Cet article a pour sujet l'expérience chrétienne, le ministère de l'Esprit dans la vie chrétienne et l'attrait du pentecôtisme et du charismatisme actuel.

Source: Essai sur le Saint-Esprit et l'expérience chrétienne. 3 pages.

L'expérience chrétienne - Introduction

L’examen des divers aspects bibliques du ministère de l’Esprit, le survol des confessions de foi ainsi qu’un aperçu de certaines positions théologiques modernes nous permettent-ils de nous prononcer avec assurance en faveur d’un renouveau charismatique? Sommes-nous effectivement, à l’heure actuelle, les témoins d’un phénomène spirituel dont l’ampleur et l’importance seraient l’égale de celle de l’Église apostolique? Quelle est la nature de l’expérience chrétienne? Les expériences modernes sont-elles, ainsi qu’on le prétend, engendrées par l’Esprit Saint? Sommes-nous autorisés à légitimer toutes sortes d’expériences dites « spirituelles »?

Constatons pour commencer que les débats actuels au sujet du « renouveau charismatique » se déroulent largement et se cristallisent malheureusement autour de quelques passages isolés du Nouveau Testament, dont bien entendu Actes 2 et quelques chapitres de la première lettre de Paul aux Corinthiens. Ces débats n’ont pourtant pas réussi à cerner la riche diversité de l’œuvre de l’Esprit. Nous craignons qu’aussi bien les partisans que les critiques du « renouveau » en question n’aient davantage contribué à l’usure exégétique et à un enlisement du débat qu’à préciser des positions claires et des convictions nettes. Et ce, en dépit de titres prometteurs tels que « baptême du Saint-Esprit », « plénitude de l’Esprit », « explosion charismatique », « vie chrétienne triomphante », voire « la nouvelle Pentecôte », qui inondent actuellement le marché des publications chrétiennes. À notre avis, tous pèchent du même côté : celui de leur méthodologie.

Or, une approche purement analytique effectuée sur la marge étroite de quelques passages, leur usage, parfois même leur abus, lorsqu’on les évoque hors contexte et qu’on s’en sert à la manière d’une concordance biblique, ne nous servira pas à saisir ni le sens des textes, ni la nature véritable de l’expérience chrétienne.

Au lieu d’une telle approche, nous proposons une vue globale de la question, ce qui n’exclut nullement, bien au contraire, notre souci de tenir compte du contenu de chacun de ces passages. Nous voulons simplement en saisir le sens aussi bien dans leur contexte immédiat que dans le cadre général de la pensée biblique à ce sujet. Le problème du Saint-Esprit, de son œuvre et de ses dons mérite une approche que nous appellerons « holistique », c’est-à-dire intégrale. L’expérience chrétienne ne peut se concevoir, encore moins s’affermir, hors de son cadre qui est la rédemption, décidée par le Père, achevée par le Fils et que le Saint-Esprit applique au croyant. Notre étude ne sera qu’une simple ébauche, mais nous pensons suivre la bonne voie.

Un aperçu historique, consacré aux ancêtres lointains et immédiats du mouvement pentecôtiste charismatique moderne, formera le début de cette troisième partie. Ce mouvement se présente au regard de l’observateur attentif et impartial comme une force spirituelle chrétienne dynamique majeure, tant dans les Églises issues de la Réforme que dans l’Église romaine. Leslie Newbigin le qualifie de « tiers-force » ou troisième force venant après Rome et la Réforme. Son importance statistique ne nous retiendra pas ici. Signalons qu’il s’est solidement établi sur le sol latino-américain et, depuis peu, sur le continent africain. Mais ici plus particulièrement, cela prend un tour inquiétant du fait des amalgames faciles qu’il opère et du syncrétisme qu’il favorise, peut-être à son insu, avec l’animisme indigène.

De quelle manière peut-on rendre justice à son dynamisme débordant et expliquer l’attrait qu’il exerce sur nombre de chrétiens appartenant aux grandes confessions traditionnelles? Commençons par reconnaître que le mouvement et les Églises qui s’en réclament manquent d’une théologie bien définie. Nous évoquions ce trait dans le premier chapitre de notre étude. Il n’existe pas de théologie pentecôtiste officielle bien définie pouvant servir de ciment d’unité entre ceux qui se réclament de sa spiritualité et expriment les variétés de l’expérience pentecôtiste. En revanche, ses adhérents et ses porte-parole soulignent les aspects pratiques de la vie et de l’expérience, par exemple le sentiment de la présence immédiate de Dieu. Ils insistent notamment sur le rôle décisif des charismes, sur les abondantes bénédictions que le Saint-Esprit répand sans distinction sur tout fidèle. Nous apprenons néanmoins que tous n’ont pas encore atteint le stade culminant, celui de la réception de dons exceptionnels.

D’une manière générale, on prône le retour à un christianisme primitif, passablement idéalisé, et qui, curieusement, doit être cherché dans le type représenté au chapitre 2 du livre des Actes. Durant le laps de temps qui s’écoule entre l’ascension et le retour du Christ, on œuvrera alors pour le renouveau spirituel de l’Église.

Résumons pour mémoire les points principaux de l’enseignement pentecôtiste : Le baptême de l’Esprit, accordé au fidèle même déjà baptisé par immersion, le dote d’une puissance surnaturelle pour lui permettre de croire et de témoigner. La glossolalie ou parler en langues est la preuve indispensable et irréfutable, la condition sine qua non du baptême de l’Esprit, Actes 2 servant de fondement à cette affirmation. Les dons se manifestent chaque fois que l’assemblée se réunit en vue de la célébration cultuelle. Cependant, tous les pentecôtistes ne semblent pas attribuer la même valeur aux manifestations extraordinaires qui surviendraient après le baptême de l’Esprit.