Cet article sur Matthieu 26.29 a pour sujet la célébration de la sainte Cène qui proclame, promet et prépare l'espérance de notre glorieux avenir lors du festin des noces de l'Agneau avec son Église à son retour glorieux.

Source: La Parole et les sacrements. 4 pages.

Matthieu 26 - Le banquet messianique

« Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. »

Matthieu 26.29

Lorsque l’Église chrétienne célèbre la sainte cène, elle le fait, la plupart du temps, en regardant vers le passé pour commémorer le dernier souper de Jésus avec ses disciples ou pour se réjouir simplement au moment présent de la célébration. Il lui arrive parfois soit d’oublier soit de négliger la troisième dimension de la sainte cène, qui est aussi réelle et aussi essentielle que les deux autres : sa dimension future. Car dans la sainte cène nous avons aussi la promesse d’un accomplissement futur, quelque chose qui nous manque encore à présent, mais qui sera réalisé à l’avenir.

La dernière cène que le Seigneur partagea avec ses disciples est liée au souper des noces de l’Agneau. Ce regard vers le futur n’est pas une idée étrange ou chimérique; bien au contraire, c’est le Seigneur lui-même, celui qui a institué le sacrement, qui nous presse de faire cela. Rappelons-nous que, parmi les quatre récits nous rapportant le dernier souper, trois contiennent une salutation, un au revoir. Le Seigneur, sur le point de partir, donne un rendez-vous. Il promet à ses disciples, donc à nous, de revenir parmi eux. Il sera à nos côtés lorsque la terre avec tout ce qu’elle contient ainsi que les cieux et l’univers tout entier « passeront », et il nous souhaitera la bienvenue dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre qu’il aura établis, son Royaume de justice, de paix et de sainteté.

Remarquons que, dans les Évangiles selon Marc et selon Matthieu, ce rendez-vous est associé à la coupe.

« Il prit ensuite une coupe, et après avoir rendu grâces, il la leur donna en disant : Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Mt 26.27-29).

Dans l’Évangile selon Luc, les mêmes paroles apparaissent dans le même contexte, mais associées à un discours qui les précède. Une première coupe y est mentionnée avant le repas et avant de rompre le pain. Puis, un peu plus tard, une deuxième coupe est passée, cette fois-ci à la fin du repas. Nous comprenons que, même avant le commencement du repas, Jésus avait mentionné le repas qui serait mangé dans le futur Royaume. « Car je vous le dis, je ne la mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu » (Lc 22.16).

À présent, en leur offrant la première coupe, qu’il leur demande de partager, il appelle leur attention vers une perspective future : il y aura une fête, un grand banquet, un joyeux repas, où prendront part tous ses rachetés.

Les deux coupes mentionnées dans l’Évangile selon Luc faisaient partie du rituel juif. Nous savons que, durant le repas de la Pâque, quatre coupes devaient être partagées entre les participants. Mais dans le cas du dernier repas de Jésus avec ses disciples, elles sont là, avant tout, pour signaler un autre jour, une date dans le futur.

Pourquoi une coupe? Quelle est sa signification pour nous dans un tel contexte? Pour tout Israélite de cette époque, partager une coupe avec quelqu’un signifiait partager son destin. Rappelons-nous, par exemple, les paroles du Christ aux fils de Zébédée : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire? » (Mc 10.38). Et à nouveau, dans sa prière au jardin de Gethsémané : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi » (Mt 26.39), ce qui signifie « ne m’abandonne pas dans une destinée aussi tragique… » Quelques heures plus tard, lorsque Pierre frappa l’officier du grand-prêtre, Jésus dit à son impétueux disciple : « Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée? » (Jn 18.11). Ce qui signifiait : Je suis prêt à accepter ma destinée, à affronter mon procès, à être submergé dans l’épreuve, qui signifie pour moi la séparation d’avec le Père, donc véritablement l’enfer… Mais je boirai de cette coupe.

Nous comprenons à présent que la coupe qu’il passa à ses disciples était le symbole, le signe matériel de sa destinée comme Seigneur aussi bien que comme Sauveur. Jean et Jacques ne pouvaient pas marcher vers la croix et mourir pour le salut des hommes. Jésus devait gravir seul le Calvaire et y mourir seul. C’était là le but de sa venue parmi les hommes.

Durant ces derniers temps, il a ardemment désiré partager un repas avec ses amis, et il profite de cette occasion pour leur faire une promesse extraordinaire : « Je vous associe tous avec mon Royaume juste, saint et parfait. Ne vous effrayez pas. Votre avenir est assuré; il sera identique au mien; votre héritage est garanti. »

Cette même promesse nous est aussi donnée à nous, ses disciples, ainsi qu’à chaque disciple au cours des vingt derniers siècles. Réjouissons-nous donc et soyons dans l’allégresse pour cette fête à laquelle le Seigneur nous convie et du fait que cette heureuse célébration proclame, promet et prépare notre glorieux avenir.

C’est un « repas de noces ». Cette expression semble plutôt étrange, pour un événement de dimensions cosmiques. Mais rappelons-nous qu’une cérémonie de mariage signifie la fin de toute distance, de toute séparation, de tout isolement. Elle signifie la réalisation concrète d’une communion permanente. Pour l’instant, et malgré notre tristesse, malgré tout ce qui nous blesse, qui nous cause une peine profonde, d’autant plus profonde que personne ne la connaît ou ne la comprend, quelles que soient les luttes qui se déroulent en nous et autour de nous, malgré notre cœur tremblant, nous savons, à cause de la promesse de notre divin Maître, qu’il y aura une fin à toutes nos luttes. Le poison qui nous est injecté dans le temps présent n’est pas mortel et il ne durera pas pour toujours.

Quelquefois, Dieu peut nous sembler lointain et même étranger. Mais un jour, lorsque nous le verrons dans toute sa perfection, nous le connaîtrons comme nous sommes connus de lui. Il apparaîtra dans la totalité de sa grâce, dans la profondeur, la hauteur et la largeur, l’inscrutable richesse de son amour. Nous ne douterons plus de sa miséricorde, nous ne contredirons plus sa sainte et puissante Parole et nous ne tenterons plus de nous dérober à sa vue. La fête des noces sera remplie d’une joie indescriptible et parfaite, sans ombre aucune. Oui, tout ce qui est actuellement triste, laid et angoissant dans nos vies disparaîtra complètement et pour toujours.

Pourquoi tous ces discours sur le futur? Il est possible que certains demandent encore des questions routinières et désarmantes telles que : N’avons-nous pas beaucoup de choses à accomplir? Beaucoup de tâches humanitaires à remplir chaque jour? À quoi bon tous ces discours chrétiens insistant lourdement sur une future et lointaine utopie qui a même fini par perdre son charme? Ne sommes-nous pas des êtres adultes, assez forts pour faire face à nos problèmes de chaque jour et achever notre destinée ici et maintenant? Nous avons tous entendu de telles questions.

Plus affligeantes et désarmantes encore que les objections des non-chrétiens sont celles qui viennent de l’intérieur même de l’Église. Pourquoi croirions-nous — disent, sceptiques, certains de ses membres — à des promesses qui n’ont pas été réalisées depuis deux mille ans et qui ne le seront peut-être pas dans le cours du prochain millénaire? Combien de chrétiens veulent oublier ce « beau rêve qui ne remplit pas les estomacs »? Ils refusent de rêver et sont déterminés à être actifs afin d’établir le Royaume sur cette terre le plus tôt possible! Quelle serait l’utilité de prêcher la Parole? Pourquoi simplement prêcher? Nous avons besoin d’action, de changer les conditions sociales, économiques, politiques… Je pourrais continuer de la sorte et mentionner nombre de tentations qui deviennent diaboliques lorsqu’elles nous arrachent à l’espérance vivante, à notre bienheureuse espérance, mais je préfère rester positif dans mes affirmations avant de conclure ce message.

Nous savons aujourd’hui, tandis que nous parlons des futures noces de l’Agneau, que nous ne nous abandonnerons pas à notre imagination lui laissant le soin de bâtir une utopie de plus… Notre glorieuse espérance n’est pas une utopie, car elle est liée à un endroit particulier de cette terre. Rappelons-nous que le mot utopie signifie « sans lieu ». Or notre espérance est liée à un lieu géographique bien réel, elle a une adresse : la colline du Golgotha. C’est là, sur la croix, que l’Agneau de Dieu a ôté les péchés du monde.

L’Agneau de Dieu a changé le cours complet de l’histoire, et le monde dans lequel il est venu a commencé déjà à être transformé. Par sa Parole et par la puissante opération de son Esprit, il a détruit le pouvoir du mal et a brisé les ténèbres et la violence de toutes les pensées rebelles contre le Dieu tout-puissant.

L’avenir que nous attendons et après lequel nous languissons est bâti sur un fondement très ferme. Le Saint-Esprit est déjà en train de renouveler nos corps mortels. Chaque fois que nous franchissons une nouvelle étape vers la mort, nous sommes assurés que nous sommes plus près du pouvoir de sa résurrection. Notre vie dans la foi n’est pas un simple « progrès du pèlerin »; mais il faut surtout y penser comme le Seigneur qui s’avance vers nous. Il vient, notre avenir est prêt; chaque fois que nous prions en demandant « que ton règne vienne », chaque fois que nous partageons ce pain et cette coupe, chaque fois que nous obéissons à sa Parole et honorons son très saint nom, nous sommes déjà dans son Royaume.

Si le divin hôte reste encore invisible, il est déjà réellement présent. L’épouse céleste est annoncée : Nous devons nous réveiller et allumer notre lampe pour être prêts à son arrivée.

En attendant, il ne va sans doute pas nous donner tout ce que nous désirons, mais dans ce morceau de pain et dans cette coupe de vin, il a inclus toutes les grâces dont nous avons besoin.

Lui, le Seigneur du ciel et de la terre, en qui sont cachés tous les trésors de la divinité, nous offre notre pain quotidien et assez de boisson pour nous désaltérer aujourd’hui. Ce ne sont là que de simples, de modestes ingrédients, mais lorsque nous les prenons entre nos mains, nous possédons une assurance sûre et certaine; il donne ce pain et ce vin à ceux qui sont affamés de sa justice et assoiffés de sa présence. Nous savons qu’il y a là plus qu’un morceau de pain et qu’une coupe de vin. Pour pouvoir m’offrir ces sacrements, mon Sauveur dut tout d’abord offrir sa divine personne. Dans le pain et dans la coupe, au-delà de ces modestes éléments matériels, nous devenons un avec lui, nous nous trouvons devant sa présence réelle. C’est pourquoi nous pouvons goûter combien le Seigneur est bon et confesser avec l’apôtre Paul : « Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi tout avec lui par grâce? » (Rm 8.32).