Cet article sur Luc 8.26-37 a pour sujet la guérison d'un démoniaque. Les démons de la violence se manifestent encore, incluant dans la pornographie et le  sadomasochisme. Mais Jésus détient tout pouvoir sur le mal.

Source: Les miracles de Jésus. 4 pages.

Luc 8 - Guérison d'un démoniaque - Les démons de la violence

« Ils abordèrent dans le pays des Géraséniens, qui est vis-à-vis de la Galilée. Lorsque Jésus fut descendu à la terre, il vint au-devant de lui un homme de la ville, qui avait en lui plusieurs démons. Depuis assez longtemps, il ne portait pas de vêtement et avait sa demeure, non dans une maison, mais parmi les tombes. Voyant Jésus, il poussa un cri, tomba à ses pieds et dit d’une voix forte : Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut? Je t’en supplie, ne me tourmente pas. Car Jésus commandait à l’esprit impur de sortir de cet homme, dont il s’était emparé depuis longtemps; on le gardait lié de chaînes, et les fers aux pieds, mais il rompait ses liens et était poussé par le démon dans les déserts. Jésus lui demanda : Quel est ton nom? Légion, répondit-il. Car plusieurs démons étaient entrés en lui. Et ils imploraient Jésus pour qu’il ne leur ordonne pas d’aller dans l’abîme. Il y avait là un troupeau considérable de pourceaux qui passaient sur la montagne. Et les démons implorèrent Jésus pour qu’il leur permette d’entrer dans ces pourceaux. Il le leur permit. Les démons sortirent de cet homme, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita du haut de l’escarpement dans le lac et se noya. Ceux qui les faisaient paître, en voyant ce qui était arrivé, s’enfuirent et répandirent la nouvelle dans la ville et dans les campagnes. Les gens allèrent voir ce qui était arrivé. Ils vinrent auprès de Jésus, et ils trouvèrent l’homme de qui étaient sortis les démons, assis à ses pieds, vêtu et dans son bon sens; et ils furent saisis de crainte. Ceux qui avaient vu ce qui s’était passé leur racontèrent comment le démoniaque avait été délivré. En foule, tous ceux de la région des Géraséniens demandèrent à Jésus de s’éloigner d’eux, car ils étaient saisis d’une grande crainte. »

Luc 8.26-37
Voir aussi Matthieu 8.28-34 et Marc 5.1-20

Si la lecture de cette page de l’Évangile est la première que vous faites, vous serez peut-être tenté de hausser les épaules et de vous dire que l’homme moderne que vous êtes ne croit guère à ces histoires à dormir debout… Car, ajouterez-vous, ou bien il faut mettre l’Évangile à la page, ou bien il faut le laisser à ceux qui traînent encore une mentalité primitive, imprégnée d’infantilisme… En tout cas, c’est ainsi qu’a raisonné un savant théologien allemand, Rudolph Bultmann. Je lui reconnais un certain brio dans sa tentative à vouloir « démythologiser » à tout prix l’Évangile, c’est-à-dire à séparer à tort, bien entendu, ce qu’il considérait comme « l’enveloppe mythique » propre à l’âge et aux mentalités des contemporains de Jésus, pour ne retenir que ce qui lui paraissait « important », c’est-à-dire ce qui cadrait avec sa philosophie existentialiste. Bien que je n’aie pas besoin de le démontrer, on sait que dans cet effort de démythologisation Bultmann n’a réussi rien de moins « qu’à jeter le bébé avec l’eau du bain »!

Si vous vous considérez à votre tour comme un homme moderne, permettez-moi alors de me placer sur le terrain où vous vous tenez et parlons un langage que vous comprendrez parfaitement. Examinons, ensemble, voulez-vous, les phénomènes sociaux modernes. Ils nous rappellent étrangement l’agitation terrifiante de l’homme possédé de Gadara. À vrai dire, toutes les générations ont accusé un tel comportement, et l’identité des problèmes profonds et réels de l’humanité ne fait de doute pour personne, en tout cas pas pour l’homme moderne que vous êtes.

L’immoralité suivie de la violence, de l’irrespect vis-à-vis de tout ordre et de toute norme et de la rébellion contre la loi révélée de Dieu a une espèce de miroir dans le comportement sadomasochiste avant la lettre de l’homme de Gadara faisant des incisions sur son corps. La perversion totale s’exprime ici dans le cas individuel d’un homme. De nos jours, elle s’étale en long et en large sur la place publique, dans tel soulèvement ou dans tel déchaînement des foules, dans cette délinquance juvénile qui ravage nos grandes cités et qui nous effraie, ou encore dans cette courbe ascendante de la criminalité qui plonge nos citoyens dans l’angoisse. Et la liste pourrait s’allonger presque indéfiniment…

Des nations sanguinaires cherchant à en exterminer d’autres aux États qui exterminent leurs propres sujets, des engins nucléaires aux armes bactériologiques, la violence et l’agression sont devenues telles, que nos contemporains, qui cherchent pourtant leur sécurité et même leur sécurisation, cessent de s’émouvoir et finissent par s’y accoutumer lorsque celles-ci ne les menacent pas directement et à court terme. Et d’ailleurs, quelle est leur réaction? Exactement celle des forces de l’ordre de la ville de Gadara, décidées à réprimer la violence, mais dont les chaînes les plus robustes ne résistent pas au martèlement massif de mille — que dis-je! — de dix mille démons… Les autorités civiles de Gadara, comme les forces de l’ordre moderne, semblent déployer des moyens dérisoires pour circonvenir ou réprimer de tels désordres. Et à la violence des criminels succède et répond celle de l’autodéfense. Aux agressions des malfaiteurs de droit commun répondent les armes des victimes, et le cercle infernal ne semble pas pouvoir être brisé… Voilà bien notre monde moderne, impuissant à résoudre ses problèmes, mais arrogant devant Dieu.

Notre culture, elle aussi, encourage la violence, qu’elle jette en pâture aux masses à travers les médias, et surtout à travers le petit et le grand écran. Et la violence humaine, matérielle, culturelle, est d’une contagion effrayante. Lorsque la société tolère la violence en principe, le comportement violent concret arrive sans se faire prier. De plus en plus, nos contemporains pensent et parlent de l’homme comme d’un animal violent. Le goût pour la violence et pour la confrontation brutale s’accroît sans cesse. Et parce que l’homme constitue une unité où la pensée est étroitement liée à l’action, toutes ces images, toutes ces idées le conduisent invariablement vers l’action violente. Dostoïevski, au 19siècle, disait par la bouche d’un personnage d’un de ses plus grands romans, Les Frères Karamazoff : « Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis. »

Et lorsque l’homme se prend pour Dieu, il ne l’imite pas, il le singe, il en devient la caricature, et cela pour accomplir une œuvre destructrice. Car si Dieu est source de vie, il est aussi Juge qui fait périr. L’homme, lui, ne connaît de cette force divine que l’aspect négatif, car il ne peut le rendre vivant, créer la vie. Il n’est pas étonnant que la pornographie soit tellement liée à la violence de notre époque. Elle qui reprend les motifs sadiens et qui manipule les hommes, elle est génératrice d’une violence terrifiante, parce qu’elle réduit l’être humain, homme, femme ou enfant, à de simples organes génitaux dont la seule fonction serait d’assouvir des passions inavouables.

Les trois préférences dans le libertinage du tristement célèbre Marquis étaient : la sodomie, les fantaisies sacrilèges et la cruauté. Voici sa prière adressée à Satan :

« Voici, mon amour, voici ce que j’accomplis simultanément : scandale, séduction, mauvais exemple, inceste, adultère et sodomie. Ô Satan, seul et unique dieu de mon âme, inspire-moi encore davantage pour de futures perversions de mon cœur fumant. »

Si Sade nie l’homme, c’est parce que, auparavant, il a nié Dieu. Se faisant dieu, il ne reconnaît ni Dieu ni homme, car en niant l’un il anéantit l’autre.

Alors apparaissent tous les thèmes sadomasochistes dont se nourrit la pornographie moderne. La haine pour l’homme — c’est-à-dire, pour l’être humain — y est intense. Le sexe, devenu symbole du refus sadomasochiste de la vie, ne mène pas vers l’accomplissement de l’homme, mais devient un moyen pour le détruire. La pornographie moderne n’est pas la simple démangeaison d’instincts mal contenus. Elle est oppression radicale de l’homme, une politique systématique vers son anéantissement total. Elle est autant la proclamation de sa dépersonnalisation que la disparition de tout ordre social. Si l’idée que vous vous faites de l’homme est fausse, vous contribuerez à la violence encouragée, entretenue, cultivée et développée en grande partie grâce à la pornographie. Voilà le visage de notre monde moderne. Pas de quoi être fiers…

Allez donc parler alors de la dignité de l’homme et signer de naïves déclarations universelles sur leurs droits! Là où Dieu a été éliminé pour faire place à des idées se voulant humanistes, mais ayant rejeté Dieu et ses lois, ni la police, ni les magistrats, ni les gouvernements, ni tous les États du monde réunis ne pourront retenir le monstre, la légion de monstres déferlant sur l’humanité. Chacun de leurs projets de loi, chacune des mesures en faveur de l’homme, chaque renforcement de l’ordre public accuseront une nouvelle faillite à la chaîne ininterrompue d’échecs accumulés sur la route et la carrière des gouvernements et des gouvernants.

Cependant, la guérison du démoniaque de Gadara illustre parfaitement la guérison apportée par Dieu. Ne nous attardons pas sur les détails, qui, pourtant, nous sont rapportés pour nous attester l’authenticité de ce miracle. Topographie, réaction des occupants du pays, ainsi que d’autres détails… Je sais par l’Évangile tout entier, et je me fie à son infaillible autorité, que des légions de démons ont bel et bien exercé leur funeste action à Gadara et ailleurs, et que celle-ci s’intensifia et devint plus néfaste pendant le séjour du Fils de Dieu sur la terre, sachant que durant ses 33 ans d’existence il allait les combattre radicalement et sans merci. Derrière les maladies, même les plus bénignes, Jésus voyait la verge des démons frappant l’homme.

Nos connaissances modernes ne contrediraient pas ce récit évangélique, tant il est vrai que l’action démoniaque est aussi actuelle qu’à Gadara, même si elle est souvent plus souterraine, plus dissimulée.

Je ne tiens pas toutefois à éveiller une curiosité inutile. Il nous suffit de savoir, et surtout de prendre distance à l’égard de ce monde occulte et obscène. Je tiens simplement à conclure par ce qui est positif. La guérison s’est produite lors de l’extraordinaire rencontre entre Jésus-Christ, le Fils de Dieu Sauveur, et la légion d’esprits immondes. Jésus-Christ n’est pas venu raccommoder quelques pièces usées de notre nature humaine. Il n’est pas « la roue de secours ». Il est le lutteur divin, celui qui s’est donné comme mission de nous arracher aux griffes de dix mille démons. Il tient le pouvoir absolu et définitif sur le mal, sur la mort et sur l’enfer. C’est lui, exclusivement, le Pasteur universel de l’humanité, le Berger de ses brebis, sans vicaire ni substitut, ni dans l’État ni dans l’Église. C’est de lui que dépendent ma vie et la vôtre, autant que l’ordre social et politique.

Nous ferions bien, citoyens de différents pays, ainsi que magistrats et gouvernants, de le comprendre une fois pour toutes, de nous situer par rapport à lui. Il est véritablement le Libérateur, autrement à quoi bon continuer à parler, ou même à penser à lui? Mais nous, chrétiens, qui pensons et parlons de sa personne, nous ne sommes pas étrangers à l’actualité. Je lis aussi, après l’Évangile, mon journal quotidien, et je suis bouleversé, indigné, en prenant connaissance de tous les tristes faits du jour. Pourtant, ce n’est pas une simple morale que nous prêcherons, ni bourgeoise ni prolétaire, mais nous annoncerons le seul nom qui nous a été donné sous le ciel, en qui tout homme et tout ordre social peuvent trouver le salut. Consentirions-nous alors des sacrifices? Les hommes de Gadara ont dû payer contre leur gré un prix énorme. Deux mille têtes de bétail ont péri, précipitées dans le lac.

Dans notre cas il nous faut abandonner, avant tout, les idées humanistes coupées de Dieu et de sa loi; celles qui, au lieu de défendre l’homme et de le mettre à l’abri des agressions, complotent en réalité contre lui et le détachent de son unique Abri, en le soustrayant à son divin Guérisseur.

« Tous ceux qui me haïssent aiment la mort », dit l’Écriture parlant de Dieu (Pr 8.36); celui qui m’aime et observe mes commandements, il aime la vie.