Cet article a pour sujet l'alcoolisme qui cause des ravages. Ce n'est pas une maladie, mais un péché]. La société et l'Église ont un rôle important à jouer pour enrayer ce mal. La solution se trouve en Jésus qui nous procure la libération de nos esclavages.

Source: L'obéissance de la foi. 13 pages.

L'alcoolisme

  1. Quelques statistiques
  2. Les ravages causés par l’alcool
  3. L’alcoolisme est-il une maladie?
  4. La responsabilité sociale
  5. Le rôle de l’Église

1. Quelques statistiques🔗

Abordons le sujet de l’alcoolisme et des conséquences sociales et morales, physiques et psychiques qui en découlent pour former la toile de fond d’une dimension de la tragédie humaine.

Pour commencer, voici quelques faits bruts que je recueille dans des articles de journaux :

La production et la consommation en constante augmentation des boissons alcoolisées constituent un fait de société auquel peu de groupes humains échappent totalement.

La mondialisation croissante de ce phénomène, redoutable pour l’avenir des populations, a suscité des débats jusqu’au niveau des instances internationales. Un homme d’État européen déclarait qu’il y a des intérêts considérables en jeu et les impératifs de santé sont trop souvent en contradiction avec ceux des économies nationales. C’est sans doute pourquoi, reconnaissant la propre responsabilité des États et les difficultés qu’éprouve l’Europe à mener une action antialcoolique cohérente, il a proposé que soit mise en place, une fois de plus, « une campagne d’information et de réflexion dont on peut souhaiter qu’elle se révèle enfin efficace ».

Dans tel pays occidental, on a dépensé en une année près de 20 milliards de dollars en boissons alcoolisées.

Plus de 15 milliards de dollars de pertes ont été enregistrés pour cause de la consommation d’alcool.

Il y a plus de 95 millions de buveurs au-dessus de 15 ans; parmi eux, il y a 9 millions d’alcooliques invétérés, aux problèmes insolubles.

La moitié des crimes, le quart des suicides et la moitié des accidents de la route (plus de 55 000 par an) sont causés par des buveurs dangereux.

Tel pays occidental a vu le chiffre de condamnations de jeunes alcooliques augmenter de 273 à 445 en l’espace de cinq ans. Dans le même pays, un alcoolique sur trois, c’est-à-dire 150 000 sur 450 000, est une femme.

Il est compté parmi les trois problèmes de santé les plus sérieux; la vie d’un alcoolique sera amputée de 10 à 12 ans.

Pour chaque dollar d’impôts dont bénéficie l’État sur les boissons alcoolisées, cinq dollars de dépenses sont effectués pour des frais de tribunaux, hôpitaux, etc.

En vingt ans, révèlent les statistiques, la production mondiale officielle de la bière a augmenté de 124 % et celle du vin de 40 %, alors que la population n’augmentait que de 45 %. L’invasion mondiale de l’alcool concerne essentiellement le Tiers-Monde. Tandis que la consommation stagne ou même commence à baisser dans quelques pays industrialisés, elle devient inquiétante en Amérique latine, où la production de bière s’est accrue en vingt ans de 200 %, en Afrique de 400 % et en Asie de 500 %.

Ces mêmes statistiques sont formelles; l’alcool est à l’origine directe de plus de 20 % des accidents du travail, d’un tiers des accidents de la route, de 50 % des hospitalisations en milieu psychiatriques. Il absorbe 42 % du budget des services hospitaliers, rapporte des milliards à l’État et lui en coûte au moins le double. Il ne se passe pas un seul jour sans que nous lisions dans la presse le récit d’un drame dû à l’alcoolisme. Crimes, viols, accidents, incendies, divorces, adultère. Sur des milliers d’enfants qui ne peuvent suivre les classes scolaires à cause d’un niveau intellectuel trop bas, 60 % en moyenne subissent les conséquences directes de l’alcoolisme de leurs parents.

Les enquêtes conduites sur ce sujet montrent un fait nouveau : si 42 % des grands toxicomanes ont commencé par la marijuana, 29 % ont commencé par l’ivresse alcoolique. Cette donnée est d’autant plus inquiétante que ce premier contact avec la transgression par la drogue et par l’alcool se produit entre treize et quatorze ans. Nous reparlerons de l’alcoolisme des jeunes un peu plus loin.

Cela s’explique, pour une large part, par le fait que la production industrielle et le commerce des boissons alcoolisées se trouvent à présent aux mains de compagnies multinationales géantes disposant de ressources pour promouvoir leurs produits. L’action d’une publicité disposant de moyens considérables a stimulé une demande que les remaniements sociologiques, technologiques et familiaux des pays en développement favorisaient. Cette demande accrue a stimulé à son tour des productions locales artisanales et il est fréquent que dans les zones tropicales la culture des bananiers soit consacrée non à l’alimentation des populations, mais à la fabrication d’alcool.

Des tableaux dressés par des experts montrent qu’en vingt-sept ans, les chiffres relevés pour l’Europe, s’ils sont moins vertigineux que ceux du Tiers-monde, n’en traduisent pas moins un développement rapide de la pandémie alcoolique.

Ainsi la consommation de bière a sextuplé aux Pays-Bas, celle de vin a quadruplé en Grande-Bretagne et celle des spiritueux a triplé au Danemark. L’Europe fournit à elle seule 50 % de la production mondiale de bière et 70 % de celle de vin, et les manifestations de mévente observées ici ou là dans le monde depuis quelques années semblent confirmer que l’accroissement de la consommation n’est qu’une réponse à l’incitation des producteurs et des négociants et que l’offre prime sur la demande.

En outre, le degré d’alcool de toutes ces boissons n’a cessé d’augmenter depuis le début du vingtième siècle, tant pour les vins courants, passés de 7 degrés à 11-13 degrés, que pour les bières dont les productions à faible taux d’alcool disparaissent du marché pour laisser la place à des bières dites « de luxe » atteignant 6 à 9 degrés. Les rendements à l’hectare ont quintuplé voire sextuplé dans certaines régions, et le coût moyen du gramme d’alcool a sensiblement baissé pour le consommateur.

Il fallait, en 1925, quarante minutes de travail à un manœuvre pour acheter un litre de vin ordinaire; il ne lui en faut plus que onze aujourd’hui, en dépit des lourdes taxations de l’État.

À l’alcoolisme de misère d’antan a succédé un alcoolisme d’aisance et de confort, dans lequel communient avec une belle unanimité toutes les classes sociales.

Une enquête confirme que l’alcoolisation reste un phénomène principalement masculin. Plus de la moitié des femmes ne boivent jamais et 90 % d’entre elles consomment au plus deux verres par jour. Aussi, le taux de mortalité par alcoolisme et cirrhose du foie est-il cinq fois plus importants chez l’homme que chez la femme, et c’est à la surconsommation alcoolique que l’on attribue l’inégalité massive d’espérance de vie en France, où les femmes vivent en moyenne, à l’heure actuelle, dix ans de plus que les hommes.

Des races entières ont disparu jadis à cause de ce fléau et il n’y a pas de raison pour que cela ne se produise pas encore de nos jours si l’on n’arrête pas les flots empoisonnés de la boisson et les immenses ravages qu’elle cause.

2. Les ravages causés par l’alcool🔗

En dépit de cette affligeante situation et de l’horreur et l’indignation qu’elle nous inspire, les matraquages publicitaires se poursuivent de plus belle en vantant vins, alcools, liqueurs et apéritifs de toute qualité et de tout degré.

Dans certains pays, la publicité en faveur de l’alcool est interdite; pourtant, des millions de consommateurs subissent quotidiennement la publicité vantant tel ou tel produit alcoolisé. Parmi les centaines de réclames qui passent dans la presse parlée ou écrite durant une journée de moins de 24 heures, la majorité est consacrée aux boissons alcoolisées. C’est l’alcool à gogo, à 40 ou 50 degrés, les apéritifs et autres « digestifs », soient indigènes aux noms prestigieux, soient étrangers, importés des pays exotiques et dont la seule évocation enivre déjà l’amateur.

Nombre de nos concitoyens ne pourraient concevoir de prendre le moindre repas sans l’arroser de bière, de vin rouge ou de vin blanc ni le moindre dessert sans les alcools qui sont supposés l’accompagner. On boit copieusement sans même manger… Les années, les étiquettes, les degrés, les caves et les tonneaux, tout est devenu une affaire de très haute spécialisation. Si la publicité est interdite ici ou là, les publicistes savent parfaitement contourner la loi. Ils vanteront telle marque, « en vente promotionnelle dans le pays voisin », ou la « vente exclusive à Y, durant les fêtes ». Les ficelles auxquelles les annonceurs ont recours pour violer la loi sont grosses comme des cordes d’amarrage.

Si dans les fréquentations sociales vous osez refuser le verre l’alcool que l’on vous offre, il vous faut presque vous excuser de votre « maladresse ». Ça fait tellement chic de boire un « cocktail »!

On boit avant le repas, pendant le repas et après le repas; il y a le verre de 10 heures, celui de 11 heures, le verre pour trinquer avec le copain et celui après avoir conclu un marché. Il y a les anniversaires et les jours de fête, les saints à célébrer et les « premières communions » à arroser, et on se réconforte même à l’alcool après un service d’enterrement! Il y a le bistrot ou la taverne pour prolétaires et les parties mondaines et les cocktails chics pour les bourgeois.

Tout semble imbibé d’alcool, les vies privées, la vie sociale, le subconscient lui-même. L’alcoolisme est une maladie de toute la personnalité et toutes sortes de désordres psychotiques, pouvant aller jusqu’à la folie, en sont directement les fruits empoisonnés.

Certains objecteront que l’alcool remonte et stimule. C’est faux. L’alcool n’est pas un stimulant. Après en avoir bu, même modérément, on enregistre une baisse de la vision et de la dextérité dans les réflexes.

On objectera que boire avec les copains, c’est leur offrir le témoignage de son amitié. D’autres diront : « Mais moi, je le supporte très bien! » Mais le fait est que l’alcool détériore les cellules de notre corps. Dans certains pays froids, on prétend qu’il réchauffe. En réalité, en relaxant les vaisseaux sanguins dans l’épiderme, il contribue, au contraire, à diminuer la chaleur du corps. L’une des objections que l’on avance pour s’excuser d’en user régulièrement est : « Je maîtrise l’alcool! » Pourtant des statistiques dignes de confiance montrent que le monde du travail connaît chaque jour l’absence de 175 000 personnes de leur lieu de travail à cause des conséquences de l’alcool. Les buveurs connaissent deux fois plus d’accidents de travail que les abstinents.

Inutile de s’attarder davantage sur les chiffres et d’allonger la liste des occasions où l’on use et abuse de la boisson. « Boire » est devenu synonyme de consommer de l’alcool! Qui se préoccupe du désordre social, des drames dans les foyers, des traumatismes provoqués chez les jeunes? Tout ceci est difficile à chiffrer.

Nous avons déjà mentionné le cas d’accidents de la circulation. Lorsque nous serons suffisamment responsables pour nous engager sérieusement à résoudre ce problème, pour nous-mêmes et pour notre entourage, nous aurons fait un grand pas en avant vers la maturité spirituelle. L’alcoolisme peut être traité. Il existe nombre de centres de secours et d’organisations qui soutiennent des personnes en vue de leur relèvement.

Un grand nombre de maladies chroniques et épidémiques sont en étroite liaison avec l’alcoolisme. On ignore souvent qu’il faut parfois quinze ans pour s’apercevoir des ravages causés par la boisson. D’ordinaire, on dit que l’on boit « pour tenir le coup », ou encore « pour se donner du courage ». On dit aussi que l’on boit « pour noyer son chagrin ». Et puis il y a, bien sûr, le motif vraiment répréhensible : celui de boire par simple vice… Ayant entendu les aveux déchirants d’alcooliques ou de leur entourage, et accueilli ceux et celles qui cherchaient désespérément une issue, j’ai le devoir, en ma qualité de conducteur spirituel, d’avertir, de mettre en garde, de dénoncer la situation, prévenir contre le mensonge de la publicité et les mauvaises habitudes, afin de lutter contre le fléau dévastateur.

On pourrait objecter que, dans la vie, tout peut devenir néfaste lorsqu’on dépasse la mesure; le boire, le manger et bien d’autres choses encore. Mais peu d’excès sont aussi répandus et aussi dangereux que celui de l’excès de boisson. Y a-t-il autant d’épaves dans les hôpitaux à cause d’autres intempérances? De nos jours, un autre fléau est en train de gagner du terrain, et à une telle vitesse qu’il sera bientôt sur un terrain d’égalité dans ce triste record : je veux parler des maladies, souvent mortelles ou incurables, dues à la promiscuité sexuelle.

Ce n’est donc pas uniquement pour dénoncer les ravages causés par l’alcool que nous parlons de l’alcoolisme, mais pour ouvrir aussi les yeux des non-buveurs et les inciter à venir en aide aux buveurs qui se trouvent autour d’eux, car l’alcool n’est pas un problème privé, individuel. L’alcoolisme touche chacun d’entre nous, sinon toujours de manière privée, toujours en tant que problème social et de santé publique.

Bien entendu, le problème de l’alcoolisme se trouve moins dans la bouteille que dans la personne elle-même. Il est causé par les mauvaises habitudes sociales, par les troubles et les désordres à l’intérieur de la personnalité, par des problèmes sérieux que l’on s’acharne à fuir plutôt qu’à résoudre. Et plus on tolère la consommation de la boisson, moins on est apte à résister à la tentation, à son attrait, à ses ravages.

Considérons qu’il n’y a pas qu’une seule cause, qu’un seul résultat et qu’une seule règle universelle de conduite. Pourtant, l’alcool finira par créer des problèmes d’ordre physique ou psychique. Le mal, la maladie, même la mort ont toujours accompagné les fidèles habitués de la « dive bouteille ». N’ai-je pas vu, lors de ma première année de ministère dans une région rurale de l’ouest de la France, mourir des jeunes de 25 ou 30 ans de cirrhose du foie? Et dire que les gens, tout en se lamentant sur leur disparition, n’osaient pas en dénoncer la cause, c’est-à-dire l’alcool que ces malheureux avaient consommé comme de l’eau ou du lait. On trinque avec tous et avec chacun sans se soucier du poison qui pénètre dans le sang jour après jour.

Parfois, des arguments bibliques en faveur de la consommation de vin viennent à la rescousse des invétérés de l’alcool. Certes nombre de références au vin, dont certaines tout à fait positives, se trouvent dans l’Écriture. Parmi les plus connues se trouve celle du Psaume 104.15, où l’auteur considère le vin comme un don de Dieu, qui peut égayer le cœur de l’homme et « faire luire sa face comme l’huile ». On parle volontiers du miracle de Jésus aux noces de Cana, où il transforma l’eau en vin; ou encore l’exhortation de saint Paul à son ami et collaborateur Timothée de prendre un peu de vin pour ses maux d’estomac… Cela est vrai, mais il ne faut pas oublier pour autant celles qui condamnent sévèrement tout abus.

Il semblerait donc quelque peu forcé de se servir de la Bible pour prêcher une abstinence totale. S’il est vrai que l’apôtre Paul conseille à son ami Timothée de prendre un peu de vin pour soulager ses douleurs d’estomac (n’oublions pas cependant que le vin de cette époque n’était pas trafiqué comme le nôtre et n’avait pas les degrés que nous lui connaissons actuellement), et si Jésus en personne a utilisé du vin pour instituer le sacrement de la Cène et a changé l’eau en vin lors d’une noce, la Bible nous présente aussi un autre aspect de la réalité. Et ce qu’elle dit dans le passage du prophète Ésaïe 24.6-13 est bien plus sombre et tragique que ce que nous pouvons décrire ou déclarer nous-mêmes. Il est question du jugement de Dieu, non pas sur la boisson, mais à cause de l’état spirituel et moral auquel elle conduit. L’alcoolisme est le thermomètre de la santé morale et religieuse d’un peuple. Israël avait abandonné le Dieu vivant et cherchait un plaisir illusoire en s’adonnant à la dissipation et à la débauche.

Qu’il me soit permis d’ajouter que je suis d’accord que ni la prohibition ni l’abstinence totale, en tout cas pour la société en général (cela pourrait à la rigueur être envisagé sur le plan individuel ou familial), ne résoudront le fléau. Cela dit, je ne voudrais pas qu’une telle opinion serve de prétexte à quiconque pour se comporter vis-à-vis de l’alcool avec une irresponsable désinvolture. Je me méfie tellement de l’esprit tordu et malhonnête qui est le nôtre, à nous autres humains, toujours prêts à abuser sans retenue de chacune de nos libertés, qui exigent pourtant une conscience responsable.

Même si un chrétien agissait avec modération et, possédant toute la maturité spirituelle requise, en consommait, nous lui conseillerons vivement de s’abstenir chaque fois qu’il y a le danger d’induire des plus faibles en tentation et d’entraîner peut-être sur une pente mortelle ceux qui manquent de maturité et de maîtrise de soi.

Je viens de présenter un tableau qui n’est certes pas réjouissant. J’ai laissé de côté ce qui relève proprement de la médecine, car ceci demanderait une spécialisation à laquelle je ne peux pas prétendre.

Pourquoi boire? Pourquoi diminuer, affaiblir votre capacité de penser? Pourquoi vous exposer à des ennuis graves, aux conséquences peut-être irréparables? Pourquoi gaspiller votre argent? Pourquoi risquer de tuer vos bien-aimés en conduisant une voiture sous l’influence de l’alcool? Pourquoi diminuer votre durée de vie? Pourquoi commencer à boire?

Nous savons que ces données statistiques dissimulent mal une immense somme de souffrance humaine, expliquent aussi en partie le grand nombre d’accidents mortels, en disent long sur des femmes sauvagement battues, et parfois même d’époux plus que maltraités, et révèlent le pourquoi de tant de foyers brisés et d’abus commis sur les enfants, sans oublier les agressions violentes et ces pauvres déchets d’humanité que nous rencontrons parfois sur notre chemin avec leurs corps abîmés, leurs esprits obscurcis et leurs consciences avilies. Une telle situation est un défi redoutable, aussi bien pour le chrétien à titre individuel que pour l’Église dans son ensemble.

Le grand homme d’État britannique Lloyd George avait tellement été frappé durant la première guerre mondiale par le nombre de soldats alcooliques qu’il disait désolé : « Ce pays a deux ennemis à combattre, le Kaiser [l’empereur d’Allemagne], et la boisson. »

Comment, dans de telles circonstances, un peuple imbibé d’alcool pourrait-il résister à un danger imminent, s’opposer virilement à une agression ennemie? Le jugement de Dieu s’abat sur les hommes et sur les nations lorsqu’il leur envoie un oppresseur et les jette dans la captivité. Dieu se sert d’un peuple étranger, parfois d’un régime totalitaire et inhumain pour mieux punir l’abandon spirituel des siens. Ceux qui fréquentent bars, bistrots et autres tavernes au lieu de chercher Dieu se mettent sous le jugement divin.

Qu’aurait-il dit, s’il avait été témoin des proportions qu’a prises l’alcoolisme dans notre société et des ravages qu’il exerce sur les corps et sur les esprits aussi bien des jeunes que des adultes?

Aucun groupe antialcoolique, aussi bien intentionné soit-il, ne pourra venir à bout du fléau si Dieu ne transforme l’esprit des victimes ou des asservis de l’alcool. Seule une véritable conversion à lui peut apporter remède et guérison. Je ne veux certes pas décourager les bonnes œuvres de réhabilitation, absolument nécessaires; mais il faut qu’elles s’appuient sur la force de Dieu, non sur leur bonté, sur leur psychologie ou sur leur traitement médical.

Notre époque a été appelée « l’âge de l’espace ou de l’atome ». On pourrait aussi la qualifier « d’âge du cocktail », l’âge de l’alcool à gogo. La Bible, elle, avertit solennellement : « les ivrognes [entendez les alcooliques invétérés et sans repentir] n’hériteront pas le royaume de Dieu » (1 Co 6.10). C’est pourquoi, durant cet âge de cocktail, l’Église et chaque chrétien devront prononcer un message de la part même de Dieu. Nous pouvons aider l’alcoolique le plus invétéré en le ramenant au seul Sauveur et libérateur puissant qu’est Jésus-Christ.

Précisons aussi un point capital : s’il faut dénoncer l’alcoolisme, il faut beaucoup de charité à l’égard des alcooliques, car nous sommes appelés à aider les personnes qui sont devenues les esclaves et les victimes, parfois incurables, de la boisson. Il ne s’agit donc pas de les accabler pour les enfoncer davantage dans le mal. Jésus-Christ, le Sauveur des hommes, le Fils de Dieu, a pu guérir des hommes et des femmes mêmes possédés par le démon. Il est capable aujourd’hui de libérer toute victime de l’alcool. Il suffit de l’invoquer. Il suffit de le reconnaître comme Sauveur. Il suffit de confesser son nom comme unique Seigneur. Il suffit en toute confiance, avec une foi d’enfant, d’aller à lui, lui demander le pardon des offenses et implorer son secours. Il ne nous décevra pas, lui, le Fils de Dieu, le Sauveur puissant, le Seigneur de nos existences.

3. L’alcoolisme est-il une maladie?🔗

L’alcoolisme est-il une fatalité ou bien une faiblesse de la volonté? S’agit-il d’une maladie ou d’une faute?

Inutile de préciser qu’à mon avis, avis chrétien, l’alcoolisme relève davantage du péché que d’un facteur physique. Il ne s’agit pas d’une fatalité inexorable, mais d’une pratique volontaire, de la faiblesse de la volonté!

Jadis, ceux qui abusaient des boissons alcoolisées étaient qualifiés d’ivrognes; leur dépendance de la boisson était considérée comme un vice et réprouvée comme tel. Actuellement, on les appelle simplement « alcooliques » et leur condition est considérée comme une « maladie ». À notre avis, il existe des raisons sérieuses pour réévaluer adéquatement cette approche.

À coup sûr, l’excès de boissons alcoolisées produira des symptômes pathologiques graves, aux conséquences souvent irréparables. Ces symptômes peuvent être par exemple la malnutrition, la déficience en vitamines, l’inflammation de l’estomac, des dommages irréversibles causés aux cellules du cerveau, une névrose dite périphérale, la neuropathie, et pas le moindre parmi ces maux, la cirrhose du foie.

Pourtant, même ainsi, l’alcoolisme ne devrait pas être considéré comme une simple maladie. Certes, nombre de personnes qui ne boivent pas de manière abusive souffrent parfois de certains désordres physiques de ce type-là, y compris la cirrhose. Mais ceci prouve, même indirectement, que ceux qui abusent de l’alcool sont plus sujets à contracter quantité de maladies affectant virtuellement l’ensemble de l’organisme, et que celui qui abuse de la boisson en deviendra dépendant progressivement jusqu’à développer des symptômes aigus lorsqu’il en sera privé. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne pourrait pas survivre sans l’alcool, car une fois traversée la crise du sevrage, son corps pourra parfaitement s’adapter à l’absence d’alcool.

On affirmait jadis qu’une cure d’abstinence totale, après une accoutumance maladive, ne permettait plus un usage modéré de la boisson. On reconnaît actuellement que ce n’est pas nécessairement vrai pour tous les alcooliques revenus à la sobriété. Le fait est confirmé par l’exemple de ceux qui se sont convertis à la foi chrétienne et qui participent à la coupe de la communion sans pour autant retomber dans une consommation excessive de spiritueux.

Il n’existe aucune preuve sérieuse qui permette d’affirmer qu’il existerait quelque chose d’inhérent chez certaines personnes les poussant vers l’abus des spiritueux et les empêchant de contrôler leur comportement. L’alcoolisme n’est pas affaire d’hérédité génétique. On ne vient pas au monde avec une prédisposition à l’alcoolisme, bien que de nombreux êtres humains viennent au monde avec des tares dues à l’alcoolisme de leurs parents. Mais le futur alcoolique n’est pas marqué par rapport aux autres gens par des différences anatomiques, physiologiques ou pathologiques, pas plus que par une anormalité du métabolisme. Il n’existe aucune preuve selon laquelle des facteurs physiques ataviques en prédisposent certains à une consommation abusive d’alcool.

La même chose peut être dite au sujet de la structure de la personnalité. Nul n’est, comme tel, condamné à l’accoutumance, pas plus qu’il n’est immunisé contre elle. N’importe qui court des risques s’il se laisse aller. N’importe lequel parmi nous peut délibérément boire de manière excessive, et celui qui persisterait peut être sûr de devenir alcoolique.

Ces constatations nous amènent à la conclusion selon laquelle, sur le plan médical, il n’existe aucune raison de ne pas revenir à l’ancien critère qui qualifiait le comportement de l’alcoolique de déviant et de coupable. L’Écriture, elle, n’emploie pas le terme moderne d’alcoolisme, mais sur ses pages il y est question d’ivrognerie et d’ivrognes. Elle tient l’accoutumance comme une pratique délibérée, responsable, répréhensible et contrôlable, et s’adresse à celui qui en est coupable en des termes qui ne laissent subsister aucune équivoque. Elle adresse alors un avertissement solennel.

L’abandon du point de vue biblique a conduit nos sociétés à deux problèmes majeurs.

D’abord vers un optimisme illusoire. L’alcoolique s’attend à guérir en se fiant simplement au secours que pourrait lui prodiguer la science médicale, comme si son mal n’était pas de nature différente de celui causé par une hémorragie provoquée par une chute involontaire. Il risque donc de ne pas vouloir prendre une part active à sa propre guérison. Le grand public, lui, beaucoup trop confiant en l’infaillibilité de la médecine moderne, a tendance à penser que la maladie ne présente aucun problème insoluble pour le médecin ou pour le psychiatre. Si l’alcoolisme n’est qu’une maladie, alors il ne voit pas pour quelle raison celle-ci ne serait pas vaincue comme les autres, à coup de traitements efficaces venant s’ajouter aux victoires remportées par une science médicale toute-puissante! Lorsqu’on dit à l’alcoolique qu’il n’est qu’un malade et non quelqu’un de moralement responsable de sa situation, il est tout à fait normal d’en conclure, sans fondement valable, que le médecin est en mesure de lui prescrire quelque traitement facile aboutissant sans fautes à la sobriété… Quelques jours d’hospitalisation, quelques médicaments efficaces, quelques sages conseils et tout sera réglé à la satisfaction de tout le monde; et on pourra alors s’écrier joyeusement : « Tout va très bien, Madame la marquise! »

Hélas!, la réalité est différente et bien plus complexe, pour ne pas dire tragique… Aucune médication ni thérapie professionnelles ne peuvent, comme telles, apporter la guérison à un tel mal. Tout ce que l’hôpital peut offrir comme solution consistera à prodiguer des conseils généreux et bien intentionnés lors d’une consultation, et quoique cela puisse compter, il n’y a pas de certitude réelle de guérison. Le taux de guérison ou de rédemption de l’alcoolisme n’est probablement pas supérieur à celui du cancer, et de telles guérisons, lorsqu’elles existent, doivent peu à la médecine en tant que telle.

L’autre problème soulevé par l’absence de référence au modèle biblique est l’idée que l’alcoolisme serait une maladie excluant tout sens de responsabilité morale personnelle. Toute maladie produit inévitablement ses propres symptômes, sur lesquels le patient ne peut pas exercer de contrôle. Celui qui a souffert de la variole en portera les signes sur sa peau. Il n’y est pour rien. Ainsi, celui qui est atteint d’alcoolisme ne pourra pas s’empêcher de boire, car comme le dit le dicton populaire, « qui a bu boira »… Une telle conception voudrait que la propension à la boisson fût le symptôme d’une maladie, et que le patient soit incapable de lutter contre celle-ci, comme cela arrive pour d’autres maladies.

Cette conception est calamiteuse, car ainsi que nous l’avons déjà vu, l’alcoolisme n’est ni une tare atavique ni dû à des facteurs d’environnement opérant de manière déterministe. Nous ne dirons jamais assez qu’il est un comportement délibéré, individuel, le fait d’une décision personnelle. La dépendance de la boisson est un comportement que l’Écriture appelle non une maladie relevant de la médecine, mais une habitude vicieuse dont il faut s’affranchir de manière morale, spirituelle et religieuse. De même que l’envie, les querelles, la convoitise, la sorcellerie et toutes les œuvres que la Bible appelle « de la chair », l’alcoolisme exige avant toute autre mesure une intervention de la volonté morale, et celle-ci suppose une conversion spirituelle, le retour vers le Dieu Sauveur tout-puissant.

Sa grâce suffisante offre le moyen d’échapper à l’emprise de la boisson et à son intoxication, si son commandement de rester sobre est pris au sérieux, en toute conscience; si l’on reconnaît sa faute pour le passé, son impuissance actuelle et que l’on a recours à sa puissance libératrice.

4. La responsabilité sociale🔗

Lorsque nous considérons l’envergure du problème de l’alcoolisme sur le plan social, ce qui nous étonne, c’est l’absence d’une politique gouvernementale réaliste et adéquate. Même là où on essaie de prendre des mesures, nous constatons leur totale incohérence. Depuis peu, des campagnes d’antitabagie ont été menées avec grand succès aux États-Unis, mais on ne voit rien de semblable en ce qui concerne l’abus des boissons alcoolisées.

Les raisons de l’inertie et de l’apathie gouvernementales ne sont pas toujours claires; mais parfois, elles ne le sont que trop… Il est certain que les groupes de pression, tels les puissants lobbies de producteurs de vin, d’alcool et de brasseurs de bière, interviennent pour freiner sinon l’élaboration tout au moins l’application concrète de mesures adéquates pour le bien commun en ce qui concerne ce grave problème.

Évoquons aussi la complicité politique. Peut-il en être autrement, faute d’une volonté politique réelle, dans un pays comme la France qui reste le deuxième producteur mondial de vin? Les pressions politiques qu’exercent des groupes défendant des intérêts particuliers ont pour conséquence de supprimer les frontières entre les partis au profit de clivages régionaux et professionnels. Jamais encore de véritables débats de fond ne se sont déroulés dans les parlements sur les divers aspects de l’alcoolisation dans toutes ses dimensions : sociale, économique et politique. Cette lacune en dit long sur la puissance d’un groupe de pression dont les intérêts devraient pourtant être tenus pour négligeables dans les perspectives de la crise actuelle.

L’une des responsabilités primordiales dans la situation actuelle consistera à réduire la disponibilité d’alcool. Dans nombre de pays occidentaux, le public peut s’offrir un verre de vin trois fois moins cher que le jus de fruit le moins cher! Si on taxait plus lourdement les produits alcoolisés, la quantité consommée n’atteindrait peut-être pas des proportions aussi désastreuses. Un prix élevé découragerait peut-être nombre de consommateurs d’en abuser…

Une autre mesure à prendre et à appliquer consisterait à produire des programmes pour sensibiliser les enfants pendant leur scolarité. À notre avis, imposer une abstinence totale n’est pas toujours une solution réaliste, car nous connaissons de nombreux foyers chrétiens qui la pratiquent sans que les enfants qui en sont issus aient été préservés d’abuser de la boisson.

Quelquefois, une interdiction totale aiguise plutôt la convoitise des jeunes. Que la famille soit abstinente ou qu’elle utilise le vin modérément, mieux vaut éduquer les enfants dès leur jeune âge en les aidant à comprendre tous les risques que comporte le manque de discipline et de sobriété dans ce domaine.

Aux yeux de certains enfants, celui qui boit beaucoup et qui supporte, tout au moins apparemment, l’alcool, est le type même de l’homme fort. Cette image, largement répandue par les médias, pousse bien des adolescents, et même des adultes, à boire en toute circonstance. Pour « se rafraîchir », pour fêter la victoire de son équipe sportive, lors d’un anniversaire, pour le baptême d’un navire, durant les soirées dansantes, à Noël, à la Mi-Carême, lors de la Toussaint, après un service d’ensevelissement, et que sais-je encore…

Il est également déplorable de constater combien peu de gens se rendent compte des effets nocifs de l’intoxication par l’alcool. Il serait bénéfique pour la santé générale de chaque pays si on pouvait lancer de vastes campagnes d’information et avertir sérieusement les citoyens contre ses effets néfastes.

Signalons enfin que durant longtemps les adolescents n’ont rien eu d’autre à s’offrir comme lieu de loisir que « le café du commerce » du coin, ou même parfois une quelconque taverne malfamée. Depuis quelques années, des maisons de jeunes s’ouvrent un peu partout dans de grandes villes, tout au moins dans certains pays occidentaux. On souhaite vivement, cependant, qu’elles ne servent pas à dévoyer les adolescents par d’autres voies tortueuses…

Enfin, et cela fait partie de notre préoccupation chrétienne principale, qui dépasse la responsabilité exercée par les pouvoirs publics, il faut rappeler à toute personne, et ce depuis son enfance, que le but principal de notre existence consiste à glorifier Dieu et à prendre notre plaisir en lui. On ne peut glorifier Dieu si on passe la moitié de son temps dans un débit de boisson ou à s’intoxiquer chez soi, soit en solitaire, soit en compagnie d’autres.

5. Le rôle de l’Église🔗

La réponse la plus facile que l’Église pourrait donner à cette question complexe serait de préconiser une abstinence totale. Et, tirant les conclusions logiques d’une telle prise de position, éliminer jusqu’au vin de la sainte Cène et s’opposer à toute production et vente de vin et de spiritueux.

Une telle attitude, assez répandue parmi les chrétiens dits évangéliques, ne nous semble pas réaliste, ni même bibliquement justifiée. Elle contredit plutôt les données de l’Écriture à ce sujet, qui ne considère pas le vin comme mauvais en soi; nous avons constaté que dans un certain nombre de passages bibliques, il est même mentionné de manière positive. Ce n’est que son abus, le manque de sobriété, qui y est sévèrement dénoncé. En instituant la sainte Cène, le Seigneur s’en servit comme symbole de son sang. Les pharisiens, ses ennemis haineux, lui reprochèrent de manger et de boire du vin avec des gens qu’ils considéraient comme des pécheurs (Lc 5.33).

À la lumière de ces faits, il n’est pas sensé de prétendre que l’abstinence totale se justifie bibliquement. Le chrétien sera vigilant lorsqu’il se réfère à l’Écriture dans la lutte contre le fléau.

Quelle devrait être alors la stratégie chrétienne?

Le premier pas consistera à conseiller de manière préventive. Le dicton « il vaut mieux prévenir que guérir » est particulièrement vrai dans ce cas. Une fois qu’on s’est adonné à la boisson, l’espoir de guérison s’amincit. Nous devons concentrer nos efforts, en tout premier lieu, à nous assurer que le problème ne surgira pas. L’un des aspects de la mission de l’Église consiste à exercer un ministère d’enseignement et, concernant l’alcoolisme, à regarder ce vice dans une perspective biblique. Elle doit rendre les gens conscients que l’usage inconsidéré et immodéré de la boisson aboutira inévitablement à l’alcoolisme, avec le lot de problèmes affligeants qu’il engendre : santé, insécurité au foyer aboutissant souvent à sa destruction totale, problèmes financiers insolubles, parfois l’ostracisme social et, pour finir, la dégradation de la personnalité et son déclin définitif.

Nous devrions nous servir de toute l’information fournie par la médecine moderne comme nous le faisons dans d’autres domaines, par exemple les données de l’archéologie ou de la philologie. Il nous faut souligner que nul n’est immunisé contre ce péril et proclamer solennellement que selon l’Écriture « l’ivrogne n’entrera pas dans le royaume de Dieu ». Il faut rappeler régulièrement aux chrétiens que la majeure partie de ces avertissements leur sont adressés et que, par conséquent, ils ne devraient pas user de la liberté que le Seigneur leur accorde pour abuser de la boisson.

Les chrétiens devront également donner des consultations à la fois informées et efficaces à ceux qui en ont besoin. Peu nombreux sont ceux qui savent instinctivement comment traiter l’alcoolique ayant besoin de secours immédiat. Nous devons nous armer au préalable de l’information nécessaire. Dans les cas extrêmes, il faudra utiliser tous les moyens pour empêcher le sujet de boire, même en ayant recours à la force, car il y est poussé aveuglément par son intoxication (souvent, ce n’est qu’un problème physique grave qui contribuera à l’arrêt de boire). Il devra alors être admis à l’hôpital, car l’intoxiqué étant entièrement dépendant de l’alcool, s’il en est coupé, il présentera de graves et alarmants symptômes de sevrage lors de la diminution du taux d’alcool dans le sang. D’après les témoignages du personnel médical expérimenté, c’est là une expérience dramatique que nous ne pouvons traiter avec notre seule bonne volonté. On ne peut pas s’attendre non plus que les services des Églises, qui ne possèdent pas les ressources adéquates, puissent traiter à eux seuls les cas complexes.

Notons également que le personnel qualifié est souvent réfractaire à prendre en charge les cas aigus, et si on contacte une unité spécialisée, lorsqu’elle existe, on découvrira la plupart du temps que l’alcoolique y est déjà connu et qu’on croit inutile de le traiter de nouveau. Où adresser alors de telles épaves humaines?

Dans nombre de pays occidentaux, il existe des organismes chrétiens et des mouvements antialcooliques. Mais supposant que les premiers secours aient été effectifs et que le sujet intoxiqué soit passé à la période d’abstinence, il ne faudra pas le laisser pour autant à lui-même. La majorité de ceux qui sont admis à l’hôpital pour alcoolisme en sortent deux ou trois semaines plus tard pour retourner immédiatement à leurs habitudes… Le problème est qu’en l’absence de motivation individuelle, la consultation est inutile. Et personne n’a encore découvert une technique de consultation qui soit en mesure de créer la bonne motivation. Aucun psychiatre ne peut donner à l’alcoolique la volonté de sobriété, bien qu’il puisse la soutenir et la guider lorsqu’elle existe.

La consultation chrétienne sera radicalement différente des techniques professionnelles en vogue; elle portera la marque d’un certain jugement moral sur le comportement incriminé. Nous ne nous contenterons pas d’écouter en faisant l’économie de notre désapprobation, car Dieu condamne l’ivrognerie. Il insiste pour que le sujet abandonne son vice et il l’avertit que celui-ci le conduira tout droit à la perdition. Le sentiment de la faute, souvent prononcé dans le caractère de l’alcoolique, ne doit pas être amoindri, mais plutôt intensifié et étendu afin qu’il puisse voir non seulement le tragique de sa condition, mais aussi que son existence tout entière est sans défense vis-à-vis de Dieu. Pareillement, notre consultation doit avoir en vue un renouveau spirituel.

Aucune réponse au péché spécifique de l’alcool ne peut se trouver en dehors de la réponse qu’il faut donner au péché en général. Il y a l’espoir de la régénération de la personne, la création de l’homme nouveau avec une force nouvelle, de nouvelles directives, un élan renouvelé et des capacités nouvelles. La consultation en elle-même serait incapable de produire cela. Mais nous pouvons espérer que nos paroles vacillantes deviendront le moyen entre les mains de l’Esprit de Dieu pour créer l’homme nouveau en Christ.

Si vous cherchez à vous débarrasser de vos troubles, ne le cherchez pas dans l’alcool, car :

« Pour qui les ah? pour qui les hélas? Pour qui les querelles? Pour qui les plaintes? Pour qui les blessures sans cause? Pour qui les yeux rouges? Pour ceux qui s’attardent auprès du vin » (Pr 23.29-30).

Cherchez la solution auprès de Dieu : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos » (Mt 11.28). Si vous désirez jouir pleinement de la vie ne le faites pas à travers l’alcool « et ne vous enivrez pas de vin : c’est de la débauche. Mais soyez remplis de l’Esprit » (Ép 5.18). Mais cherchez la joie en Jésus-Christ : « Je suis venu afin que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance » (Jn 10.10).

Si vous cherchez la sagesse, ne la cherchez pas dans l’alcool, car : « Le vin est moqueur, la boisson forte est tumultueuse. Quiconque s’y égare ne deviendra pas sage » (Pr 20.1). Cherchez-la plutôt en Dieu : « Car l’Éternel donne la sagesse; de sa bouche sortent la connaissance et raison » (Pr 2.6).

Si vous cherchez à devenir une personne sociable et agréable, ne le faites surtout pas à l’aide de l’alcool : « Malheur à ceux qui se lèvent de bon matin pour rechercher des liqueurs fortes, à ceux qui traînent dans la nuit échauffés par le vin! » (És 5.11). Mais faites-le en Dieu : « Car celui qui me trouve a trouvé la vie, et il obtient la faveur de l’Éternel. Mais celui qui pèche contre moi [contre la sagesse] nuit à son âme » (Pr 8.36).

Enfin, si vous cherchez la vie éternelle, ne la cherchez surtout pas dans l’alcool, car « les ivrognes n’hériteront pas le Royaume de Dieu » (1 Co 6.10), mais en Jésus-Christ : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3.16).

La solution à l’alcoolisme, c’est Jésus-Christ et notre foi en sa grâce puissante qui nous arrache à tout esclavage.

Ce que nous venons d’énoncer n’est pas une réponse parmi d’autres, apportées au problème de l’alcoolisme, mais la réponse que l’Église et les chrétiens devront y apporter en chaque circonstance et dans chaque cas qui se présenteront à eux.

La guérison de l’alcoolique se trouve entre les mains de Jésus-Christ, lequel est un Sauveur puissant pour l’arracher à son esclavage, de même qu’il nous délivre de celui de tous nos autres péchés.