Cet article sur Matthieu 2 a pour sujet la naissance de Jésus-Christ, Dieu et homme, le massacre des enfants commis par Hérode  et l'adoration des mages. Cette histoire de Noël annonce la venue du règne du Seigneur Jésus.

Source: Jésus-Christ lumière du monde. 4 pages.

Matthieu 2 - Jésus-Christ, Dieu et homme

Matthieu 2

« Méfions-nous de l’imaginaire de Noël. » Car, l’Évangile de la nativité de Jésus-Christ, Fils de Dieu et homme, nous offre une autre lecture des événements (et il faut accompagner cette lecture d’une interprétation). Autrement, nous risquons de ne forger qu’une légende pour émouvoir les cœurs tendres et rien de plus, en tout cas sans que le prodigieux message de Noël puisse nous apporter sa véritable « Bonne Nouvelle ».

Pour cette autre lecture, écoutons Giovanni Papini nous décrire, dans son Histoire du Christ l’étable où est né l’enfant de Bethléem.

« La pièce maîtresse de toute l’histoire de la nativité : Une étable ce n’est pas le portique avenant et léger que les peintres chrétiens, honteux du gîte sale et misérable où repose leur Dieu, élevèrent au fils de David. Ce n’est pas la crèche de plâtre qu’imagine aujourd’hui la fantaisie des marchands de statuettes, la crèche propre, bien en ordre, avec l’âne et le bœuf en pieuse extase, les anges déroulant sur le toit leurs banderoles et les deux groupes agenouillés des rois en manteaux et les bergers en capuchons. La crèche peut être le rêve des novices, le luxe des curés, le jouet des enfants, mais elle n’est pas l’étable où naquit Jésus. L’étable est la maison des bêtes, la prison des bêtes qui travaillent pour l’homme. La vieille et pauvre étable du pays de Jésus n’a ni piliers ni chapiteaux; elle ne sait rien du luxe de nos écuries; elle n’est pas la gracieuse chaumière des veillées de Noël. Elle n’a que ses quatre murs, son pavé sale, un toit de poutres et de tuiles, elle est obscure; on y respire l’odeur du bétail; rien n’est propre que la mangeoire où le maître prépare le fourrage… »

Telle est en vérité l’étable où Jésus vint au monde. Le lieu le plus souillé fut le premier séjour du seul Être pur né d’une femme. Le Fils de l’homme, qui devait être dévoré par des bêtes portant le nom d’hommes, eut pour premier berceau la crèche où les bêtes broient sous leurs dents les merveilleuses fleurs printanières. Et ce ne fut pas par hasard : la terre n’est-elle pas une immense étable où l’homme engloutit et digère? Les choses les plus belles, les plus pures, les plus divines, une infernale alchimie ne les transmue-t-elle pas en fumier? Monceau d’ordures où l’on se couche ensuite; et c’est là en langage humain « jouir de la vie ». Et en un tel monde, taudis précaire dont les ornements ne peuvent cacher la souillure, Jésus parut une nuit, né d’une vierge, sans tache, armé seulement d’innocence.

Le reste du récit biblique de la nativité n’est pas plus enjolivé, et il risque fort de nous décevoir. Aussi méfions-nous de l’imaginaire de Noël et de nos propres célébrations de la fête chrétienne. Oui, certes, à chaque Noël des âmes nobles élèvent leurs voix pour protester contre la vulgaire commercialisation de Noël. Mais elles n’en restent que là.

Sans doute se contentent-elles de leurs fêtes de jadis, d’il y a 30 ou 40 ou 60 ans! Mais cela leur permet-il de saisir, chaque année de nouveau, le sens véritable de Noël? Car il n’y a pas que le grossier matérialisme qui enlaidit la fête de l’incarnation. La démission dans le romantisme et les fuites dans les souvenirs nostalgiques du passé trahissent aussi le sens de la nativité.

Faisons donc une autre lecture de Noël, c’est-à-dire des pages de l’Évangile de la nativité. Mais je vous préviens que ce ne sera pas une partie de plaisir. Nous ne nous complairons pas dans les évocations idylliques. Certes, l’Évangile nous parle des chœurs célestes, des hommes venus d’Orient et de leurs cadeaux généreux. Mais l’Évangile prend soin de souligner aussi tout le déploiement de l’hypocrisie humaine, la mesquinerie et la bassesse des uns et des autres, les intrigues politiques les plus basses et même un massacre d’enfants innocents. Comme si l’Évangile avait l’intention de gâcher notre plaisir de Noël en nous rapportant des faits divers qui, plus que tristes, sont inhumains et cruels. Comme s’il avait décidé de nous décourager, une fois pour toutes, de tout ce folklore et de tous ces naïfs et irréalistes chants de Noël qui n’ont rien à voir avec la véritable histoire de Noël. Il n’y a pas eu de « douce nuit » à Noël. L’Évangile selon Matthieu contient dès ses premières pages la déclaration de guerre faite par le Dieu souverain du monde et des hommes. L’enfant qui voit le jour dans l’étable souillée sera le Seigneur universel devant qui viendront s’agenouiller les grands et en qui les humbles reconnaîtront leur unique Libérateur. Dieu refuse ainsi aux hommes apostats — potentats et monarques de malheur — d’affirmer leur force brutale et d’établir leur hégémonie monstrueuse.

En voici un : Hérode. Comme écrit Papini :

« Il est le monstre, l’un des plus perfides qu’aient jamais vomi les déserts d’Orient. Un barbare qui rampait devant Rome et singeait les Grecs pour assurer son pouvoir sur les Juifs. Fils d’un traître, il avait usurpé le trône des malheureux Asmodéens et, pour légitimer sa royauté, il épousa une de leurs nièces, Mariamne, qu’il tua par la suite, sur d’injustes soupçons. Ainsi, il fit tuer tous les enfants au-dessous de deux ans qui se trouvaient à Bethléem, ou dans les environs, pour éliminer brutalement un rival jugé dangereux en la personne de l’enfant Jésus. Mais Dieu veillait. La fuite en Égypte, terre des infamies et des splendeurs anciennes, pays de prodiges, né de l’eau, brûlé de soleil, arrosé du sang des peuples, habité par des bêtes de toutes formes, pays absurde et surnaturel, l’Égypte était, par raison de contrastes, l’asile prédestiné du fugitif. »

Hérode, lui, restera à nos yeux comme le prototype même de l’anti-Christ.

Pourquoi l’évangéliste Matthieu inclut-il tous ces sombres événements qui nous choquent encore deux mille ans après? Pourquoi explore-t-il avec autant d’insistance le gouffre de dépravation de l’âme humaine? Simplement parce qu’il nous montre que cette dépravation, comme toutes les dépravations humaines et tous les crimes commis, de quelque nature qu’ils soient, sont les révoltes insensées d’hommes mortels contre le Dieu puissant, Créateur et Maître de l’univers. À la lumière de la puissance divine et de celle de l’enfant né dans la crèche, nous nous rendons compte (j’espère dans la foi) de toute l’absurdité de l’incroyance des hommes et de l’impotence foncière des grands de ce monde. Ils n’atteindront pas leurs projets et leurs desseins ne se réaliseront point. Il y a une futilité absolue dans l’acharnement à combattre Dieu et son Christ. Bien entendu, la bataille fera rage, mais écoutez l’ange qui apparaît à Joseph, le père adoptif de Jésus, pour lui annoncer : « Va, prends le petit enfant et sa mère, et retourne au pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts » (Mt 2.20). Hérode a péri, et tous les anti-Christ disparaîtront à leur tour pour toujours. Seul restera Jésus, le Christ de Dieu, celui que, depuis deux mille ans, l’Église universelle acclame comme son Seigneur et reconnaît comme son unique Sauveur.

Oui, il y eut massacre d’enfants sans défense. Les cris douloureux des jeunes mères ayant perdu leurs petits déchirèrent les cieux. Des scènes horribles se déroulèrent un jour ou une nuit où coula le sang d’enfants innocents, et nous n’oublierons pas ces faits tragiques qui entourent la naissance de Jésus-Christ. Mais il s’agit de les interpréter correctement. Le crime d’Hérode, son crime principal fut perpétré contre Dieu. À cet égard, l’histoire de Noël ne peut résonner à nos oreilles ni comme une touchante historiette ni comme le reportage d’un fait divers atroce. Elle est avant tout une page de philosophie de l’histoire. Elle met à nu les motivations et la bassesse de tous les despotes iniques qui ont souillé la terre des hommes. Elle montre que tout crime perpétré contre l’homme est d’abord révolte insensée contre Dieu. Là-dessus, Noël nous révèle déjà la fin tragique et désastreuse qui attend tout criminel.

Arrêtons-nous cependant devant le portrait des mages. Qui étaient-ils? Combien furent-ils? Nous n’en savons rien. Certainement pas trois, ou quatre, ainsi que le prétend une légende populaire. Ils n’étaient pas des rois et pas forcément des astrologues. C’étaient des sages. Sans doute appartenant à cette classe que le palais du roi Neboukadnetsar, six siècles auparavant, avait recrutée tel un groupe d’experts de l’époque! Une équipe d’hommes sensés et capables qui, des siècles plus tard, apparaissent sur la scène de l’histoire au moment même où toutes les sagesses de l’époque — y compris la grecque et la romaine — avaient fait faillite et où tout homme réfléchi savait que l’impasse de la mort était infranchissable. Or, ces mages d’Orient, eux, se mettent en route, remplis d’un espoir immense pour rechercher l’enfant-roi des juifs et pour l’adorer. Les cadeaux qu’ils lui apportèrent sont non seulement la preuve de leur libéralité, mais surtout de leur sagesse. De l’or, qu’on offrait qu’à des rois. De l’encens, qui appartenait au domaine du sanctuaire et à ses offices. Ils reconnaissaient donc en ce petit enfant le véritable souverain Prêtre, l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes. Enfin de la myrrhe, ce parfum précieux utilisé pour embaumer les corps. Dans le cas de Jésus, elle était le signe prophétique que l’enfant était non seulement le Prêtre souverain, mais encore le sacrifice offert.

À une époque où, une fois de plus, les sages selon le monde détruisent l’univers, la civilisation, et s’acharnent à vouloir fonder un empire mondial et unique, les mages d’Orient, venus adorer l’enfant Jésus nous redisent avec le prophète du Vieux Testament qu’il est « l’Admirable, le Conseiller, le Dieu Tout-Puissant, le Prince de la paix », et que « le gouvernement sera établi sur ses épaules » (És 9.5-6).

Quel est le message de Noël? De cette histoire différente de toutes les autres histoires émouvantes et dramatiques, c’est l’interprétation qui compte, celle de Jean le Baptiste qui, quelque trente ans plus tard, s’adressait à la foule dans le désert : « Repentez-vous, car le Royaume des cieux est proche » (Mt 3.2). Oui, c’est exactement cela : l’enfant Jésus couché dans la crèche n’est autre que le Roi de l’univers. Il fut reconnu comme tel par les mages d’Orient et combattu comme un rival dangereux par le roi Hérode.

Le message de Noël souligne une fois de plus le rapport entre le ciel et la terre et met à jour l’hostilité de Satan contre Dieu. En effet, le Christ était venu pour apporter non pas la paix, mais le feu. N’y aurait-il donc pas de paix parmi les hommes de bonne volonté? Oui, certes, mais celle de Dieu, non une paix de compromission. Il ne peut pas y avoir de paix pour les hommes qui pactisent avec le mal. La paix ne sera accordée qu’à celui qui se repent et qui croit au Royaume du Christ. Mais pour celui qui s’obstine à se dresser contre Dieu et son Christ, Noël est un message de calamité, l’annonce du jugement qui atteindra les rebelles.

C’est dans la foi en l’enfant de Bethléem, véritable Seigneur de notre univers, que nous pourrons célébrer Noël en tant que la fête de la lumière divine et de la paix, sachant que sa victoire est certaine contre tous ses adversaires et contre les nôtres, et que nous pouvons déjà l’adorer comme notre Seigneur et le reconnaître comme notre Libérateur. Alors disons-nous les uns aux autres : Joyeux Noël. Christ est Seigneur!