Cet article a pour sujet la propagation du bouddhisme après la mort du Bouddha, sa communauté de moines et ses différentes branches (le hinayana, le mahayana, le lamaïsme au Tibet et le bouddhisme moderne).

Source: Discerner les esprits. 5 pages.

La propagation du bouddhisme

  1. Après la mort du Bouddha
  2. L’organisation de la communauté
  3. Les différentes branches du bouddhisme
    a. Le hinayana
    b. Le mahayana
    c. Le bouddhisme lamaïque
    d. Le bouddhisme moderne

1. Après la mort du Bouddha🔗

« À la mort de Bouddha, le mouvement qu’il a lancé apparaît déjà dans toute son originalité : Il est non seulement considéré comme hétérodoxe et subversif par les tenants du brahmanisme, mais il constitue une religion vraiment distincte, pratiquée par une communauté florissante. Cependant, cette communauté allait traverser de nombreuses crises. La première se produisit peu après la mort du Bouddha. Celui-ci, en effet, ne s’était pas désigné de successeur pour diriger la communauté; en l’absence d’une autorité compétente pour trancher les questions de doctrine ou de discipline, on sentit le besoin de réunir un concile pour fixer l’enseignement du maître. Trois autres conciles furent convoqués par la suite.1 »

Après la mort du Gautama, le bouddhisme comme doctrine religieuse, ou plutôt, ainsi qu’elle est considérée, comme voie philosophique, fut largement répandu. Durant les trois premiers siècles qui suivirent sa mort, il n’y eut pas moins de seize sectes ou confessions bouddhistes. Le roi Açoka qui vécut aux environs de 250 av. J.-C. fut l’un des grands missionnaires du bouddhisme et de sa branche connue comme le bouddhisme hinayana.

2. L’organisation de la communauté🔗

Les premiers disciples du Bouddha furent des moines errants qui prirent comme signe distinctif une robe jaune, pratiquèrent la tonsure ainsi qu’un visage rasé. À l’intérieur de l’ordre, où furent éliminées les différences des castes, les moines font vœu de chasteté et de pauvreté. La légende rapporte que, pour faire plaisir à sa tante et mère adoptive, le Bouddha accepta que des femmes fissent partie de la communauté, mais elles occupèrent toujours une place subordonnée par rapport aux hommes. Les « nonnes » bouddhistes porteront aussi la robe jaune. Par la suite, les moines se fixeront dans des monastères où ils se livreront à la méditation et à l’imitation du Bouddha.

Le bouddhisme étant en fait une discipline de vie plus qu’une croyance religieuse, on se voue aussi, en de nombreux monastères, au culte de divinités non bouddhiques. À la pleine lune et à la nouvelle lune, le doyen d’une communauté prononce le patomokkha (paroles de la confession). C’est la liste des quatre péchés capitaux (meurtre, luxure, vol, orgueil) et des soixante-huit offenses à la règle. On invite ensuite par trois fois les moines qui ont commis l’une de ces fautes à les confesser publiquement.

Certains pèlerinages furent prescrits aux quatre lieux saints : la ville natale du Bouddha, le Bodh Gaya, où il reçut l’illumination, Bénarès, où il mit en branle la roue de la loi, et Kuçinârâ, où il mourut.

3. Les différentes branches du bouddhisme🔗

a. Le hinayana🔗

Hinayana signifie le véhicule inférieur. Il est plus fidèle à l’enseignement originel du maître fondateur. Cette interprétation admet que le Bouddha est entré définitivement dans le nirvana et qu’il n’y existe plus en tant qu’individu humain; il est passé au-delà du devenir, il a cessé d’être!

Le bouddhisme sud-asiatique insiste sur le salut par la stricte discipline personnelle et la culture de soi-même, tel que l’avait enseigné le fondateur. Ici, on constate des aspects religieux tels que le respect religieux pour le Bouddha, la vénération de ses reliques; les temples en contiennent d’immenses images. En théorie, il s’agit de statues, en réalité ce sont de véritables idoles qu’adore le bouddhiste ordinaire. Pour la pensée du peuple ordinaire, les prières offertes devant ces idoles seront exaucées.

b. Le mahayana🔗

L’autre grande version du bouddhisme est le mahayana, c’est-à-dire le grand véhicule. Cette branche est contemporaine de Jésus; elle représente une forme de néo-bouddhisme; elle insiste moins sur la culture psychologique que ne le fait le bouddhisme classique. Elle est remplacée par des idées religieuses très particulières. Le Bouddha y est adoré en tant que Dieu. Il est venu pour aider l’humanité souffrante. De nombreux mythes prirent naissance autour de sa personne. On en vint à penser que le Gautama ne fut pas le seul Bouddha, l’illuminé, mais l’un parmi de nombreux autres illuminés, dont certains vinrent sur terre et d’autres sont au ciel. Dans le mahayana, le salut n’est pas uniquement une affaire de discipline personnelle; il y est affirmé qu’il existe des êtres divins avec d’immenses réserves de mérites, qu’ils accorderont volontiers à ceux qui en manquent.

Le bouddhisme mahayana est très populaire dans le nord asiatique. Il se développa notamment en Chine, en Corée et au Japon. Il s’agit de la forme la plus idolâtre où les fidèles adorent un grand nombre d’êtres divins ou semi-divins.

Pour cette branche, il existe des classes entières de sauveurs divins et demi divins. Au cœur de l’humanité réside une seule essence, Bouddha ou amour derrière les choses qui produisent le Bouddha. Cette nature de Bouddha se trouve en chaque homme et peut se cultiver.

« À travers les différentes écoles, appelées généralement, mais improprement sectes, dont l’apparition jalonne l’évolution du bouddhisme ancien, une tendance s’est progressivement affirmée qui va donner naissance, vers le premier siècle de notre ère, à une réinterprétation du bouddhisme original; c’est là l’origine de mahayana. Le terme est généralement traduit par le grand véhicule, mais l’expression “grand moyen de progression” en rendrait mieux le sens exact.
Pour l’adepte de cette nouvelle école, l’enseignement des anciens ne représentait qu’une partie seulement de la doctrine du Bouddha et n’avait qu’une valeur de préparation seulement par rapport à leur propre enseignement; il se réclamait pourtant de l’autorité du Bouddha, auquel il se rattachait par l’intermédiaire d’une tradition restée longtemps secrète. Celle-ci “véhicule” mieux et conduit plus loin un plus grand nombre d’êtres vers la libération totale et définitive : d’où le nom de mahayana qu’ils se donnèrent. D’où aussi le terme un peu méprisant de hinayana (petit véhicule) qu’ils utilisèrent pour désigner les sectes du bouddhisme ancien.
Le mahayana constitue lui-même un monde extrêmement complexe. Une forme de mahayana était appelée à un grand avenir : c’est le bouddhisme tantrique. Celui-ci se qualifie lui-même de “véhicule de diamant” (vajrayana), parce qu’il donne les moyens de parvenir, grâce à des procédés relevant pour une part de la magie, à l’éternelle force divine, qui est aussi inaltérable que cette pierre précieuse. À vrai dire, le tantrisme n’est pas pour commencer du bouddhisme. Il se développe à partir des 4e et 5siècles, surtout dans le nord de l’Inde, et c’est dans cette région que la rencontre entre un mouvement tantrique et le mahayana va donner naissance à cette nouvelle forme de bouddhisme qu’est le vajrayana. Celui-ci se modifie au contact des traditions proprement tibétaines, pour donner le bouddhisme tibétain que nous connaissons aujourd’hui.2 »

Le tantrisme dit de « la main gauche » pratique certains rites sexuels, après une longue initiation, pour signifier que l’initié peut dépasser toute limite; celui de la « main droite » est beaucoup plus ascétique.

c. Le bouddhisme lamaïque🔗

Le lamaïsme est un bouddhisme aux rites très complexes, dans lequel la vie monastique joue un rôle prépondérant (un tibétain sur cinq est moine). C’est une religion étonnante qui, en un sens, ressemble au christianisme, non pas par ses doctrines, qui n’ont à peu près aucun rapport, mais par la multiplicité des attitudes religieuses. On y rencontre aussi bien le spiritualisme le plus exaltant et le plus pur que les superstitions et les bigoteries les plus puériles. À cette vie religieuse très riche s’ajoute une mythologie abondante qui s’élargit à l’infini (tout est « divinisable », même un livre de prières). L’iconographie, consacrée non seulement à la vie du Bouddha et des principaux saints, mais aussi aux divinités qui résultent des cultes çivaïtes et des cultes ancestraux, est impressionnante.

Les principaux traits du lamaïsme sont :

Les Dhyani-Bouddhas : C’est une doctrine du grand véhicule qui suppose que chaque Bouddha terrestre possède une sorte de réplique abstraite, vivant dans le monde actuel. Il comprend cinq Bouddhas, dont le quatrième fut Gautama et dont le cinquième s’appellera Maitreya, existant à titre de futur Bouddha, c’est-à-dire Bodhisattva; son « double » métaphysique n’est donc pas encore un Dhyani-Bouddha, mais un Dhyani-Bodhisattva.

Les lamas sont les supérieurs des couvents ou lamaseries qui fourmillent au Tibet. On parvient à cette dignité après être passé par une série de grades religieux subalternes. Ils sont considérés comme étant les réincarnations de saints bouddhiques inférieurs en hiérarchie à Amithaba; cent quatre-vingts d’entre eux, appelés des Hutukus, sont des réincarnations de Bodhisattvas et de dieux divers. Les deux principaux lamas sont le Tashi-lama (lama joyeux) dont la primauté est de l’ordre uniquement spirituel, et le Dalaï-lama (le lama pareil à l’océan), chef religieux et politique du Tibet; ils sont considérés respectivement comme les réincarnations d’Amithaba.

À la mort d’un lama, on recherche un jeune enfant dans lequel son âme se serait réincarnée. Le choix est à tendance politique, mais on lui confère un apparat religieux; outre l’observation de prodiges divers, étudiés par les churchuns devins, on fait subir à l’enfant désigné des épreuves variées; par exemple, on lui présente des objets ayant appartenu au lama mort mêlés à des objets indifférents, et on lui demande de les reconnaître (ce qui est le signe qu’il se souvient de sa vie antérieure).

Om Mani Padme Hum : c’est la formule rituelle inscrite sur tous les murs, tous les livres du Tibet; elle est écrite plus de 29 000 fois sur des feuilles enroulées en bandelettes autour d’une manche; en faisant tourner ces moulins à prières, on est considéré comme récitatif. La formule revient 29 000 fois par tour; un dévot qui ferait tourner son moulin à prières 24 heures durant, à raison d’un tour par seconde, accomplirait ainsi l’équivalent de 2 505 600 000 énoncées de Om Mani Padme Hum.

Quant à la signification de cette formule, elle est discutée; certains pensent qu’elle est la traduction du sanskrit : « Om Mannipadma Hum! », le joyau dans le lotus!

À côté de cette incarnation, forme concentrée de la dévotion tibétaine, il faudrait citer les innombrables pratiques religieuses du lamaïsme. Pèlerinages aux principaux sanctuaires, fêtes en l’honneur des saints, prosternation à chaque pas, face contre terre, quand on fait le tour d’une lamaserie.

La morale lamaïque peut être résumée par les quarante-deux points d’enseignement proférés par Bouddha.

d. Le bouddhisme moderne🔗

L’apparition récente d’un néo-bouddhisme semble gagner une grande popularité, aussi bien sur le continent qui en fut le berceau que dans le monde occidental. Cette version moderne n’adore que certaines images (idoles), par exemple, celle du Gautama, de l’Amithaba Bouddha et de la déesse de miséricorde. Ce ne sont certainement pas des dieux d’une révélation, comme celui du judaïsme ou de l’islam, encore moins celui de la révélation en Christ.

De nombreux bouddhistes pensent erronément que le Dieu de la révélation chrétienne est l’un de leurs dieux, ou bien parmi les multiples Bouddhas; le ciel chrétien serait l’un des multiples cieux bouddhistes. Cette erreur est intentionnellement maintenue afin d’affirmer avec fierté que le bouddhisme est supérieur au christianisme. La déesse de miséricorde a besoin de cultiver la voie du bodhisattva. Amithaba Bouddha n’est qu’un des nombreux Bouddhas, mais Gautama est le plus important parmi eux. Et pourtant, il n’a jamais prétendu lui-même être dieu! Ainsi, il n’a jamais laissé entendre qu’on devait l’adorer comme tel! Pour lui, les Bouddhas et toutes les créatures se trouvent au même niveau. Tous les êtres humains peuvent devenir des Bouddhas et bénéficier de la même illumination que lui.

Notes

1. P. Meislen, Le bouddhisme dans le monde.

2. L’État des religions, p. 177-178.