Cet article a pour sujet la responsabilité de l'Église face au danger des sectes. Elle a pour tâche l'enseignement de la vérité, la protection de ses membres, leur formation en vue de l'évangélisation, la promotion de l'unité dans la vérité en évitant les divisions et le sectarisme.

Source: Discerner les esprits. 6 pages.

L'Église, colonne et appui de la vérité

La multiplication et la prolifération des sectes devraient devenir le souci majeur des Églises chrétiennes qui tiennent à rester fidèles à la révélation biblique.

Le Nouveau Testament prend note déjà des premières déviations et il les combat. Dieu donne l’ordre de discerner les esprits : « Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde » (1 Jn 4.1). Et un tel discernement est l’un des dons du Saint-Esprit : « À un autre le discernement des esprits » (1 Co 12.10). Les pasteurs ont pour tâche de protéger le troupeau des attaques des loups hérétiques :

« Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au sein duquel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour faire paître l’Église de Dieu qu’il s’est acquise par son propre sang. Je sais que parmi vous, après mon départ, s’introduiront des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau, et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui prononceront des paroles perverses pour entraîner les disciples après eux. Veillez donc, en vous souvenant que, pendant trois ans, je n’ai cessé nuit et jour d’avertir avec larmes chacun de vous » (Ac 20.28-31; voir aussi Jn 10, Tt 1.9-11, 2 Jean, Jude et les Églises à qui l’on recommande de rester vigilantes; Ap 2.20).

Les Églises modernes ne peuvent ignorer le même danger. La menace qui les guette depuis les débuts de leur histoire, elle les atteint toutes, notamment celles qui sont fondées sur le roc de la Parole, car l’adversaire les vise en premier et c’est en leur sein qu’il commence par semer le mauvais grain. Aucune Église n’est à l’abri, protégée contre l’infiltration en son sein d’hérésies et de sectes pernicieuses. Les sectes, par leur attachement extraordinaire à l’erreur, ont bravé toutes les difficultés et surmonté toutes les tempêtes pour exercer des ravages sur leur passage. On a toujours vu défiler les cortèges des légions de faux messies autodéclarés, de faux prophètes, de sauveurs qui égarent, lesquels avec leurs armées ont traversé terres et mers pour séduire, égarer, convertir les démunis sans armes à leurs erreurs mortelles.

Cependant, l’Église ne connaît qu’un attachement exclusif à son Seigneur et Sauveur, et sa consécration est accordée par sa Parole libératrice. Nulle personne ni structure aucune ne peuvent apporter l’affranchissement que nos esprits et nos âmes réclament.

La secte est la perversion de la vérité biblique et chrétienne et falsifie l’histoire ecclésiastique, contre quoi saint Paul s’élevait déjà :

« Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres du Christ. Et ce n’est pas étonnant, car Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses serviteurs se déguisent en serviteurs de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres » (2 Co 11.13-15).
« C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour et tenir ferme après avoir tout surmonté. Tenez donc ferme : ayez à vos reins la vérité pour ceinture; revêtez la cuirasse de la justice; mettez pour chaussures à vos pieds les bonnes dispositions que donne l’Évangile de paix; prenez en toutes circonstances le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin; prenez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu » (Ép 6.13-17).

Le Seigneur n’en a pas moins condamné leur attitude, qui faussait le sens de la vraie obéissance à l’égard de Dieu et refoulait à l’arrière-plan le devoir de la charité.

Le désaccord entre l’Église et les sectes ressemble fort à celui qui mit Jésus-Christ en conflit avec les pharisiens de son temps, pieux et scrupuleux Israélites, devenus pourtant les représentants du sectarisme le plus typique. Attribuant une valeur primordiale à des questions secondaires, tentés de porter sans cesse leur fidélité sur des observances légales ou rituelles, ils se croyaient les authentiques descendants d’Abraham. Se glorifiant de leur étroitesse même, ils déployaient un zèle indiscutable.

L’esprit de parti devait hélas! se glisser assez vite dans certaines communautés de l’Église primitive, comme à Corinthe. Mais avec quelle fermeté saint Paul condamnera les rivalités qui déchiraient cette dernière! Il est vrai que, faisant preuve d’un admirable support, l’apôtre se réjouira, en d’autres circonstances et ailleurs, de voir le Christ annoncé même par envie (Ph 1.15-18). Durant son long ministère, il fut amené à combattre sans trêve de fausses doctrines, des aberrations de pensée s’infiltrant dans la piété chrétienne, principalement alors sous l’influence du légalisme juif ou de la philosophie grecque et du gnosticisme oriental.

Quand enfin les divisions qui survenaient dans l’Église menaceront sérieusement l’unité essentielle du corps du Christ et prendront le caractère de sectes ainsi désignées expressément, Paul n’hésitera pas à les assimiler aux manifestations les plus graves du péché :

« Or, les œuvres de la chair sont évidentes, c’est-à-dire, inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, magie, hostilités, discorde, jalousie, fureurs, rivalités, divisions, parti pris, envie, ivrognerie, orgies et choses semblables. Je vous préviens comme je l’ai déjà fait : ceux qui se livrent à de telles pratiques n’hériteront pas du royaume de Dieu » (Ga 5.19-21).

Dans leurs écrits, Pierre et Jean dénoncent aussi avec une égale sévérité un sectarisme qui se propageait sous le même aspect, parmi les croyants auxquels ils s’adressaient.

L’Église est appelée à demeurer la gardienne vigilante de ses membres et il lui sera demandé compte de la manière dont elle s’est acquittée de sa mission de demeurer la colonne et l’appui de la vérité. Sa philanthropie ne consiste pas seulement à faire du diaconat à tort et à travers; elle se manifestera d’abord sur le plan de l’enseignement correct de la vérité révélée et de la doctrine salvatrice. La secte brise l’unité du corps du Christ, pour faire des morceaux une plante nouvelle illégitime, un organisme qui n’a pas sa place dans le conseil de Dieu. L’Église de la Parole sait que toute nouveauté n’est pas synonyme de vérité et que la vérité ne se manifeste pas forcément dans la modernité. Quiconque épouse aujourd’hui une trouvaille nouvelle risque demain de rester veuf, car l’enseignement frais à l’heure présente sera défraîchi et terni avant dix ans. Aucune secte ne possède d’élément véritablement stable et permanent.

Nous devons élaborer une stratégie ecclésiastique. Il est urgent d’examiner les raisons de l’origine, le cours de développement, les méthodes utilisées pour la propagation et la prolifération des sectes. Une fois cette tâche achevée, l’on planifiera et choisira les moyens énergiques pour enrayer la progression et la contamination de l’erreur et limiter l’étendue de leur champ d’action. Car il en va du salut des âmes pour qui le Christ a donné sa vie. C’est un appel urgent que nous lançons aux Églises, à leurs conducteurs, à leurs docteurs, à leurs pasteurs et responsables, pour les avertir, mais aussi qu’ils se mobilisent face au danger. Que des barrages s’élèvent d’une part pour empêcher l’invasion, mais que positivement l’on forme les membres d’Églises pour les équiper en vue de leur résistance personnelle face à l’agression des sectaires.

Une simple pierre de touche décèle généralement assez vite ce qui distingue un mouvement religieux d’une secte. À la seigneurie du Christ on ajoute, dans toute communauté sectaire, le témoignage irréfutable de quelque initié, de quelque prophète, de quelque inspiré qui, chacun à sa manière, aurait renouvelé ou parachevé l’œuvre du Sauveur à la suite de lumières ou de révélations spéciales dont on se dit les détenteurs et dispensateurs.

Chaque secte possède son royaume et son château fort qu’on attaquera ou neutralisera par les méthodes stratégiques suivantes :

  • Avoir une bonne connaissance des saintes Écritures.
  • S’éloigner soigneusement de tout esprit sectaire (Ép 5.11).
  • Réfuter les erreurs et les mensonges (1 Tm 4.7).
  • Décourager les colporteurs qui frappent aux portes (2 Jn 1.9-11).
  • Prendre courageusement et lucidement la défense de la foi transmise une fois pour toutes (Jude 1.3-5).
  • Étudier sérieusement toutes les doctrines sectaires, leur contenu et leur message.
  • Si possible suivre des cours spécialisés qui informent sur les enseignements et les activités des sectes.
  • Lire et utiliser tout document, presse ou littérature spécialisée, publié à leur sujet.
  • Les passages bibliques suivants pourraient être particulièrement retenus, soulignés, voire appris par cœur, pour cette mission de combat spirituel : « Si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres » (Jn 8.36). « Vous avez été rachetés à un grand prix, ne devenez pas esclaves des hommes » (1 Co 7.23). « C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés. Demeurez donc fermes, et ne vous remettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage » (Ga 5.1).
  • Codifier et indexer les grands enseignements des principales sectes, comprendre leur méthodologie, chez nous ou ailleurs, analyser leur usage et l’abus qu’ils font de la Bible et leurs doctrines trompeuses.

Sur tous les fronts, l’Église fera sans cesse face à des forces adverses redoutables. Or, un défi lui est lancé et la nuit vient, quand personne ne peut travailler. C’est maintenant l’heure de témoigner. Mais témoigner ne signifie pas seulement savoir en quoi on croit, mais encore la raison de la foi, ou bien, pour le dire à la manière de saint Pierre, donner aussi la raison de son espérance (1 Pi 3.15). La question reste de savoir si l’Église de Jésus-Christ se lèvera pour défendre la vérité dont elle est la colonne et l’appui. Puisse le Saint-Esprit lui rappeler celle-ci, celle qui s’appelle Jésus-Christ et qui est une vérité salvatrice.

Nous ne préconiserons pas une restriction des activités sectaires en ayant recours au bras séculier, par la force de la loi civile. La liberté de conscience doit être respectée, même quand il s’agit de non-chrétiens ou d’anti-chrétiens. Nous l’avons dit au début, ce sont avec les armes de l’Esprit que nous combattrons l’erreur.

Avant de conclure, certaines autres considérations s’imposent. Et tout d’abord, parallèlement à l’offensif des sectes, nous constatons la présence parmi nous des religions dites universelles, tels l’islam ou le bouddhisme, et d’autres spiritualités non chrétiennes.

Sur ce chapitre également, tant en Occident qu’en Asie ou en Afrique, l’amalgame entre la vérité chrétienne et des éléments de croyances païennes est fort répandu, le spiritisme animiste passe si souvent, par exemple en Afrique, pour être de même essence que la foi en l’Esprit.

Une autre considération est relative aux divisions entre Églises chrétiennes. Celles-ci sont, hélas!, que nous l’admettions ou non, un véritable scandale pour le monde qui nous observe. Elles nous affaiblissent singulièrement dans notre mission. L’heure est venue où les plus avisés des païens convertis supplient les chrétiens d’Occident de faire savoir que le seul Rédempteur, celui dont ils attendent le secours, est Jésus-Christ, sans leur imposer de surcroît des étiquettes confessionnelles, souvent ridicules (ainsi au Togo, des baptistes s’appellent les baptistes du Sud sur le modèle des « Southern Baptists » des États-Unis d’Amérique du Nord!).

Au point de vue pratique déjà, le séparatisme crée un perpétuel malaise dans une religion aussi pure que le christianisme, unique précisément en son incomparable spiritualité. L’islam et l’hindouisme s’accommodent beaucoup plus facilement des divergences innombrables qui se sont produites en leurs seins. Le christianisme souffrira toujours, lui, de se voir divisé et morcelé. N’est-ce pas avec une secrète tristesse qu’il doit offrir à ses prosélytes perplexes un choix déconcertant de confessions ecclésiastiques en lieu et place de la seule, grande et sainte famine à laquelle aspirent d’instinct toutes les âmes sauvées par Jésus-Christ?

Le sectarisme religieux naît d’un absolutisme, qui l’apparente étroitement au totalitarisme politique ou national. Mais rendons-nous bien compte que ce n’est ni l’importance ni la faiblesse relative des congrégations qui justifient, pour les unes, l’appellation d’Églises, pour les autres, celle de sectes, comme on le croit souvent. Aussi longtemps, par exemple, que la plus vaste des collectivités chrétiennes, l’Église catholique romaine, prétendra qu’il n’y a de salut qu’en elle-même, elle se rendra sectaire. Par une curieuse analogie, de petites communautés protestantes, très hostiles au catholicisme, devront être qualifiées de la même manière pour la même prétention.

Depuis l’activité missionnaire chrétienne sur une échelle mondiale organisée, la proclamation de l’Évangile a dû faire face à nombre de problèmes. Obstacles de langue, de culture, de race, de nationalisme militant, de rivalité même entre missionnaires d’appartenances ecclésiastiques différentes ont créé un climat lourdement chargé pour exercer normalement la mission chrétienne.

Les sectes ont fait leur apparition à côté des religions dites universelles, telles des alliées involontaires, mais fort efficaces. Elles ont déjà envahi les champs missionnaires et s’adonnent à un prosélytisme avec un remarquable succès. Se servant des méthodes qui rappellent celles du christianisme primitif, ces groupes sectaires se nourrissent des modèles de ceux qu’ils prosélytisent, en fournissant de la littérature dans la langue du peuple et, d’une manière ou d’une autre, soulignant l’enseignement biblique dans leur infernal apostolat de déformation. Souvent, elles prêchent un séparatisme isolationniste et moralisateur par rapport au monde, s’élevant contre le tabac, l’alcool, l’école, voire la simple médecine, etc. Notons qu’ils s’approchent rarement des non-chrétiens, ce qui les aurait classés parmi les vrais missionnaires.

Les adhérents d’une secte, religion hérétique ou fausse, sont les plus difficiles à évangéliser. L’œuvre est bien difficile à exercer auprès d’eux.

  • Ils n’ont pas besoin qu’on germe en eux le sentiment religieux. Ils le possèdent, quoique celui d’une religion perverse. Souvent d’ailleurs ils sont sortis d’une Église chrétienne.
  • Ils n’ont pas seulement rejeté la vraie religion, mais encore ils lui sont hostiles. Rappelons que chaque secte est de nature autosotérique, c’est-à-dire qu’elle cherche le salut par et en soi.
  • Inséparable, quoique distingué de ce sentiment d’hostilité, est le ressentiment contre vous en tant que faisant intrusion et enseignant une autre vérité.
  • L’adepte de la secte, s’il est bien formé et instruit, sera au courant des faiblesses et des manquements des Églises évangéliques et orthodoxes. Il rappellera en tous les cas les divisions entre les diverses familles chrétiennes.
  • Se rappeler que l’adepte de la secte s’est consacré corps et âme pour la cause qu’il défend.

À cause de cette psychologie du sectaire, voici l’attitude à adopter :

  • Ne pas se hâter de s’approcher de l’adhérent de la secte si l’on manque d’expérience dans l’évangélisation et de connaissance théologique suffisante.
  • Si on approche du repaire du lion, il faut s’armer de beaucoup de patience.
  • Se revêtir d’humilité, se disant que l’on ne connaît qu’en partie seulement.
  • S’approcher avec beaucoup de sympathie et d’amour.
  • Ne pas mettre en doute les éléments de vérité existant dans l’enseignement sectaire.
  • Ne jamais montrer qu’on le suspecte de malhonnêteté ou d’esprit mercantile.

À présent, on peut œuvrer selon les lignes suivantes :

  • En général, se rappeler que ni la sincérité, ni l’attente de miracles, ni le sacrifice financier ne sont suffisants pour convaincre la justesse d’une cause. Les juifs avaient du zèle pour Dieu, mais pas selon la vraie connaissance.
  • La question est de savoir : D’où obtenons-nous la vérité avec une certitude non trompeuse? Le principe d’autorité résiderait-il en l’Église (romaine par exemple?), ou bien en l’homme?
  • Le combat contre la secte relève du domaine de la théologie; ceci doit être clair, car pas tous ne peuvent s’y enrôler.
  • Dans la controverse, il faut savoir viser juste et connaître avec précision les positions de l’adversaire.
  • Se rappeler que votre adversaire n’est pas un agneau blanc.
  • Nous avons rappelé qu’il existe deux types de sectes : celles qui prétendent se soumettre à l’autorité de la Bible, celles qui la rejettent totalement.
  • Ne jamais perdre la face en admettant par exemple qu’il existerait dans la Bible des contradictions ou que les Églises orthodoxes se contredisent entre elles. Il s’agit plutôt d’exposer la vérité une qui est clairement révélée dans les pages de l’Écriture.

Ci-dessous, des passages bibliques fondamentaux appropriés que le chrétien soulignera dans sa Bible, et au besoin apprendra par cœur afin d’être prêt à répondre aux attaques de l’envahisseur sectaire. Ils sont plus particulièrement relatifs :

  • À la personne et à l’œuvre du Christ : Mt 16.16; Jn 17.3; Ac 2.36; 18.28; 1 Co 1.30; Ép 2.19-22; Ph. 2.9-11; 1 Tm 1.15; 2.5; 1 Jn 5.20.
  • À la personne et à l’œuvre du Saint-Esprit : Lc 11.13; Rm 5.5; 8.9; 8.11,16-17,26-27; 1 Co 2.10-13; 6.19; 12.3; 2 Co 3.17; Col. 2.8; 1 Jn 5.7.
  • À l’autorité des saintes Écritures : Jn 2.22; 5.39-40; 7.38; Rm 15.4; 16.26-27; 2 Tm 3.16-17; 2 Pi 1.20-21.