Cet article a pour sujet la nature et la fonction de la sexualité qui est bonne parce que créée par Dieu, mais qui devient désordre et perversion à cause de notre corruption. Elle ne peut être bien vécue que dans le cadre du mariage.

Source: Homme et femme il les créa. 8 pages.

La nature et la fonction de la sexualité

« Homme et femme il les créa » (Gn 1.27). Le récit biblique de la création de l’homme s’accompagne aussitôt de l’annonce de sa nature sexuelle. Il est impossible de comprendre la nature de l’homme et sa psychologie sans tenir compte de cette différenciation essentielle entre l’homme et la femme. Notre sexualité, qui conditionne notre nature, autant que la vision globale de la réalité qui nous entoure, est un aspect de notre être, de notre personne humaine, aspect dont nous ne saurions faire abstraction sans renier notre propre personne et celle d’autrui.

Or, le péché s’est méthodiquement lié, de manière spécifique et totale, à la réalité sexuelle, s’attaquant à la différenciation fondamentale entre l’homme et la femme. La liste énumérant les transgressions et iniquités de l’homme déchu que nous donne la Bible met en bonne place le péché sexuel dans toutes ses manifestations.

L’histoire des civilisations décadentes n’est, la plupart du temps, que le récit, la chronique affligeante de sociétés dont les excès et les perversions sexuelles ont précipité à la ruine.

Ce n’aurait pas pu être autrement, puisque la sexualité est une donnée universelle. Les biens matériels ou autres avantages, qu’ils appartiennent au domaine du corps ou de l’esprit, n’exercent pas un attrait et une séduction de cette force-là ou, en tout cas, d’une manière aussi globale et permanente. Tous les hommes ne succomberont pas à l’attrait de l’alcool, à celui de la violence, de la drogue ou de la bonne chère. Dotés de cet instinct que Dieu a placé en nous, nous savons que notre sexualité exerce une pression irrésistible, si ce n’est la plus irrésistible de notre personne. On a pu « déplacer des montagnes » afin d’en satisfaire les exigences. Et l’adversaire rusé, celui de Dieu et de l’homme, fort d’une expérience séculaire, riche en malice diabolique et possédant la maîtrise de toutes les tentations, sait parfaitement détourner et reconvertir cette fonction vitale pour parvenir à ses funestes desseins.

La sexualité en soi n’a rien de mauvais pour le chrétien. Disons cela à l’intention de ceux qui voient dans toute tentative d’enseignement ou de mise au point des Églises sur ce sujet un puritanisme coupable qui engendrerait des inhibitions et des traumatismes.

Si la liberté avec laquelle nous traitons ici ce problème et si le soin que nous avons pris dans les exposés précédents pour expliquer l’origine et la nature du mariage s’apparente au « puritanisme », alors acceptons d’être traité de puritain; ce sera notre honneur!

Cependant, la question n’est pas d’être pour ou contre la sexualité; ce n’est jamais ainsi que la posera le lecteur chrétien de la Bible. La question réside ailleurs. Comme tout don reçu de Dieu, la sexualité peut se prostituer et servir à des objectifs sataniques, être asservie et perdre la fonction légitime de rapport préparé et établi par le Créateur. Elle devient occasion de transgression fondamentale du commandement de Dieu.

Nous sommes fondamentalement mauvais, de sorte que même les notions d’amour et de sexualité ne sont pas plus pures à nos esprits : la littérature romanesque s’écrit et se vend en grande quantité parce que l’amour y est dépeint souvent comme une relation triangulaire entre l’homme, la femme et l’intrus, le deuxième homme ou la deuxième femme.

Actuellement, cela est même devenu une relation « au pluriel », ce que j’ai appelé lors d’une prise de position publique « la plurogamie entre couples », relation qui, forcément, sépare et désunit ce que Dieu avait mis ensemble. Les histoires d’adultère font le piment de bien des œuvres littéraires autant que d’une certaine actualité, surtout dans le monde du spectacle. Après tout, le mariage étant considéré comme insipide, il ne saurait découvrir et déguster des éléments excitants que dans l’adultère…

Tel est le sort fait à la sexualité et, par là, au mariage. Disons, pour être plus précis, qu’ils subissent ce sort-là parce que tous les deux sont des réalités d’une vulnérabilité extrême. C’est comme si vous receviez un coup, même pas trop violent, sur le crâne. Reçu sur les muscles du corps, le coup ne risque pas d’être dangereux, mais sur la tête! Ce qui me rappelle l’adage des anciens Romains : « La corruption des meilleurs est la pire. »

Bien sûr, la corruption s’infiltre partout et envahit toutes les activités et fonctions humaines. Mais la sexualité et le mariage en pâtissent davantage, parce qu’ils sont plus fragiles et plus sacrés. Leur mal est plus visible et plus écœurant. Nous ne nous soucions guère des récipients conçus pour recueillir les déchets, mais nous serions outrés de les voir étalés dans la salle de séjour, n’est-il pas vrai?

Fragile et sacré, le mariage, comme nous l’avons dit, est lié à notre rapport avec Dieu. Tout homme, même inconsciemment, en serait convaincu. Et lorsque le respect de Dieu disparaît, le caractère sacré de notre sexualité disparaîtra aussi. Si vous cherchez à nuire à votre adversaire que vous ne pouvez pas atteindre physiquement, vous le brûlerez peut-être en effigie. Toute personne, comme toute société aliénée de Dieu, deviendra instinctivement immorale. Les premières lignes de la lettre de saint Paul aux Romains l’expliquent de façon magistrale, une fois pour toutes. Si vous ne croyez pas en Dieu, il n’y a aucune raison de croire que vous êtes porteur de son image.

Si vous optez pour l’hypothèse de l’animal évolué, mais animal quand même (voir Le Singe nu), vous vous comporterez comme un animal. Si le mal sexuel — comme d’ailleurs tous les autres maux — n’est pas devenu absolu et si l’immoralité n’a pas tout ravagé définitivement, la raison en est que l’action préventive et conservatrice de Dieu empêche l’homme de sombrer dans le mal absolu. C’est pourquoi nous n’avons pas encore atteint le point de non-retour.

Mais à certaines époques, les hommes vivent dans le sentiment d’une catastrophe finale imminente. Une telle attente fait inévitablement naître le désespoir, et alors, les philosophies en vogue et « de pointe » déclareront : « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons. » Sans oublier, bien entendu, de forniquer le plus possible et le plus vite possible pour ne pas perdre de temps…

Les ruines des civilisations passées les plus proches de nous, grecque et romaine, sont les témoins éloquents d’une décadence progressant comme un cancer, au fur et à mesure que l’on démolissait les fondements de toute société, à savoir le mariage et la famille. Deux historiens parmi d’autres, l’Allemand Oswald Splenger et le Britannique Arnold Toynbee, attribuent la disparition de ces empires et de ces cultures à leur déclin moral intérieur bien davantage qu’à l’agression des barbares goths et visigoths. Ils furent envahis, écrasés et finirent par disparaître parce qu’ils avaient perdu la force morale pour résister.

L’hypersexualisation conduit sans exception à la déformation de la fonction sexuelle et engendre de graves problèmes, dont la violence, ouverte ou cachée, n’est pas la moindre. Ce désordre et cette violence finissent toujours par l’autodestruction des sociétés qui les cultivent ou qui même les tolèrent dans leur sein.

L’homme cherche son renouveau et sa régénération au moyen de sa sexualité, en dehors de l’Esprit et de la Parole de Dieu, sans réaliser que, coupée de ses racines, son activité sexuelle le dépersonnalisera plus qu’elle ne le renouvellera. C’est donc là aussi une forme de la mort, une quête suicidaire. La dépersonnalisation apparaît au point même où on s’imagine accomplir la fonction sexuelle : dans la jouissance elle-même.

Selon W.D. Sprague, psychanalyste américain, dans le plaisir sexuel ainsi représenté, il y a davantage de haine et d’agressivité que d’amour. Il a laissé l’impression à celui qui s’y adonne d’une revanche non seulement sur le partenaire, mais encore sur la communauté des gens et la société en général. La femme qui cherche l’assouvissement dans une relation adultère ou dans la relation homosexuelle déclare :

« Vous avez restreint ma liberté et frustré mon attente légitime. À présent, je vous montre ce que je pense de vos règles et de vos normes. Je défie vos codes de moralité et brise toute règle sociale. Vous vous êtes rendus coupables à mon égard, à présent c’est moi qui transgresse les règles contre vous. »

Voilà où aboutit la raison autonome de l’homme de la Renaissance et du Siècle des Lumières. Non seulement elle minimise le rôle de la raison, mais encore elle en renie l’existence ou le droit d’exister. De qui, de quoi? Sprague omet d’expliquer qu’une telle hostilité est dirigée principalement contre Dieu. Dans cette perspective, le sexe, fonction fondamentale de l’être humain, peut devenir une arme agressive parmi les plus violentes, un outil de destruction totale.

Un homme et une femme ne doivent se donner mutuellement dans leurs corps que parce que, auparavant, ils se sont donnés dans la totalité de leur personne. Si le mariage ne se limitait qu’à la sexualité, les rapports entre époux se résumeraient à une copulation animale, ni plus ni moins. C’est, hélas!, ce à quoi se résume le mariage dans un grand nombre de cas. « Aimer » signifie pour un grand nombre de nos contemporains coucher avec une femme, aux formes agréables si possible, et sur laquelle ils ont, par le moyen du mariage, obtenu un droit privilégié. C’est ainsi que le cynique Bernard Shaw a osé traiter le mariage de « prostitution légalisée ».

La femme n’est dans ce cas qu’un objet sexuel, et un mariage de cette espèce ne durera que le temps que durent les charmes physiques du conjoint, et encore… Mais après? On comprend alors l’indignation de tant de femmes modernes contre une telle consommation conjugale. Mais elles y réagissent en utilisant, à leur manière et à leur tour, les mêmes armes que les hommes. Elles ont soif de revanche, et c’est le cercle vicieux. Renouveler l’hostilité ou déplacer l’objet ne réussira pas à créer l’union entre les deux sexes dans l’union conjugale.

Lorsque la sexualité n’est rien d’autre qu’un rapport physique isolé de la totalité de la personne et du don de soi, il aboutira à deux résultats : le sexe sera divinisé, ou plutôt démonisé. En cherchant à hisser la sexualité à un statut divin, on parvient à en déclencher les forces démoniaques. S’imaginant suivre l’ange du sexe, on s’enchaîne désespérément aux légions démoniaques de l’éros.

Lorsqu’un homme et une femme s’engagent dans un rapport physique sans promesse de fidélité mutuelle, ils deviennent des initiés pratiquant la magie du sexe démonisé. Ils feront des tentatives futiles pour obtenir la satisfaction sexuelle en changeant de partenaire ou en expérimentant de nouveaux procédés érotiques. Incapables du véritable don de soi, ils ne parviendront jamais à une joie saine et durable. Alors, ils se rouleront d’un lit à l’autre, comme ces vieux personnages de Henry Miller, et ils iront de frustration en frustration.

Le théologien Karl Barth écrivait quelque part : « Le coït sans la coexistence dans le mariage est une relation démoniaque. » J’ajouterai que la sexualité, en dehors du cadre institué par Dieu, c’est-à-dire le mariage organisé selon ses normes, est source de frustration et creuse le tombeau de tout bonheur.

Parce que l’homme est un être personnel, sa sexualité le sera aussi, mais uniquement dans le cadre du mariage. L’intention de Dieu de créer l’homme contient aussi un aspect d’une importance capitale : l’homme est appelé à dominer la création. La sexualité de l’homme est liée étroitement à cette vocation spécifique que le Créateur lui adresse. À cet effet, Dieu lui procure une « aide semblable à lui ». La femme le complétera essentiellement dans le service que l’homme est appelé à rendre à Dieu. D’où il devient évident que l’homme est plus que sexualité. Bien que cette nature et cette fonction sexuelles lui resteront tout au long de son existence terrestre, celle-ci ne sera pas réduite à une simple nature et fonction sexuelle.

L’homme est principalement défini en fonction de ses instincts. Une certaine psychologie moderne fuit comme la peste tout ce qui est discours sur la conscience, sur la raison, voire sur l’esprit. Cette attitude s’explique par les présuppositions évolutionnistes de l’interprétation psychologique de l’éros. Selon elle, conscience, raison ou esprit ne seraient que des épiphénomènes. Chez Freud, par exemple, l’esprit s’explique par l’inconscient (id, ego, super-ego). Mais nous ne devrions pas être surpris des résultats désastreux auxquels a abouti une telle conception psychologique des choses. Elle est coupable d’avoir produit une génération d’irrationnels.

Or, comme tout acte humain, et même plus que tout autre, le rapport sexuel implique et engage l’homme dans sa totalité, ce qui veut dire que le rapport sexuel est plus que copulation et il vient s’ajouter à d’autres fonctions. Car nous estimons que les aspects physiques, biotiques et psychologiques des activités humaines sont humains, et non de la catégorie de l’animal au même titre que d’autres activités.

Le rapport entre l’homme et la femme est différent de l’accouplement animal. Ce rapport atteint son but final dans les liens du mariage. Le couple peut protester qu’il s’aime; trop souvent, son rapport indique qu’il y a davantage « libre service » et fuite devant les responsabilités que véritable amour. Mais cela ne peut aboutir qu’à la destruction du couple et de la famille tout entière.

Quelle attitude adopter pour contribuer au renouveau de la pensée et des actes? Il nous faut principalement accepter la réalité sexuelle en termes bibliques. La sexualité est bonne en soi, puisqu’elle est apparue en même temps que la création de l’homme. Elle n’est pas responsable de sa chute ni la source du mal.

En outre, si la fonction sexuelle s’arrête avec la mort, la nature sexuelle de l’homme le suivra au ciel. Du fait que nous ressemblerons à des anges qui ne se marient pas, il ne faut pas en conclure que nous cesserons d’être des hommes ou des femmes, selon la nature qui nous est propre, pour devenir une espèce neutre. Seulement, la virilité et la féminité seront restaurées, deviendront parfaites, sans le mal qui s’attache à ces attributs depuis la chute.

Jésus-Christ s’incarna avec une sexualité masculine. Il fut semblable à nous en toutes choses, tenté comme chacun d’entre nous, sans toutefois commettre de péché. Nous avons du mal à nous imaginer qu’une personne vivant durant une trentaine d’années puisse subir la tentation et ne pas y succomber. Certains s’imaginent même que, si le Christ n’a pas péché, c’est parce qu’il n’aurait pas été parfaitement humain, puisque, disons-nous, errer est humain, Jésus aurait, lui aussi, dû pécher s’il était totalement humain. Pourtant, nous savons que le Christ n’a pas commis de péché. Autrement, il n’aurait pas pu nous secourir en sa qualité de Médiateur et de Sauveur. En nous en souvenant, nous pourrons, à l’heure de la tentation, la fuir et nous nous appuierons sur la déclaration du Christ : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde » (Jn 16.33).

Souvenons-nous également de ce qui est écrit par l’apôtre Jean : « La victoire qui vainc le monde est notre foi » (voir également 1 Co 10.11-12). Si parfois nous succombons, souvenons-nous que nul n’est exempt de péché. Cherchons alors auprès du Seigneur, notre Avocat et Défenseur, le pardon des offenses et écoutons-le nous dire : « Va et ne pèche plus. »

Au regard chrétien, la sexualité est une réalité spirituelle. Nous pensons en général que la différence entre un homme et une femme n’est que de nature physique. Mais tel n’est pas le cas.

Selon Jean Calvin, la capacité de la femme de connaître, d’apprécier la justice, de vivre la sainteté, etc., n’est pas moindre que celle de l’homme. En tout ceci, elle égale l’homme. La seule différence est que ce dernier a reçu une préséance sur elle et détient une certaine autorité qui lui est propre. Pourtant, même ainsi, l’approche de l’une et de l’autre des réalités de la création sera différente.

Par exemple, pour l’homme, connaître peut signifier exercer un pouvoir, tandis que, pour la femme, cela signifiera comprendre… Aussi, certains domaines de l’existence attirent plus les hommes que les femmes. Mais une vision du monde et de la vie qui serait exclusivement masculine ou exclusivement féminine serait étriquée et, même pire, elle serait tout à fait stérile. D’où leur complémentarité que nous ne cessons de souligner.

La spiritualité de la sexualité apparaîtra encore sur d’autres points. Différents aspects de l’existence sont assumés en commun par l’homme et la femme : économique, esthétique, psychique, éducatif et culturel, voire politique et social. Cela veut dire que jamais le couple ne doit chercher à absorber et à faire s’évanouir la personnalité de l’autre. C’est ensemble qu’ils maintiendront la fidélité dans tous les aspects de leur existence. Les rapports du couple subiront un grave préjudice si, ensemble, ils ne parviennent pas à un accord économique ou financier; ou s’ils ne discutent pas en commun des sujets importants; ou si l’un méprise l’autre; ou encore si, dans une situation difficile, l’épouse ne soutient pas l’époux et vice-versa.

Ainsi, il n’est pas juste de dire que l’amour de l’homme pour sa femme est bon, mais que le rapport sexuel lui serait inférieur. Une telle appréciation de la nature et de la fonction sexuelle résulte de la dichotomie pernicieuse qui sépare l’homme en « âme », partie bonne, et « corps », partie considérée comme le siège du mal. Certes, l’amour-fidélité dirigera le rapport physique. Et celui-ci est le don que l’homme reçut des mains de Dieu dans le jardin d’Eden, chambre nuptiale où il fut placé dès le premier jour de sa création.

Lorsque le rapport sexuel est considéré comme normal avec n’importe quel partenaire, les deux personnes engagées feront l’expérience d’un égoïsme absolu, d’une exploitation mutuelle d’où s’ensuivra fatalement un sentiment poignant d’insécurité. Ils deviennent presque des belligérants. L’amour surnommé « libre », c’est-à-dire celui qui refuse des liens à long terme, déclenche forcément la guerre des sexes. Lorsque la femme ou l’homme n’ont plus de possibilités de « rendement » sexuel, ils seront jetés comme de vulgaires rebuts de la société. Malgré toutes les affirmations contraires, une telle liberté est incapable d’aller au-delà de ce résultat. Elle engendre la peur de l’échec. L’intérêt pour le sexe, s’il n’est rien de plus qu’un goût physique pour consommer du sexe, aboutit forcément à ce résultat lamentable que nous avons appelé « guerre des sexes ». L’homme, devenu l’esclave de ses passions, est totalement déterminé par un appétit sexuel occasionnel qui n’a rien à voir avec l’amour et qui lui est même contraire.

Parvenus à ce point, nous pouvons affirmer que le mariage démythifie parfaitement la sexualité. Il la prive de ses prétentions de divinité. Un époux et une épouse fidèles découvriront que l’éros n’a rien de divin et, du coup, le démon aussi sera combattu comme un tyran cherchant une satisfaction absolue. Le mariage réhabilite la sexualité physique, car c’est là que le sexe cesse d’être un acte de vulgaire consommation.

C’est grâce à nos différences sexuelles que nous sommes ce que nous sommes. On a représenté, bien à tort, les deux sexes comme étant la moitié d’un ensemble. Toutefois, l’homme ne serait pas tout à fait l’homme dans un monde où il n’y aurait pas de femme, et la femme, elle, a aussi besoin de l’homme pour atteindre pleinement la maturité. L’accomplissement de soi à travers et avec l’autre sexe s’effectue grâce au lien conjugal, et exclusivement là. Le complément sexuel qui vient s’ajouter n’est pas une « moitié », mais il contribue au développement de la personnalité du conjoint. La raison pour laquelle tel homme ou telle femme nous a attirés plus que d’autres s’explique souvent par le fait que, le ou la connaissant, cela nous a permis de mieux nous connaître. Il n’est pas alors étonnant que tout amoureux et toute amoureuse aient pu dire : « Ma vie a commencé le jour où je t’ai rencontré… »

Pour résumer, nous dirons que notre sexualité sera mieux accomplie si nous ne pensons pas exclusivement à son aspect physique et que nous pouvons en saisir toutes les implications et les richesses. L’explication physiologique veut que les glandes par lesquelles nous nous reproduisons déversent dans notre corps des hormones nous rendant capables de produire des œuvres littéraires, artistiques, etc.

Celui qui ne pense qu’au sexe et qui ne médite que sur lui ne risque pas de laisser des traces dans l’histoire; il n’aura pas de progéniture spirituelle.

Replaçons alors l’amour à la place qui lui revient. Notre erreur consiste à croire qu’amour et sexualité doivent toujours être liés. Nous ne disons parfois pas assez que nous aimons une personne de peur que cela ne prête à confusion. Or, cette idée de l’amour est l’opposé même de la conception biblique. D’après Jean 11, Jésus aimait Marthe et Marie et leur frère Lazare, sans qu’il y ait ici une connotation sexuelle quelconque.

Certains interprètes ont imaginé que, dans 1 Corinthiens 7.9, l’apôtre Paul conseillait à ceux qui ne pouvaient s’abstenir du commerce avec les prostituées de se marier, afin de pouvoir donner libre cours à leurs impulsions sexuelles à l’intérieur du cadre du mariage… Ils se trompent lourdement, car, même si d’après le raisonnement de l’apôtre le chrétien ou la chrétienne ne devraient pas rester célibataires s’ils se voient exposés constamment à la tentation (le fameux « il vaut mieux se marier que de brûler »), pour l’apôtre, le mariage n’est pas une concession, un pis aller dans la recherche de l’assouvissement des instincts sexuels. Si cela eut été le cas, le mariage n’aurait eu aucune légitimité à ses yeux. Or, l’apôtre doit connaître l’histoire de son peuple, chez qui le mariage n’a jamais mis quelqu’un à l’abri de l’adultère. Si on aime son conjoint, sa fiancée ou son fiancé, on ne cherche pas avant tout à établir un rapport physique. (Ce texte paulinien a donné naissance à tant de malentendus qu’il est bon de bien le comprendre. Nous conseillons vivement de se rapporter au commentaire de Jean Calvin).

Terminons ce chapitre en redisant que le chrétien a reçu l’approbation de Dieu pour se marier, non pas seulement pour éviter la fornication, mais surtout parce que la sexualité a été le don fait par Dieu, telle une splendeur ajoutée à tout ce qu’il fit afin de nous donner une joie pleine sous la bénédiction du Père céleste.

Parce que Dieu est un être personnel, l’homme l’est aussi. Et tous les aspects de son existence le sont également. La « chimie physique » de l’homme n’est pas simplement un aspect humain du genre, mais encore un aspect tout à fait personnel.

La sexualité est la personne elle-même. Là où la psychologie réduit l’homme à son pur instinct élémentaire, en termes d’une théorie évolutionniste, elle œuvre inévitablement pour priver l’homme de sa nature personnelle et le conduire vers l’immaturité. Ainsi, l’homme apparaît amenuisé, proie de ses phantasmes, victime impuissante d’une sexualité frénétique. Il tente de se réaliser à l’aide de sa sexualité, mais il ne sait pas qu’il réussit à se désintégrer totalement et définitivement.