Cet article sur Matthieu 6.10 a pour sujet la prière pour que se fasse la volonté de Dieu sur la terre et dans nos vies. Cette prière est très exigeante, car nous sommes portés à résister à sa volonté, mais celle-ci est bonne et parfaite.

Source: La prière en Esprit. 4 pages.

Matthieu 6 - Que ta volonté soit faite

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

Matthieu 6.10

Songeons à ce que cette nouvelle requête véritablement extraordinaire signifie pour celui qui s’adresse à Dieu.

La volonté de Dieu est parfaitement accomplie au ciel. Aucune rébellion, aucune disharmonie n’y sont tolérées. C’est pour un accomplissement semblable de la sainte volonté de Dieu sur terre que nous sommes invités à prier.

N’oublions pas que celui qui nous l’enseigne a été le premier à l’accomplir parfaitement sur la terre comme elle l’est au ciel. Il pria dans l’ombre mortelle du jardin de Gethsémani : « Père, que ta volonté soit faite et non la mienne » (Lc 22.42). Quelques heures à peine après avoir prié, il gravit le sommet du Calvaire et se laissa clouer sur une croix. Aucun prix ne lui sembla trop élevé pour l’accomplissement parfait de la volonté de son Père. C’est parce qu’il prit la requête du Notre Père au sérieux qu’il s’offrit pour le salut du monde.

Nous devrions savoir, nous autres disciples de Jésus-Christ, que cette prière est encore plus redoutable que les deux premières. Ne la prononçons donc pas hâtivement et à la légère. Elle peut supposer un bouleversement total de nos habitudes, elle peut exiger de nous un prix énorme. Individuellement, dans notre vie de famille, dans notre travail ou dans l’élaboration de nos projets, il faut la prendre tout à fait à la lettre. Et si nous le faisons, nous avons de fortes chances de connaître un isolement pénible, de déclencher contre nous de solides inimitiés et même d’être matériellement ruinés… Si la volonté de Dieu s’accomplissait parfaitement sur terre, nous verrions sans doute de très nombreux foyers chrétiens connaître une véritable révolution! Si elle s’appliquait au sein de la société, il devrait y avoir de dures et coûteuses transformations. Et que dire des Églises chrétiennes? Combien d’entre elles subsisteraient? Combien d’entre elles traverseraient le feu de l’épreuve? Si la volonté de Dieu s’accomplissait au milieu d’elles, il n’y aurait pas seulement des transformations de surface, mais des bouleversements, des disparitions pures et simples, même là où l’on s’y attendrait le moins…

Oui, combien d’entreprises ecclésiastiques devraient à jamais renoncer à leurs « réussites », à leur prestige, à leur triomphalisme, si elles se mettaient sérieusement à accomplir la volonté de Dieu!

Dieu est un être de volonté et non pas une force aveugle et impersonnelle; encore moins l’équivalent chrétien du hasard. Son intelligence et sa volonté opèrent en faveur du monde qu’il a créé ainsi que de l’homme qu’il est venu sauver. Sa volonté et sa puissance exécutent tout ce qu’il a décidé à l’avance.

Sa relation avec sa créature, le but qu’il lui assigne, les tâches qu’il définit et lui confie sont quelques-uns des desseins éternels qu’il poursuit au cours des âges et qu’il accomplit au temps fixé.

La volonté de Dieu peut être connue clairement, car elle a été admirablement résumée dans le sommaire de la loi que Jésus en personne offrait à ses auditeurs : aimer Dieu de toute sa force, de toute son âme et de toute son intelligence; aimer aussi son prochain comme soi-même.

La volonté de Dieu se trouve en parfaite harmonie avec tout son être divin. Aucun conflit n’oppose les actes volontaires de Dieu à des actes qui seraient « accidentels ». Dieu est celui qui a le vouloir et le pouvoir. « Notre Dieu est au ciel, il fait tout ce qu’il veut », déclare l’auteur du Psaume 115. En outre, cette volonté est bonne, car Dieu est bon. Il est lumière et il n’y a pas trace en lui de ténèbres. Il est la somme de toute la sagesse; il surpasse toutes nos intelligences; il est amour qui conquiert et qui défend. Dans sa lettre aux Romains, saint Paul écrie :

« Je vous exhorte, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait » (Rm 12.1-2).

Dieu abhorre toute forme de mal et ne se réjouit que dans le bien. Mais si le mal est présent dans le monde, parce qu’il le permet, comme il tolère encore l’existence du péché, il n’échappe ni à sa connaissance ni à son pouvoir. Sur ce chapitre, nul ne peut demander à Dieu de lui rendre des comptes et encore moins prétendre le tenir en échec. « Tu me diras donc : Qu’a-t-il encore à blâmer? Car qui résiste à sa volonté? Toi plutôt, qui es-tu pour discuter avec Dieu? », écrit encore saint Paul dans sa lettre aux Romains (Rm 9.19-20).

Nous ignorons, bien entendu, l’heure de notre mort ou même de quoi sera fait le lendemain. Nous ignorons aussi le conseil éternel de Dieu, sauf ce qui en est expressément révélé dans l’Écriture. Mais nous trouvons précisément dans cette dernière la volonté parfaitement intelligible et claire de notre Dieu. Elle nous dit ce qu’elle attend de nous. Elle révèle le salut et le moyen de l’obtenir :

« La grâce de Dieu a été abondamment répandue sur nous par toute espèce de sagesse et d’intelligence, nous faisant connaître le mystère de sa volonté selon le bienveillant dessein qu’il avait formé en lui-même pour mettre à exécution, lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ » (Ép 1.8-10).

C’est encore l’apôtre Paul que je viens de citer dans un texte de sa lettre aux Éphésiens. De son côté, dans l’Évangile selon saint Jean, Jésus déclare :

« La volonté de celui qui m’a envoyé est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je le ressuscite le dernier jour. La volonté de mon Père est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle. » (Jn 6.39-40). Sans tomber dans des abstractions, Jésus précisait ailleurs : « Ceux qui me disent Seigneur, Seigneur, n’entreront pas tous dans le Royaume, mais ceux qui font la volonté de mon Père » (Mt 7.21).

Si Dieu n’écoute pas la prière des pécheurs impénitents, il exauce les supplications de ceux qui ont décidé de se soumettre à sa volonté. Celui qui persévère au cœur de la tribulation accomplit la volonté de Dieu et reçoit la promesse de participer à la victoire finale. La volonté de Dieu est par conséquent clairement connue de tous ceux qui se mettent à l’écoute de la Parole.

Mais que signifie exactement qu’elle soit accomplie sur terre? Certains chrétiens prétendent qu’il serait superflu de lui demander l’accomplissement de sa volonté puisque, de toute manière, elle est exécutée, et combien plus parfaitement, dans le ciel. Précisons donc que cette prière concerne d’abord nos propres vies et non pas Dieu. Nous nous expliquons. Dieu a offert son Fils unique afin que sa volonté se fasse parfaitement dans son univers. La seule raison qui fait que notre univers subsiste jusqu’à ce jour en dépit du mal est celle d’établir et de manifester la parfaite rédemption que Dieu, en son Fils Jésus-Christ et dans la communion de son Saint-Esprit, a entrepris de mener à terme.

L’historien devrait écrire les pages de l’histoire de l’humanité par rapport au sacrifice expiatoire du Fils incarné de Dieu, car lorsque le dernier chapitre de l’histoire sera achevé, la troisième requête du Notre Père, « que ta volonté soit faite », en sera la conclusion, car la volonté de Dieu aura enfin été faite.

En attendant, elle est bien difficile à prier pour nos propres vies. N’importe quel jour peut faire déferler sur nous des tempêtes dévastatrices, prêtes à nous engloutir, à nous emporter dans leurs flots… Nous sommes secoués sans cesse. Que de peines qui nous tenaillent, que de fardeaux qui nous accablent! Chacun d’entre nous fait et fera encore l’expérience de ce côté sombre et terrible de l’existence. Nous aurions souhaité une route plus facile, tracée en ligne droite. Nous nous interrogeons avec raison sur le pourquoi du mal. Pourvu que nous posions cette question comme l’interrogation légitime de la foi et non pas comme un défi lancé à la face de Dieu! Que dire ici si ce n’est que, fort de la foi, instruit par l’Écriture, chacun d’entre nous a une place désignée dans l’immense dessein divin et que jamais son plan de rédemption n’inclut et n’exclut personne sans que chacun d’entre nous serve, consciemment ou même à son insu, les desseins cosmiques toujours bienveillants du Dieu qui est devenu en Jésus-Christ le Père de son peuple élu.

Nous devons reconnaître et accepter que la place qui nous sera accordée ne sera pas nécessairement une place confortable. Mais s’il l’a choisie pour nous, nous devons l’accepter de ses mains paternelles comme l’évidence d’une volonté qui, en dépit de toutes les apparences, demeure sage, bonne et parfaite. Dieu opère de manière mystérieuse à l’aide de la maladie, du deuil, d’amères déceptions, de ruptures intolérables, afin que sa volonté, toujours bonne, s’accomplisse sur cette terre comme elle l’est dans le ciel. Nous saisissons par la foi, bien qu’obscurément, que ses compassions sont infinies.

Pour pouvoir lui adresser la troisième requête du Notre Père, il faudrait surmonter nombre d’obstacles et même de résistances volontaires. Laissons agir Dieu avec sa souveraine liberté. Nous aurons à discerner et à découvrir la grâce de Dieu qui opère les divisions indispensables et qui montre parfois du doigt notre résistance insensée à sa volonté.

Dans l’attente de la rénovation totale de toute la réalité créée, cherchons avec une sainte inquiétude à accomplir la volonté du Père. Dans la mesure où elle sera faite sur cette terre, vallée de larmes, elle sera transformée déjà en un bout de ciel. Chrétiens, mes frères, nous savons, parce que le Christ l’a dit et que l’Écriture y rend sans cesse témoignage, que Dieu, notre Père, manifeste une volonté toujours parfaite, bonne et sage qui nous soutient dans notre fragilité et nous arrache aux griffes mêmes de la mort.