Cet article a pour sujet quelques citations de Martin Luther et de Jean Calvin sur le travail de prédicateur.

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Luther et Calvin prédicateurs

Luther écrit :

« Notre Seigneur Dieu pourvoit d’une manière étrange aux besoins de son saint ministère. Il confie aux pasteurs, ces misérables pécheurs, le soin de dire et d’enseigner sa parole, bien qu’ils aient grand-peine à y conformer leur conduite. Ainsi la puissance de Dieu et son pouvoir se manifestent constamment dans la plus grande faiblesse. »
« Je me serais souvent craché à la figure en descendant de chaire. Quelle honte! Comment as-tu prêché? Et c’est ce sermon-là que les gens ont tant vanté, disant que cela faisait bien longtemps que je n’avais si bien et si joliment prêché. Quand je suis descendu de chaire, j’ai repris mes esprits et j’ai découvert que je n’ai rien dit, ou presque, de ce que j’avais rédigé au brouillon, de ce à quoi j’avais réfléchi. Cela est fait pour me prouver d’une façon certaine que prêcher est toute autre chose que ce qu’on imagine. Souvent, notre Seigneur Dieu nous inspire une idée toute différente. Une fois en chaire, on prêche toute autre chose que ce à quoi on a réfléchi, que ce qu’on se proposait. Mais il n’y a pas de mal, tant qu’on prêche comme il convient, qu’on reste d’accord avec le Symbole des apôtres et avec l’Écriture sainte. »
« Il ne faut pas prêcher en employant de grands mots, magnifiques et savants, pour montrer aux gens qu’on est instruit et qu’on tient à sa réputation. Non, ce n’est pas le lieu de le faire! Il faut s’adapter à ses auditeurs, et ce qui manque le plus à la plupart des prédicateurs, c’est de savoir parler de manière que le pauvre peuple en retienne quelque chose. C’est un grand art que de prêcher simplement. »

Luther encore, avec une pensée qui touche tout à la fois la doctrine, la piété et la pratique pastorale :

« L’homme est un cavalier ivre. Toujours, il penche d’un côté ou de l’autre, et toujours Dieu doit le remettre en selle! »

Calvin écrit :

« Si j’avais l’audace de monter en chaire sans consulter un livre, en me disant d’une manière frivole : “Eh bien, quand je prêcherai, Dieu me donnera ce que je dois dire”, venant ici sans lecture et sans réflexion sur ce que je dois déclarer, et sans considérer avec soin comment il me faut appliquer la Sainte Écriture à l’édification du peuple, alors je ne serais qu’un homme prétentieux et plein d’arrogance.1 »

Dans son livre Jean Calvin et le livre imprimé2, l’historien belge Jean-François Gilmont écrit :

« Il me semble que les biographes du réformateur n’insistent pas assez sur ce travail incessant d’exégèse qu’il mène de front sur plusieurs livres bibliques. Le système d’enseignement établi à Genève l’oblige à lire et enseigner sans cesse la Bible. Lorsqu’il affirme puiser son enseignement dans l’Écriture, il ne ment pas. Je crois que peu de théologiens de cette époque peuvent se vanter d’un travail exégétique aussi continu. »

Notes

1. J.-M. Berthoud citant Parker dans Calvin et la France.

2. Droz, Genève, 1997; cité par J.-M. Berthoud.