Cet article sur Jean 6.16-36 a pour sujet la tempête apaisée par Jésus suivie de son enseignement sur la nourriture qui dure pour la vie éternelle et sur le pain de vie venu de Dieu pour donner la vie nouvelle.

Source: La Parole s'est faite chair - Méditations sur l'Évangile selon Jean. 3 pages.

Jean 6 - Le pain de vie

« À la tombée de la nuit, ses disciples redescendirent au bord du lac. Ils montèrent dans un bateau et se dirigèrent vers Capernaüm, sur l’autre rive. Il faisait déjà nuit et Jésus ne les avait pas encore rejoints. Un vent violent se mit à souffler, et le lac était très agité. Les disciples avaient déjà parcouru cinq ou six kilomètres, quand ils virent Jésus marcher sur l’eau et s’approcher de leur bateau. L’épouvante les saisit. Mais Jésus leur dit : C’est moi, n’ayez pas peur! Ils voulurent alors le faire monter dans le bateau, mais, au même moment, ils touchèrent terre à l’endroit où ils voulaient aller. Le lendemain, ceux qui étaient restés sur l’autre rive se rendirent compte qu’il n’y avait eu là qu’un seul bateau et que Jésus n’avait pas accompagné ses disciples; ceux-ci étaient repartis seuls. Entre-temps, d’autres bateaux étaient arrivés de Tibériade, près de l’endroit où toute cette foule avait été nourrie après que le Seigneur eut remercié Dieu. Quand les gens virent que Jésus n’était pas là, et ses disciples non plus, ils montèrent dans ces bateaux pour aller à Capernaüm. Ils le trouvèrent de l’autre côté du lac et lui demandèrent : Maître, quand es-tu venu ici? Jésus leur répondit : Vraiment, je vous l’assure, si vous me cherchez, ce n’est pas parce que vous avez compris le sens de mes signes miraculeux. Non! C’est parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. Travaillez, non pour la nourriture périssable, mais pour celle qui dure pour la vie éternelle. Cette nourriture, c’est le Fils de l’homme qui vous la donnera, car Dieu le Père lui en a accordé le pouvoir en le marquant de son sceau. Et que devons-nous faire pour accomplir les œuvres que Dieu attend de nous? lui demandèrent-ils encore. L’œuvre de Dieu, leur répondit Jésus, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. Sur quoi, ils lui dirent : Quel signe miraculeux nous feras-tu voir pour que nous puissions croire en toi? Que vas-tu faire? Pendant qu’ils traversaient le désert, nos ancêtres ont mangé la manne, comme le dit ce texte de l’Écriture : Il leur donna à manger un pain qui venait du ciel. Mais Jésus leur répondit : Vraiment, je vous l’assure : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel, c’est mon Père qui vous donne le pain du ciel, le vrai pain. Car le pain qui vient de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Seigneur, dirent-ils alors, donne-nous toujours de ce pain-là. Et Jésus répondit : C’est moi qui suis le pain qui donne la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et vous ne croyez pas. »

Jean 6.16-36

Au sixième chapitre de l’Évangile selon Jean, nous lisons comment Jésus a nourri une foule de plus de 5000 personnes avec seulement cinq pains et deux poissons. Un miracle non pas seulement destiné à alléger la faim d’une foule qui était venue des alentours pour l’écouter enseigner, et qui ne pouvait aller se procurer des vivres dans les villages voisins à cette heure avancée de la journée; mais surtout un signe de la divinité de Jésus-Christ destiné à faire comprendre à cette foule la nature de son ministère. Signe incompris puisqu’on essaie immédiatement de le couronner roi de force : avec un tel chef, les occupants romains ne pourront résister longtemps et Israël sera établi dans une position de prééminence sur le reste du monde. Jésus ne veut pas de cette royauté-là et il se retire seul dans la montagne, sans ses disciples.

Après la multiplication des pains, Jésus s’est donc retiré, seul, dans la montagne voisine et il a envoyé ses disciples de l’autre côté de la rive, vers la ville de Capernaüm, au nord-ouest du lac. Il fait nuit et le vent se lève. La distance n’est pas si grande entre leur point de départ et leur destination, mais en raison du vent contraire, au milieu de la nuit ils n’ont que peu progressé. Ils sont encore au milieu du lac et rament avec autant d’énergie qu’ils le peuvent. Leur vie est maintenant en danger, du moins voilà sûrement ce qu’ils pensent. Mais, depuis la montagne où il s’est retiré, Jésus prie. Pour eux, pour cette foule dont les yeux ne sont pas encore ouverts et qui veut faire de lui un roi pour des motifs contraires à ceux de sa royauté.

Et soudain, une forme s’avance vers la barque en quasi-perdition. Est-ce possible? Il s’agit sûrement d’un fantôme, d’un ectoplasme. La panique se saisit des disciples qui poussent des cris de frayeur, selon le récit des autres évangélistes. Jésus s’identifie alors à eux : « Mais Jésus leur dit : C’est moi, n’ayez pas peur! » Sa présence au sein de la tempête suffit à les rassurer. En est-il de même pour nous? Savons-nous tourner nos regards vers le Maître, le Fils de Dieu, au sein des tempêtes qui agitent notre vie, au milieu de l’obscurité qui souvent menace de nous engloutir et de nous faire perdre toute perspective d’espoir?

Au moment même où les disciples veulent faire monter Jésus dans leur frêle embarcation, celle-ci touche terre là même où ils s’étaient proposé de débarquer. Le Christ les a fait parvenir à destination, sans naufrage, sans perte de biens ou de personnes. Tourner nos regards vers lui c’est, comme il l’a lui-même dit un peu auparavant, passer de la mort à la vie, voir le ciel clair et serein, retrouver la paix et la sérénité. Comment aborder les dangers permanents de l’existence autrement qu’avec cette assurance? C’est là le miracle de la foi : ce n’est pas être dispensé automatiquement des crises et des situations angoissantes, loin de là; c’est plutôt vivre avec la certitude que le Seigneur est au milieu de la tempête avec nous, il la traverse en même temps que nous et nous en fait sortir vainqueurs. Il nous amène à bon port, dans la vie comme dans la mort.

La foule a de quoi être étonnée : il n’y avait qu’un bateau, Jésus n’est pas monté avec ses disciples, et cependant il n’est plus là. Pendant ce temps, une foule plus dense encore que celle de la veille arrive sur une quantité de barques, et, ne le trouvant pas, s’en retourne vers Capernaüm, où elle finit par le rencontrer. À quoi rime ce jeu de cache-cache, pense-t-elle? Pourquoi ce Jésus n’accepte-t-il donc pas d’être couronné roi par nous-mêmes? Nous l’emmènerons à Jérusalem dans une glorieuse procession, et qui pourra résister à son pouvoir? Qui pourra s’opposer à lui? Jésus dévoile leurs intentions profondes : ils n’ont encore rien compris à ses œuvres. Ils sont animés de motifs matérialistes et égoïstes. Ils n’ont pas le souci de se repentir de leurs œuvres mauvaises et d’implorer la grâce de Dieu. Ils ne saisissent pas la nature céleste du Royaume que le Christ amène avec lui. Ils cherchent en Jésus-Christ autre chose que le Christ même.

À partir de ce moment, le centre du discours de Jésus devient le pain de vie offert dans sa propre personne. Il parle de manière figurée, utilisant l’image du pain, car c’est celle-ci qu’ils sont le plus à même de comprendre après ce qui s’est passé la veille : Jésus veut les amener à passer des choses purement matérielles à la nourriture céleste qui dure éternellement.

Dans la dernière portion de notre texte, aux versets 28 à 36, nous sommes frappés par le degré d’incrédulité des auditeurs de Jésus. Très vraisemblablement, il se trouve de nouveau confronté avec les chefs religieux des Juifs, comme au chapitre 5, après la guérison du paralytique de Béthesda. Ils sont prêts à accomplir des œuvres, celles que Dieu demande. Ils demandent à Jésus de leur indiquer quelles sont ces œuvres qu’ils doivent accomplir. Sa réponse est toute simple : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » Mais c’est justement là-dessus qu’ils butent et que la plupart des hommes butent, aujourd’hui comme hier. Le signe miraculeux donné par Jésus la veille ne leur suffit pas. Ils le comparent maintenant — et de manière défavorable — à la manne donnée pendant 40 ans aux Hébreux dans le désert. Ce miracle, ils l’attribuent à Moïse. Jésus peut-il en faire autant? Or, lui veut tourner leurs regards vers le véritable auteur des bienfaits dont le peuple a bénéficié durant son long séjour dans le désert : c’est son Père, et non Moïse, qui les a nourris. Et ce Père céleste leur accorde maintenant, en la personne de son Fils, une nourriture spirituelle irremplaçable : « Car le pain qui vient de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »

Tout comme la femme samaritaine initialement, les Juifs veulent bien recevoir le pain qui vient de Dieu et qui satisfera leur faim physique. Mais ils se méprennent sur le sens de cette nourriture, car ce pain ne peut être reçu que par la foi, puisqu’il s’agit de Jésus lui-même en la personne duquel il leur faut croire. On ne peut dissocier le pain donné du ciel par Dieu de la personne de son Fils unique. Et c’est là que le bât blesse pour les auditeurs de Jésus.

Dans une prochaine méditation, nous continuerons à lire et méditer le chapitre 6 de l’Évangile selon Jean, et à approfondir la signification de l’image du pain de vie descendu du ciel.