Cet article sur Jean 3.1-13 a pour sujet la rencontre de Jésus avec Nicodème et la nécessité de la nouvelle naissance ou régénération par le Saint-Esprit pour voir le royaume de Dieu.

Source: La Parole s'est faite chair - Méditations sur l'Évangile selon Jean. 4 pages.

Jean 3 - Naître de nouveau

« Il y avait un homme qui s’appelait Nicodème; membre du parti des pharisiens, c’était un chef des Juifs. Il vint trouver Jésus de nuit et le salua en ces termes : Maître, nous savons que c’est Dieu qui t’a envoyé pour nous enseigner, car personne ne saurait accomplir les signes miraculeux que tu fais si Dieu n’était pas avec lui. Jésus lui répondit : Vraiment, je te l’assure : à moins de renaître d’en haut, personne ne peut voir le royaume de Dieu. Comment un homme peut-il naître une fois vieux? s’exclama Nicodème. Il ne peut tout de même pas retourner dans le ventre de sa mère pour renaître? Vraiment, je te l’assure, reprit Jésus, à moins de naître d’eau, c’est-à-dire d’Esprit, personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui naît d’une naissance naturelle, c’est la vie humaine naturelle. Ce qui naît de l’Esprit est animé par l’Esprit. Ne sois donc pas surpris si je t’ai dit : Il vous faut renaître d’en haut. Le vent souffle où il veut, tu en entends le bruit, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour quiconque est né de l’Esprit. Nicodème reprit : Comment cela peut-il se réaliser? Toi qui enseignes le peuple d’Israël, tu ignores cela? lui répondit Jésus. Vraiment, je te l’assure : nous parlons de ce que nous connaissons réellement, et nous témoignons de ce que nous avons vu; et pourtant, vous ne prenez pas notre témoignage au sérieux. Si vous ne croyez pas quand je vous parle des réalités terrestres, comment pourrez-vous croire quand je vous parlerai des réalités célestes? Car personne n’est monté au ciel, sauf celui qui en est descendu, le Fils de l’homme. »

Jean 3.1-13

Nous arrivons maintenant au chapitre trois de l’Évangile selon Jean. Ce chapitre nous relate la rencontre de nuit entre un pharisien nommé Nicodème et Jésus. Mais qui étaient les pharisiens? Il s’agissait d’un parti des Juifs très religieux, formé environ cent ans avant la naissance de Jésus, et qui s’attachait à respecter strictement la loi de Moïse. Les pharisiens appliquaient à eux-mêmes les règles de pureté et de purification qui n’étaient prescrites dans la loi que pour les prêtres. Les pharisiens avaient une grande influence sur le peuple en général et croyaient en l’existence des anges et des démons, comme à la résurrection des morts. L’apôtre Paul était un membre actif du parti des pharisiens, il avait étudié la loi et les prophètes sous la direction d’un rabbi très célèbre et respecté de cette époque, Gamaliel. Un autre parti juif, les sadducéens, se recrutait dans la classe dirigeante des Juifs et était étroitement associé au service du Temple, tout en étant proche des occupants romains. Les sadducéens, eux, ne croyaient pas en la résurrection des morts.

On peut à juste titre se demander pourquoi Nicodème est venu de nuit pour avoir un entretien avec Jésus. Il commence par l’appeler « Rabbi », ce qui se traduit par « Maître » et qui était un titre décerné aux hommes lettrés. Il dit ensuite : « Nous savons que c’est Dieu qui t’a envoyé pour nous enseigner, car personne ne saurait accomplir les signes miraculeux que tu fais si Dieu n’était pas avec lui. » Puisqu’apparemment personne ne pouvait douter que Jésus était envoyé de Dieu, au vu des signes miraculeux qu’il accomplissait, pourquoi donc venir le trouver de nuit et non de plein jour? Il est probable que Nicodème, tout curieux qu’il ait été d’en apprendre davantage sur Jésus et son enseignement, craignait ses pairs, d’autant qu’il était lui-même un chef des Juifs et que sa réputation aurait pu souffrir si cette rencontre avait été connue des autres.

Lui, un pharisien, donc par excellence un docteur de la loi censé connaître et pratiquer minutieusement les écrits sacrés des Juifs, reconnaissait qu’il avait besoin d’apprendre quelque chose de Jésus et il était animé d’un véritable désir d’apprendre. Ce n’est pas tous les jours que se présente un homme venu de Dieu de la stature de Jésus, pensait-il sûrement. Et cependant, par peur des autres, par vanité ou pour toute autre raison, il vient le faire en cachette. Ses intentions ont l’air bien partagées, comme son cœur doit l’être.

La réponse de Jésus va droit au but et est exprimée de façon solennelle, avec la répétition des mots « en vérité, en vérité » qu’on peut traduire par « vraiment en vérité » : « Vraiment, je te l’assure : à moins de renaître d’en haut, personne ne peut voir le royaume de Dieu. » C’est le cœur de l’enseignement que va recevoir Nicodème cette nuit-là. Peu importe qu’on soit docteur de la loi, chef des Juifs, personnalité en vue, si l’on n’est pas né de nouveau, tout cela ne sert à rien en ce qui concerne le royaume de Dieu. Or, voilà un enseignement qui semble beaucoup surprendre Nicodème, au vu de la réponse qu’il fait à Jésus : « Comment un homme peut-il naître une fois vieux? s’exclama Nicodème. Il ne peut tout de même pas retourner dans le ventre de sa mère pour renaître? » Nicodème comprend cette naissance de manière littérale, et non spirituelle. Pourtant, l’étude de l’Écriture sainte des Juifs aurait dû le préparer et le rendre attentif à la notion de renouvellement intérieur total. Les prophètes en avaient bien parlé, sans employer la formule qu’utilise Jésus. Alors, à quoi bon être si savant si c’est pour manquer l’essentiel de la doctrine…

Pourquoi Jésus reprend-il Nicodème en ces termes : « Toi qui enseignes le peuple d’Israël, tu ignores cela? » Eh bien, c’est parce qu’il ne s’agit pas d’un enseignement nouveau, mais de quelque chose qui apparaît sur bien des pages de l’Ancien Testament. À ce titre, Nicodème, en tant que docteur d’Israël, aurait dû mieux savoir. Nous lisons par exemple au livre du prophète Ézéchiel, au chapitre 36, la promesse suivante faite par Dieu à son peuple :

« Je répandrai sur vous une eau pure, afin que vous deveniez purs, je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau, j’enlèverai de votre être votre cœur dur comme la pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon propre Esprit et je ferai de vous des gens qui vivent selon mes lois et qui obéissent à mes commandements pour les appliquer » (Éz 36.25-27).

Jésus vient accomplir ce qui était annoncé des siècles auparavant par les prophètes de Dieu. En employant le verbe renaître, il ne dit d’ailleurs pas qu’une partie de nous-mêmes seulement doit renaître, mais il parle du renouvellement de toute notre nature. Cela signifie donc que toute notre nature est viciée et doit être régénérée. En parlant d’eau et d’Esprit, Jésus a-t-il en vue la pratique du baptême? Si c’est le cas, il ne veut pas dire qu’il suffit d’être baptisé pour jouir automatiquement de cette nouvelle naissance. L’eau est conjointe à l’Esprit dans la mesure où, en tant que signe visible, l’eau certifie et scelle en quelque sorte la nouveauté de vie dont il est question. Mais seul Dieu, par son Saint-Esprit, en est l’auteur.

On peut sans doute dire qu’ici l’eau et l’Esprit renvoient à la même notion, comme dans le passage du prophète Ézéchiel que je viens de citer. Dans la Bible, l’Esprit est parfois lié au feu de la même manière, pour signifier ses effets purificateurs. Par exemple, dans l’Évangile selon Matthieu Jean-Baptiste annonce que celui qui vient après lui, Jésus-Christ, baptisera dans le Saint-Esprit et le feu. Donc le Christ dit ici que personne n’est enfant de Dieu jusqu’à ce qu’il soit renouvelé par l’eau et que cette eau est le Saint-Esprit qui nous purifie. En répandant sa puissance sur nous, il infuse en nous une force de vie céleste, alors que par notre nature nous sommes tout à fait secs.

Qu’est-ce que Jésus veut dire ensuite lorsqu’il déclare à Nicodème :

« Vraiment, je te l’assure : nous parlons de ce que nous connaissons réellement, et nous témoignons de ce que nous avons vu; et pourtant, vous ne prenez pas notre témoignage au sérieux. »

Jésus parle dans la foulée de tous les prophètes de l’Ancien Testament, jusqu’à Jean-Baptiste. Si ces prophètes ont parlé, et leur témoignage a été retenu, c’est qu’ils étaient envoyés par Dieu. Ce qui reste valable pour tous les temps, c’est que les serviteurs de la Parole de Dieu ne peuvent que transmettre celle-ci, et ne rien inventer qui ne soit révélé. Une fois ceci acquis, peu importe si la majorité accepte ce message ou non, celui-ci doit continuer à être prêché fidèlement. Même si ceux qui se déclarent savants en questions religieuses rejettent ce message, celui-ci n’en conserve pas moins toute sa force. Comme l’écrit Jean Calvin dans son commentaire sur l’Évangile de Jean : L’incrédulité des hommes ne pourra jamais faire que Dieu ne demeure perpétuellement véritable.

Jésus poursuit en affirmant : « Car personne n’est monté au ciel, sauf celui qui en est descendu : le Fils de l’homme. » Il veut dire par là que la connaissance des mystères divins est impossible aux hommes qui n’ont pas de jugement spirituel. Seuls ceux qui peuvent s’élever jusqu’aux sphères célestes y ont accès. Jésus fait ici allusion au livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament, plus exactement au début du chapitre 30, où l’on peut lire les paroles suivantes d’un certain Agour, fils de Yaqé :

« Certes, je suis plus bête que n’importe qui et je n’ai pas une intelligence humaine : je n’ai pas appris la sagesse et je ne connais pas la science des humains. Qui est monté au ciel, et qui en est descendu? Qui a recueilli le vent dans ses poings? Qui a serré l’eau dans un vêtement? Qui a établi toutes les extrémités de la terre? Quel est son nom, et quel est le nom de son fils, si tu le sais? » (Pr 30.2-4).

Jésus apporte la réponse à cette question, et nous sommes ramenés au début de l’Évangile selon Jean où la Parole éternelle de Dieu, qui est aussi sa sagesse, a créé toutes choses.

Rappelez-vous des premiers versets :

« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle » (Jn 1.1-3).

Puis, au verset 14 du premier chapitre, nous avons justement lu que la Parole éternelle de Dieu, qui est son Fils, a été faite chair, c’est-à-dire qu’elle est devenue homme, qu’elle est descendue du ciel. Seul le Fils éternel a pleine connaissance de tout ce qui concerne Dieu, étant une personne divine lui-même, raison pour laquelle il faut l’écouter lorsqu’il parle aux hommes. Car aucun de ceux-ci, aussi versés soient-ils dans l’étude des écrits sacrés, ne pourra accéder par lui-même aux mystères divins. Sans l’aide du seul Médiateur qui nous soit offerte par Dieu, son Fils Jésus-Christ, nous sommes tous aveuglés. Mais il se nomme lui-même « Fils de l’homme », ce qui est pour nous le gage qu’il a revêtu la même nature que nous; en cela, il nous donne l’espoir de parvenir avec lui au Père céleste.