Cet article a pour sujet le Saint-Esprit qui n'est pas limité à nos émotions. Il est donné à tout chrétien et à l'Église depuis l'événement unique de la Pentecôte. Il oeuvre en harmonie avec le Père et le Fils et produit la foi et l'espérance.

Source: Croire pour comprendre. 4 pages.

Le Saint-Esprit

De nos jours, on parle énormément du Saint-Esprit, comme si on venait d’en découvrir soudain l’existence ou de mesurer l’ampleur de son action! Ne craignant pas le péché d’orgueil, certains chrétiens s’en considèrent presque comme les seuls dépositaires. En attendant, le Saint-Esprit semble devenu, hélas!, le lieu par excellence de toutes les imprécisions, de toutes les fantaisies et parfois même le dépotoir de l’irrationnel qui caractérise notre époque. On l’a tellement identifié à une sorte d’élan vital que je me demande si l’Esprit dont on discourt ne s’apparente pas davantage à la philosophie vitaliste d’Henri Bergson qu’au Saint-Esprit des Écritures!

Nous vivons dans une ère d’une telle confusion que tout ce qu’on ne parvient pas à expliquer de manière intelligible dans l’Église est mis sur le compte de l’Esprit Saint. Il sert même à couvrir les faiblesses d’une foi déficiente, et on a l’impression qu’il constitue pour certains chrétiens démoralisés la dernière planche de salut! Dieu le Père étant déclaré mort, Dieu le Fils faisant apparemment preuve d’impotence, il ne nous resterait que Dieu le Saint-Esprit, avec son dynamisme dévorant. De pieux aphorismes devenus clichés circulent un peu partout dans les Églises : « Laissons donc agir l’Esprit »!

Que le Saint-Esprit soit une personne vivante et dynamique, voilà ce dont je ne doute pas un seul instant. Mais je me garderai bien de réduire sa personne divine aux dimensions de ma personnalité humaine ou de confondre son activité avec mes états d’âme. Une grave erreur, d’autant plus grave qu’elle est parée de piété, consiste à limiter l’activité de l’Esprit aux seules expériences qu’éprouve le fidèle. En vérité, une telle identification relève davantage du goût et des penchants pour les émotions fortes et le mysticisme exaltant que d’une connaissance certaine de la personne et de l’œuvre du Saint-Esprit telles que nous les révèlent les saintes Écritures. Mais elle m’explique le succès remporté par les enthousiastes modernes qui crient au triomphe du Saint-Esprit à chacune de leurs explosions psychiques. Il est des spiritualismes qui sont la parure la plus pernicieuse de la nature pécheresse de l’homme, et parfois les adversaires occultes et bien dissimulés de l’Esprit de Dieu.

On prétend que nous vivons l’âge de la nouvelle Pentecôte. Est-ce vraiment possible? Je crois simplement, mais avec force que depuis la première Pentecôte, vers l’année 30 de notre ère, sept semaines après la résurrection du Christ, il n’y a pas eu d’autres Pentecôtes que les anniversaires qui en rappellent l’événement extraordinaire. Je m’explique : il n’est pas possible de voir une nouvelle Pentecôte faire irruption parmi nous comme il est impensable de s’attendre à une nouvelle incarnation du Seigneur, à une recrucifixion du Sauveur, ou à une résurrection comme celle du matin de Pâques. Pentecôte a été un événement unique en son genre, comme le sont la nativité, la passion et la victoire sur la mort. Que mes lecteurs ne voient pas dans une telle affirmation une résistance quelconque à l’action de l’Esprit; encore moins un signe d’intolérance à l’égard des frères dont je ne mets nullement en doute la bonne foi, mais qui, à mes yeux, se méprennent précisément sur le sens de l’activité de l’Esprit de Dieu.

Lecteurs de la Bible, nous sommes appelés à devenir en tant qu’Église du Seigneur animée et soutenue par son Esprit, la colonne et l’appui de la vérité. Qu’aucune mythologie ne vienne donc obscurcir cette unique vérité. Laissons donc tel ou tel homme d’Église déclarer ex cathedra que la Pentecôte tant attendue est enfin arrivée. Comme si le Saint-Esprit, celui des origines, attendait simplement notre époque pour se manifester dans sa plénitude. Comme si, timide et timorée colombe, il avait soudain pris la décision de voler de ses propres ailes! Que nous vivions une période d’exaltations et de sensations exagérées dans tous les domaines de la vie, je le sais bien. Elles donnent lieu à l’apparition de toutes sortes de cultes où l’émotion a plus de place que la connaissance objective de la foi au Dieu Créateur et Sauveur. Et je constate, une fois de plus, que l’esprit du siècle n’est pas identique à l’Esprit de Dieu.

Avec de nombreux chrétiens, à vrai dire avec l’Église universelle, je crois au Saint-Esprit, celui qui, avec le Père et le Fils, est glorifié et adoré, et non pas à une vague émanation, au nébuleux vide doctrinal des obsessions modernes… Quiconque tente de dissocier les personnes de la sainte Trinité fait davantage preuve de schizophrénie spirituelle que de discernement chrétien. Je ne souhaite pas, certes, remplacer l’exaltation de certains par l’intellectualisme froid des autres. Mais les chrétiens, et ils sont nombreux de nos jours, qui se chargent de démontrer un christianisme merveilleux, plus dynamique, plus profond, plus parfait, et même plus que parfait, m’embarrassent et m’inquiètent. Ils me rappellent les années de notre enfance où nous aimions tout ce qui était merveilleux. Mais depuis que nous sommes devenus adultes, nous savons combien il est plus difficile de croire de manière discrète et constante, dans les bons et les mauvais jours, que de parader avec des pancartes triomphalistes et des visages à mon gré trop épanouis pour refléter vraiment une foi toujours au beau fixe!

Que devons-nous croire au juste au sujet du Saint-Esprit? Le récit de la première Pentecôte chrétienne nous aide à saisir une grande vérité. Ce jour-là, près de 120 disciples réunis attendaient le Consolateur que le Seigneur Jésus avait promis. Pendant qu’ils attendaient et priaient vint l’Esprit. Ils en furent remplis et aussitôt ils se mirent à déclarer les grandes œuvres de Dieu. Pierre, le principal des apôtres, expliqua l’événement déroutant en orientant l’attention des auditeurs vers Jésus-Christ. L’Esprit unissait l’homme pécheur à son Seigneur et Sauveur.

Ce même Esprit apparaît sur toutes les pages du Nouveau Testament comme une personne et non pas comme une puissance qui exercerait une simple influence. En tant que personne, il peut être attristé; on peut lui mentir; il peut disparaître. Mais il s’offre comme le don par excellence à celui qui croit et, dans ce sens, tout chrétien croyant est un chrétien charismatique. Il n’est pas le privilège de certains chrétiens de première classe, tandis que d’autres chrétiens appartiendraient à des classes inférieures où l’Esprit ne descend pas…

Saint-Esprit et Jésus-Christ sont intimement liés en faveur des fidèles. L’Esprit est celui du Seigneur. Jésus, lui, est le Seigneur de l’Esprit. Grâce à l’Esprit, Jésus nous applique tous les bénéfices de son œuvre de rédemption. Dire que Jésus-Christ est notre Seigneur c’est confesser en même temps que le Saint-Esprit est en nous. Peu avant son départ, Jésus promettait : « Je suis avec vous tous les jours » (Mt 28.20). La présence de son Esprit en nous est l’accomplissement de cette promesse. Nous ne sommes vraiment pas orphelins. Bien plus, l’Esprit en nous donne l’assurance, la paix et la force de croire et d’espérer contre toute espérance.

Lorsque nous suivons avec attention les récits bibliques, nous voyons qu’au début l’accent est mis davantage sur Dieu le Père; vient ensuite Dieu le Fils en la personne de Jésus de Nazareth, et, finalement, c’est l’action de l’Esprit qui est mentionnée.

Il ne faut pas pourtant les dissocier, car les trois personnes de la Trinité opèrent distinctement et pourtant en accord, dans la plus totale harmonie. On peut affirmer que l’Esprit n’attendit pas le jour de Pentecôte pour s’engager dans la mêlée! Il était le principe de vie dès le commencement et il mit la dernière main à la création (Gn 1.2). Il fait de l’homme un être nouveau qui croit et qui se repent de ses fautes. Il est le souffle sans cesse mouvant qui nous anime et nous emporte vers le Seigneur. Jésus seul a connu la plénitude de l’Esprit, et ce afin d’accomplir sa mission. Depuis la crèche jusqu’à la croix, il fut soutenu par l’Esprit. Être en Christ signifie avoir son Esprit.

Il est donc inutile de nous interroger, encore plus de nous torturer, pour savoir si nous avons ou non l’Esprit de Dieu. Si nous confessons le nom de Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur, nous le faisons grâce à l’Esprit qui ouvre nos cœurs et nos lèvres pour une telle proclamation.

J’ajouterai à ceci que l’Esprit est donné à la communauté des chrétiens. Si nous sommes membres de l’Église, l’Esprit nous est donné dans la même mesure qu’à d’autres. On ne peut le posséder d’une manière individualiste, pour son propre compte, comme le désirait l’un des premiers usurpateurs dont le nom est resté tristement célèbre : Simon le magicien. Rappelez-vous comment celui-ci voulait s’approprier de l’Esprit pour en tirer un profit personnel! (Ac 8.5-25).

L’Esprit du Christ nous unit dans une même foi et nous rattache à la communion des sains. Il nous permet de connaître un même baptême au nom de Dieu, de participer à la même coupe et de partager le même pain. Il fait de la prédication le moyen par excellence de l’appel au salut et à la conversion.

C’est au prédicateur que revient la tâche d’enseigner et d’expliquer la vérité. Mais ce n’est que l’Esprit de Dieu qui ouvre l’intelligence et renouvelle l’homme pour que la vérité s’empare de lui et le transforme.

Parvenu à la fin de cet exposé, je vous poserai encore, à vous personnellement, la même question, car la foi est une décision personnelle : Croyez-vous au Seigneur Jésus-Christ? Si oui, vous êtes sauvés, ainsi que l’affirme saint Paul (Ac 16.31).

L’Évangile nous annonce Christ Sauveur. C’est par l’Esprit que vous pourrez mettre votre foi en Jésus-Christ afin d’appartenir à Dieu le Père, dans la communion de son Église. Ne soyez pas tourmenté au sujet du Saint-Esprit.