Cet article a pour sujet les miracles accomplis par Jésus et ses apôtres, les guérisons et les miracles sur la nature, qui sont des signes de l'autorité du Christ et de la venue du Royaume de Dieu.

Source: Introduction au Nouveau Testament. 6 pages.

Les miracles du Nouveau Testament

  1. Les guérisons dans les Évangiles et les Actes
    a. Les guérisons individuelles de Jésus
    b. Jésus guérit les foules
    c. Les déclarations générales sur le Christ guérissant
    d. Le Christ guérit par le moyen des disciples
    e. Les guérisons individuelles par les disciples
    f. Les guérisons collectives par les disciples
    g. Les miracles de la nature
  2. L’interprétation du miracle

Recensons pour commencer, comme pour les paraboles, les références faites dans le Nouveau Testament aux miracles du Christ et des apôtres, miracles aussi bien de guérison que ceux qu’on appelle miracles sur la nature inanimée.

1. Les guérisons dans les Évangiles et les Actes

a. Les guérisons individuelles de Jésus

Le fils de l’officier du roi - Jn 4.46-54
L’homme à l’esprit impur - Mc 1.21-28; Lc 4.31-37
La belle-mère de Simon - Mt 8.14-15; Mc 1.29-31; Lc 4.38-39
Un lépreux - Mt 8.1-4; Mc 1.40-45; Lc 5.12-16
Un paralytique - Mt 9.1-8; Mc 2.1-12; Lc 5.17-26
L’infirme de Béthesda - Jn 5.2-18
L’homme à la main sèche - Mt 12.9-14; Mc 3.1-6; Lc 6.6-11
Le serviteur du centurion - Mt 8.5-13; Lc 7.2-10
La résurrection du fils de la veuve - Lc 7.11-17
Les démoniaques gadaréniens - Mt 8.28-34; Mc 5.1-20; Lc 8.26-35
La femme avec perte de sang - Mt 9.20-22; Mc 5.25-35; Lc 8.43-48
La résurrection de la fille de Jaïrus - Mt 9.18-26; Mc 5.21-43; Lc 8.40-56
Deux aveugles dans la maison - Mt 9.27-31
Le démoniaque muet - Mt 9.32-34
La fille de la Syro-Phénicienne - Mt 15.21-28; Mc 7.24-30
Le sourd parlant difficilement - Mc 7.32-37
L’aveugle de Bethsaïda - Mc 8.22-26
L’enfant épileptique - Mt 17.14-21; Mc 9.14-19; Lc 9.37-43
L’aveugle-né, envoyé à Siloé - Jn 9.1-14
Le démoniaque aveugle et muet - Mt 12.22-30; Lc 11.14-26
La femme courbée depuis 18 ans - Lc 13.10-17
L’homme hydropique - Lc 14.26
La résurrection de Lazare - Jn 11.1-44
Les dix lépreux - Lc 17.11-19
L’aveugle Bartimée - Mt 20.29-34; Mc 10.46-52; Lc 18.35-43
L’oreille de Malchus - Lc 22.50-51

b. Jésus guérit les foules

La foule à la porte de Simon Pierre - Mt 8.16-17; Mc 1.32-34; Lc 4.40-41
La foule après la guérison du lépreux - Lc 5.14-16
La foule près de Capernaüm - Mt 12.15-21; Mc 3.7-12; Lc 6.17-19
Plusieurs malades - Mt 11.2-6; Lc 16.18-23
La foule avant la 1re multiplication des pains - Mt 14.13-14; Lc 9.11
La foule à Génésareth - Mt 14.34-36; Mc 6.53-55
La foule avant la 2multiplication des pains - Mt 15.29-31
Les foules au-delà du Jourdain - Mt 19.1-2
Aveugles et boiteux dans le temple - Mt 21.14
Les quelques malades de Nazareth - Mt 13.53-58; Mc 6.1-6

c. Les déclarations générales sur le Christ guérissant

Guérissant toute maladie et infirmité - Mt 4.23
Guérissant toute maladie et infirmité - Mt 9.35
Tous ceux qui le touchaient étaient guéris - Mc 6.56
Guérissant tous ceux sous l’empire du diable - Ac. 10.38

d. Le Christ guérit par le moyen des disciples

La mission des 12 disciples - Mt 10.1,7-8; Mc 6.7-13; 9.1-6
La mission des 70 disciples - Lc 10.1-20

e. Les guérisons individuelles par les disciples

Le boiteux de naissance - Ac 3.1 à 4.22
Paul recouvre la vue - Ac 9.10-19; 22.11-13
Énée, le paralytique - Ac 9.32-35
La résurrection de Tabitha - Ac 9.36-42
L’impotent de Lystre - Ac 14.8-18
La pythonisse - Ac 16.16-18
Eutyche rendu à la vie - Ac 20.7-12
Paul guéri d’une morsure de vipère - Ac 28.3-6
Le père de Publius (fièvre et dysenterie) - Ac 28.8

f. Les guérisons collectives par les disciples

Les signes qui accompagneront ceux qui auront cru - Mc 16.20
Beaucoup de miracles et de signes - Ac 2.43
À Jérusalem, tous furent guéris - Ac 5.12-16
Étienne fait de nombreux miracles - Ac 6.8
Philippe guérit beaucoup de malades à Samarie - Ac 8.5-8
Paul et Barnabas font beaucoup de miracles - Ac 14.3
Des miracles extraordinaires à Éphèse - Ac 19.11-12
Dans l’île de Malte - Ac 28.9

g. Les miracles de la nature

L’eau changée en vin - Jn 2.1
La tempête apaisée - Mt 8.23; Mc 4.35; Lc 8.22
La 1re multiplication des pains - Mt 14.15; Mc 6.35; 9.12; Jn 6.1
Jésus marchant sur le lac - Mt 14.12; Mc 6.45; Jn 6.16
La 2multiplication des pains - Mt 15.32; Mc 8.1
La pêche miraculeuse - Lc 5.4; Jn 21.1-5

2. L’interprétation du miracle

Il n’entre pas dans notre propos d’offrir dans le présent chapitre une étude systématique du miracle biblique en général et de ceux accomplis par notre Seigneur en particulier. Plus loin, nous parlerons du miracle comme signe du Royaume et comme preuve que la rédemption est en train de s’accomplir déjà lors de ces guérisons miraculeuses ou des prodiges accomplis dans la nature.

Signalons avec nombre de chrétiens, spécialistes du Nouveau Testament, que l’homme moderne, parfois même chrétien, répugne aux miracles. Élevé, fut-ce inconsciemment, dans le culte de la science et de la technique qui supposent une constance des lois de la nature, il ne peut admettre que celles-ci puissent comporter des écarts, des interruptions, des exceptions. S’il y en a, ce ne peuvent être que des apparences, et les progrès de la science, tôt ou tard, expliqueront ces anomalies.

Or, l’Évangile abonde en miracles. Cela ne suffit-il pas à le disqualifier, comme un livre légendaire et enfantin? C’est un jugement trop sommaire, car les miracles rapportés par le Nouveau Testament n’empêchent pas de lire celui-ci intelligemment.

L’Évangile d’un bout à l’autre, et dans notre pensée Évangile recouvre toute la littérature biblique, a un fond divin infaillible. Cela suffit pour considérer le miracle, comme le reste de la révélation, comme digne de notre foi et faisant partie intégrante de la rédemption pour « quiconque croit ».

Le vocabulaire évangélique du miracle est riche. Ainsi que le rappelle A.M. Roguet, le mot français de « miracle » dérive du verbe latin « mirari », qui signifie moins admirer que s’étonner. Étymologiquement, le miracle désigne donc un événement extraordinaire. Les Évangiles ont un mot correspondant, « thaumaston » dérivé du grec « thaumazein », s’étonner. On y trouve aussi le mot « téras » (au pluriel « térata », qui a donné en français tératologie; science des monstres), qu’on peut traduire par « prodige ». Un autre mot qui désigne plus souvent les miracles de Jésus, non seulement chez Jean, mais aussi dans les trois premiers Évangiles, dits synoptiques, est le mot « sèméion », signe.

Un miracle est une action, un événement visible. Il suffit d’avoir des yeux pour constater la guérison instantanée d’un malade, l’apaisement de la tempête, la multiplication des pains. Mais cet événement visible n’a pas seulement pour but d’étonner. Il laisse deviner la signification, dont la plus immédiate est que Dieu est là. C’est lui qui intervient. Nicodème le dit à Jésus : « Tu es un maître qui vient de la part de Dieu; personne ne peut accomplir les signes que tu accomplis si Dieu n’est pas avec lui » (Jn 3.2).

Un signe accompli sur la nature matérielle possède une portée pédagogique surtout avec les miracles qui l’ont pour sujet. Ce sont là des miracles qui suscitent le plus la curiosité. Mais, contrairement aux évangiles apocryphes dans lesquels ils abondent, ils sont peu nombreux dans les Évangiles canoniques.

Il existe des signes qui ne sont pas des miracles. Ce sont des signes messianiques et eschatologiques. Pourtant, on ne peut traduire constamment « sèméia » par « miracles ». Le mot a un sens beaucoup plus large et souple.

« Œuvres » est un autre terme évangélique qui peut à l’occasion désigner le miracle. Il traduit le grec « ergon » ou « erga » au pluriel. C’est un terme très général, désignant tout ce qu’on fait : travail, occupation, affaires, conduite, manœuvres. Il a donné en français des mots finissant en « ergie », et des mots en « urgie ». Un passage relatif est celui de Jean 6.27-30.

Mentionnons enfin « puissances », terme qui, dans le vocabulaire évangélique du miracle, a un sens beaucoup plus stable que les précédents. C’est le « dunamis » grec (d’où nous tirons dynamisme). Nous le rencontrerons assez souvent dans le reste du Nouveau Testament, par exemple dans l’épisode de Simon le magicien (Ac 8.10-13). Un autre endroit est 1 Thessaloniciens 1.5. Ce mot convient certainement le mieux à l’heure actuelle pour expliquer ou désigner le déploiement d’une énergie divine supérieure aux lois ordinaires de la nature (voir Mt 11.21-23; 13.58; 14.2; Mc 6.5).

« Nous voulons appeler miracle tout fait extraordinaire, hors du cours normal de la nature, que celui qui l’accomplit, ou encore ceux qui en sont les témoins, ou encore les circonstances religieuses dans lesquelles il est accompli, attribuent à la causalité divine. Les miracles sont des faits ou des événements qui, par leur matérialité et par leur contexte religieux, révèlent l’intervention spéciale de Dieu. Inutile de parler de miracle si l’on ne croit pas un Dieu personnel et maître du monde. Sans doute, Dieu agit toujours et coopère à toute action. Son activité conforme aux lois de la nature peut constituer une merveilleuse manifestation de sa toute-puissance et de sa bonté, parfois même une manifestation plus éclatante qu’un fait qui se passerait hors de ce cours naturel, pour qui veut bien y réfléchir… Mais à cette action normale, nous sommes habitués, et il faut que le cours de la nature soit parfois rompu pour interpeller notre attention.1 »

Nous aimerions cependant immédiatement compléter l’auteur catholique en précisant qu’il ne s’agit pas de l’intervention de Dieu, entendue comme telle partout et n’importe où, mais seulement et exclusivement lorsque l’Évangile l’atteste en lui conférant, avec son autorité suprême et normative, le qualificatif de véritablement miraculeux. Autrement, toute magie et la somme des superstitions, qui, tels des fléaux, ont sévi dans l’Église au cours de son histoire et en ont perverti la foi, passeraient pour faire partie du domaine miraculeux et, du coup, du dessein rédempteur divin. L’histoire nous a enseigné des leçons sur les erreurs de cette nature, qu’heureusement la Réforme évangélique et la théologie biblique ont définitivement corrigées. À présent, examinons la notion du miracle comme signe.

3. Le miracle comme signe

Le miracle biblique est le signe de la nouvelle dispensation ou économie, inaugurée par la venue de Jésus-Christ. Les miracles ont un caractère eschatologique en tant qu’actes messianiques de salut.

Ceci est la conséquence de ce que l’Évangile affirme de l’activité du malin, l’adversaire, dans la maladie et dans les désastres qui menacent ou qui frappent l’homme. Il apparaît aussi du fait que la guérison est toujours une recréation, un rétablissement de la personne du malade et de l’ensemble de l’ordre créé. Les miracles ne sont que des actes « incidentels » et ne doivent pas être pris comme le début d’une ère qui connaîtrait un développement logique. Les miracles ne sont que des signes occasionnels de la venue du Royaume. Les guérisons opérées par Jésus n’ont qu’un sens temporaire. Ceux qui ont été guéris ou ressuscités pourront encore tomber malades et mourront certainement. Dans ce sens, les miracles de Jésus ne sont jamais le but, mais le moyen dont il se sert pour exercer son ministère global de rédemption. Ils sont soumis à la prédication de l’Évangile.

Lors de la tentation, il est déjà apparent que le pouvoir miraculeux de Jésus est mis au service de la mission que le Père lui confie. Que Jésus ait le pouvoir d’accomplir des miracles est certain, hors de doute. Mais celui-ci ne sera reconnu qu’à l’heure choisie par le Père. En attendant, il doit rester soumis à la parole du Père. Il ne doit pas gagner la faveur des hommes par des actes puissants.

Il mettra son pouvoir au service de la volonté du Père. Le pouvoir que détient Jésus d’accomplir des miracles et le Royaume qui peut se révéler dans et par le miracle sont encore provisoirement liés à d’autres lois. Jésus sera investi de la puissance à travers son humiliation et sa souffrance.

Mis à part la modalité spéciale de l’autorévélation du Christ et la nature de sa tâche messianique, nous voyons les miracles de Jésus sur l’arrière-fond de sa prédication. Ils ne sont pas des fins en soi. Ils servent d’évidence à son pouvoir (voir Mc 1.36-38).

Lorsque le miracle produit un effet sur la multitude, Jésus se retire dans la solitude. À la requête de ses disciples d’aller de nouveau vers la foule, il répond : « Il faut aussi que j’annonce aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu; car c’est pour cela que j’ai été envoyé » (Lc 4.43).

Son objectif principal n’est donc pas la guérison de « plusieurs », mais la révélation du Royaume apparu sur terre. Quoiqu’étroitement liés à la prédication, les miracles ne sont que des signes, des phénomènes secondaires, signes de la vérité proclamée que « le Royaume est déjà sur terre ».

C’est la raison pour laquelle il existe un lien étroit entre un miracle accompli par Jésus et la foi du peuple. D’une part, le miracle sert à fortifier la foi en la mission de Jésus et en son autorité (Mc 2.1-12); d’autre part, il n’y a pas de miracle si celui-ci n’est pas attendu par la foi (Mc 6.5-6).

Le fait que Jésus n’ait pas accompli beaucoup de miracles a été parfois expliqué à la lumière d’une dépendance psychique et de disposition de ceux qui s’adressaient à lui. La question n’est pas de savoir si Jésus avait le pouvoir d’accomplir des miracles, mais s’il était libre de le faire dans toutes les circonstances. Là où il y a absence de foi, il n’y a pas de place pour le miracle.

L’expression « il ne pouvait pas » n’indique pas une impossibilité inhérente à Jésus, mais plutôt l’absence de compréhension de ceux qui voulaient des miracles sans la condition de la foi. Le terme de « signe » est la preuve sans ambiguïté que la chose a une origine divine, qu’elle vient du ciel. Ainsi, Jésus a agi avec un pouvoir divin et messianique. Parfois, la foule a des yeux pour voir et ne voit pas!

Ainsi, les miracles annoncent la venue du Royaume et le renouvellement cosmique (Mt 9.35). Néanmoins, ils ne sont plus le commencement de cette nouvelle création. Celle-ci est future au sens eschatologique et elle appartient à l’éon eschatologique. Elle inclura la résurrection des morts, elle présuppose aussi une catastrophe cosmique.

Pour l’instant, le miracle est la démonstration du pouvoir de Jésus sur le Malin. Nulle part dans l’Évangile il n’a de rôle indépendant, détaché de la prédication. Chaque fois qu’un miracle est demandé de cette façon-là, il est le signe d’une déviation d’une tentation. Accomplir un miracle n’est pas une garantie contre le jugement (Lc 10.19-20).

Note

1. Jean-Julien Weber, Croyez à l’Évangile, p. 218-219.