Cet article sur Matthieu 6.10 a pour sujet la prière pour la venue du règne de Dieu qui a déjà établi lors de la première venue de Jésus, qui progresse par la puissance de sa Parole et de son Esprit et qui sera complété à son retour.

Source: La prière en Esprit. 4 pages.

Matthieu 6 - Que ton règne vienne (1)

« Que ton règne vienne. »

Matthieu 6.10

L’un des plus beaux rêves de l’humanité a toujours été celui de bâtir un monde unifié et une humanité unie, mais ce rêve s’est toujours et inévitablement écroulé, laissant dans l’amertume les utopistes et les rêveurs… Ces visions lumineuses s’évanouissent toujours, inévitablement enfouies dans de sombres nuages, et les idées les plus belles et les meilleures n’ont jamais pu voir le jour.

Il en a été ainsi de tout temps et l’Évangile y fait allusion avec réalisme : « Une maison divisée contre elle-même ne peut pas subsister » (Mc 3.25). Pourtant, cet Évangile réaliste à double titre n’a pas renoncé à un monde uni ni à une humanité nouvelle. Les chrétiens qui l’écoutent, le lisent et en vivent ont plus que jamais le droit d’espérer; d’espérer même en temps de tension internationale, au milieu des incessantes rumeurs de guerre et même au milieu de guerres dévastatrices. Ils sont les seuls à pouvoir affirmer qu’un monde uni est sur le point de voir le jour.

Il ne s’agit pas simplement d’un espoir, d’un rêve utopique, mais d’une réalité concrète et tangible. Certes, aucun chrétien sérieux n’identifiera ce monde-là avec les expectatives chimériques des Nations Unies. Le Royaume ne nous sera pas donné grâce à la bonne volonté des hommes; il nous sera offert par la main de Dieu. L’Évangile nous parle d’un monde qui est tragiquement divisé, moins à cause de la guerre entre peuples et nations que du fait de l’opposition fondamentale entre Dieu et son principal adversaire : Satan.

Mais l’Évangile rétablit la paix entre Dieu et les hommes. En d’autres termes, ce monde-là s’appelle le Royaume de Dieu. Le Christ s’est offert sur la croix pour que ce monde et le règne de Dieu deviennent non pas un rêve ni même une possibilité, mais une réalité omniprésente. Il vint en personne pour le bâtir et l’arracher aux griffes de l’adversaire. C’est pourquoi il nous enseigne à prier « que ton règne vienne ».

Il convient de préciser, pour notre consolation, que c’est Jésus-Christ en personne qui répond à notre prière et qui nous enseigne à prier chaque jour « que ton règne vienne », car il fait effectivement venir son Royaume.

Quels sont les divers éléments de ce Royaume? Dans cette deuxième demande du Notre Père, nous demandons à Dieu de prendre en main, par son Esprit, la direction de nos vies afin de les soumettre davantage à sa Parole. C’est là un élément de dimension individuelle qu’il faut souligner, d’autant plus à un moment où, plus que jamais, la dimension personnelle de notre foi et de notre engagement au service de Dieu semble perdue de vue, si ce n’est totalement récusée.

Face aux voix qui réclament à cor et à cri un Royaume s’identifiant et se dissolvant dans le monde, l’Église et les fidèles proclament avec une conviction profonde la nature spirituelle du Royaume de Dieu. Certes, rien de plus biblique que le projet divin de pénétrer tous les domaines et toutes les sphères de nos activités humaines, car le Royaume de Dieu devra s’emparer des royaumes de ce monde et assujettir tous les pouvoirs, qu’ils soient d’ordre politique ou social, économique ou culturel. Néanmoins, l’idée selon laquelle il faut identifier le Royaume de Dieu avec les réalités terrestres, ou même avec l’Église, est un contresens, rien de moins qu’un contre-évangile. Pour combattre une telle philosophie, optimiste, mais dénuée d’assises bibliques, il est urgent d’écouter les affirmations claires et salutaires de la Parole de Dieu, pour qui le Royaume est le règne même de Dieu et non pas celui des hommes. Il sera fondé sur la justice de Jésus-Christ et non pas sur une notion poétique de « la justice sociale ». Il ne sera pas instauré grâce à la solidarité universelle, mais uniquement par la liberté et la rédemption offertes par Dieu.

Ensuite, le Royaume concerne l’Église avant même de concerner le monde. Nous ne cherchons pas à réaliser une solidarité illusoire entre les hommes, mais la communion des fidèles par l’opération conjointe de la Parole et de l’Esprit divins; en d’autres termes, nous attendons la Nouvelle Alliance.

Enfin, dernier élément du Royaume, le temps de son établissement. Il apparaîtra dans toute sa force seulement à la fin de notre histoire. Sa manifestation définitive aura lieu le jour de l’apparition de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Il n’est donc tributaire ni du développement progressif des relations humaines ni de la précipitation des événements. Il dépend entièrement de l’intervention directe de Dieu et de ses actes puissants, de la série de miracles qu’il promet d’accomplir pour notre bonheur et pour la confusion de ses adversaires. Cet acte final clôturera notre histoire chargée de tant de révoltes et souillée par tant d’apostasies.

Là où le Seigneur est reconnu comme souverain, ce Royaume apparaît déjà dans toute sa clarté. Nous sommes donc invités à le prier pour qu’il fasse de nous un peuple qui l’aime, lui obéisse et fasse de cette soumission le but suprême de son existence, l’objet exclusif de sa mission.

En dépit de nos infidélités, Dieu demeure souverainement libre. Même les démons, bien malgré eux et en dépit de leur fureur mortelle et de leurs activités infernales, servent les desseins de Dieu. Précisons toutefois que ce n’est pas devant cet aspect du Royaume que nous nous trouvons ici, dans cette requête du Notre Père. Dieu ne veut pas régner par la force, mais par sa grâce. Il siège dans les cieux, mais il condescend à habiter dans les plus humbles cœurs. Sa loi n’est pas une règle extérieure que nous pourrions ignorer ou bafouer. Elle est écrite sur notre cœur de chair, afin que nous l’accomplissions par amour. Le Roi n’est autre que Dieu, le Père céleste, notre partenaire dans l’Alliance de grâce.

Le Royaume de Dieu est aussi celui de son Christ, du Fils éternel de Dieu, mort pour nos péchés, ressuscité pour notre rédemption, élevé auprès de lui, le Père tout-puissant, exalté au-dessus de toute autorité.

Il avait été désigné dès avant la fondation du monde pour devenir le représentant parfait de Dieu, son Serviteur fidèle, le Seigneur de l’univers. Par le Christ, l’autorité de Dieu est devenue une réalité présente. La vie de l’Église n’est possible que grâce à elle. Dieu a déjà jeté les fondements de son Royaume, et la croix et le tombeau vide du Christ ressuscité sont le terrain, le champ sur lequel le règne de Dieu s’étend chaque jour davantage.

Entre Royaume et Église existe donc un lien étroit. L’Église est le corps du Christ dans lequel sont incorporés les fidèles. Elle représente la maison de Dieu, le Temple où celui-ci habite et dans lequel il maintient son Alliance de grâce. En tant qu’Épouse du Christ, l’Église est également la nouvelle capitale du Royaume. Elle en sert la cause sur terre par la prédication de la croix et par la proclamation fidèle et hardie de l’Évangile.

Pourtant, l’Église et le Royaume, même aussi intimement liés, ne sont pas des réalités interchangeables. Ce n’est que dans la vie des fidèles de l’Église que se manifeste clairement la puissance active et dynamique du Royaume. C’est pourquoi nous demandons que les œuvres de l’adversaire soient détruites et que l’Église soit préservée de tomber dans les pièges qui lui sont constamment tendus, afin qu’apparaisse pleinement le pouvoir divin du Père céleste. Dieu fait croître son Église en Christ.

Le Christ ressuscité rassemble efficacement par sa Parole et par son Esprit tous les rachetés et tous les pécheurs repentants. Il les arrache aux ténèbres de la mort pour les faire entrer dans sa lumière. Il les intègre à la communion des saints après les avoir sortis de leur solidarité universelle dans le péché.

Dans la prédication de l’Évangile, le Christ en personne appelle les pécheurs à la conversion et à la foi. Même si l’Église reste l’instrument du Royaume, ce sont les paroles du Christ et son Esprit qui la rassemblent et la font croître. Ils la protègent et la défendent contre les adversaires, visibles et invisibles.

Par moments, on peut penser que l’adversaire l’emporte sur lui et qu’il peut exécuter librement sa volonté malveillante. Combien souvent les fidèles sont des créatures fragiles, persécutées et opprimées, parfois même mises à mort? Mais le Christ qui a donné sa vie pour l’Église en reste le Guide et le Protecteur. Nous n’avons aucun droit de nous décourager. Si Dieu permet que son peuple souffre, il le protège aussi puissamment.

Nous pouvons donc prier avec une sereine assurance : « Que ton règne vienne! » C’est un règne unique, il descend au plus profond de notre cœur pour nous libérer et nous protéger. Notre unique espoir dans la vie et devant la mort se trouve en lui.

Pour conclure notre message, rappelons l’avertissement de Jésus : « Ce ne sont pas ceux qui disent : Seigneur, Seigneur! qui entreront dans le Royaume, mais ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7.21).

Il y aura des surprises, car des gens « viendront de l’Orient et de l’Occident » pour entrer dans ce Royaume (Mt 8.11), et d’autres, qui semblaient si familiers avec lui, en seront exclus…

À nous qui avons reconnu en Christ notre Roi et confessé en paroles et en actes son autorité, il nous est donné de prier dans la foi. Son règne vient. Il est déjà dans nos vies et dans celle de l’Église. C’est pourquoi nous pouvons demeurer confiants face à l’adversaire.