Cet article sur Matthieu 26.37 a pour sujet le sacrifice de Jésus, son angoisse et ses souffrances incomparables devant l'abandon du Père, afin que nous ne soyons jamais abandonnés par Dieu et toujours en communion avec lui.

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Matthieu 26 - Le sacrifice unique de Jésus

« Et il commença à être saisi de tristesse et d’angoisse. »

Matthieu 26.37

Lorsque nous pensons à ce que les gens ont enduré tout au long de l’histoire, nous pourrions conclure que d’autres ont souffert autant, sinon plus que Jésus. D’autres que lui ont été incompris, calomniés, abandonnés, trahis, ridiculisés, battus et crucifiés. Il y a des gens qui ont souffert une mort plus atroce. Cependant, il y a quelque chose dans les souffrances de Jésus qui est tout à fait unique.

La première indication que nous avons de la profondeur des souffrances de Jésus, c’est le changement qui est survenu dans la réaction de notre Sauveur face à ses souffrances. Tout au long de son ministère public, Jésus n’a pas eu de difficulté à faire la volonté de son Père ni à endurer la haine et le mépris de ses ennemis. Cependant, à mesure que l’heure de son arrestation et de sa crucifixion approchait, notre Sauveur a commencé à lutter. En Matthieu 26.37, nous voyons qu’au moment où Jésus est entré dans le jardin de Gethsémané, « il commença à être saisi de tristesse et d’angoisse », jusqu’à la mort. En Luc 22.44, nous voyons qu’il était « en proie à l’angoisse » et que « sa sueur devint comme des grumeaux de sang qui tombaient à terre ». Dans son agonie profonde, il a crié à son Père céleste, l’implorant d’éloigner cette coupe de lui. Pourquoi ce changement? Qu’est-il arrivé à notre puissant Sauveur?

Certains pensent que ce changement aurait été causé par des attaques démoniaques. Dans les chapitres qui précèdent la crucifixion de Jésus, il y a très peu de mentions explicites de l’œuvre du diable, mais, tout à coup, on nous présente Satan qui rôde autour. En Luc 22.3, nous voyons que « Satan entra dans Judas, appelé Iscariot ». Au verset 31, nous voyons que « Satan a réclamé » les disciples « pour les passer au crible comme le blé ». Puis au verset 53, nous voyons que les officiels juifs ont arrêté Jésus la nuit, car « c’est ici leur heure et le pouvoir des ténèbres ». Satan est en mission pour détruire. Serait-ce la cause de l’intense agonie de Jésus?

D’autres ont attiré l’attention sur le changement d’orientation que l’on voit apparaître dans la vie de Jésus. Jusqu’à ce moment-là, il s’était toujours concentré sur les besoins des autres : il prêchait aux foules, enseignait ses disciples, guérissait les malades ou chassait les démons. Cependant, tout a changé dans le jardin. À partir de ce moment, il a commencé à se concentrer sur ses propres besoins. Auparavant, il aidait les autres, et maintenant il implorait de l’aide pour lui-même. Aurait-ce été la cause de sa si grande détresse?

Ou serait-ce le fait qu’il connaissait tout ce qu’il allait bientôt souffrir qui l’a amené à expérimenter une telle agonie dans le jardin? Nous devons comprendre qu’aucune de ces choses n’était au cœur de la tristesse de Jésus. Il endurait les tentations du diable depuis le début de son ministère. Il avait fait face à l’incrédulité, au rejet et au reniement toute sa vie. Il était habitué à beaucoup de douleur et de souffrance. La source de la tristesse de Jésus ne se trouvait pas dans ce que les hommes étaient sur le point de lui faire subir.

Il était dans l’angoisse à cause de ce que le Père allait bientôt lui faire subir. Le Père était sur le point d’abandonner son propre Fils. Le lien d’intimité dont le Christ avait joui depuis toute éternité commençait à se désagréger. Jésus a prié « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe » (Lc 22.42). Cette coupe. Pas seulement la coupe de la colère de Dieu. Pas seulement la coupe de la rage débordante de Dieu contre le péché de tous ses enfants. C’était aussi la coupe de l’abandon. Jamais auparavant le Père ne s’était détourné de lui ni ne lui avait refusé l’accès auprès de lui, mais maintenant le Seigneur commençait à fermer les portes du ciel. À mesure que le Fils approchait de l’heure de son plus grand besoin, la chose qu’il désirait par-dessus tout, c’était de parler à son Père céleste. Il voulait son soutien, son réconfort, son amour, mais c’est précisément au moment où Jésus en avait le plus grand besoin que le Père a commencé à abandonner son propre Fils.

Nous devrions reconnaître que jamais nous ne pourrons sonder les profondeurs des souffrances de Jésus, car Dieu n’abandonnera jamais aucun autre croyant. Jésus a enduré cette punition à notre place. De notre côté, nous avons plutôt reçu la promesse certaine de Dieu : « Je ne te délaisserai pas ni ne t’abandonnerai » (Hé 13.5). Même si nous ne ressentons pas l’amour de Dieu, nous pouvons compter sur sa promesse certaine selon laquelle, à cause de l’œuvre de Jésus-Christ, nous sommes en communion éternelle avec le Père céleste, comme l’exprime admirablement une liturgie de la sainte Cène : « Il cria d’une voix forte : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” afin que nous soyons acceptés par Dieu et que nous ne soyons jamais plus abandonnés par lui. » Ce qui a causé une tristesse aussi intense à notre Sauveur, c’est d’avoir été abandonné par Dieu et d’avoir souffert la colère de Dieu à cause du péché.

Assurons-nous de ne jamais déprécier les souffrances et la mort de Jésus en les considérant seulement en termes humains. Plusieurs personnes attirent l’attention sur l’intensité des douleurs physiques de Jésus, sur la trahison de ses amis ou sur la haine brutale de ses adversaires, mais les souffrances et la mort de Jésus sont tout à fait uniques du fait qu’il est le seul à avoir été totalement abandonné par le Père et à avoir porté la colère de Dieu contre le péché.