Cet article a pour sujet le danger d'un évangile social qui transforme la foi chrétienne en un salut par les oeuvres. Par exemple, l'organisation Vision Mondiale transforme les bonnes oeuvres chrétiennes en paganisme utopique.

2 pages. Traduit par RC

Laissez venir à moi les petits enfants - La justice sociale tourne mal (Vision Mondiale)

L’Église évangélique est de plus en plus consciente de la nécessité de témoigner du Christ au moyen d’actes de miséricorde, d’autant plus que certains évangéliques dans le passé parlaient presque exclusivement du salut futur individualiste. En réaction à cela, certains aujourd’hui soulignent la nécessité de « l’orthopraxie » (une action juste et droite), minimisant l’importance de « l’orthodoxie » (une croyance juste et droite), allant même jusqu’à l’abandonner. Il n’est toutefois pas possible de séparer les bonnes œuvres d’une saine doctrine. Hélas, nous ne nous trouvons pas devant un équilibre biblique entre ces deux aspects, mais nous sommes plutôt confrontés au danger d’une nouvelle forme de l’ancien « évangile social », qui transforme la foi chrétienne en un système de salut par les œuvres, qui transforme Jésus en un simple exemple à suivre — comme Bouddha, Socrate ou Lao Tzeu — et qui transforme le christianisme en une variante de bonne volonté interreligieuse. Cependant, l’orthopraxie seule ne peut prêcher l’Évangile. En tant que pécheurs rachetés, nous devons « confesser de notre bouche le Seigneur Jésus » (Rm 10.9).

Un autre danger nous guette. Les bonnes œuvres chrétiennes peuvent être récupérées par des mouvements utopiques païens. Considérons l’exemple typique suivant.

En janvier 2013, Vision Mondiale a envoyé une demande pour une collecte de fonds pour la période de Pâques aux gens qui parrainent des enfants dans le besoin. Vision Mondiale a commencé comme ministère d’évangélisation de Bob Pierce, un prédicateur puissant que j’ai entendu prêcher lors d’une croisade d’évangélisation dans ma ville natale de Liverpool, lorsque j’étais encore un garçon. Depuis lors, j’ai remarqué beaucoup de changements. La croix, qui avait toujours été présente sur toute la documentation de Vision Mondiale, s’est transformée en une étoile scintillante. J’ai alors commencé à me poser des questions. Au kiosque de Vision Mondiale, lors d’une récente conférence de pasteurs, on nous a demandé de remplir des paquets de diverses bonnes choses pour envoyer à l’étranger. Quand j’ai demandé pourquoi il n’y avait pas de Bibles dans les paquets, on m’a dit qu’ils ne pouvaient pas savoir quelle langue mettre! Ma préoccupation s’est alors accrue.

Cette collecte de fonds pour Pâques incluait une carte à envoyer à des enfants défavorisés des pays lointains, sur laquelle était inscrit le slogan de Vision Mondiale : « Construire un monde meilleur pour les enfants ». Il n’y a pas de bonne nouvelle de la résurrection sur cette carte, mais plutôt des photos d’animaux enseignant des leçons moralisatrices en vue de « bénir les enfants ». Les enfants, comme les moutons, devraient « rester près de la famille et des amis qu’ils connaissent »…, mais aucune mention n’est faite quant à l’importance de rester près de Jésus, le bon Berger. Les enfants sont comme des cerfs : « Le cerf a le pied sûr… aie confiance dans tes capacités, comme le cerf. » Nous n’y voyons aucune mention de l’âme, qui, tel un cerf assoiffé, soupire après Dieu. Tout ce qui manquait sur la carte, c’était le lapin de Pâques! Il ne s’agit pas là d’une absence de l’Évangile. Il s’agit d’une morale contraire à l’Évangile, dérivée de la nature et selon laquelle notre succès se trouve en nous-mêmes, sans dépendance au Créateur et Rédempteur de la nature.

Dans une lettre accompagnant cette demande de fonds, le président, Richard Stearns, explique :

« Nous avons pris soin de concevoir la carte […] de sorte que la sécurité des enfants ou du personnel de Vision Mondiale ne soit pas compromise dans les pays où le christianisme fait face à des restrictions. »

Pour des « raisons de sécurité », non seulement l’Évangile est-il absent, mais un contre-évangile subtil proclamant l’autoperfectionnement est proposé. La sécurité physique des chrétiens dans les pays hostiles est certes importante, mais pour une organisation chrétienne, la sécurité éternelle et la préparation en vue du « monde meilleur » de la nouvelle création de Dieu devrait certainement être une préoccupation encore bien plus importante.

L’organisation chrétienne Vision Mondiale recommande que les Églises travaillent en collaboration avec les ONG (organisations non gouvernementales) sécularisées qui œuvrent en faveur de la justice sociale et qui sont approuvées par les Nations Unies. Mentionnons, par exemple, InterAction qui propose une autre vision du monde — non pas la laïcité, mais une nouvelle version de l’ancien paganisme, mêlant une « spiritualité éclairée » à « l’action sociale ». L’objectif est la « transformation du monde » en vue de créer une utopie païenne « non dualiste » (c’est-à-dire sans Créateur ou sans distinction entre le Créateur et la création). Le Lucis Trust (à l’origine le Lucifer Trust ou Fiducie de Lucifer!), un groupe théosophe occulte responsable depuis 1952 du cœur spirituel de la salle de méditation de l’ONU, annonce maintenant sa version d’un monde meilleur :

« L’uniformité des croyances est inutile; […] une expérience spirituelle partagée et le service collectif peuvent offrir un meilleur espoir pour la réalisation de la synthèse globale. »

Les « croyances » sont rejetées. « L’expérience spirituelle » méditative et « le service collectif » sont à la mode. Combien d’évangéliques bien intentionnés suivent comme des moutons, inconscients que, à travers ce programme, le paganisme totalitaire vise désormais le contrôle de toute la planète?

Ce mouvement, profondément lié à l’évolution et qui ne cesse de croître, « ne peut pas être arrêté », dit l’ex-fondamentaliste Michael Dowd, un « naturaliste évangélique [qui ne croit] plus au surnaturel », parce que « Dieu n’est pas une personne ». Dowd poursuit en disant :

« À mesure que nous intégrerons la Grande Histoire de l’évolution, […] nous assisterons à un renouveau spirituel dans le monde entier, […] une nouvelle ère de paix, le développement durable, la santé et la prospérité, […] la fin de la guerre, la démocratie pour tous, l’éradication de la faim et l’éducation pour tous. La liberté. Les possibilités. L’amitié mondiale. […] Ces rêves sont à notre portée aujourd’hui même. »

Les chrétiens ne peuvent se contenter de creuser des puits en Afrique sans parler de la source du salut aux pécheurs assoiffés. Ils ne peuvent pas parler de bénédictions sans parler aussi de la malédiction qui frappe l’homme à cause de tout le mal qu’il fait. Les enfants doivent entendre parler de la différence entre le mensonge et la vérité pour pouvoir placer leur confiance en Jésus comme leur seul Sauveur.

Nous devons obéir au commandement du Sauveur : « Laissez venir à moi les petits enfants » (Lc 18.16).