Cet article a pour sujet le culte en famille. Chaque famille a le devoir d'adorer Dieu chaque jour, par lecture de la Bible, la prière et le chant. Les pères sont responsables d'en faire une priorité et de trouver des aides pratiques.

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Le culte en famille Une pratique et un art en voie de disparition

  1. Une pratique délaissée
  2. Un devoir parental
  3. En faire une priorité
  4. Comment s’y prendre?

1. Une pratique délaissée🔗

Personne n’a besoin de me dire à quel point les parents d’aujourd’hui sont occupés. Dans de nombreux foyers chrétiens, on tient pour acquis que deux salaires sont maintenant nécessaires sur le plan économique. Les familles, de plus en plus fragmentées, ont de plus en plus de difficulté à trouver du temps pour être simplement ensemble, alors encore moins pour un culte en famille. Partager un repas en famille est devenu un événement spécial que l’on réserve pour les congés et qui se produit rarement au cours d’une semaine normale. Les soupers réchauffés au four micro-ondes ainsi que des parents et des enfants épuisés sont la conséquence des nombreux conflits d’horaire.

Dans un tel cadre, l’idée même d’un culte en famille nous semble un anachronisme sorti tout droit de l’époque de « La petite maison dans la prairie », où les membres de la famille discutaient tranquillement autour du feu. Cependant, si l’on retournait dans le temps vers le milieu du dix-neuvième siècle, voici ce que nous pourrions entendre de la bouche de pasteurs fidèles à la Bible qui se faisaient du souci pour leurs Églises parce que le culte en famille était peu observé :

« Tout comme l’observation du jour du sabbat et l’enseignement catéchétique des enfants, le culte en famille a perdu du terrain. Il y a de nombreux chefs de famille, membres communiants de nos Églises, ainsi que, selon un rapport à peine croyable, certains anciens et diacres qui ne conduisent pas quotidiennement leurs familles dans l’adoration de Dieu au foyer.1 »

À une époque bien moins compliquée que la nôtre, le pasteur Alexander voyait l’importance du culte en famille et se lamentait pourtant que de moins en moins de maisonnées prenaient cette pratique au sérieux. Dans son livre que nous venons de citer, un classique, Alexander décrit avec émotion les bienfaits que procure le culte en famille à la personne qui le prépare, aux parents, aux enfants, à l’Église, à la parenté, à l’état ou à la nation et même à la postérité. Je recommande cette courte lecture, tout particulièrement à ceux qui ont besoin d’être convaincus de l’importance du culte en famille, toujours aussi grande à notre époque que dans le reste de l’histoire de l’Église.

2. Un devoir parental🔗

Les raisons pour lesquelles nous ne pratiquons pas et ne voulons pas pratiquer le culte en famille sont aussi nombreuses que les jours que nous remplissons de choses moins importantes. Au chapitre 21 de la Confession de foi de Westminster, intitulé « Le culte religieux et le jour du sabbat », la section 6 déclare : « Dieu doit être adoré partout en esprit et en vérité, aussi bien quotidiennement en famille qu’individuellement dans le secret. » On lit dans l’Ordre et discipline ecclésiastique de l’Église Presbytérienne en Amérique du Nord (PCA), au chapitre 63, intitulé « La vie chrétienne au foyer » :

« En plus du culte public, il est du devoir de chaque personne dans le secret et de chaque famille en privé d’adorer Dieu. […] Le culte en famille, que chaque famille devrait observer, consiste en la prière, la lecture des Écritures et les chants de louange, ou en une version abrégée dans laquelle notre reconnaissance envers Dieu est exprimée à voix haute. Les parents devraient instruire leurs enfants dans la Parole de Dieu et dans les principes de notre sainte religion. La lecture de livres de dévotion devrait être encouragée et toutes les occasions appropriées pour l’instruction religieuse devraient être saisies. »

Depuis très longtemps, nos pères dans la foi ont reconnu la nécessité de construire la famille au moyen du temps consacré au culte familial. Jonathan Edwards, le grand prédicateur du dix-huitième siècle, disait que chaque foyer chrétien est une « petite Église », où chaque père est le pasteur de cette petite communauté à l’intérieur de l’Église plus grande. Si nous voulons nous assurer que les enfants voient en leurs parents des exemples vivants de la foi, ils doivent le voir plus souvent qu’une fois par semaine le dimanche. Lorsque, en tant qu’ancien, je visite des familles, une des façons les plus pénétrantes (et embarrassantes) pour aider à déterminer si une famille grandit dans la foi et dans la connaissance du Christ consiste à poser des questions aux parents sur leur culte personnel et sur leur culte en famille. S’il n’y a rien du lundi matin au samedi soir, il ne reste que très peu de temps à l’Église pour remplir, pendant l’école du dimanche et le culte, le vide spirituel laissé par une semaine de confrontation avec le monde déchu et avec nos natures pécheresses.

3. En faire une priorité🔗

Alors, comment trouver la motivation pour avoir « le désir de vouloir », comme le disait Charles Spurgeon? Je me souviens que, lorsque j’étais un jeune ancien dans une Église en Californie, je disais aux familles dont j’étais responsable que le culte en famille devait être une de leurs plus grandes priorités. Si un membre avait le courage et la perspicacité de me demander comment je m’y prenais avec ma jeune famille grandissante, c’est une réponse tout en détours qui parvenait à ses oreilles : « Faites ce que je dis et non ce que je fais. » Oui, c’était bel et bien une grande priorité dans ma famille, mais qui ne se faisait jamais. Évidemment, j’avais le temps d’aller faire du jogging, de lire des piles de magazines (c’était avant l’Internet) et je pouvais trouver toutes sortes d’autres excuses médiocres pour ne pas faire ce que je leur disais être fondamental à la vie chrétienne au foyer.

Si nous avons le temps de vérifier le temps qu’il fait à l’autre bout du monde tous les jours sur l’Internet (ou de lire d’autres nouvelles aussi importantes), n’avons-nous pas le temps de conduire nos familles au trône de la grâce? Ne prétendez pas que quelque chose est une priorité dans votre vie si vous laissez un tas d’autres choses de moindre importance vous empêcher de l’accomplir. Peut-être que la plupart d’entre nous ne consacrent qu’un petit cinq minutes par jour à la prière en famille, mais c’est un premier pas vers quelque chose de grandiose.

Réfléchissez avec quelle rapidité passe le temps que nos enfants de l’alliance sont avec nous; ils viennent à peine de naître que déjà le temps de quitter la maison arrive. L’un après l’autre, mes enfants quittent la maison et se marient. Il me semble qu’hier encore je changeais leurs couches! Pourtant en y pensant bien, si nous avons un bref culte en famille pendant environ quarante semaines par année (en éliminant l’été, les vacances et d’autres événements imprévus), alors au cours de la vingtaine d’années pendant lesquelles Dieu nous confie la responsabilité de nos enfants au foyer, nous avons environ 4000 occasions d’ouvrir la Parole de Dieu, de louer le Seigneur par le chant, de prier pour leurs besoins ainsi que pour ceux des autres. Le plus important, toutefois, c’est qu’ils reçoivent alors l’héritage d’une communion quotidienne avec Dieu et de tous les bienfaits qui en découlent. Ils héritent d’une tradition familiale qui leur viendra plus naturellement qu’elle ne l’est venue pour moi qui ai grandi dans une famille où la lecture des Écritures et la prière quotidiennes ne faisaient pas partie des traditions.

Le culte en famille devrait avoir pour but la prière, la lecture de la Parole de Dieu et un chant de louange ou de reconnaissance. Le matériel utilisé peut aller en profondeur ou être plus simple, selon l’âge des enfants.

4. Comment s’y prendre?🔗

Nous arrivons à la question difficile : Comment s’y prendre? Pères, c’est à vous de prendre les commandes. Comme pour les autres aspects de la direction spirituelle, votre épouse espère que vous aurez la motivation de donner la direction. Si vous abandonnez et que vous lui demandez de le faire, ce sera beaucoup moins profitable et vos enfants comprendront très bien le message : le culte en famille n’est pas une grande priorité.

Comme je l’ai dit précédemment, commencez par quelque chose que vous pourrez vraiment accomplir. Décidez si le matin ou le soir serait préférable, avant ou après le déjeuner ou le souper. Il existe plusieurs types de matériel sur le marché qui peuvent nous aider à couvrir les fondements de la foi au rythme de chacun : des Bibles, des livres de prières ou de méditations, des catéchismes pour enfants, des leçons bibliques, des recueils de chants, des suggestions d’activités pratiques, etc.

Une suggestion serait de commencer par lire un proverbe ou un psaume chaque jour. Dieu nous a donné trente-et-un chapitres dans le livre des Proverbes, alors c’est facile de lire un chapitre par jour et de savoir où on est rendu. Si aujourd’hui c’est le 21 du mois, il s’agit simplement de lire le chapitre 21! Vous verrez comment Dieu vous donnera des idées et des conseils très pratiques pour la journée devant vous. Écoutez pendant que votre épouse et vos enfants expriment leurs requêtes de prière. Écrivez-les, ce qui vous permettra de voir comment Dieu répond à vos prières. Le point crucial, c’est de faire du culte en famille une véritable priorité qui ne se fera pas emporter par un tas d’autres choses secondaires.

Comme le dit le pasteur Alexander dans son livre sur le culte en famille :

« Laissons les autres héritages se détruire, mais ne privons pas notre progéniture de l’adoration de ce Dieu qui a été notre refuge dans toutes les générations. »

Note

1. Thoughts on Family Worship, « Quelques pensées sur le culte en famille », écrit par James W. Alexander en 1847.