Cet article a pour sujet la manipulation génétique qui soulève des questions inquiétantes. Il nous faut prendre la défense de l'être humain contre toute manipulation, car l'embryon est un humain qui a droit d'être protégé.

Source: Homme et femme il les créa. 5 pages.

La manipulation génétique

Aborder dans les limites d’un aussi bref exposé l’un des sujets les plus brûlants de l’actualité médico-sociale, l’un aussi des plus complexes, relève certainement d’une gageure. Nous recherchons néanmoins à le placer sous l’éclairage biblique pour éclairer nos consciences et, autant que ce peut, dégager ensuite quelques lignes directrices pour une bioéthique.

Il y a à peine une trentaine d’années, les questions posées et les problèmes soulevés par la recherche sur les embryons n’auraient passionné que de rares spécialistes. Manipulation génétique, insémination artificielle, fertilisation « in vitro », voire les « mères porteuses » relevaient davantage de la science-fiction que de la recherche médicale proprement dite. Actuellement, nul chrétien ne se désintéressera des questions vitales posées à l’éthique par les transplantations embryonnaires. Déjà, les premiers enfants issus d’insémination artificielle sont parvenus à l’âge adulte! La Parole de Dieu, lumière sur notre chemin et ordre pour la vie, a-t-elle un mot à nous dire à leur sujet?

Réjouissons-nous du fait que la médecine moderne ne prétend pas offrir de réponses et, fort heureusement, elle établit une différence entre un ovule humain fertilisé et un hamster élevé dans un laboratoire à des fins d’expérimentation scientifique. La médecine moderne semble de plus en plus disposée à se comporter en responsable et à exercer une certaine responsabilité morale vis-à-vis de l’embryon humain.

Une préoccupation majeure, légitime des chrétiens se fait jour dans le chapitre de leur attitude vis-à-vis de la science moderne. Informés par l’Esprit et par la Parole, ils se savent investis d’une mission culturelle dans l’univers dont ils ont été délégués vice-gérants. Au jardin d’Eden, l’homme ne devait pas couler des jours heureux dans une oisiveté nonchalante, mais faire du monde créé le théâtre de son activité et la classe d’école où il devait apprendre et acquérir un plus grand savoir. L’Eden original n’était que la base d’où il allait partir pour explorer et pour conquérir d’autres contrées, tout en témoignant de son étroite dépendance du commandement divin et du divin Maître de l’univers.

Le disciple du Christ est en outre informé que le Sauveur qu’il adore est également celui qui a été l’agent créateur des choses visibles et invisibles. À ses yeux, toute recherche scientifique est une tâche noble et il ne la récusera pas avec dédain comme un loisir futile ou absurde. Le Christ, Verbe de Dieu, établit une logique rigoureuse sur la création tout entière. L’obéissance à Dieu d’une part, les instincts en nous d’autre part nous inciteront à poser les vraies questions et à faire preuve d’une saine curiosité, ce qui ne manquera pas de reculer toujours plus loin les bornes de notre savoir. Nul chrétien ne se réjouirait des échecs de la science humaine. Ç’aurait été admettre le primat d’une ignorance injustifiable. Peut-on choisir, en tant que chrétien, d’ignorer les mécanismes qui gèrent la vie de l’univers, même ceux qui concernent le domaine des embryons?

Si ignorer n’est pas une option viable, il faudrait toutefois veiller à ce qu’une recherche dans ce domaine, comme partout ailleurs, soit conduite à des fins bénéfiques et contribue à l’ouverture de nouvelles perspectives en vue de traiter des cas de stérilité.

La médecine affirme que la fertilisation in vitro pourrait précisément remédier à des handicaps chez la femme enceinte. Nombre de désastres seraient ainsi prévenus; des embryons fourniraient aussi des tissus en réduisant le risque de rejet lors de transplantations d’organes, ou en vue d’immuniser le corps. Il a déjà été prévu que des cellules d’organes existants permettent le clonage et remédient au cœur défaillant du sujet, ou bien remplacent des reins hors d’usage! Aussi, quelle heureuse perspective de savoir qu’on pourrait bientôt éliminer des maladies transmises héréditairement!

Il n’en demeure pas moins que ces mêmes perspectives ne devraient inspirer un optimisme béat, car elles nous placent devant des questions inquiétantes.

L’une d’entre elles est de savoir quelle est la différence entre une recherche médicale à des fins thérapeutiques et une expérimentation scientifique gratuite. Si l’on poursuit un objectif du premier ordre, c’est l’intérêt du patient qui prévaudra. Dans le second cas, c’est le profit matérialiste qui l’emportera au détriment de toute considération humanitaire. Or, notre conscience se révoltera chaque fois que l’être humain, même en état embryonnaire, peut servir de cobaye, sous l’argument fallacieux qu’il servirait le bien général, ou sous le prétexte bien coupable qu’il peut contribuer à développer le savoir! Car, si l’être humain sert de simple moyen pour atteindre une fin scientifique, la personne sera non seulement manipulée à son stade embryonnaire, mais encore plus tard, lors d’une étape suivante, soit aussitôt après sa naissance, voire parvenue à l’âge adulte! Faut-il ignorer le fait que nombre de scientifiques, même si ce n’est qu’une minorité, semblent davantage attachés à promouvoir leur carrière et à gagner une réputation qu’à servir le genre humain!

Il ne faudrait pas oublier, sans encourir de graves risques, que même la science, depuis la chute, comme tout autre domaine et activité placés sous l’emprise du péché, produit ici-bas des ronces et des épines. En dépit de bonnes intentions initiales, certaines découvertes de la science et de la technique n’ont servi qu’à des fins de destruction. La manipulation génétique serait-elle à l’abri d’une telle altération de vocation? Songeons ainsi à ce qui adviendrait si, par le plus grand malheur, la science médicale était contrôlée par des hommes irresponsables. Il suffit de nous souvenir de la science, véritablement scientifique, du régime nazi et des crimes commis au nom du savoir et de la science! Il faudrait s’attendre non seulement à voir des utilisations à des fins d’expérimentation, mais encore à la mise en état de toutes les méthodes illégitimes, criminelles pour généraliser cette utilisation sur un plan bien plus vaste que dans les seuls laboratoires de recherche. N’a-t-on pas déjà évacué par les égouts un nombre incalculable d’embryons humains!

La question essentielle est de savoir qu’est-ce que l’embryon. Un morceau de tissu sans personnalité ou bien un être ayant déjà droit à la protection, au même titre que l’enfance malheureuse et l’adulte sans défense?

Parfois, les réponses mêmes des chrétiens ont été soit simplistes à l’excès, soit inadéquates. Certes, nous ne songeons pas qu’il faut défendre ou protéger l’embryon pour la simple raison qu’il possède la vie. S’il fallait défendre et protéger tout ce qui possède vie et respire, l’on devrait aussi former une société protectrice des ratons laveurs ou un club de défense de légumes! Dans un tel cas, il faudrait prendre toutes les précautions pour ne pas gaspiller le sperme humain et interdire toute forme de contraception. Agir de la sorte serait insensé.

Il est à noter en passant que l’Écriture sainte n’offre pas de définition scientifique de la personnalité humaine. À notre avis, une certaine anthropologie qui se veut chrétienne s’inspire davantage d’une pensée naturaliste et d’une théologie naturelle que de la révélation chrétienne. Qu’est-ce que l’âme humaine? À quel moment a-t-elle été transmise? La vie commence-t-elle lors de l’insémination, quand l’ovule maternel est fertilisé, ou bien au moment de son implantation dans le sein maternel après sa périlleuse traversée à travers la trompe faloppienne? La Bible affirme que l’homme est un « être vivant », corps animé, l’âme n’étant pas une substance qui serait ajoutée au corps après coup. L’article relatif au Christ dans le Credo chrétien précise que Jésus a été conçu du Saint-Esprit et qu’il est né de la vierge Marie. On peut en déduire que le début de la vie humaine se situe au moment de la conception, avant l’implantation de l’ovule fertilisé dans l’utérus de la mère. Dès la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde, il y a conception et début d’un être humain.

De l’avis de certains savants, en détruisant l’embryon, on n’atteindrait pas nécessairement des vies humaines. Leur affirmation dépend de la définition même qu’ils donnent de la vie. Or, la vie, selon eux, est pourvue de conscience, exerce la rationalité, prétend à l’autonomie. Mais une telle définition de la vie reste largement inadéquate. À ce compte, les handicapés mentaux, les vieillards tombés en sénilité profonde, des enfants nouveau-nés ne sont plus des personnes humaines, car les uns ne possèdent aucune rationalité, les autres sont dépourvus de conscience, enfin d’autres ne peuvent plus prétendre à une autonomie normale!

D’autres savants, quant à eux, estiment que la nature elle-même est tellement prodigue et gaspilleuse qu’il ne serait pas déplacé de l’imiter. Certes, nous reconnaîtrons que la nature est bien prodigue, mais sans oublier que cette générosité atteint parfois des gaspillages tragiques lors des tornades, des séismes, des inondations! N’arrache-t-elle pas aussi, ainsi que l’on a dit avec un brin d’humour noir, une vie humaine sur une? Devons-nous imiter la nature dans tous ces points?

Examinons quelques considérations indiscutables à la fois du point de vue chrétien et scientifique, afin de pouvoir correctement nous occuper d’embryons humains et exercer un droit de regard sur les recherches menées sur eux.

La capacité de ressentir la douleur est présente dans toute la première phase de la vie embryonnaire. Les rudiments du système nerveux commencent à partir du 25jour et une certaine conscience à partir du 40jour. L’embryon ressentira la douleur causée lors de toute expérimentation à ses dépens. Autant la compassion que la prudence élémentaire s’imposent pour lui éviter toute souffrance.

Quelle est la définition que la science médicale moderne offre de la mort d’une personne? La victime d’un accident, placée sous respiration artificielle dans un coma profond, ne possède ni d’autonomie ni de conscience; cependant, aussi longtemps que persiste l’espoir de retour à la vie, elle sera soignée, il y aura même un acharnement thérapeutique. L’embryon ne possède pas de cortex cérébral et n’est pas capable de fonction motrice ou d’autres fonctions supérieures. Pourtant, entre lui et la victime d’un accident, il existe une différence considérable. Laissé à lui-même, l’embryon développera une vie humaine tout à fait normale. En outre, si on est incertain quant au statut de l’embryon, ne faut-il pas lui accorder justement toute la protection requise?

C’est une erreur bien grave que de se servir d’embryons humains et de les gaspiller comme s’il s’agissait d’un vulgaire déchet. Il convient d’empêcher de créer in vitro plus de fœtus qu’il n’en faut, ne fertiliser qu’un seul ovule à la fois et compter sur un succès relatif, ou bien implanter après manipulation tous les ovules et, dans ce cas, courir l’énorme risque d’assister à des naissances multiples!

La manipulation génétique ne semble ni souhaitable ni même légitime. Toute conscience chrétienne s’interrogera non seulement quant à la manière dont on effectue les recherches, mais encore ce qu’on fera ensuite des embryons. On ne sait pas à quel monstre on pourrait donner naissance en implantant dans le corps d’une femme un embryon qu’on a manipulé comme un vulgaire objet.

La pratique de l’exogénèse, c’est-à-dire celle de laisser l’embryon se développer dans un placenta artificiel, ne semble pas davantage souhaitable. Elle exigerait le sacrifice et la déperdition d’innombrables embryons.

Voici un autre aspect, le plus hideux sans doute, de la manipulation génétique. Une société qui permettrait la destruction d’un fœtus de 24 semaines n’hésitera pas, bien entendu, à détruire des embryons de quelques jours. Si on détruit l’embryon, on peut aisément franchir un pas de plus et détruire le fœtus. Et puisqu’on s’offre la liberté de fertiliser in vitro, pourquoi pas la gestation in vitro? Ainsi, chaque nouvelle transgression en produira une autre! L’escalade de l’irresponsabilité sera facilement déclenchée. Après des manipulations entre gènes de chèvre et de mouton, on pourra envisager celle de l’homme avec le chimpanzé! Plus aucune barrière n’empêchera une science manipulatrice de passer outre les normes les unes après les autres et de violer le droit humain le plus élémentaire… La pratique dépendra des données purement mathématiques et biochimiques. La singularité et l’originalité inaliénables de la personne humaine seront purement et simplement jetées aux orties!

Apparemment, il existe très peu de différence entre les gènes de l’homme et ceux d’un singe! Mais si nous devions nous fonder sur des données statistiques concernant le nombre de cellules, celui des jours de l’embryon ou de ses chromosomes, nous dévalerions sûrement la pente d’un incontrôlable réductionnisme de l’être humain.

Jusqu’à l’heure actuelle, la physique et la chimie n’ont pas découvert de différence matérielle entre le génie d’Einstein et un caillou ramené de la lune! Faudrait-il en conclure qu’il n’en existerait aucune?

Replaçons donc d’urgence des barrières afin de prendre la défense de l’être humain contre toute manipulation. L’homme, avons-nous appris par la révélation chrétienne, est la création de Dieu, non un vulgaire tissu embryonnaire. Il porte son image. À ce titre, déjà l’embryon n’est pas un déchet qu’on pourrait fabriquer à souhait et en quantité, afin de l’évacuer ensuite par les égouts!