’amour de Dieu. C’est aussi le lieu de l’écoute et de l’obéissance de la foi. C’est le lieu de la communion. Ce cercle, c’est tout simplement Jésus.

L’apôtre Paul utilise assez souvent l’expression « en Christ » pour désigner la position principale du chrétien. Le chrétien n’est pas d’abord homme ou femme, jeune ou vieux, riche ou pauvre, malade ou en bonne santé, européen ou africain… Il est d’abord « en Christ ». Ensuite vient le reste.

On pourrait dire que Christ est sa demeure principale; toutes les autres sont temporaires. Ce cercle de la foi, le chrétien ne devrait jamais en sortir, sous aucun prétexte. Tout ce qu’il a à vivre, à faire, à penser, à dire, ses joies, ses peines, sa vie, sa mort, il peut et doit le vivre à l’intérieur de ce cercle.

« Demeurez en moi », dit Jésus.

4. Se débrouiller tout seul?🔗

Ce qui est singulier, c’est que les circonstances de la vie, heureuses ou malheureuses, vont inciter certains à entrer et demeurer dans le cercle de la foi, et pousser d’autres à en sortir. La même épreuve va attirer une personne aux pieds de Jésus et en faire douter une autre.

Cela me fait penser à un jeu qui est pratiqué dans les camps et colonies, qui consiste à faire sortir précisément une partie des joueurs d’un cercle qui est leur lieu de vie.

Regardez combien facilement on en sort : un mal de dents suffit; un verre qui tombe et se casse; une personne en retard à un rendez-vous; quelques gouttes de pluie; une parole déplaisante… et nous voilà irrités, découragés, impatients, agressifs… On est sorti du cercle de la foi; on a laissé Jésus et on est sorti pour fonctionner tout seul, avec notre nature, notre tempérament, nos habitudes, nos réflexes naturels.

Inconsciemment, on s’est dit : Jésus n’a rien à voir avec cette situation, il faut que je me débrouille tout seul; ou bien : qu’est-ce que je vais devenir? Ou encore : je fais ce que je peux, ou comme tout le monde (et après, je reviendrai vers Jésus, quand la situation sera réglée). Ce qui revient tout de suite, ce sont nos réflexes naturels ou nos réflexes culturels : ce que tout le monde fait.

« Demeurez en moi », dit Jésus.

5. « Et je demeurerai en vous » 🔗

C’est là quelque chose de très touchant : la réciprocité. Pourtant, Jésus et moi ne sommes pas égaux! Mais il dit : « Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. » Cela signifie que si Jésus est devenu une demeure pour moi, je deviens également une demeure pour lui.

Cela nous fait penser à ce qu’il a dit un jour à Zachée : « Il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison » (Lc 19.5). Mais en Jean 15, il ne s’agit pas de ma maison, mais de moi-même!

Cela paraît incroyable, et nous fait penser encore à la relation conjugale, telle qu’elle s’exprime dans le Cantique des Cantiques : « Mon bien-aimé est à moi et je suis à mon bien-aimé » (Ct 6.3).

C’est là quelque chose qui demeure en partie mystérieux, mais cela n’en est pas moins réel. C’est lié à la dimension de l’Esprit de Dieu et de notre esprit : il y a une correspondance de ce point de vue entre le Seigneur et nous. Ce n’est pas une question d’intellect ou de sentiments, mais de communion. C’est autre chose.

« Et moi, je prierai le Père et vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous. […] En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et que vous êtes en moi, et que je suis en vous » (Jn 14.16-20).

Pensons aussi à ce que Jésus dit dans la prière de Jean 17 au sujet de ses disciples :

« … afin qu’ils soient un en nous [le Père et le Fils], […] afin qu’ils soient un comme nous sommes un — moi en eux et toi en moi —, […] afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que je sois en eux » (Jn 17.21-23, 26).

« Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. »

Ainsi, le chrétien peut-il confesser que Jésus est à la droite de Dieu d’où il viendra pour juger les vivants et les morts; et il peut confesser aussi que Jésus est en lui. Nous en lui et lui en nous!

Notons que cette présence du Seigneur en nous est à la fois personnelle — « Ne savez-vous pas que vos corps sont le temple de Dieu? » (1 Co 3.16) — et communautaire — « Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux » (2 Co 6.16-17).

6. C’est pourquoi…🔗

« C’est pourquoi… » poursuit Paul. « Comme vous avez reçu Jésus-Christ, le Seigneur, marchez en lui » (Col 2.6). Cela signifie qu’il y a des implications à cela, naturellement. Beaucoup d’implications. J’en mentionne quelques-unes.

On dit que la foi chrétienne n’est pas une religion, mais une relation. C’est plus qu’une relation, c’est une communion; une communion avec Jésus semblable à celle qui unit le Père et le Fils dans l’éternité. Ainsi, le principal de notre salut ce n’est pas un message ou des valeurs; c’est la personne de Jésus. « Vous en moi et moi en vous. »

Cette communion n’est pas seulement l’objectif final de notre foi : c’est une condition pour la vie chrétienne, pour le témoignage, pour porter du fruit et pour que Dieu soit glorifié. « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15.5).

En conséquence, je suis appelé à veiller chaque jour à ce que rien ne vienne s’intercaler entre Jésus et moi… Songeons à toutes les pensées qui viennent quand nous commençons à prier.

Rien de mauvais, bien entendu : rien d’impur ou de méchant. Rien de bon non plus! Ce qui est bon peut être gardé, mais pas « entre Jésus et moi »; après Jésus seulement! En d’autres termes, beaucoup de choses bonnes nuisent à notre communion avec le Seigneur autant (plus peut-être?) que des choses mauvaises, car elles sont installées, inamovibles, justifiées de diverses manières. Ce « travail » de mise en ordre de nos affections, c’est la sanctification. C’est la marque de notre amour pour le Seigneur!

En d’autres termes, tout doit être regardé à travers Jésus (plutôt que le contraire) : les bonnes choses comme les mauvaises, les choses heureuses comme les malheureuses.

Enfin, rappelons que la communion avec le Seigneur est indissociable de la communion entre les frères et sœurs dans la foi. Pas relation seulement, mais communion! (Mais cela ferait l’objet d’une autre prédication).

Pour l’heure, retenons ceci : Tu es pour Jésus une demeure aimable! Que Jésus soit pour toi une demeure aimable!