Cet article sur Marc 6.6-29 a pour sujet la relation entre Jésus, le Fils de Dieu ressuscité, qui a la puissance de baptiser du Saint-Esprit, et Jean-Baptiste, le précurseur du Messie, qui est mort pour avoir prêché la vérité.

4 pages.

Marc 6 - Jésus et Jean-Baptiste

« Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant. Alors, il appela les douze et se mit à les envoyer deux à deux, en leur donnant pouvoir sur les esprits impurs. Il leur recommanda de ne rien prendre pour la route, sinon un bâton seulement : ni pain, ni sac, ni monnaie dans la ceinture, mais, disait-il, chaussez-vous de sandales et ne revêtez pas deux tuniques. Il leur disait : Dans quelque maison que vous entriez, demeurez-y jusqu’à ce que vous quittiez l’endroit. Et si quelque part les gens ne vous reçoivent ni ne vous écoutent, en partant de là, secouez la poussière de vos pieds en témoignage contre eux. Ils partirent et prêchèrent la repentance. Ils chassaient beaucoup de démons, oignaient d’huile beaucoup de malades et les guérissaient. Le roi Hérode l’apprit; en effet, le nom de Jésus devenait célèbre et l’on disait : Jean-Baptiste est ressuscité d’entre les morts et c’est pour cela qu’il a le pouvoir de faire des miracles. D’autres disaient : c’est Élie; et d’autres disaient : c’est un prophète comme l’un des prophètes. Mais Hérode en apprenant cela, disait : Ce Jean que j’ai fait décapiter, c’est lui qui est ressuscité. Car Hérode lui-même avait fait saisir Jean et l’avait enchaîné en prison, à cause d’Hérodiade, femme de Philippe, son frère, qu’il avait épousée; en effet, Jean lui disait : Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère. Hérodiade avait du ressentiment contre lui et voulait le faire mourir. Mais elle ne le pouvait, car Hérode craignait Jean, sachant qu’il était un homme juste et saint; il le protégeait et quand il l’avait entendu, il était très perplexe; pourtant il l’écoutait avec plaisir. Cependant, un jour opportun arriva, lorsqu’Hérode, à l’anniversaire de sa naissance, donna un festin à ses dignitaires, aux chefs militaires et aux principaux de la Galilée. La fille d’Hérodiade entra et dansa; elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : Demande-moi ce que tu voudras et je te le donnerai. Il lui fit ce serment : Ce que tu me demanderas, je te le donnerai, quand ce serait la moitié de mon royaume. Elle sortit et dit à sa mère : Que demanderai-je? Celle-ci répondit : La tête de Jean-Baptiste. Elle s’empressa de rentrer aussitôt vers le roi et de lui demander : je veux que tu me donnes tout de suite, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste. Le roi fut attristé, mais à cause de ses serments et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus. Il envoya aussitôt un garde avec ordre d’apporter la tête de Jean-Baptiste. Le garde alla décapiter Jean dans sa prison et apporta la tête sur un plat. Il la donna à la jeune fille et la jeune fille la donna à sa mère. À cette nouvelle, les disciples de Jean vinrent prendre son corps et le mirent dans un tombeau. »

Marc 6.6-29

La relation entre Jésus-Christ et son cousin Jean-Baptiste, celui qui vint pour annoncer la venue imminente du Messie et désigna Jésus comme tel, a souvent été commentée par les spécialistes du Nouveau Testament. Je vous propose de la comprendre, en partie tout au moins, à la lumière du chapitre 6 de l’Évangile selon Marc. Le ministère de Jésus et la mort cruelle de Jean-Baptiste y sont rapportés conjointement. Ce récit nous parle aussi de l’identité de celui qui envoie ses disciples en mission, et de la nature de cette mission.

Ce récit nous semble comporter tous les ingrédients qui pourraient faire un film à succès : un homme juste, Jean-Baptiste; une histoire d’adultère, entre le roi Hérode et la femme de son frère, Hérodiade; une histoire de meurtre dans un climat de fête et de sensualité, avec la danse de la fille d’Hérodiade; le tout sur fond religieux d’un être exceptionnel qui parcourt la Galilée et envoie ses disciples prêcher, guérir les malades et chasser les esprits impurs. Mais le récit de Marc n’est pas le scénario d’un film ni d’un roman à succès, il est, comme l’écrit Marc au début de sa narration, « Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu » (Mc 1.1). Et c’est bien ce qui constitue le sujet du passage que nous avons lu : l’identité de ce Jésus-Christ dont il est tant question.

Cette identification de Jésus et du Fils de Dieu, au moment même de son ministère sur terre, n’est pas du tout claire pour les foules et pour bien des protagonistes de notre récit. En fait, une confusion entre Jésus et Jean-Baptiste se fait jour. Jean est ressuscité des morts, disent beaucoup, suivis en cela par le roi Hérode, le meurtrier. Certains voient en Jésus Élie, le prophète de l’Ancien Testament, qui doit revenir avant l’arrivée du Messie. Aujourd’hui encore, lorsque les Juifs traditionnels célèbrent la Pâque, ils laissent une place assise disponible pour le prophète Élie, au cas où celui-ci reviendrait, ce qui signifierait que la venue du Messie est imminente.

Mais Jean-Baptiste n’est pas ressuscité des morts. De fait, notre récit nous présente le contraste saisissant entre la fausse nouvelle de la résurrection de Jean-Baptiste et le fait que les disciples de Jean-Baptiste sont venus prendre son corps et le mettre au tombeau, après sa décapitation. Après la mort de Jésus, quelques-uns de ses disciples secrets aussi viendront descendre son corps de la croix et le mettre dans un tombeau. Mais alors que l’Évangile nous parle de la résurrection de Jésus-Christ, il ne rapporte pas de résurrection de Jean-Baptiste, même si ce dernier nous est présenté comme un homme juste et inspiré. Aussi grand qu’ait pu être Jean-Baptiste, celui qui annonce la venue du Messie, il n’a pas le pouvoir de ressusciter des morts.

Et cependant, sa mort même pointe en direction du Messie, selon ses propres paroles : « Il vient après moi, celui qui est plus puissant que moi, et je ne mérite pas de délier, en me baissant, la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés d’eau; mais lui vous baptisera d’Esprit Saint » (Mc 1.7). Le signe de ce baptême du Saint-Esprit, est le pouvoir que Jésus donne à ses disciples de chasser les esprits impurs, autrement dit, les démons. En revanche, nous ne lisons nulle part que Jean-Baptiste donna à ses disciples le pouvoir de chasser des esprits impurs. Là gît toute la différence entre Jean-Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament, et Jésus-Christ, le Messie.

Et maintenant, les disciples du Messie sont envoyés dans le monde par celui qui est ressuscité des morts et qui a le pouvoir de baptiser du Saint-Esprit. Mais dans quel monde précisément sont-ils envoyés? Dans quel monde le Christ qui siège à la droite de Dieu envoie-t-il aujourd’hui ses messagers? Eh bien, il les envoie dans un monde qui n’est pas moins corrompu que celui où périt Jean-Baptiste. Il est et sera toujours dangereux de dire à un monde corrompu « il ne t’est pas permis de faire ceci ou cela », c’est-à-dire de lui rappeler les exigences de la loi de Dieu. Jean-Baptiste paya de sa vie le fait d’avoir rappelé à Hérode la volonté de Dieu à son égard, tout roi qu’il était.

Les prédicateurs et envoyés de Jésus-Christ auront peut-être affaire à des gens qui semblent bien disposés, ouverts, tolérants, mais ils doivent savoir qu’en fin de compte, prêcher sans concessions la Parole de Dieu vous attire immanquablement des ennemis. Tout comme Hérode vis-à-vis de Jean-Baptiste, beaucoup vous considéreront comme une personne juste, peut-être même sainte, ils ne trouveront rien de mal dans ce que vous annoncez, mais cela ne les empêchera pas de vous jeter en prison voire de vous faire périr. La simple curiosité d’entendre un homme « juste » prêcher la Parole n’est pas une garantie qu’un tel auditeur ou une telle auditrice sont régénérés et ont obtenu la vie nouvelle. Des millions d’hommes et de femmes ont été intéressés d’une manière ou d’une autre par la Parole de Dieu, cela ne signifie pas qu’ils l’ont acceptée avec foi. Hérode était à la foi intrigué et ennuyé par ce que lui disait Jean-Baptiste, il aimait l’écouter; pourtant, en fin de compte, il joignit un meurtre à son adultère. Mais la force des prédicateurs fidèles de l’Évangile leur viendra de ce qu’ils ont été appelés par le Fils de Dieu en personne, et baptisés du Saint-Esprit, c’est-à-dire capables de convaincre des hommes et des femmes de péché, de les amener à la repentance, à la vraie foi et à l’obéissance fidèle selon le commandement de Dieu. De tels prédicateurs ne craindront pas la mort, car celui qui les envoie a vaincu la mort.

Et finalement, quelle récompense sera celle de tels évangélistes, de toute personne qui témoigne d’une façon ou d’une autre de l’Évangile de la résurrection? Elle sera d’être invité à prendre part à un banquet, à une fête. Quel contraste entre le festin d’Hérode et celui auquel ils ont été invités! Le banquet d’Hérode se termine par un crime sanglant et une vision horrifiante. Le plat principal du menu en est la tête décapitée d’un homme juste, d’un prophète de Dieu. Mais même si elles ne se terminent pas par une tragédie, comme dans notre récit, toutes les fêtes humaines où Dieu est absent finissent dans une forme de tristesse, dans quelque chose de douloureusement inachevé. Il n’en est pas de même avec le banquet de Jésus-Christ pour sa fiancée, l’Église qu’il a rachetée. Et maintenant, la tâche des enfants de Dieu est d’inviter à ce banquet tous ceux qui croisent notre chemin.

Le récit qui suit celui de la mort de Jean-Baptiste, dans l’Évangile selon Marc, au chapitre 6, raconte comment Jésus nourrit avec cinq pains et deux poissons une foule entière venue l’écouter. Lisons, pour conclure, le récit de cet avant-goût du festin éternel qui attend les enfants de Dieu :

« Comme l’heure était déjà avancée, ses disciples s’approchèrent de lui et dirent : Ce lieu est désert, et l’heure est déjà avancée; renvoie-les afin qu’ils aillent dans les campagnes et dans les villages des environs pour s’acheter de quoi manger. Jésus leur répondit : donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils lui dirent : Irons-nous acheter des pains pour deux cents deniers et leur donnerons-nous à manger? Et il leur répondit : Combien avez-vous de pains? Allez voir. Ils s’en informèrent et répondirent : Cinq, et deux poissons. Alors il leur commanda de les faire asseoir en groupes sur l’herbe verte, et ils s’assirent par rangées de cent et de cinquante. Il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et dit la bénédiction. Puis il rompit les pains et les donna aux disciples pour les distribuer à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre tous. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta douze paniers pleins de morceaux de pain et de poissons. Ceux qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes » (Mc 6.35-44).