Cet article a pour sujet Nelson Mandela (1918-2013) et son rôle politique en Afrique du Sud. Par la providence de Dieu, la transition du pouvoir s'est faite pacifiquement en Afrique du Sud dans les années 1990.

4 pages. Traduit par RC

Nelson Mandela 1918 - 2013

  1. Un homme de foi?
  2. Mandela influencé par le christianisme
  3. La providence de Dieu

Maintenant que Nelson Mandela est enterré, le temps est désormais venu de poser un autre regard sur son rôle sur la scène politique sud-africaine au cours des 60 dernières années. Comme l’on pouvait s’y attendre, les louanges qui se sont élevées à son sujet durant les jours de deuil furent quelque peu exagérées. Il a été décrit par beaucoup comme étant l’homme qui, à lui seul, a sauvé l’Afrique du Sud du désastre — une déclaration qui ne tient pas compte du rôle des autres dirigeants comme l’évêque Desmond Tutu, le président F. W. De Klerk et les groupes qu’ils représentaient. Certains sont même allés plus loin : le journal britannique The Telegraph a comparé Nelson Mandela à Jésus-Christ. Lorsqu’on s’est moqué de lui et qu’on l’a critiqué, l’auteur de l’article a écrit un autre article stipulant que « Nelson Mandela possédait de nombreuses qualités semblables à celles de Jésus-Christ et qui ne se retrouvent chez personne d’autre1 ».

À l’autre extrémité de l’éventail des opinions, des évaluations très négatives de l’ancien président ont été faites. Mandela a été décrit comme un communiste et un terroriste responsable de la mort de nombreuses personnes en Afrique du Sud. D’autres détracteurs l’ont traité de socialiste ayant introduit des lois permettant l’avortement et la prostitution dans son pays : bref, un homme avec du sang sur les mains. Certains ont même poussé ces critiques à l’extrême. Un bon nombre de personnes en Afrique du Sud croient que Nelson Mandela était un instrument du diable. Si cela vous intéresse, faites une recherche Google avec la combinaison des mots « Mandela » et « Antichrist » (en anglais), et vous obtiendrez plus de 200 000 liens!

Il n’est pas étonnant que les chrétiens en Amérique du Nord ne sachent pas trop quoi penser de ces opinions divergentes. Que penser de Nelson Mandela? N’est-il pas sorti de prison dans un état d’esprit remarquable qui l’a poussé à chercher la réconciliation avec ses ennemis plutôt que la vengeance? Ou devons-nous supposer qu’il s’est montré plus malin que tout le monde en faisant semblant de pardonner? Tout cela faisait-il partie d’un plan dévoyé et diabolique pour s’emparer du pouvoir et ensuite détruire le christianisme dans son pays?

Il est vraiment difficile de cerner Mandela. Il était le fils d’un chef africain; il a reçu sa formation scolaire dans des écoles de mission méthodistes; il s’est joint au Congrès national africain (African National Congress ou ANC) et s’est impliqué dans la résistance politique contre l’apartheid, joignant ses forces à celles des communistes chemin faisant. Toutes ces expériences ont influencé Mandela et doivent être prises en compte si nous voulons essayer de le comprendre.

Dans son célèbre discours de 1964, intitulé « Un idéal pour lequel je suis prêt à mourir », Mandela se décrit lui-même comme quelqu’un admirant l’idéal occidental de démocratie aussi bien que l’idéal communiste d’une société sans classes. Il a déclaré que sa pensée avait été influencée à la fois par l’Occident et par l’Orient, ajoutant qu’il voulait retenir ce qu’il y avait de meilleur dans les deux côtés.

Alors que Mandela parlait assez ouvertement des influences politiques qui ont façonné sa pensée, il n’a jamais beaucoup parlé de ses croyances religieuses. Peut-être, maintenant qu’il est décédé, allons-nous en entendre davantage à ce sujet de la part de certains de ses proches. En attendant, nous ne pouvons travailler qu’avec les rares déclarations qu’il a faites à ce sujet et avec la façon dont il s’est conduit dans sa vie privée et publique.

1. Un homme de foi?🔗

Nelson Mandela était-il chrétien? Il n’a jamais donné de réponse directe aux journalistes qui lui ont posé cette question. Il disait simplement que la foi est un sujet privé. Mandela a souvent loué l’Église pour son rôle durant la lutte contre l’apartheid, mais, à ce que je sache, il n’a jamais affirmé clairement avoir foi dans le Seigneur Jésus-Christ. Ceci n’est pas bon signe, bien sûr. Un vrai chrétien est un chrétien qui confesse le nom de Jésus-Christ.

En même temps, il y a des indications qui nous permettent de penser qu’il se considérait lui-même comme faisant partie de la communauté chrétienne. En 1994, alors qu’il parlait à la conférence de Pâques de la plus grande Église sud-africaine, la Zion Christian Church, Mandela a fait référence, à plusieurs reprises, à « notre Messie ressuscité » et à « notre Seigneur ressuscité »2. Toutefois, il est toujours demeuré le politicien. Dans son discours inaugural au Parlement des religions du monde, au Cap, en 1999, Mandela a rendu hommage aux principaux livres religieux (mentionnant explicitement la Bhagavad-Gita, le Coran et la Bible) pour leur enseignement des principes fondamentaux de la conduite humaine.

Certains ont affirmé que Mandela était un « chrétien dans le placard », un croyant chrétien qui gardait sa foi pour lui-même. Les médias sud-africains ont rapporté qu’un pasteur méthodiste a administré les derniers sacrements à Mandela peu avant sa mort. Un ministre qui était très proche de lui a dit que Mandela aimait se faire réciter la bénédiction prononcée par les prêtres israélites3 (Nb 6.24-26). Il est aussi frappant que de nombreux hymnes chrétiens aient été chantés lors des funérailles de Mandela, dont l’hymne préféré de sa mère.

Nous devons garder à l’esprit que le christianisme est souvent syncrétique en Afrique. Il en est ainsi dans l’Église de Mandela aussi, l’Église méthodiste en Afrique du Sud (Methodist Church in South Africa). De nombreux membres de cette Église vénèrent encore les esprits ancestraux. Les funérailles de Mandela ont été une manifestation de ce syncrétisme, où se mélangeaient rituels chrétiens et païens. Pendant que le corps de Mandela était transporté vers Qunu pour l’enterrement, l’ancien d’une tribu est venu parler à « l’esprit de Mandela » pour lui faire savoir où il allait. Le matin des funérailles, avant la cérémonie, un bœuf a été tué et un ancien de la famille a continué de parler à l’esprit du défunt. Ces choses sont des signes typiques de la religion traditionnelle africaine.

Mandela était-il chrétien? Ultimement, c’est le Seigneur qui sait ce qui était dans le cœur de Mandela et nous savons que le Seigneur est miséricordieux et juste.

2. Mandela influencé par le christianisme🔗

Cependant, il y a davantage à dire. Comme nous l’avons mentionné plus haut, dans son enfance, Mandela a reçu sa formation scolaire dans des écoles de mission méthodistes. Dans son autobiographie, Un long chemin vers la liberté, il décrit le rôle important qu’a joué l’Église dans ses jeunes années.

À 17 ans, Mandela est entré comme étudiant au Clarkebury Institute, une école secondaire wesleyenne. Le directeur était un certain pasteur C. Harris, un homme respecté et aimé par la tribu Thembu. Mandela a commenté : « En tant qu’exemple d’un homme dévoué de manière non égoïste à une bonne cause, le pasteur Harris a été un modèle important pour moi.4 » Plus tard, à l’âge de 19 ans, il s’est inscrit au Wesleyan College à Fort Beaufort. Le directeur de l’école était un pasteur méthodiste du nom de Dr Arthur Wellington. Dans son cas, l’évaluation de Mandela fut moins positive. Il a décrit le directeur comme « un Anglais borné et guindé qui se vantait de ses liens avec le duc de Wellington5 ».

Manifestement, Mandela n’a pas vécu que du positif dans les écoles chrétiennes, mais l’éducation chrétienne dont il a profité et les exemples chrétiens dont il a été le témoin ont exercé une profonde influence sur lui. Des années plus tard, lorsque les gens lui ont demandé pourquoi il ne s’était pas vengé de ses anciens ennemis après être sorti de prison, il a répondu : « Les missionnaires méthodistes m’ont enseigné le pardon.6 » Tout un commentaire quand on pense que c’est là un des fondements de la transition pacifique du pouvoir en Afrique du Sud! Réfléchissez à ce qui aurait pu se passer si Mandela avait reçu, dans ses jeunes années, une formation dans une école communiste ou islamique! L’Afrique du Sud serait un endroit bien différent aujourd’hui.

3. La providence de Dieu🔗

Cela nous amène à méditer sur la providence de Dieu dans la transition pacifique du pouvoir qui s’est faite en Afrique du Sud dans les années 1990. J’habitais avec ma famille en Afrique du Sud pendant ces années-là et je me souviens que de nombreux Blancs craignaient un bain de sang. Il y a eu des pertes de vie et des blessés, bien sûr, mais en général les choses se sont déroulées de manière pacifique. Aux élections de 1994, Mandela est devenu président et de nombreuses personnes ont craint qu’il utilise son nouveau poste de pouvoir pour opprimer les Blancs dans le pays. C’est seulement quand Mandela a publiquement encouragé l’équipe sud-africaine de rugby lors de la Coupe du monde de 1995 (c’était encore une équipe principalement blanche à cette époque), que les gens ont commencé à réaliser que l’homme voulait vraiment la paix et la réconciliation. La photo de Mandela en train de féliciter François Pienaar, le capitaine des Springboks, rappelle un moment symbolique et chargé d’émotion.

La Parole de Dieu nous enseigne que le cœur du roi est dans la main du Seigneur; il le dirige comme un cours d’eau, partout où il veut (Pr 21.1). Cyrus, le roi de Perse, en est un exemple frappant. En Esdras 1.1, nous lisons que « l’Éternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit faire de vive voix et par écrit cette publication » permettant aux Juifs exilés de revenir à Jérusalem et en Juda. Plus loin dans le même livre, le Seigneur « inclina vers eux le cœur du roi d’Assyrie pour les soutenir dans l’œuvre de la maison de Dieu, du Dieu d’Israël » (Esd 6.22, voir aussi 7.27).

Ce que le Seigneur a fait à l’époque de l’Ancien Testament, il peut le faire encore aujourd’hui. Nous croyons que Dieu a entendu les prières de nombreux chrétiens, Noirs et Blancs, et qu’il a incliné le cœur de Nelson Mandela à rechercher la paix et la réconciliation pour son pays après sa sortie de prison. Dans la providence du Seigneur, cela a commencé durant son enfance. La mère de Mandela était membre de l’Église méthodiste, et, pendant toute sa jeunesse, Mandela a pu profiter de l’éducation dispensée dans des écoles primaire et secondaire méthodistes. Même s’il a embrassé le socialisme et même s’il a eu des liens avec le communisme plus tard dans sa vie, il a néanmoins reconnu l’influence des missionnaires méthodistes sur sa pensée. Quel qu’ait été le mélange de convictions dans l’esprit et le cœur de Mandela, Dieu a utilisé cet homme pour protéger son peuple en Afrique du Sud (noir et blanc) d’une révolution sanglante. Alors que le monde peut accorder le crédit à Mandela pour la transition pacifique du pouvoir en Afrique du Sud, en tant que chrétiens, nous remercions et louons Dieu d’avoir utilisé Mandela comme un instrument dans sa main.

Si l’on réfléchit en rétrospective aux développements politiques en Afrique du Sud durant les années 1990, il y a beaucoup de raisons de louer Dieu. Il a entendu les prières de son peuple. Il a établi des dirigeants des deux côtés de l’échiquier politique ayant été influencés par les principes chrétiens, ce qui leur a permis de conduire le pays dans un processus difficile de transition de pouvoir politique. Nous louons le Seigneur pour cela. Puisse-t-il continuer de protéger et de bénir son peuple en Afrique du Sud, maintenant et dans les années à venir, alors que le pays est gouverné par de moins grands penseurs.

Notes

1. The Telegraph, 11 décembre 2013.

2. Texte du discours disponible sur le site South African History Online.

3. Verashni Pillay, « Mandela and the Confessions of a Closet Christian », Mail and Guardian, 13 décembre 2013.

4. Mandela, Long Walk to Freedom, 18.

5. Mandela, ibid. 33.

6. Voir par exemple Raymond Heard, « Farewell Madiba », National Post, 5 décembre 2013.