Cet article a pour sujet les raisons pour lesquelles les Églises réformées pratiquent le baptême des enfants des croyants. Le baptême est le signe et le sceau des promesses de Dieu en Jésus-Christ et de son alliance de grâce avec nous et nos enfants.

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Pourquoi baptisons-nous les enfants?

  1. Qu’est-ce qu’un sacrement dans la Bible?
  2. Circoncision et baptême
  3. Le baptême des enfants
  4. Pour conclure

Il y a beaucoup de débats et de doute parmi les jeunes croyants — ici sur notre campus et ailleurs — au sujet du baptême des enfants. Cette pratique est-elle vraiment conforme à l’Évangile? Pourquoi n’en trouvons-nous pas d’attestation verbale claire dans le Nouveau Testament, et les arguments invoqués en sa faveur ne sont-ils pas forcés?

Il y a aussi beaucoup d’Églises de type baptiste qui se développent en ce moment et qui semblent très attrayantes et vivantes parce qu’elles proposent à leurs membres une relation plus émotionnelle avec Dieu : entre autres, elles demandent à leurs membres de se faire rebaptiser, ce qui veut dire qu’elles considèrent que le baptême des enfants est nul et sans valeur. Ceci est un point très important de l’enseignement chrétien, car il s’agit de la nature des promesses de Dieu et de la manière dont nous les recevons. Et cela influence toute notre vie chrétienne.

C’est pourquoi je voudrais exposer les raisons qui font que les Églises réformées baptisent les enfants, et montrer que faire cela, c’est respecter l’enseignement de la Bible quant à la souveraineté de Dieu et la manière dont il décide de conclure une alliance avec ses créatures. Mais il est d’abord nécessaire de préciser ce qu’est un sacrement, car autrement il est impossible d’avancer plus avant et d’aborder la question du baptême des enfants sans faire de contresens.

1. Qu’est-ce qu’un sacrement dans la Bible?🔗

Un sacrement c’est un signe extérieur que Dieu nous donne pour fortifier la faiblesse de notre foi. Par ce signe, il scelle dans nos consciences les promesses qu’il nous fait, et en même temps nous le reconnaissons comme notre Dieu. On peut employer l’image suivante : quand deux personnes concluent verbalement un accord, elles échangent ensuite une poignée de main pour confirmer ce qui a été dit : la poignée de main n’ajoute rien au contenu de l’accord, mais elle est comme une garantie, un sceau qui rend ce contenu plus valide. De même, la Parole de Dieu précède le sacrement, qui ne fait que la confirmer. Or, chaque fois dans la Bible que Dieu fait une promesse à l’homme, il l’appelle accord ou alliance. Le sacrement, c’est donc le sceau de cette alliance.

Cela ne veut pas dire que notre assurance du salut dépend du sacrement. Notre justification est en Jésus-Christ et en lui seul. Il arrive que le signe visible apparaisse sans la sanctification invisible et inversement. En d’autres termes, il ne faut pas confondre le signe et ce qui y est représenté. Pour reprendre notre image, il se peut qu’il y ait eu un accord, scellé par une poignée de main, et que l’une des parties ne respecte pas l’accord, ou bien que deux parties respectent l’accord sans qu’il y ait eu poignée de main échangée. Il ne nous faut pas seulement recevoir le signe extérieur, mais essentiellement ce qu’il signifie, autrement le sacrement nous condamne, parce que nous le rendons vide de contenu.

Dans l’Ancien Testament, Dieu a donné à plusieurs reprises des signes extérieurs comme sceau de ses promesses : l’arc-en-ciel à Noé (Gn 9.13), l’horloge qui recule de dix degrés pour promettre la santé à Ézéchias (2 R 20.9-11), etc. Le plus important d’entre eux a été la circoncision donnée à Abraham et à ses descendants. Tous ces sacrements ont été donnés pour conduire à Christ, puisque, selon 2 Corinthiens 1.20, toutes les promesses de Dieu sont faites en lui. La seule différence entre les sacrements de l’Ancien Testament et ceux du Nouveau Testament (baptême et communion) c’est que les premiers préfiguraient le Christ promis, qui devait venir, tandis que les seconds témoignent qu’il a déjà été donné et manifesté.

Il faut en effet dire très clairement que le peuple de Dieu dans l’Ancien Testament vivait déjà par Christ, qui est éternel, avant qu’il soit manifesté dans la chair. Nous lisons, dans 1 Corinthiens 10.4 :

« Frères, je ne veux pas que vous l’ignoriez, nos pères ont tous été sous la nuée, ils sont tous passés au travers de la mer, ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, ils ont tous mangé le même aliment spirituel et ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était le Christ. »

Donc, les Israélites communiaient déjà à Jésus-Christ.

2. Circoncision et baptême🔗

La question qui se pose maintenant à nous, directement à propos du sujet qui nous préoccupe, c’est de savoir si la circoncision — que recevaient les enfants mâles — a aussi un lien avec le Christ, et si le baptême succède à la circoncision (ce que nient les adversaires du baptême des enfants).

Il faut d’abord rappeler (ce que beaucoup de chrétiens ont tendance à oublier) que l’Alliance faite avec Abraham n’est pas l’Alliance du Sinaï, conclue avec Israël lorsque Moïse a reçu la loi (Jésus le rappelle dans Jn 7.22). « Abraham reçut le signe de la circoncision comme un sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi » (Rm 4.11). Nous lisons aussi dans Galates 3.17-18 :

« Un testament déjà établi en bonne forme par Dieu ne peut pas être annulé par la loi survenue 430 ans plus tard, ce qui anéantirait la promesse. Car si l’héritage venait de la loi, il ne viendrait plus de la promesse, or, c’est par la promesse que Dieu a accordé sa grâce à Abraham. »

Abraham, qui a été justifié par la foi, est devenu le père de tous les croyants, et cela au-delà de l’Alliance du Sinaï. La promesse qui lui est faite, c’est qu’il deviendra le père d’une multitude de nations (c’est-à-dire les croyants de toute nation et de toute race). C’est ce qu’atteste Paul dans Romains 4.16-18. Nous lisons aussi dans Galates 3.7-8 :

« Reconnaissez-le donc : ceux qui ont la foi sont fils d’Abraham. Aussi, l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : “toutes les nations seront bénies en toi”; de sorte que ceux qui ont la foi sont bénis avec Abraham le croyant. »

Nous aussi, nous sommes donc spirituellement les fils d’Abraham, et nous vivons sous la même Alliance que celle qui a été conclue avec lui.

Alors pourquoi le baptême au lieu de la circoncision? Parce que Jésus est venu entre-temps, et que le signe a changé de forme, mais pas de contenu : tous les deux signifient la rémission des péchés et le fait d’appartenir au peuple de Dieu. La circoncision était pour les Israélites le signe que tout ce qui provient de la semence de l’homme, c’est-à-dire toute sa nature, est corrompu et a besoin d’être circoncis et taillé. Mais en même temps, ce signe confirmait la promesse faite à Abraham que malgré cette corruption sa descendance serait bénie, parce qu’elle aboutirait à Jésus-Christ (Ga 3.16). Ainsi, les juifs attendaient, par la foi, la venue du Christ et la circoncision leur fut donnée comme un sceau de la justice qu’ils obtenaient par cette foi qu’ils avaient en cette promesse (Rm 4.9-12). (Précisons que la circoncision, bien que pratiquée sur les mâles seulement, englobait dans sa signification les femmes, puisque dans la semence de l’homme sont inclus aussi bien les hommes que les femmes.)

Comme on l’a dit plus haut, le signe extérieur n’est pas une garantie de salut, mais seules l’acceptation sincère de la promesse et la foi comptent pour la justification. Ceci était vrai aussi pour les juifs dans l’Ancien Testament. La preuve en est qu’à plusieurs reprises, ils sont appelés à circoncire leur cœur, à s’humilier devant Dieu et à avoir la foi en lui (voir Dt 10.16; 30.6; Jr 4.4). Dans les traductions françaises et anglaises, comme dans l’ancienne traduction afrikaans, on a conservé l’expression « circoncision du cœur », qui montre bien que d’avoir été circoncis étant enfant ne veut pas dire qu’on puisse se dispenser d’avoir la foi et que la circoncision physique n’a de sens véritable que si elle est conjointe à une « circoncision spirituelle ».

Si le signe a changé (la circoncision s’est transformée en baptême), c’est parce que Jésus-Christ est mort sur la croix, et qu’en sa mort, le péché des croyants a été totalement enseveli, noyé (Rm 6.3-11). C’est pourquoi l’eau du baptême représente la mort de notre péché, tout comme l’eau qui a englouti l’armée de Pharaon poursuivant Israël. Nous sommes lavés, purifiés de notre péché par cette eau. Christ accomplit totalement cette circoncision de notre chair, cet élagage de notre nature corrompue; et lorsque nous sommes baptisés, ce signe marque notre incorporation au peuple de Dieu. La circoncision annonçait la venue du Christ; une fois Christ venu et son œuvre rédemptrice accomplie, le signe de la promesse de sa venue n’a plus de raison d’être, puisque la promesse a été accomplie. C’est pourquoi, à ceux qui demandent pourquoi Jésus n’a pas été baptisé enfant, on peut facilement répondre que le baptême ne prend de sens qu’après sa mort et sa résurrection, qui marquent la victoire définitive sur le péché.

Par ailleurs, le baptême de Jésus au Jourdain ne signifie naturellement pas que Jésus était un pécheur et qu’il avait besoin de se repentir; cela signifie qu’il s’est identifié aux pécheurs qu’il était venu racheter. Ce faisant, il s’est dépouillé totalement; et Jean-Baptiste le savait, puisqu’il a hésité à baptiser Jésus. Mais en même temps, le Saint-Esprit a proclamé la nature divine de Christ. Jean-Baptiste avait un double ministère : pratiquer le baptême de la repentance et annoncer Jésus, « l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde » (Jn 1.29). En d’autres termes, le baptême que pratiquait Jean-Baptiste n’était fondé qu’en la mort et la résurrection de Jésus-Christ, seules capables d’opérer la rémission des péchés.

Nous voyons donc bien que le baptême vient en droite ligne de la circoncision, et Paul le dit très clairement dans Colossiens 2.11-12 :

« En lui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’est pas faite par la main des hommes : c’est-à-dire le dépouillement du corps de la chair; la circoncision du Christ. Ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. »

Quelqu’un a parlé de l’Alliance d’Abraham en la comparant à une rose qui d’abord n’est pas éclose, puis qui éclot ensuite : il s’agit de la même rose, avec les mêmes éléments à l’intérieur, et pourtant, au moment de son éclosion, elle change d’apparence et déploie toutes ses potentialités (et alors, personne ne voudrait qu’elle revienne au stade antérieur de son développement).

Puisqu’il a été fait mention de Jean-Baptiste, il convient peut-être de dire ici quelques mots au sujet de la manière dont est administré le baptême : immersion ou aspersion. Puisque c’est le contenu du signe qui importe avant tout, on ne doit pas accorder une importance excessive à la manière dont on baptise, à cette seule condition que la signification de l’acte soit pleinement respectée. C’est pourquoi, même si les premiers chrétiens étaient baptisés par immersion, le baptême par aspersion est tout aussi valable. Faire de l’immersion une condition sine qua non du baptême revient à adopter une attitude fétichiste et à transformer cet acte en un rituel humain dont la présentation humaine compte en fait davantage que le contenu lui-même. De la même manière, il faudrait se sentir obligé de fabriquer le pain et le vin de la Cène exactement comme on le fabriquait du temps de Jésus, sans quoi le sacrement perdrait toute sa valeur…

3. Le baptême des enfants🔗

Je veux maintenant en venir spécifiquement à la question du baptême des petits enfants : il faut bien voir d’abord que le baptême, pas plus que la circoncision, n’est le signe de notre consécration personnelle à Dieu, ou de notre foi, mais qu’il est le signe de la rémission de nos péchés, dont nous sommes lavés et purifiés grâce à la mort expiatoire de Jésus-Christ. Il est vrai que le baptême implique une repentance et une confession de la foi, mais le signe du baptême lui-même n’indique pas ces deux éléments; bien des problèmes au sujet du baptême naissent de cette confusion. L’œuvre du Christ vient en premier; et la repentance ainsi que la confession de foi n’en sont qu’une conséquence qui la suit (car c’est Dieu qui crée le vouloir et le faite en nous, Ph 2.13).

Il est également vrai qu’il n’y a dans le Nouveau Testament aucun exemple spécifique de baptême d’enfant ni aucune directive spéciale à cet égard. Si le Nouveau Testament mentionne toujours le baptême d’adultes, c’est qu’il s’agit de la première génération de chrétiens, à qui l’Évangile devait d’abord être prêché avant qu’ils puissent le transmettre à leurs enfants, accompagné du signe confirmant les promesses de Dieu. De même, Abraham, premier récipiendaire de l’Alliance, reçut la circoncision alors qu’il était âgé de 99 ans (Gn 19.24). C’est également le cas en situation de mission, là où l’Évangile n’a jamais été prêché auparavant.

Cependant, nous savons que le baptême des enfants s’est pratiqué très tôt dans l’Église : Irénée de Lyon, qui vivait au 2siècle après Jésus-Christ, l’atteste. Ceci n’est sans doute pas un argument irréfutable en faveur de cette pratique, mais cela montre que très vite l’Église comprit que la nouvelle dispensation de l’Alliance de grâce telle que Dieu l’a établie est aussi large dans son champ d’application que l’ancienne dispensation. Cela est explicite dans plusieurs textes du Nouveau Testament. Dans Actes 2.39, Pierre, s’adressant aux juifs, leur dit : « Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que Dieu les appellera. » Il est manifeste que Pierre a la même conception du champ d’application de l’Alliance que celle qu’on trouve dans l’Ancien Testament. On ne voit d’ailleurs pas pourquoi il en irait différemment puisqu’il s’agit de la même Alliance, à moins de considérer que Dieu aurait fait une erreur dans l’Ancien Testament, qu’il tâcherait de rectifier dans le Nouveau (c’est malheureusement bien ce qui ressort de la conception baptiste).

Dans Actes 16.31-33, toute une maisonnée est baptisée. Certes, là encore, on ne sait pas s’il y avait des enfants en bas âge; mais la probabilité existe, et il est certain que, si tel a été le cas, ces enfants aussi ont été baptisés. Paul ne déclare-t-il pas à propos des Israélites du temps de Moïse : « ils ont tous été baptisés dans la nuée et dans la mer » (1 Co 10.2)? N’y avait-il pas aussi des enfants dans le peuple d’Israël poursuivi par Pharaon? Et pourtant, Paul ajoute :

« Mais la plupart d’entre eux ne furent pas agréables à Dieu, puisqu’ils tombèrent dans le désert. » Ceci est encore une preuve que le baptême ne signifie pas automatiquement le salut. Au verset 6, nous lisons : « Or, ce sont là des exemples pour nous [nous qui sommes baptisés] afin que nous n’ayons pas de mauvais désirs, comme ils en ont eu… » (1 Co 10.5-6).

Dieu considère la famille, unité sociale de base qu’il a créée, comme le réceptacle privilégié de son Alliance. La vision baptiste, quant à elle, atomise la famille, qui devrait être un organisme spirituel vivant, et brise la circulation de la Parole et des promesses divines. À l’opposé, les parents ont pour responsabilité de mettre leurs enfants sous le bénéfice de ces promesses. Car il est certain que la Parole doit être prêchée avant le baptême. On peut employer l’illustration suivante : tout comme le fœtus est nourri dans le ventre de sa mère par le cordon ombilical qui les relie, de même la Parole de Dieu avec les promesses qu’elle contient, qui sont une nourriture spirituelle, sont transmises aux enfants par l’intermédiaire des parents, et cette Parole, outre qu’elle déclare que la rémission des péchés est accomplie en Christ, déclare aussi aux parents qu’ils ont une responsabilité dans le cadre de l’Alliance : ils en sont une des parties contractantes et il est de leur devoir d’élever leurs enfants dans la pleine connaissance de ce que Christ a fait pour eux, et dont ils bénéficient. Lorsque les parents ne tiennent pas leur engagement, l’Alliance est brisée.

Si Dieu n’inclut pas les enfants dans la promesse de la rémission des péchés, qu’il scelle par le signe du baptême, alors il nous fait admettre que cette dispensation de l’Alliance est en régression par rapport à la précédente : elle pousse dehors tous ceux qu’elle incluait auparavant. Et les enfants, jusqu’à ce qu’ils deviennent des adultes et demandent le baptême, ne sont pas véritablement membres de l’Église, donc du peuple de Dieu. Mais ce n’est pas ce que nous lisons dans 1 Corinthiens 7.14 : « Car le mari non croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le frère, autrement vos enfants seraient impurs, tandis qu’en fait ils sont saints. » Or, si les enfants sont saints, cela veut dire qu’ils sont mis à part, membres du peuple de Dieu; et s’ils ne sont pas impurs, c’est qu’ils sont purs; s’ils sont purs, c’est qu’ils ont été purifiés; or, être membre du peuple de Dieu et avoir été purifié implique le signe du baptême (puisque, comme on l’a dit, l’eau est par excellence le symbole de la purification).

De même, tous les passages où Jésus parle des petits enfants vont dans le même sens; il est courant d’entendre les baptistes dire que les réformés forcent le sens du texte, et que ces passages n’indiquent en rien le baptême des enfants : mais c’est faire une lecture très plate de l’Évangile que de ne pas en voir les implications (car si on suivait cette manière de voir, il ne faudrait pas accepter les femmes à la communion, puisqu’aucun texte du Nouveau Testament n’indique que les femmes y prenaient aussi part). Dans Matthieu 19.13-15, Jésus dit : « Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à moi; car le royaume des cieux est pour leurs pareils. Il leur imposa les mains et partit de là. » Dans Marc 10.13 à 16, Jésus s’indigne de ce que les disciples tentent d’empêcher les petits enfants de venir à lui et dit : « car le royaume de Dieu est pour eux et pour leurs pareils. En vérité, je vous le dis, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point. »

Certes, il n’est pas dit que Jésus ait baptisé ces petits enfants; mais a-t-il baptisé lui-même des adultes? Pas davantage. Cependant, n’appelle-t-il pas tous les hommes à venir vers lui? Comment pouvons-nous penser que les adultes doivent venir vers lui comme des petits enfants, et recevoir le baptême comme signe de leur incorporation au peuple de Dieu, tandis que les petits enfants, qui leur servent de modèle, devraient en être privés? Si le Royaume de Dieu est pour leurs pareils, c’est qu’il est bien évidemment pour eux aussi; dès lors, le signe de l’appartenance au peuple de Dieu doit aussi leur être communiqué, puisqu’ils sont les premiers héritiers du Royaume.

L’élément fondamental, dans tout ceci, c’est la grâce divine : elle est donnée par Dieu à l’homme, alors que celui-ci est dans l’état de dépendance le plus grand qui soit. En tant qu’enfant qui ne peut pas encore comprendre, il est totalement pris en charge par Dieu, qui l’aime dès le commencement, et qui lui fait une promesse. Il est né dans le péché, d’une semence corrompue (Ps. 51.7) et a besoin d’être sauvé dès sa naissance. Le baptême, en tant que signe extérieur, ne le sauve pas, mais c’est le signe que malgré sa nature corrompue, la possibilité du salut existe en Jésus-Christ, accompagnée d’une promesse de Dieu qu’il donne dans le cadre de l’Alliance conclue avec les parents au sein de l’Église, peuple de Dieu, nouvel Israël. Plus tard, Dieu lui fera comprendre qu’il est toujours aussi dépendant de son Créateur et Sauveur qu’il l’était lorsqu’il n’était qu’un bébé. Et lorsque ses yeux s’ouvriront sur cette réalité, il comprendra que Dieu a été fidèle à sa promesse et que lui, la créature, n’a rien à offrir en échange de la grâce qu’une acceptation de cette grâce, par la confession d’une vie chrétienne vécue dans l’obéissance et dans la louange, laquelle n’est elle-même que le fruit de l’action du Saint-Esprit en lui.

En effet, c’est Dieu qui l’a choisi (Jn 15.16) et il n’a pas à faire comme si, par lui-même, il pouvait provoquer l’efficacité de l’acte rédempteur de Jésus-Christ. Cette efficacité a été décidée par Dieu bien avant qu’il ne le sache. C’est pourquoi, se faire rebaptiser alors qu’on a déjà été baptisé enfant dans une Église ayant une doctrine bibliquement fondée n’est qu’une gesticulation non seulement inutile, mais de plus négatrice de toute l’œuvre de la grâce : elle témoigne de ce qu’on est davantage rempli de soi-même et de son désir de paraître pur devant Dieu que d’une véritable humilité.

4. Pour conclure🔗

Il y a une raison majeure qui pousse beaucoup de jeunes à joindre toutes sortes d’Églises baptistes ou charismatiques : c’est leur frustration vis-à-vis de ce qu’ils perçoivent comme un conformisme desséché, un manque de vitalité et de sentiments dans le culte, etc. Or, s’il est louable de vouloir vivre sa foi chrétienne de manière totale et intense, il l’est moins de vouloir le faire en corrompant la Parole de Dieu et en mettant au premier plan ses ions et ses sentiments, avant la reconnaissance de l’œuvre de la grâce. Le Malin se sert de bonnes intentions pour les tourner en une forme de désobéissance qui s’appelle déjà l’humanisme. Si nous voulons exprimer notre engagement chrétien, ne le faisons pas en quittant notre Église et en acceptant une doctrine pas entièrement conforme à l’Écriture (en échange de quelques satisfactions émotionnelles); faisons-le en exerçant totalement notre responsabilité — ce à quoi nous sommes appelés — à l’intérieur même de notre Église réformée et en luttant contre la léthargie et les tentatives de déviation qui s’y présentent. Car, en définitive, être chrétien implique avant tout de se soucier de l’honneur de Dieu et du respect de sa Parole.