Cet article a pour sujet les réformés en France aux 19e et 20e siècles, le réveil au 19e siècle, la prédication, l'évangélisation au 20e siècle, les conflits théologiques dans le protestantisme français, les tentatives de renouveau.

Source: L'Église dans l'histoire. 9 pages.

L'Église dans l'histoire (50) - Les réformés en France aux 19e et 20e siècles

  1. Le réveil du début du 19e siècle
  2. Évangélisation et prédication dans la suite du 19e et au 20e siècle
  3. Situation officielle et conflits théologiques du protestantisme français
  4. Deux mouvements réformés en France
  5. Documents
  6. Résumé

Le présent article ne prétend pas offrir un aperçu complet sur le développement du protestantisme en France depuis le début du 19siècle. Nombreux sont les ouvrages qu’on peut consulter avec plus ou moins de profit. Nous empruntons tout d’abord ici un paragraphe au Précis de l’histoire de l’Église de J.-M. Nicole.

Nous conclurons par un résumé consacré à deux mouvements réformés confessants, l’un plus théologique, l’autre davantage mouvement de réforme et de renouveau, orienté vers les membres fidèles des deux Églises réformées.

1. Le réveil du début du 19siècle🔗

a. Les Églises avant le réveil🔗

La fin du 18siècle et le début du 19e ont été marqués par le rationalisme et l’indifférence. Il y avait bien quelques pasteurs fidèles et quelques cercles moraves. Mais dans l’ensemble, les idées de Rousseau prévalaient, et ceux qui les combattaient s’exposaient à une violente opposition.

Ainsi à Genève, la compagnie des pasteurs interdit en 1817 de prêcher sur la divinité de Christ, sur le péché originel, sur l’opération de la grâce et sur la prédestination. Parmi ceux qui étaient restés fidèles à la foi, mentionnons le professeur Daniel Encontre (1762-1818) de Montauban.

b. Haldane et ses disciples🔗

C’est alors qu’un chrétien écossais, Robert Haldane (1764-1842), vint à Genève et réunit dans sa chambre d’hôtel quelques jeunes pasteurs et étudiants en théologie. Plusieurs se convertirent, d’autres furent affermis dans leur foi. Les uns et les autres devinrent les instruments d’un réveil qui secoua presque toutes les Églises de Suisse et de France.

César Malan (1787-1864), destitué de sa charge de pasteur à cause de ses idées évangéliques, fonda une Église libre à Genève, et effectua dans le Jura bernois des voyages dont l’influence se fait sentir encore aujourd’hui. Ses cantiques, les Chants de Sion, dont il composa les paroles et la musique, sont parmi les plus populaires de nos recueils.

Louis Gaussen (1790-1863) se distingua comme théologien. Son ouvrage sur la Theopneustie des Écritures est devenu un classique. Destitué parce qu’il voulait instruire les enfants d’après la Bible et non d’après le catéchisme libéral en usage, il fonda la faculté de théologie de l’Oratoire, à Genève. Son collègue Merle d’Aubigné (1794-1872) composa une Histoire de la Réformation qui, malgré une documentation insuffisante, marque une date dans l’étude de l’histoire, ouvrant la voie aux historiens postérieurs. Pyt (1796-1835) parcourut comme évangéliste diverses régions de France en prêchant le réveil.

c. Félix Neff🔗

Félix Neff (1798-1829), sans être disciple de Haldane, est venu à la foi grâce au réveil de Genève. Il a exercé son ministère dans les Hautes-Alpes, parmi les anciens Vaudois. Toujours en route, il prêchait, exhortait, conseillait. Il améliora les conditions matérielles de ces vallées reculées. Surtout, il fut l’instrument d’un merveilleux renouveau spirituel dans un milieu grossier et corrompu. Il mourut épuisé à 31 ans.

d. Alexandre Vinet🔗

Au Canton de Vaud, le rationalisme était moins avancé. Le doyen Curtat réunissait les étudiants chez lui pour les stimuler à une piété vivante. Cependant, lorsque certains croyants voulurent se réunir en dehors des lieux de culte, le gouvernement prit des mesures contre eux.

Alexandre Vinet (1797-1847), né à Ouchy, puis professeur de français à Bâle, n’avait d’abord que peu de sympathie pour ces dissidents. Mais il se convertit dans les réunions organisées par la Mission de Bâle, et, dans son Essai sur la manifestation des convictions religieuses, il intervint pour la liberté de prêcher l’Évangile, sans la tutelle de l’État. À la fin de sa vie, il fut nommé professeur de théologie et de littérature à Lausanne. Il donna sa démission parce qu’on avait supprimé la Confession de foi et que l’État s’ingérait d’une manière abusive dans la vie de l’Église. Malgré sa santé précaire, il a beaucoup écrit. Citons son Homilétique et sa Théologie pastorale. Ses sermons, intitulés Discours et études évangéliques, sont particulièrement profonds.

Il a été l’un des champions de la liberté de conscience et de culte, souvent au milieu de beaucoup d’opposition. Il était en pleine sympathie avec l’esprit de réveil qui soufflait sur la Suisse. Il tenait cependant à mettre ses contemporains en garde contre les croyances faciles et superficielles. La foi, pour lui, doit se traduire par les œuvres et la doctrine doit rester inséparable de la morale.

Les libéraux se réclament souvent de lui. En réalité, il était très attaché à la Bible, comme étant la Parole de Dieu, et à toutes les doctrines qui s’y trouvent enseignées. […]

2. Évangélisation et prédication dans la suite du 19e et au 20siècle🔗

a. Sociétés d’évangélisation🔗

[…] Mentionnons ici la Société centrale évangélique, qui a contribué à la création d’un bon nombre d’Églises nouvelles, et la Mission populaire, fondée par le pasteur anglais McAll (mort en 1893).

b. Prédicateurs orthodoxes🔗

Adolphe Monod (1802-1856) se convertit à Naples alors qu’il était déjà pasteur. Il fonda une Église libre à Lyon, après avoir été destitué par le consistoire parce qu’il ne voulait pas donner la communion aux inconvertis. Plus tard, il rentra dans l’Église officielle : comme professeur à Montauban, puis comme pasteur à l’Oratoire de Paris, où des foules immenses venaient l’entendre. Sa prédication fidèle, nourrie de citations bibliques, nous paraît aujourd’hui parfois un peu pompeuse, mais elle se signale par ses appels directs à la conversion. Ses Adieux, composés sur son lit de mort, sont particulièrement touchants.

Rubens Saillens (1855-1942), originaire de Saint-Jean-du-Gard, a commencé son activité comme agent de la Mission McAll; il a fondé une Église à Paris; puis, après le réveil du pays de Galles, il a entrepris un ministère itinérant dans les pays de langue française. Avec Théodore Monod et Budry, il est le plus populaire des auteurs de cantiques de notre temps. […]

3. Situation officielle et conflits théologiques du protestantisme français🔗

a. Le Concordat🔗

En 1802, par les articles organiques, Bonaparte faisait de l’Église réformée une Église d’État. Elle devait être dirigée par des consistoires, où siégeaient les pasteurs et des laïques choisis parmi les plus imposés. Il n’autorisait pas les synodes. […]

La Restauration, malgré quelques velléités de persécution populaire connue sous le nom de Terreur blanche, maintint cet état de choses. Sous Louis-Philippe (1830-1848), le protestant Guizot fut à la tête du gouvernement.

b. L’assemblée de 1848 et la fondation des Églises libres🔗

Sous la 2République en 1848, les réformés furent autorisés à convoquer une assemblée générale, destinée à réorganiser leurs Églises. La question doctrinale fut soulevée par Frédéric Monod (1794-1863), frère aîné d’Adolphe Monod et disciple de Haldane. Les libéraux obtinrent qu’elle soit renvoyée à une session ultérieure. Là-dessus, Frédéric Monod et le comte de Gasparin fondèrent l’Union des Églises libres sur une base évangélique; et quelques Églises indépendantes issues du réveil s’y joignirent.

c. Le synode de 1872🔗

Sous la 3République, les réformés purent convoquer un synode. Celui-ci adopta une confession de foi orthodoxe, rédigée par Charles Bois. Les libéraux, qui ne pouvaient y souscrire, furent autorisés par le gouvernement à rester dans l’Église. Le gouvernement interdit de nouveaux synodes; les orthodoxes ne purent donc avoir pendant 30 ans que des synodes officieux, tandis que les libéraux avaient des assemblées générales.

d. La séparation de l’Église et de l’État🔗

Les deux groupes restèrent donc dans la même organisation jusqu’à la séparation de l’Église et de l’État, en 1905. À ce moment, trois unions d’Églises se constituèrent, celle des Églises réformées évangéliques, la plus nombreuse, celle des Églises réformées libérales, et celle des Églises réformées désireuses de travailler au rapprochement de tous. Cette dernière union ne tarda pas à fusionner avec l’union libérale. […]

e. Négociations pour l’unité🔗

Une nouvelle déclaration de foi, plus détaillée, mais moins rigide que celle de 1872, fut élaborée par une commission composée de délégués des deux unions et proposée comme base d’entente; et, en 1938, la plupart des Églises réformées évangéliques, toutes les Églises réformées, quelqus Églises libres et quelques Églises méthodistes opéraient leur fusion. Plusieurs Églises réformées évangéliques, libres et méthodistes ont refusé de se joindre à ce mouvement, en gardant leurs anciennes confessions de foi et leurs anciens statuts. [...]1

4. Deux mouvements réformés en France🔗

Un examen rapide de l’histoire du protestantisme français de ces deux derniers siècles fera apparaître clairement les deux courants principaux qui traversèrent, et traversent toujours, les deux Églises réformées. Nous ne nous occuperons ici que de celles de « l’intérieur », laissant de côté l’Église concordataire des trois départements d’Alsace et de Lorraine.

Le libéralisme théologique a des variantes modérées ou radicales; les dernières ont sévi avec une acuité désastreuse durant les dernières décennies. On y compte actuellement des tendances très dures comme « l’athéisme chrétien » et le « christianisme marxiste ». Le courant évangélique héritier du réveil, en dépit de ses bonnes intentions, n’a pas été capable de freiner cette avance, n’ayant pratiquement aucun fondement confessant solide. Depuis la fin du 16siècle et les débuts du 17e, la théologie et la piété réformées, celles de Jean Calvin, de Théodore de Bèze et du Synode de Dordrecht, sont pratiquement inconnues du peuple protestant reformé français.

Le protestantisme réformé français de ces deux derniers siècles n’a que très peu bénéficié de la pensée théologique des géants réformés étrangers tels que les Hollandais Abraham Kuyper et Herman Bavinck; ou encore les deux frères Hodge de Princeton, Benjamin Warfield, Gresham Machen, N. Stonehouse, et surtout Cornelius Van Til. Il est certain qu’en France la solide pensée biblique et réformée a été combattue non seulement par le courant libéral, mais encore par l’aile conservatrice du protestantisme réformé, souvent indifférente à toute formulation claire et rigoureuse de la foi. Le fidéisme semble caractériser non seulement le libéralisme français, mais encore le piétisme revivaliste qui se dit « réformé » et évangélique.

a. La Société calviniste🔗

Le renouveau de la pensée réformée et calviniste en France est dû aux efforts du grand théologien que fut Auguste Lecerf. Entouré d’excellents collaborateurs tels que Jean Cadier, André Schlemmer et d’autres, Lecerf fondait la Société calviniste. Sous l’initiative et la direction de Pierre-Charles Marcel, docteur en théologie, la Revue Réformée était lancée au début des années 1950. Parmi l’équipe de rédaction, aux noms déjà cités, il faut ajouter Richard Stauffer, J.H.G. Hoffmann, et d’autres. Pierre-Ch. Marcel a été, sans doute en France, l’un des rares théologiens réformés qui ont suivi les traces d’Auguste Lecerf.

Outre des sermons de Jean Calvin, la Société calviniste publia plusieurs commentaires du réformateur, son Institution de la religion chrétienne et la Confession de La Rochelle. L’apparition de la théologie dialectique de Karl Barth et son succès fulgurant n’a pas permis au renouveau calviniste d’aboutir.

En 1938, les Églises réformées évangéliques indépendantes, qui avaient refusé « l’unité », avaient fondé la faculté de théologie évangélique d’Aix-en-Provence. Cette faculté aurait pu et dû accomplir davantage dans la ligne et les orientations théologiques réformées qui semblaient être celles des Églises réformées évangéliques. Malheureusement, outre l’absence d’une position authentiquement confessante, des questions de personnalité jouèrent un rôle néfaste et empêchèrent le développement et le rayonnement d’une théologie réformée orthodoxe.

Ce fut durant les années 1950 et 1960, avec l’apport de théologiens néerlandais, que la faculté connut son essor et qu’un enseignement véritablement réformé d’une grande qualité et fermeté théologique a pu enfin se dispenser France. Depuis quelques décennies elle est réorganisée sur une base interecclésiastique, trouvant des appuis auprès des Églises réformées évangéliques indépendantes et des protestants conservateurs de l’Église réformée de France.

Quoi qu’il en soit, on peut se demander aussi si le climat ecclésiastique et spirituel dans lequel vit et évolue le protestantisme français est propice à un travail de renouveau de la pensée, de la confession de foi et de la vie chrétienne tel que les conçoit, les définit et les pratique la théologie calvinienne. Ici également, une observation attentive démentirait tout optimisme facile à ce sujet.

b. L’Association des chrétiens réformés confessants🔗

Outre la Société calviniste, nous mentionnerons l’association formée par des membres de l’Église réformée de France ayant comme objectif de prier et d’œuvrer pour le réveil de celle-ci.

Aux débuts des années 1960, le pasteur François Gonin de l’Église réformée de Créteil, dans l’Oise, avait fondé l’Équipe de prière, Écriture, évangélisation (ÉPÉÉ). Des conférences publiques, des écrits et des rencontres mobilisaient les membres réformés de l’Alliance évangélique. Dans une Église en plein dérapage, où la bureaucratie avait ouvertement répudié tout principe de gouvernement presbytérien synodal, où les grands principes bibliques et réformés étaient remis en question et où la déliquescence, non seulement doctrinale, mais aussi éthique, devenait un scandale permanent, l’initiative du pasteur Gonin et de ses collaborateurs constituait un témoignage courageux que nombre de fidèles et de pasteurs ne manquèrent pas de saluer. Mais une opposition ouverte ou sournoise ne tarda pas à se faire sentir.

Après le départ du pasteur Gonin pour la province, ce fut le pasteur A.R. Kayayan qui fut appelé à lui succéder. Celui-ci, en accord avec les objectifs de l’ÉPÉÉ, estima pourtant qu’un témoignage efficace ne pourrait être rendu dans la situation inextricable où se trouvait l’Église réformée de France qu’à condition de s’inspirer directement de la théologie réformée développée depuis quatre siècles. Elle avait donné maintes preuves de sa vitalité et de sa vigueur dans des Églises étrangères, où le même combat pour la fidélité aux doctrines bibliques était mené. L’association prit bientôt le nom d’Association des chrétiens réformés confessants et une revue trimestrielle, Perspectives Réformées, en devint le porte-parole. Lors des grands débats qui secouèrent l’ensemble du protestantisme français durant les années 1970, cette association mena un combat loyal à l’intérieur de l’Église réformée de France, cherchant à ramener à la vérité biblique et réformée un peuple chrétien en plein désarroi et avertissant ceux et celles qui, soit à titre individuel soit par l’intermédiaire des instances ecclésiastiques, consciemment ou non, affaiblissaient l’Église du Christ en France. À un certain moment, quelques centaines de membres adhérents et des pasteurs, membres ou sympathisants, en faisaient partie.

Malheureusement, force nous est de constater que de nombeuses raisons souvent médiocres ne permirent pas à l’association, malgré son retentissant appel « pour le réveil et la réforme de l’Église », de travailler avec efficacité. À vue humaine, on ne peut parler ici que d’échec. Mais pourrait-il en être autrement dans un protestantisme réformé qui, plus qu’un ferment spirituel authentique, est devenu une minorité sociologique de la société française dont les sociologues, et non les théologiens, sont les prophètes. On souhaiterait voir à l’heure actuelle des conducteurs spirituels pour le protestantisme français qui puissent fidèlement poursuivre la mission réformatrice de l’Église en France.

Ce serait une grâce si les « réformés » en France pouvaient entendre et saisir « ce que l’Esprit et la Parole disent aux Églises ». Le retour à l’autorité des Écritures, l’invocation, et non la révocation, des grands principes de la Réforme du 16siècle, un témoignage précis et actuel, spirituel et actualisé permettront la Réforme et le renouveau de l’Église pour lesquels tout disciple du Christ et tout réformé confessant ne cessera de prier.

5. Documents🔗

a. La déclaration de 1872🔗

Au moment où elle reprend la suite de ses synodes interrompus depuis tant d’années, l’Église réformée de France éprouve, avant toutes choses, le besoin de rendre grâces à Dieu et de témoigner son amour à Jésus-Christ, son divin Chef, qui l’a soutenue et consolée durant le cours de ses épreuves. Elle déclare, par l’organe de ses représentants, qu’elle reste fidèle aux principes de foi et de liberté sur lesquels elle a été fondée. Avec ses pères et ses martyrs, dans la Confession de foi de La Rochelle, avec toutes les Églises de la Réformation dans leurs divers symboles, elle proclame l’autorité souveraine des saintes Écritures en matière de foi, et le salut par la foi en Jésus-Christ Fils unique de Dieu, mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification.

Elle conserve donc et elle maintient, à la base de son enseignement, de son culte et de sa discipline, les grands faits chrétiens représentés dans ses sacrements, célébrés dans ses solennités religieuses et exprimés dans ses liturgies, notamment dans la confession des péchés, dans le Symbole des apôtres et dans la liturgie de la sainte Cène.

b. La déclaration de 1936🔗

Au moment où elle confesse sa foi au Dieu souverain et au Christ Sauveur, l’Église réformée de France éprouve avant toutes choses le besoin de faire monter vers le Père des miséricordes le cri de sa reconnaissance et de son adoration. Fidèle aux principes de foi et de liberté sur lesquels elle est fondée, dans la communion de l’Église universelle, elle affirme la perpétuité de la foi chrétienne à travers ses expressions successives, dans le Symbole des apôtres, les symboles œcuméniques et les confessions de foi de la Réforme, notamment la Confession de La Rochelle; elle en trouve la source dans la révélation centrale de l’Évangile : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

Avec ses pères et ses martyrs, avec toutes les Églises issues de la Réforme, elle affirme l’autorité souveraine des saintes Écritures, tel que la fonde le témoignage intérieur du Saint-Esprit, et reconnaît la déchéance de l’homme, le salut par grâce, par le moyen de la foi en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, qui a été livré pour nos offenses et qui est ressuscité pour notre justification. Elle met à la base de son enseignement les grands faits chrétiens affirmés dans l’Évangile, représentés dans ses sacrements, célébrés dans ses solennités religieuses et exprimés dans sa liturgie. Pour obéir à sa vocation, elle annonce au monde pécheur l’Évangile de la repentance et du pardon, de la nouvelle naissance, de la sainteté et de la vie éternelle. Sous l’action du Saint-Esprit, elle montre sa foi par ses œuvres : elle travaille dans la prière au réveil des âmes, à la manifestation de l’unité du corps de Christ et à la paix entre les hommes. Par l’évangélisation, par l’œuvre missionnaire, par la lutte contre les fléaux sociaux, elle prépare les chemins du Seigneur, jusqu’à ce que viennent, par le triomphe de son Chef, le Royaume de Dieu et sa justice.

À celui qui peut, par la puissance qui agit en nous, faire infiniment au-delà de ce que nous demandons et pensons, à lui soit la gloire, dans l’Église et en Jésus-Christ, de génération en génération, aux siècles des siècles, amen!

c. La déclaration de l’Association des chrétiens réformés confessants🔗

ÉPÉÉ, devenue Association des chrétiens réformés confessants, est formée de chrétiens réformés qui se soumettent à l’autorité de la Parole de Dieu, seule norme de vie et de foi et de réforme de l’Église, pour tous les temps, aujourd’hui comme autrefois.

Ils proclament la souveraineté de Dieu sur la création tout entière et sur tous les domaines de l’activité humaine, en accord avec les confessions de foi de l’Église universelle et très particulièrement la Confession de La Rochelle. Dans la véritable succession de la foi apostolique et de celle de la Réforme, ils sont décidés à travailler au maintien de la foi réformée, au renouveau de l’Église, à la formation biblique et théologique des croyants, au témoignage et à l’évangélisation, en soulignant les points suivants : la réalité du péché tel que la Parole de Dieu nous le fait connaître, l’impérieuse nécessité de la conversion et de la repentance, le sacerdoce universel des croyants dans l’Église et le monde.

Assurés que Dieu accorde les dons de son Esprit pour amener toute pensée captive à l’obéissance de Jésus-Christ, et pour permettre, en accord avec sa Parole, de répondre aux besoins de l’heure présente, ses membres veulent promouvoir la pensée réformée, rechercher la communion, particulièrement avec ceux qui, en France ou ailleurs, confessent la foi réformée et coopérer avec toute association œuvrant dans le même sens.

Conscients de la grave crise que traverse l’Église dans la confusion théologique et le désarroi général, ses membres invitent les fidèles et les pasteurs à se joindre à eux, pour la seule gloire de Dieu, pour l’édification de son Église, pour le salut des appelés par Dieu, acquis par le sang du Christ et demeurant dans la communion du Saint-Esprit.

6. Résumé🔗

1. La vie des Églises réformées en France est marquée au début du 19siècle par un vaste mouvement de réveil sous l’impulsion d’un presbytérien écossais, Robert Haldane.

2. Cette période est également dominée par quelques noms importants, tels que Louis Gaussen, Felix Neff, Alexandre Vinet, Adolphe Monod, etc.

3. Au début du 20siècle, après la séparation des Églises et de l’État en 1905, il existe trois Églises réformées en France : l’Église réformée évangélique, l’Église réformée et une Église réformée libérale.

4. Théologiquement, les grandes tendances dans les Églises réformées en France sont, d’une part, le revivalisme évangélique sans ossature doctrinale, et, d’autre part, le libéralisme destructeur, même sous sa forme fidéiste (Auguste Sabatier).

5. Le calvinisme en France renaît sous l’impulsion d’Auguste Lecerf et, plus tard, de Pierre-Charles Marcel, de la Société calviniste de France et de la Revue Réformée. Un autre mouvement, davantage populaire, dans la même ligne calviniste, œuvre sous la dénomination « Association des chrétiens réformés confessants ».

Note

1. J.-M. Nicole, Précis de l’histoire de l’Église, Édition de l’Institut biblique, Nogent-sur-Marne, 1972, p. 218-224.