Cet article sur la 2e béatitude en Matthieu 5.4 a pour sujet le bonheur de trouver consolation et encouragement auprès de Dieu en Jésus-Christ dans nos souffrances et dans nos tristesses de repentance.

Source: Les béatitudes. 3 pages.

Matthieu 5 - Heureux ceux qui pleurent - Deuxième béatitude

« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés! »

Matthieu 5.4

Quel défi porté à la souffrance humaine! Quand nous voyons un visage qui reflète la vraie douleur, nous nous sentons devant une réalité sainte. Nous avons peur d’aviver, par des paroles maladroites, la blessure qui saigne devant nous. « Il est rare que quelqu’un sache, lorsqu’il console, si c’est de l’huile ou de l’eau qu’il verse sur le feu », écrit un pasteur. La consolation humaine, fut-elle inspirée par les meilleures intentions du monde, peut causer des blessures plus profondes que l’ironie ou l’indifférence. Tous les grands connaisseurs de l’âme se sont exprimés avec la plus grande prudence à propos de toute consolation humaine. Notre volubilité risque de faire de nous, devant l’affliction du prochain, « des consolateurs fâcheux ».

Mais ici, c’est le grand Consolateur qui affirme : « Heureux ceux qui sont affligés. » Lui qui a pleuré comme tout homme, qui s’est identifié à nos peines et qui a porté nos afflictions, affirme : « Heureux ceux qui pleurent. »

Il y a des larmes mauvaises, comme celles de la colère injuste, de la jalousie et de la révolte, qui font le malheur de ceux qui les versent. Il y a les larmes qu’arrache la douleur de la séparation, celles de la souffrance physique ou d’un deuil. Les larmes aussi de l’échec versées sur des œuvres périssables. Ce sont des pleurs qui évoquent notre situation tragique d’êtres humains, les ravages que le péché a causés dans notre existence.

Jésus s’est approché de ceux qu’il a vu pleurer. Il est entré dans la chambre d’une fillette morte. Il a été ému devant le cercueil du fils unique d’une veuve. Il a versé des larmes devant la tombe d’un ami… Il y a ceux qui pleurent, encore très nombreux de nos jours, parce qu’ils souffrent de l’état de notre société, qui ressentent une douleur poignante devant tant d’indifférence, de veulerie, de cruauté et d’injustice. Ils se lamentent face au déchaînement des passions qui déferlent sur le monde comme un torrent tumultueux. Ils sentent sur leurs épaules le poids écrasant du péché humain et prennent le deuil à cause de la souffrance universelle.

S’il y a des larmes coupables, il y a aussi des larmes inutiles. Mais n’oublions pas qu’il y a aussi des larmes légitimes et fécondes. Ce sont elles qui peuvent accueillir la promesse de Jésus et s’approprier la béatitude. Il ne suffit pas d’avoir un chagrin intense; il faut encore qu’il soit ressenti pour la bonne cause. Et il n’y a pas de douleur plus profonde que celle du repentir. Pleurer son péché, être conscient de sa faute, verser des larmes pour le mal commis est un acte dû à notre connaissance de Jésus-Christ, qui nous fait mieux mesurer le prix de notre péché, qui a causé la mort sur la croix du Fils de Dieu.

Mais n’oublions pas que Jésus est le Consolateur par excellence, notre Avocat, qui intercède constamment en notre faveur auprès de Dieu. À cause de lui, Dieu ne nous tient plus pour coupables, mais nous accueille comme ses hôtes de marque, comme ses alliés. Il nous établit comme des témoins. Celui qui pleure de cette manière reçoit la promesse « qu’il sera consolé ». Sans Dieu, sans Jésus-Christ, il sombrerait dans la nuit, écrasé et perdu. Le Christ est venu nous redresser, nous donner la victoire, nous sauver. Notre visage baigné de larmes se tournera vers lui dans la clarté. Notre âme labourée par la souffrance verra naître le germe de la foi. Ces pleurs sont incompatibles avec les désirs naturels de l’homme. Il nous faut pleurer en esprit, c’est-à-dire nous convertir à Dieu, ce qui implique la demande de pardon.

Des milliers de gens souffrent et peut-être pleurent à cause du sentiment de leur culpabilité. Mais ils ne seront pas consolés, car ils se contentent de leurs remords. Ils versent des larmes pour s’être trompés, mais non pour avoir offensé Dieu. Il existe la tristesse selon Dieu et la tristesse selon le monde, qui précipite à la mort. Il y a eu les larmes de repentir de Pierre après son reniement, mais il y eut aussi les amers gémissements de Judas après sa trahison, qui le menèrent au suicide. Cette « tristesse selon le monde » fut la cause de sa ruine. Mais « Heureux ceux qui sont affligés, car ils seront consolés. »

« Quelle est ton unique consolation dans la vie et dans la mort? », interroge dès sa première page le célèbre Catéchisme de Heidelberg, qui nous vient de la Réforme protestante du 16e siècle. Et voici la réponse de la foi :

« C’est que, soit dans la vie soit dans la mort, j’appartiens corps et âme non pas à moi-même, mais à Jésus-Christ mon fidèle Sauveur, qui par son sang précieux a parfaitement satisfait pour tous mes péchés, qui m’a délivré de toute la puissance du diable et qui me garde si bien, qu’il ne peut tomber un seul cheveu de ma tête sans la volonté de mon Père céleste; davantage, que toutes choses doivent servir à mon salut. C’est pourquoi il me donne par son Saint-Esprit l’assurance de la vie éternelle et me forme à vivre désormais pour lui de tout mon cœur. »

S’il existe de fausses larmes, il existe aussi des consolations trompeuses. À la place de cette consolation divine, qui accueille la béatitude, nous risquons de nous contenter de pseudo-consolations psychologiques, ou encore de divers tranquillisants relevant du domaine de la parole vaine, ou même de celui de la pharmacopée inefficace.

Selon l’Écriture sainte, Dieu Père, Fils et Saint-Esprit est la source unique de toute consolation, Dieu consolera. Il réserve sa grâce à nos requêtes, sa réponse à nos questions. Parfois, il laisse le temps s’écouler avant de panser nos blessures, car il y a des blessures qui doivent saigner avant de pouvoir être guéries. Mais lorsque Dieu console, il fait de nous des êtres différents.

Le mot « consolation » renferme un second sens qu’il ne faudrait pas oublier. Un sens fort, viril, qui n’est pas une simple attitude compatissante envers nos faiblesses, une condescendance sentimentale. Il signifie également encouragement. Dans l’original grec, un seul mot contient les deux sens : consoler et encourager. La consolation de Dieu est donc encouragement et c’est de ce dernier que relève la richesse et la solidité de la consolation du chrétien. Lorsqu’au sein de la tristesse nous nous approcherons de lui, la joie qui en résultera ne sera pas un sentiment fragile et vite oublié, mais une force, celle de l’encouragement, de la stimulation, de la pensée renouvelée, d’une aventure exaltante. La flamme vacillante s’avivera pour devenir une lumière éclatante. Notre existence tout entière sera saisie par cette divine force et enveloppée de sa pure beauté.

À tel point qu’à notre tour, ainsi que l’écrivait l’apôtre au début de sa lettre aux Corinthiens, nous serons en mesure de consoler les affligés :

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père compatissant et le Dieu de toute consolation, lui qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation que nous recevons nous-mêmes de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans toute sorte d’afflictions! Car, de même que les souffrances de Christ abondent pour nous, de même aussi notre consolation abonde par le Christ » (2 Co 1.3-5).

Voici la plénitude du bonheur que nous offre le Christ, le Fils de Dieu. Notre foi n’est pas un ornement superficiel. Elle en est le fondement. Si elle ne l’était pas, il n’y aurait aucune consolation pour aucune de nos afflictions. Il n’y aurait que des larmes, une douleur constamment avivée…

Pleurons, mes amis, pleurons de cette manière évangélique afin de vivre de sa béatitude; n’oublions pas que le sang du Christ, notre Sauveur, nous purifie de tout péché.