Cet article a pour sujet les anges au service de Dieu et les actions maléfiques de Satan et des démons. La Bible nous met en garde contre ces derniers et nous annonce la victoire du Christ qui nous donne une espérance certaine.

Source: Croire pour comprendre. 4 pages.

Les anges et les démons

S’il faut en croire la petite histoire, autrefois, au cœur du Moyen Âge, des chrétiens se disputaient pour savoir combien d’anges pouvaient tenir sur la tête d’une épingle! Sans doute, la question ne se posait pas pour les démons. Apparemment, ceux-ci n’auraient pas supporté une crise de logement aussi aiguë! Aimant les grands espaces, les hordes de Béelzébul devaient parcourir le vaste monde, cornes dressées, queue au vent, à la recherche d’un lieu de séjour plus confortable et convenant mieux à leurs funestes desseins. Une sorcière de village par exemple! Et lorsque la chasse contre celle-ci commençait, les légions démoniaques s’envolaient ailleurs, ignifuges et à l’abri des flammes dévorant sans merci leur malheureuse hôtesse. Peut-être était-ce pour se nicher dans des endroits moins malfamés? Une Église par exemple! Qui aurait soupçonné les Églises d’accueillir, elles aussi, le démon? Car, comme la femme de César, l’Église était au-dessus de tout soupçon! Voire!

Mais, trêve de plaisanteries. Puis-je me permettre de vous parler des anges et des démons? Hélas!, on nous a tellement bourré le crâne de certitudes matérialistes que nous croyons peut-être uniquement à ce que nous touchons, sentons et humons. À tel point que l’homme, affirme-t-on, n’est que le produit de ce qu’il mange! Qui croirait encore à l’existence des anges et des démons? Finie l’époque des célèbres peintures avec des anges aux visages poupins, munis d’ailerons et invariablement occidentaux, nordiques et blonds! Pour les esprits forts modernes, les seuls anges possibles et imaginables sont des hommes ou des femmes en blanc, médecins et infirmières, et parfois, pour les esprits plus taquins, des agents de police… Pour les plus fortunés, il y a les gardes du corps musclés! Quant aux démons, en vain chercheriez-vous, pour effrayer les enfants gourmands et menteurs, « le vilain diable du catéchisme, aux dents féroces, au pelage de bouc, à la longue queue et aux cornes luisantes, qui, la fourche à la main, rôtit éternellement les pécheurs » (M. Denuzière). Il n’effraye plus personne, depuis surtout que prêtres ou pasteurs semblent ne tenir cette représentation que pour image d’Épinal, bonne à classer au rayon des mythes frelatés. Les démons que l’on redoute maintenant, ce sont les germes et les microbes.

En ce qui nous concerne, nous allons, selon notre habitude, interroger l’Écriture. C’est toujours elle qui nous donne la correcte vision du monde et elle a beaucoup à nous apprendre sur la création et le monde invisible. Si le matérialisme vous a tourné la tête, vous risquez fort de vous trouver dans le cas de cet homme, serviteur du prophète Élisée, qui, entouré et protégé des armées célestes, demeurait quasi aveugle à leur présence. Relisez-en l’histoire dans le deuxième livre des Rois, au chapitre 6.

Jésus nous enseigne à prier : « Délivre-nous du malin »! (Mt 6.13). Du malin comme personnage, et non simplement du mal, ainsi que traduisent cette partie de l’oraison dominicale certaines versions modernes. Lecteurs de la Bible, nous avons l’intime conviction de la réalité du monde spirituel et invisible, aussi bien angélique que maléfique. Et s’il fallait encore ajouter un argument en faveur de cette conviction, nous pourrions citer la réplique classique que Shakespeare met dans la bouche de Hamlet : « Il y a plus de choses sous le ciel que n’en contient ta philosophie, Horatio. »

Ce que nous dit la Bible au sujet des anges et des démons nous préserve de toute spéculation gratuite. Certes, elle ne nous renseigne pas de la même manière qu’un certain ouvrage populaire édité chaque année et qui a réponse à tout! Dans la Bible, à chaque tournant décisif de l’histoire du salut, les anges apparaissent invariablement sur scène. D’ailleurs, le mot ange veut dire « envoyé ». Il nous vient du grec, et je ne puis que l’utiliser puisqu’il n’y a pas encore de décret interdisant l’utilisation de termes grecs.

Les prophètes Ézéchiel, Zacharie, Daniel portent témoignage à la mission des anges. Dans la vie de Jésus, il n’y a pas une seule heure décisive où ils ne sont pas présents. Depuis la nativité jusqu’à Gethsémané, du matin de Pâques à l’Ascension, leur impact est grand. Créatures limitées, mais dotées d’un pouvoir surnaturel, ces anges appelés parfois « fils de Dieu » agissent en son nom.

Dieu est appelé « Dieu des armées »; cette désignation le présente comme le chef des armées célestes qui accomplissent parfaitement sa volonté. — Les anges nous servent de modèle. Nous sont-ils supérieurs? Je l’ignore; je sais seulement que les anges et les hommes appartiennent à deux ordres différents. Ils connaissent une hiérarchie et toute tentative d’égalitarisme introduite dans leurs rangs échouerait lamentablement. Ainsi, dans cette hiérarchie, nous trouvons Michaël l’archange, gardien d’Israël, Gabriel, messager de Dieu, les chérubins — à ne surtout pas confondre ou assimiler avec de mignons bambins, car ce sont des vigiles redoutables de la gloire de Dieu. Les séraphins, eux, tiennent un rôle de liturges, officiants du culte. Témoins joyeux de la création, agents de Dieu lors de la donation de sa Loi, ils ont servi le Fils lors de sa tentation, l’ont secouru durant son agonie, ont annoncé sa résurrection et interprété son ascension. Ils assisteront Dieu lors du jugement dernier. Ils ont secouru les apôtres, se réjouissent de la conversion d’un seul pécheur et regardent le visage d’un enfant. Mais je me garderai pour autant d’affirmer que chaque fidèle et chaque lieu possèdent leur propre ange gardien.

Les anges ont leur contrepartie, si j’ose m’exprimer ainsi. Je veux parler des démons. À en croire la grande presse, les démons et leur prince Satan en tête seraient revenus à la mode! Des auteurs chrétiens et des satanologues patentés publient des ouvrages à leur sujet. Il paraît, selon leur avis, que Satan se porte bien. Les écrits sur Satan prolifèrent; il y a toujours, hélas!, des gens pour fouiller dans les bas-fonds de la création invisible afin d’alimenter des chroniques plus ou moins douteuses et satisfaire la curiosité malsaine de certains lecteurs. Ce penchant pour le démoniaque, cette boulimie pour les récits de satanisme, pour la magie, la sorcellerie, les démons, les exorcismes et autres diableries font la fortune des spécialistes du genre! Je ne suis pas compétent en la matière et je n’éprouve pas de goût particulier pour ce genre de littérature, parfois à prétention biblique. N’attendez pas et surtout ne cherchez pas de nouvelles révélations au sujet des anges déchus.

Quant à moi, je m’en tiens au sage conseil pastoral de celui qui, plus qu’aucun autre, a réformé l’Église, a formé ma pensée, je veux parler de Jean Calvin. Bien sûr, écrit-il quelque part, que les démons et Satan existent et qu’ils sont actifs. Mais si la Bible nous en parle, c’est pour nous avertir et nous mettre en garde contre celui qui, ange de lumière ou lion rôdant autour de nous, cherche à mieux nous dévorer. Si tel lecteur voulait quand même mieux se préparer contre l’agissement de l’adversaire, je ne pourrais que lui recommander très vivement l’opuscule devenu classique d’un auteur britannique à l’humour inégalable : Tactique du diable de C.S. Lewis. Il vous aidera mieux que tous ces manuels du genre « détective parfait » lancés à la recherche du diable, qui change souvent de personnage et se fait moine pour mieux tromper les plus malins des spécialistes! Il est d’ailleurs bien trop rusé pour ne pas fuir la publicité qu’on lui fait.

Restant encore sur ce chapitre et à ce que m’en dit la Bible, je sais que Satan et ses suppôts, anges déchus, ont commis la première tentative d’insurrection et livré la pire « lutte de classes » dans le ciel, pour être finalement précipités de leur gloire antérieure. À l’heure présente, ils continuent à être les instigateurs de toutes les insurrections contre Dieu : ils sont derrière tous les holocaustes, tous les massacres d’innocents, tous les Goulags et partout où le mal sévit, prostituant la vérité et présentant le mensonge comme le bien suprême.

La Bible ne se contente pas de nous mettre en garde. Elle nous rassure en même temps. Par la victoire du Christ, la tête du serpent rusé a été écrasée. Sur la croix, Satan et ses démons ont été mortellement blessés. Le prince de ce monde a été cloué au pilori et il est tombé du ciel tel un éclair. Nous ressentons les coups et les terribles soubresauts de ce moribond. Il s’agite avec violence sachant que ses jours sont comptés. Il continue à déverser son poison, mais il n’a plus aucune chance de réussir.

Le séjour des morts lui est réservé et il ne peut espérer aucune réhabilitation. Si Satan n’existe pas et s’il n’est pas puni, alors la vie est absurde et on ne comprend pas ce qu’est la justice et l’amour de Dieu. Mais Dieu a décidé que Satan sera livré à sa perte définitive et cela me donne un souffle nouveau pour aller de l’avant, pour persévérer, pour me réjouir et espérer contre toute espérance.

On raconte que Luther, enfermé dans le château de Wartburg, aurait eu la vision de Satan le troublant sans cesse. Prenant alors son encrier, il le lui aurait jeté à la figure. Les visiteurs peuvent, assure-t-on, remarquer les taches d’encre sur le mur. Est-ce pour des besoins touristiques? Je crois que le réformateur allemand a fait infiniment mieux en composant son immortel choral : « C’est un rempart que notre Dieu ».

Ami lecteur, il n’y a que le sang du Christ répandu sur la croix qui met le démon en fuite. Christ est le grand exorciste. Il nous a arrachés aux griffes des démons, il nous a libérés pour toujours. Chrétiens, gardez-vous d’assimiler Satan à un supérieur de type nouveau. Lucifer se métamorphose, se recycle, s’adapte pour les besoins de l’époque pour mieux assurer son empire, mais souvenez-vous : « C’est un rempart que notre Dieu ».