Cet article a pour sujet le sida. Dieu est souverain sur les virus. Il a établi un ordre moral touchant le mariage et la sexualité. Il exerce son jugement sur toute immoralité et manifeste sa compassion aux victimes du fléau, nous appelant à la foi, à l'amour et à l'espérance.

Source: L'obéissance de la foi. 5 pages.

Perspectives bibliques sur le sida

N’est-il pas étrange de parler de perspectives bibliques sur le sida lorsqu’on sait que, durant les périodes où la Bible fut rédigée, le fléau qui frappe actuellement notre société n’existait pas, tout au moins à ce que l’on sache… Nous estimons cependant qu’il est légitime de le faire, car le Livre saint offre des indications qui, même si elles ne mentionnent pas ce mal, nous autorisent à tirer des conclusions aussi valables qu’urgentes.

L’une d’elles est que l’Écriture atteste l’absolue souveraineté de Dieu comme elle nous révèle son existence. Dieu régit souverainement toutes choses; son contrôle s’exerce aussi bien sur le macrocosme que sur le microcosme. Aucune forme de vie ne se dérobe à son regard, aucune zone de l’ordre créé n’échappe à son contrôle. Sa prescience (il faudrait dire sa prédestination), le pouvoir qu’il détient sur toutes choses et qui lui permet de préserver l’univers créé, touche aussi bien à l’astrophysique qu’à la microbiologie. Cette suprême autorité nous permet de penser, sans hésitation ni doute, que le moindre virus qui nous agresse est placé sous son contrôle; il ne passe pas inaperçu d’elle, il n’existe pas malgré Dieu et Dieu ne l’ignore pas. Son origine, ses mutations, son développement dépendent de sa souveraineté.

Une telle affirmation soulèvera quelques questions pertinentes, voire troublantes, même dans l’esprit des chrétiens. En effet, comment justifier les opérations divines lorsque le mal devient, sinon absolu, tout au moins désarmant et déroutant? Pourtant, la souveraineté divine n’est pas un problème à nos yeux; bien au contraire, elle est une raison toute spéciale de nous rassurer, devient source de consolation et nous apprend que nous-mêmes, comme toutes choses, sommes en rapport direct avec le Dieu souverain qui est aussi un Dieu personnel, non un être impersonnel ou une force froide et cruelle.

En deuxième lieu, la souveraineté absolue du Dieu de la révélation biblique est définie par la nature et le caractère de la personne du Christ, son Fils incarné. Celui-ci nous est présenté comme l’Agneau immolé. Dans la vie et la mission du Christ, nous découvrirons la nature ainsi que les dimensions de la transcendance divine. C’est un Agneau immolé qui est auprès du trône céleste. Aussi le chrétien ne parlera pas du sida en termes d’une souveraineté abstraite, impersonnelle, dépourvue de toute miséricorde, mais en termes de la compassion que le Dieu des cieux et de la terre montre dans la vie du Christ-Jésus. Le virus du sida n’est donc pas, lui non plus, une entité indépendante qui serait gérée de façon autonome. Au contraire, dans chacune de ses phases et de ses mutations, il est sujet au contrôle divin.

Un autre trait du caractère divin est celui de la justice, qui, dans la Bible, se manifeste souvent par l’expression de sa colère. La colère de Dieu nous rappelle que, dans l’univers créé par lui, Dieu ne joue pas aux dés, mais se comporte en personne morale. Il nous place dans un ordre moral objectif. Ce n’est pas le hasard qui préside à nos destinées, et les virus, tous sans exception, ne sont pas des défis lancés à sa majesté transcendante. Les commandements que Dieu nous révèle et l’impératif qu’il nous adresse ne sont pas tout d’abord prévus à des fins utilitaires ni comme des moyens de défense pour la survie sociale. Ils doivent, en tout premier lieu, nous aider à distinguer ce qui est bon et juste en soi de ce qui est mauvais et inique. L’ordre moral auquel je dois adhérer n’est pas une invention de mon cerveau; il est extérieur à ma subjectivité, il s’impose à moi de dehors, il est ancré en Dieu, qui est la personnalité morale suprême. C’est en vertu précisément de cela que nous défendons ce qui est sacré ici-bas : la vie, la vérité, le mariage, la famille… choses qui toutes ont leurs racines en l’être même de Dieu. Leur violation porte atteinte à l’ordre établi par lui, qui nous les confie parce que nous sommes porteurs de son image.

Avec raison donc, le chrétien croit qu’il existe un lien vital et profond entre la fidélité conjugale et l’existence trinitaire du Dieu vivant, entre la résurrection du Christ et la réalité morale qui devra caractériser toute relation humaine. Cet ordre objectif tient la crucifixion du Christ pour le crime par excellence et sa résurrection comme les prémices de la victoire de Dieu remportée sur toutes les forces du mal liguées contre lui. L’immoralité porte atteinte à la vie; elle déforme la vérité; elle viole des normes établies avec sagesse une fois pour toutes; elle avilit les rapports sexuels; elle engendre un conflit tragique avec cet ordre moral objectif. Ainsi, non seulement Dieu régit cet ordre moral personnel, mais encore il réagit contre toute transgression de sa sainte, bonne et parfaite volonté.

La colère sainte a explosé dès la première transgression; la justice parfaite de Dieu chassa du paradis le premier couple. Au défi insensé que l’homme jeta à son visage, Dieu opposa sa justice souveraine et prononça une sentence irrévocable. Il n’y a plus moyen de retourner en arrière, de grimper les murailles du paradis perdu, d’escalader une porte dérobée pour échapper à l’épée flamboyante de l’archange gardien. Elle se manifesta de nouveau dans et par la destruction de Sodome et de Gomorrhe, villes aux mœurs dissolues, iniques et abominables. Dieu réagit pour rétablir son ordre moral.

Enfin, sa colère atteignit son degré suprême, comme jamais auparavant au cours de l’histoire, lors de la crucifixion du Christ. La croix du Sauveur ne fut pas uniquement la manifestation de l’amour divin, mais encore celle de son jugement porté sur la race rebelle. Dieu châtie le péché humain en sacrifiant son propre Fils. En la personne du Christ, l’Homme innocent par excellence, c’est le pécheur lui-même qui a été jugé et condamné à mort. L’ensemble du Nouveau Testament décrit la crucifixion du Christ pas seulement comme son offrande volontaire, mais surtout comme l’exigence de la rétribution voulue par le Père.

À cet égard, il est bon de lire ou de relire le chapitre premier de la lettre de Paul aux Romains. La question posée par notre exposé n’est pas de savoir si le sida est le résultat direct du jugement de Dieu. Dans le texte cité, l’apôtre Paul ne dit pas que toutes les maladies résultant de la promiscuité sexuelle sont toujours des signes directs de la colère divine, mais ailleurs il affirme : « Fuyez l’inconduite. Quelque autre péché qu’un homme commette, ce péché est extérieur au corps; mais celui qui se livre à l’inconduite pèche contre son propre corps » (1 Co 6.18), ce qui semble rendre celui qui s’adonne aux péchés dits « de la chair » particulièrement vulnérable aux conséquences de son péché.

Toutefois, l’apôtre veut attirer notre attention vers un point plus radical encore. La question que nous devons nous poser aujourd’hui est de savoir si une maladie particulière apparaît effectivement comme le signe du jugement de Dieu ou bien si c’est le style de vie adopté collectivement, et dont les membres de la société sont tous plus ou moins responsables qui subit son juste courroux.

Enfin, parlant de perspectives bibliques au sujet du sida, n’omettons pas de mentionner la miséricorde de Dieu. Dieu se révèle en Christ, ce qui est fondamental pour notre foi. Il ne regarde pas l’iniquité et la misère humaines avec un simple regard désapprobateur, mais il le fait à travers le Christ; aussi témoigne-t-il de sa compassion aux victimes du fléau. Même les victimes coupables seront enveloppées du regard compatissant du Dieu de Jésus-Christ si elles se repentent et croient.

Ce qui précède nous aide-t-il à apercevoir des perspectives chrétiennes en ce qui concerne le fléau dont nous parlons? Il devrait être évident à tout esprit lucide que le sida ne relève pas du seul domaine médical, mais, pour reprendre une expression récente, il se place au cœur même de la transparence du mal, et c’est cela qui le rend tellement plus tragique…

Soyons prudents avant d’attribuer telle ou telle maladie directement au courroux divin. Certes, l’inconduite sera sévèrement jugée, mais avant de nous prononcer de manière catégorique sur les maladies qui en résultent, cherchons toujours à établir la vérité avec toute l’intégrité morale et intellectuelle requise.

Les moralistes ont tendance à porter, avec des airs de supériorité, des sentences sur les faibles, comme s’ils se trouvaient, eux, à l’abri de toute tentation, voire immunisés contre la chute. Or, nous partageons tous une humanité commune. Si nous avons échappé à telle tentation, il est possible de succomber à telle autre. Si nous sommes à l’abri du grave péché d’homosexualité, et il faut absolument l’être, il est possible de succomber à la tentation de l’orgueil spirituel, qui n’est pas un péché moindre. Malheureusement, les chrétiens ont parfois défini le péché en termes très étroits.

Selon l’Évangile, le sang du Christ nous purifie de tout péché. Gardons-nous donc de rejeter même celui qui est responsable de son mal dans l’abîme du désespoir, comme s’il n’existait plus pour lui ni de pardon ni d’espoir de réconciliation avec Dieu. L’Évangile fait irruption dans les recoins les plus obscurs de l’existence humaine pour délivrer, éclairer, réhabiliter. Aucune dépravation ne reste hors du bénéfice de la grâce si, par la foi, le coupable cherche la délivrance auprès du Fils de Dieu, notre Sauveur. Celui qui s’adresse à Dieu, qui invoque son saint nom et qui implore sa grâce, est certain d’obtenir son pardon. Dieu accepte l’enfant prodigue repentant, il accueille le pénitent qui a rebroussé chemin.

Ce sont là donc les grandes et pérennes certitudes chrétiennes, formant le cœur de la Bonne Nouvelle. Certes, le courroux divin n’a pas disparu dans ses rapports avec l’humanité déchue. Il demeure toujours une redoutable menace et, si nous récusons définitivement son commandement, nous finirons sûrement dans un chaos irréversible. Mais ceci admis, n’oublions pas un seul instant que l’Évangile est en tout premier lieu une Bonne Nouvelle, la seule qui puisse nous délivrer des lourdes chaînes qui nous entravent et des poids écrasants qui nous broient.

Comment appliquer ces principes bibliques à la situation présente? Nous chercherons la réponse aux questions suivantes :

D’abord, à savoir de quelle manière ces principes s’appliquent à la société en général. Toute la société, et notamment notre société occidentale sécularisée, devrait apprendre ou se rappeler que Dieu prononce son jugement sur toute conduite inique, qu’elle soit individuelle ou collective. Son jugement s’exerce actuellement de manière temporaire. Aussi est-il un appel à la repentance et l’occasion d’examiner nos styles de vie, de considérer nos conduites du point de vue du Dieu de la révélation. Admettons qu’actuellement, plus que dans le passé, il existe une iniquité non seulement exacerbée, mais encore répandue partout sans précédent.

Il serait absurde, si ce n’est calamiteux, de ne prendre des mesures que pour enrayer le mal (le sida dans le cas qui nous occupe) tout en négligeant les règles de conduite établies par le Dieu Créateur et en passant outre le droit du Dieu souverain. Actuellement, on s’épuise dans des efforts démesurés pour trouver des remèdes pour combattre le mal, tout en persistant dans une conduite dissolue et irresponsable. On cherche la guérison… pour pouvoir continuer à pécher en toute impunité! Or, Dieu nous appelle collectivement à nous convertir. Examinons alors les facteurs qui ont favorisé l’éclosion de l’actuelle déliquescence et privilégié l’inconduite.

Voyons ensuite, sur le plan individuel, le désordre dans lequel vit la personne elle-même. Les perspectives bibliques s’appliquent-elles à elle? Pouvons-nous lui adresser la Parole libératrice sans nous borner au langage médical ou aux avis sociopsychologiques? Pouvons-nous l’amener vers Dieu? C’est en faisant cela que nous lui rendrons le service dont elle a réellement besoin. Oserons-nous aussi lui dire franchement que Dieu refuse catégoriquement un certain style de vie, surtout à une époque où tous les styles de vie, aussi pervers soient-ils, sont considérés comme légitimes?

Troisièmement, quelle attitude adopter en présence de celui qui souffre du sida? D’abord, il faut l’aider au lieu de le repousser lorsqu’il s’approche de nous, car l’amour chrétien ne rejette personne. Nous l’aiderons dans la mesure du possible, avec tout ce que cela implique ou coûte. Nous savons que la victime peut être responsable aussi de son mal, bien que nombre d’entre elles, actuellement, le sont du fait de l’irresponsabilité d’autrui. Il faut oser déclarer, à cet endroit, que tout responsable d’iniquité, quelle qu’elle soit, comparaîtra devant le jugement divin. Mais prudence et douceur seront de rigueur devant la perspective d’une mort imminente.

Enfin, un mot sur l’intervention du Saint-Esprit là où nous serions incapables d’agir. Nous avons déclaré qu’une puissance toute personnelle régit aussi bien l’univers que nos existences individuelles. L’Esprit de Dieu est source de renouveau, agent d’espérance. N’est-il pas notre Consolateur et notre Soutien? Par la foi, aussi bien la victime que le responsable du sida peuvent puiser auprès de lui la force pour mener le combat de la foi.