Cet article a pour sujet l'idée de "mourir dans la dignité" attribuée faussement à l'euthanasie et au suicide assisté. Les chrétiens doivent lutter contre la mort et montrer avec compassion et espérance la valeur de la vie.

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Mourir dans la dignité Les chrétiens savent comment - Le monde doit l’apprendre

  1. La lutte contre la mort dans notre société sécularisée
  2. La sécurité dans notre monde
  3. Perspective biblique sur la mort
  4. Application
    a. La compassion
    b. Notre valeur
    c. La persévérance
    d. L’espérance
    e. La considération
  5. Conclusion

Les mots peuvent avoir un grand impact. Leur pouvoir de frappe peut servir un but noble ou un but mesquin. Les agences de publicité, les spécialistes en communication chargés de l’image des partis politiques et même les juges de la Cour suprême en sont très conscients et savent tirer parti au maximum de la puissance des mots. Le concept de la dignité constitue un bon exemple. Parce que le terme « dignité » semble si positif, il est utilisé à toutes les sauces, que ce soit comme titre du dernier album de la chanteuse populaire américaine Hilary Duff (« Dignity ») ou encore pour promouvoir la légalisation de l’avortement dans les pays du tiers-monde.

Cependant, le mouvement qui a le plus exploité le concept de dignité est le courant politique qui cherche à faire légaliser l’euthanasie et le suicide assisté. L’expression « mourir dans la dignité » est utilisée par les groupes qui plaident en faveur du droit pour une personne de mettre fin à ses jours, parce qu’ils savent qu’en associant la notion de dignité à l’euthanasie, la perception du public sera atténuée par rapport à ce qu’ils demandent réellement : le suicide toléré par l’État.

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à être des lumières dans ce monde de noirceur. Cette noirceur est particulièrement évidente lorsque notre culture en est rendue à demander le droit pour une personne de mettre fin à sa vie, allant même jusqu’à demander que ce soit par l’entremise de l’État. Être une lumière implique bien davantage qu’exercer des pressions sur le gouvernement pour qu’il prenne en considération la perspective pro-vie. Ça veut dire également que nous devons montrer à notre culture ce que signifie accorder de la valeur à la vie, même lorsque nous devons faire face à la maladie, à la solitude ou à la fragilité de la vie. Bref, nous devons montrer à notre culture ce qu’est la véritable dignité et comment elle est bien mieux préservée sans l’euthanasie, le suicide, les homicides de « compassion » ou toute autre tentative humaine de mettre fin aux difficultés de la vie par le moyen de la mort.

Ce n’est pas un appel facile. Le fait d’accorder de la valeur à la vie à tout âge et en toutes circonstances ne signifie pas que nous pouvons toujours répondre avec certitude à toutes les questions difficiles qui peuvent surgir concernant ce que nous pouvons faire ou ne pas faire pour prolonger la vie ou accélérer la mort. Dans cet article, je vais examiner deux perspectives très différentes sur ce que signifie mourir dans la dignité : la perspective courante dans notre société sécularisée et, en contraste, la perspective chrétienne.

1. La lutte contre la mort dans notre société sécularisée🔗

Notre société occidentale lutte contre la mort et son processus, particulièrement depuis qu’elle a abandonné ses fondements religieux à l’époque que nous qualifions d’ère moderne (du 18siècle au début du 20siècle). Le monde moderne est passé des sciences à la Science (comme si elle seule détenait l’autorité) et s’est appuyé sur cette Science en faisant d’elle un nouveau dieu. C’est en ce nouveau dieu que notre monde met son espoir et c’est ce nouveau dieu qui lui permet de faire face à la peur de la mort.

Bien que le monde occidental soit maintenant considéré comme étant passé à l’ère postmoderne, notre façon d’envisager la mort et son processus a peu changé. On dépense des milliards de dollars pour la recherche, dans l’espoir de trouver des traitements pour combattre la maladie et ainsi préserver la vie. Les technologies de reproduction viennent en tête quand vient le temps de pousser le développement de la recherche visant à trouver de nouvelles façons d’obtenir la vie éternelle en dehors de Dieu. Ça fait maintenant des années qu’on nous rappelle constamment ces découvertes qui vont « révolutionner le monde », que ce soit à propos du génome humain, de la recherche sur les cellules souches ou du clonage. Mais malgré tout le battage médiatique, les résultats sont maigres par rapport aux efforts fournis. L’espérance moyenne de vie augmente peut-être lentement, mais le temps « additionnel » gagné pour notre vie sur la terre semble devenir de plus en plus misérable.

Le fait de retarder la mort ne rend pas la vie meilleure. Toute la publicité récente qui vise à sensibiliser la population aux abus que subissent les personnes âgées, souvent négligées, en est un bon exemple. Dans notre société individualiste, chacun cherche à préserver sa propre vie, au détriment de toutes ces vies que nous pourrions enrichir autour de nous. Les personnes qui ne peuvent pas prendre soin d’elles-mêmes (en particulier les personnes âgées, les fœtus dans le ventre de leur mère et les handicapés) sont vite mises de côté et négligées. Je ne vois pas comment une affiche publicitaire à l’arrêt d’autobus au coin de la rue arrivera à combattre ce phénomène. C’est un problème dont les racines sont beaucoup plus profondes.

2. La sécurité dans notre monde🔗

Une cause qui a récemment été débattue à la Cour suprême peut nous aider à comprendre ce qui amène notre société à négliger les personnes âgées, les fœtus dans le ventre de leur mère et les handicapés. Il s’agit du jugement rendu par la Cour suprême dans la cause qui opposait Sue Rodriguez au gouvernement de la Colombie-Britannique. Cette femme qui souffrait de la maladie de Lou Gehrig (sclérose latérale amyotrophique) voulait obtenir le droit légal de demander à un médecin de mettre fin à sa vie. Il vaut la peine de souligner que la Cour suprême a retenu et accepté son argument selon lequel sa maladie la privait de sa dignité. Si la cour l’a fait, c’est parce que les juges étaient d’accord pour dire que la dignité est essentiellement la même chose que l’autonomie — la capacité de prendre des décisions par rapport à notre propre personne. Mme Rodriguez croyait que mourir dans la dignité signifiait qu’elle devait pouvoir contrôler le moment de sa mort plutôt que d’être soumise à son contrôle.

Notre monde sécularisé craint la mort parce qu’elle nous met face à l’inconnu. Le fait de pouvoir contrôler le moment de sa mort est une façon de pouvoir contrôler la mort elle-même. En conséquence, le monde a choisi de dire que l’euthanasie ou le suicide assisté signifie « mourir dans la dignité ». En fait, il y a peu d’évidence de dignité dans tout cela. On n’y voit pas le courage de faire face à une vie difficile, on n’y voit pas le soutien des proches prêts à demeurer aux côtés de la personne, même dans les pires moments de l’épreuve, et l’on n’y voit pas l’espoir d’un futur meilleur. « Mourir dans la dignité » est une façon de renoncer à la vie et d’enlever aux autres leur responsabilité de prendre soin de ceux qui souffrent.

3. Perspective biblique sur la mort🔗

Même les chrétiens, qui ont le réconfort de savoir que la mort est le commencement de la vie éternelle avec Dieu, craignent souvent la mort malgré tout. Après tout, la mort semble mettre un terme à tout ce que nous aimons, à tout ce à quoi nous tenons, et vient remplacer tout cela par quelque chose qui nous est encore en grande partie inconnu. Et même si nous ne luttons pas avec la réalité de la mort elle-même, nous devons tout de même faire face à de nombreuses questions quant à son processus. Par exemple : Jusqu’où aller dans nos efforts pour garder une personne en vie, même si elle était heureuse d’être avec le Seigneur? Est-ce que le fait que la personne soit vieille ou jeune fait une différence? Vient-il un temps où l’on devrait « débrancher » la personne?

La Bible affirme clairement que les êtres humains ont une valeur intrinsèque à cause de la relation spéciale entre Dieu et nous. Genèse 1 explique qu’il nous a créés à son image, ce qui signifie que nous reflétons plusieurs de ses attributs à travers notre domination sur la création, notre créativité, notre intelligence, notre droiture, notre sainteté (le fait que nous avons été mis à part du reste de la création), pour ne nommer que quelques-uns des aspects qui nous distinguent. Bref, nous ne pouvons pas perdre notre dignité à cause d’une maladie qui nous enlèverait la capacité de prendre des décisions en ce qui a trait à notre propre personne.

Peu importe que nous soyons jeunes ou vieux, handicapés ou en santé, nous devons tous être traités avec dignité parce que nous avons tous été créés par Dieu. Même après l’entrée du péché dans le monde, avant même que le sixième commandement soit donné au mont Sinaï, Dieu a averti Noé : « Celui qui verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé, car Dieu a fait l’homme à son image » (Gn 9.6-7a).

Une perspective biblique sur la dignité humaine nous fait réaliser que nous ne possédons pas de dignité à cause de nos propres mérites. L’évidence de notre corruption transparaît dans tout ce que nous faisons et aurait très certainement suffi à nous priver de toute dignité que nous aurions pu posséder. Mais même après être tombés dans le péché, nous possédons toujours l’image de Dieu, tel que l’affirme le texte que nous venons de citer. Nous avons une dignité uniquement parce que Dieu continue d’être en relation de manière spéciale avec l’humanité. Les chrétiens devraient se démarquer de tous les autres en reflétant qui est Dieu réellement dans un monde perdu dans les ténèbres.

4. Application🔗

Si nous appliquons ce que nous venons de dire à la mort et à son processus, nous pouvons conclure que la véritable façon de mourir dans la dignité est de mourir en accord avec la volonté de Dieu, incluant le moment auquel la mort survient. Étant des porteurs de lumière, nous ne portons pas notre attention sur un droit à la mort, mais plutôt sur une vie droite, ce qui inclut vivre dans la gratitude et la droiture, même lorsque nos corps malades sont en phase terminale, approchant la mort. Une personne malade en phase terminale peut vivre d’une manière digne qui glorifie Dieu tout autant qu’une personne en santé.

La détérioration de nos corps est un lourd fardeau à supporter, mais c’est un fardeau que Dieu nous a donné, et Dieu nous réconforte par sa promesse de ne jamais nous donner un fardeau trop lourd à porter. Notre Seigneur Jésus-Christ nous encourage :

« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger » (Mt 11.28-30).

Glorifier Dieu à travers notre vie entière ne signifie pas que nous devons faire tous les efforts possibles pour prolonger la vie aussi longtemps que le permet la technologie. Si nous optons pour cette approche, nous risquons de faire de la technologie une idole en acceptant seulement ses réponses plutôt que celles de Dieu. Avec la puissance de la technologie vient la responsabilité de l’utiliser avec sagesse. Le même principe demeure, que nous décidions de nous servir de cette technologie ou de la mettre de côté. Quand nous prenons ce genre de décision, nous devons réaliser que nous aurons à répondre devant Dieu à la fois de nos motivations et de nos actions. Il ne serait pas utile que j’essaie de donner des directives particulières pour des situations hypothétiques, car chaque cas est différent. Au lieu de cela, il sera bien plus utile d’appliquer des principes bibliques que nous devons nous rappeler dans toute situation :

a. La compassion🔗

Galates 6.2 nous exhorte vivement : « Portez les fardeaux les uns des autres et vous accomplirez ainsi la loi du Christ. » Que faisons-nous pour aider ceux qui souffrent? En tant que membres de la famille, en tant qu’amis, visitons-nous régulièrement ceux qui sont en train de mourir? Est-ce que nous nous occupons d’eux? Nous devons faire attention de ne pas imposer aux personnes malades ou mourantes des fardeaux au-delà de leurs forces, en insistant par exemple pour qu’ils subissent une intervention médicale alors qu’ils n’en ont plus la force physique ou mentale.

b. Notre valeur🔗

La doctrine de l’image de Dieu chez l’homme doit être vécue. Comment communiquons-nous à ceux qui sont malades et mourants ou à ceux qui souffrent de divers handicaps qu’ils ont de la valeur aux yeux de Dieu et à nos yeux? Est-ce que la personne malade en phase terminale désire réellement mourir ou a-t-elle le sentiment d’être un fardeau pour les autres et préférerait ainsi mettre fin à ses jours plutôt que de rendre la vie des autres difficile? Nous pouvons montrer aux gens qu’ils ont de la valeur en passant du temps avec eux, en apprenant d’eux et en les remerciant pour leur vie.

c. La persévérance🔗

Quel que soit notre âge, nous sommes appelés à accepter les épreuves que Dieu nous envoie dans la vie. Nous ne pouvons pas utiliser la technologie pour accélérer notre mort dans le but de fuir les souffrances. Notez que l’utilisation de la technologie pour rendre la vie plus supportable est une tout autre chose, il s’agit alors de compassion et non pas d’abdication.

d. L’espérance🔗

Plusieurs personnes mourantes n’ont aucune espérance. Nous connaissons la Bonne Nouvelle qui donne une espérance véritable. Que faisons-nous pour apporter la Bonne Nouvelle aux malades et aux infirmes qui ne croient pas en Jésus-Christ? Combien d’entre nous visitent des personnes que nous ne connaissons pas dans des foyers pour personnes âgées ou dans les hôpitaux? Sommes-nous si bien dans notre confort que nous oublions d’aller vers les autres pour leur apporter le message le plus important qui soit?

e. La considération🔗

Nous n’aimons pas penser à la façon dont nous aimerions être traités s’il advenait un accident, si nous faisions face à une situation médicale grave ou encore si nous mourions. Pourtant, nous manquons de considération envers ceux que nous aimons si nous ne discutons pas de ces choses avec eux avant que quelque chose de sérieux se produise. Discutez des choses précises, par exemple l’étendue des soins médicaux que vous souhaiteriez recevoir.

Lorsque nous cherchons à appliquer ces principes, nous devons nous souvenir de le faire selon une perspective manifestement chrétienne. Des concepts tels que celui de la compassion sont facilement tordus pour faire valoir que l’euthanasie serait en fait une réponse de compassion à la souffrance. Une telle interprétation est humaniste. Une perspective biblique sur la compassion demande que nous oubliions nos propres intérêts et que nous démontrions d’abord de l’amour pour notre prochain plutôt que pour nous-mêmes.

5. Conclusion🔗

Ceux qui demandent le droit de « mourir dans la dignité » recherchent en fait l’approbation publique de renoncer à la vie. Puisque nous avons reçu l’Évangile de l’espérance et l’assurance que nous avons tous une grande valeur, quel que soit notre état physique, nous devons combattre l’attitude selon laquelle la mort serait une réponse de compassion pour ceux qui souffrent. La meilleure façon de combattre cette attitude est d’être une lumière. Montrons au monde que la vie a beaucoup de valeur pour nous parce que nous aimons celui qui donne la vie.