Cet article a pour sujet le témoignage biblique au sujet de l'Esprit de Dieu, la compréhension que l'Église en a eue, la personnalité du Saint-Esprit, le rapport entre le salut achevé et son application, la continuité entre l'Ancien et le Nouveau Testament.

Source: Essai sur le Saint-Esprit et l'expérience chrétienne. 7 pages.

La présence de l'Esprit - Le témoignage biblique

  1. Introduction
  2. Le Saint-Esprit de Dieu
  3. Comment l’Église a-t-elle compris l’Esprit?
  4. La personnalité du Saint-Esprit
  5. Le rapport entre le salut achevé et son application
  6. La continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament

1. Introduction🔗

Seul l’Esprit peut bien parler de l’Esprit! Il le fait par la Parole qu’il a inspirée et qu’il rend vivante et efficace pour édifier notre foi et maintenir ferme et lucide notre témoignage. Ce n’est que lorsque l’Église comprend cette vérité élémentaire qu’elle peut bien formuler la doctrine du Saint-Esprit et rendre authentique son expérience spirituelle. Ce n’est qu’à cette condition-là qu’elle saura faire face aux multiples problèmes auxquels elle est confrontée et qu’elle pourra surmonter les périls qui la menacent.

La formulation correcte de notre foi en Jésus-Christ n’est possible que grâce à l’Esprit. C’est lui qui nous accorde également l’intelligence de sa divine personne et la portée réelle de son opération. Il est l’Esprit de vérité; aussi nous conduit-il dans toute la vérité. Notre confession aussi bien que notre marche dans la foi ne sont possibles que grâce à son assistance.

Dans un prochain chapitre, nous aborderons les divers aspects de son opération et examinerons les domaines où elle se déroule. Notons d’emblée que celle-ci a eu lieu aussi bien durant la première que la seconde phase de la rédemption.

2. Le Saint-Esprit de Dieu🔗

En ce qui concerne le thème de notre étude, Saint-Esprit et expérience chrétienne, il est primordial de connaître l’idée que les traditions judéo-chrétiennes avaient du Saint-Esprit autant que l’idée spécifiquement chrétienne de sa personne.

Dans l’Ancien Testament, Esprit est le terme utilisé depuis les traditions les plus anciennes pour dénoter la puissance mystérieuse et invisible de Dieu, telle qu’elle se manifeste dans le vent (Ex 10.13,19), le souffle de vie (Gn 6.3; Ps 104.29-30) et dans le pouvoir extatique du chef charismatique et du prophète (Jg 6.34; 13.24; 1 S 10.6,10). Il est en particulier essentiel de constater la continuité qui existe entre l’énergie créatrice de Dieu et la vitalité inhérente ou intérieure à l’homme, vitalité essentielle à toute manifestation de vie spirituelle. Ce lien, cette continuité entre les deux, explique qu’à certains endroits de la Bible il n’est pas aisé de traduire le terme Esprit (de Dieu) ou esprit (de l’homme). Pourtant, continuité ne veut pas dire identité. Si l’homme est le récipiendaire de l’Esprit de Dieu, celui-ci ne se transforme pas en esprit de l’homme. L’homme croyant de l’Ancien Testament se rend toujours compte de sa dépendance vis-à-vis de l’Esprit de Dieu (Ps 51.12-13; 139.7).

Dans la tradition du judaïsme primitif, l’Esprit est typiquement et de façon prééminente celui du prophète, non pas en tant qu’oracle prononçant des prédictions, mais comme celui qui adresse un message dans un état inspiré. L’association de l’inspiration et de la contrainte est encore visible dans l’accent que le Nouveau Testament place sur l’Esprit en tant qu’Esprit de mission.

Le christianisme a prolongé cette tradition. Pour l’Église primitive, l’espérance prophétique avait trouvé son accomplissement en Jésus-Christ ainsi qu’au jour de la Pentecôte sur l’ensemble du peuple de Dieu. À ses yeux, Jésus est l’unique oint conçu de l’Esprit. L’acte décisif de la foi par lequel on est introduit dans l’âge nouveau est accompli par le Saint-Esprit, par son don, sa réception, son baptême; cependant, ce don est entendu comme prémices seulement du salut à venir, salut eschatologique.

Le caractère empirique de sa venue et de sa présence se manifeste dans la vie du fidèle et il occupe comme tel une place prépondérante dans le Nouveau Testament. Chez Luc, il prend la forme extatique (Ac 2.1-4; 4.31; 19.6). Les prophètes y parlent dans un état inspiré, sous l’effet immédiat de l’Esprit (Ac 11.27-28; 1 Co 14; Ép 2.20; 1 Th 5.19-20; Ap 1.3; 19.10). Pour Paul, la foi vient d’une expérience commune de l’Esprit (1 Co 12.13; 2 Co 13.13; Ép 4.3; Ph 2.1-2). Le corps du Christ est toujours et sans exception une communauté charismatique au sens originel du terme, puisqu’il dépend entièrement de l’Esprit. Le fidèle vivra par l’Esprit et se laissera guider par lui, contrairement à son existence antérieure qui dépendait d’un code écrit (Rm 7.6; 8.4; Ga 5.16,25).

Mais cet accent majeur placé sur l’Esprit et sur son rôle est aussi un appel à la vigilance face à la fausse prophétie qui veut imposer son « autorité » avec arrogance. On devrait se rappeler que la ligne qui démarque la marche selon l’Esprit de celle selon la chair est parfois très ténue (Rm 8.12-14; 12.2). Aussi, toute inspiration devra se soumettre à un examen serré (1 Co 14.29; 1 Th 5.19-22) et être fondamentalement en harmonie avec l’Évangile. Même la prière en esprit dans la communauté ne saurait y faire exception, et on devrait s’interroger sans cesse : bénéficiera-t-elle au prochain? Enfin, on doit s’interroger sur toute expérience de l’Esprit, afin de savoir si le rapprochement entre Dieu et le fidèle est semblable à celui vécu par le Christ dans sa vie livrée à la mort et par sa puissance manifestée dans sa faiblesse (2 Co 12.1-10; Ph 3.8-14).

Ainsi que nous le verrons plus loin, la théologie de Jean n’est pas différente de celle de Paul, bien que le style et le vocabulaire, les expressions et les intérêts particuliers peuvent varier par rapport à ceux de Paul.

3. Comment l’Église a-t-elle compris l’Esprit?🔗

Au 13e siècle, Joachim de Flore divisait l’histoire chrétienne en trois phases successives : celle du Père, celle du Fils et celle du Saint-Esprit, cette dernière ayant été inaugurée avec l’apparition même de l’auteur. Cette pensée devrait nous servir d’exemple à ne pas imiter en matière de pneumatologie et de piété chrétiennes et nous apprendre à exercer un soin extrême lorsqu’on se prononce sur le Saint-Esprit.

Certes, à ses débuts, l’Église s’était plus particulièrement attachée à l’explication de la personne et des deux natures du Christ. Mais cet intérêt, parfaitement légitime et fort compréhensible dans les circonstances de l’époque, ne permet pas de diviser l’histoire chrétienne, voire la révélation divine, en trois phases ou périodes successives tels que les concevait Joachim de Flore. Au point de vue biblique, il n’est pas légitime de parler d’une triple dispensation de cette nature.

Si la personne de l’Esprit n’est pas dessinée avec autant de clarté dans l’Ancien Testament que la présentation qui nous est actuellement offerte sur les pages du Nouveau Testament, on peut cependant déduire, à partir de certains détails que Moïse avait déjà pu avoir, une certaine intuition de sa personne. Toutefois, les premières pages de la révélation insisteront sur la transcendance de Dieu et sur l’unité et l’unicité de la divinité. Contre le polythéisme ambiant, il était impératif de confesser la foi au Dieu unique. Ce n’est que par mesure de pédagogie religieuse que Moïse et, à sa suite, d’autres auteurs bibliques n’ont pas fourni plus d’information sur la personne de l’Éternel, car c’eut été prématuré, voire dangereux, de le faire.

Cette réserve faite, nous constatons que même durant cette phase primitive de la révélation, l’Esprit était actif dans le gouvernement de la providence. Il impose toutefois une limite à ses manifestations. Ce n’est qu’après la glorification de Jésus qu’il manifestera toute l’ampleur de son activité.

Après l’élaboration et la promulgation du dogme christologique (Chalcédoine, 451), l’attention de l’Église se porta sur la personne de l’Esprit. Cependant, déjà au Concile de Constantinople (381), le célèbre « Filioque » précisait la nature des rapports entre les trois personnes de la Trinité. L’Esprit procède à la fois du Père et du Fils. Bien que la grande divergence entre les Églises d’Orient et d’Occident sur ce point ait donné naissance au grand schisme de 1054, néanmoins, dès Constantinople, les Églises « orthodoxes » et « catholiques » adhérèrent à l’idée de la consubstantialité de l’Esprit avec les deux autres personnes de la sainte Trinité. L’Esprit était aussi souverain que les deux autres personnes, aussi bien dans l’ordre de la rédemption que dans celui de la création. L’Esprit qui régénère l’homme est le même qui conduit l’univers à sa destination ultime et en prépare le renouvellement total.

Nous ne signalerons qu’en passant cet aspect particulier de l’œuvre de l’Esprit, cette mission consistant à conduire la création à son terme. Méconnaître ce rôle, séparer arbitrairement entre elles les œuvres de la rédemption, reviendrait à méconnaître totalement l’article vital de la confession de la foi, appauvrissant du même coup toute expérience spirituelle authentique. L’Esprit Saint n’est pas simplement l’Auteur de la vie personnelle dans la foi, mais encore le Régénérateur de toutes choses, y compris de notre corps mortel.

Son rôle d’Animateur de l’Église devrait être particulièrement souligné. En règle générale, l’Esprit vivifiant n’agit jamais en dehors de l’Église. Il devrait aussi être clair qu’en dehors de celle-ci il n’y a point d’Esprit vivifiant. Il n’est pas permis de le traiter comme un thème biblique secondaire et encore moins de le considérer comme une sorte de « distributeur automatique » de dons-charismes dont nous aurions appris à manipuler adroitement le mécanisme… L’Esprit Saint de Dieu ne se prête pas, ni en théologie ni dans l’expérience vécue, à être traité de manière aussi cavalière.

C’est dans le plus profond recueillement que nous nous approcherons de sa divine personne; toute approche et tout débat théologiques devraient en tenir compte. En admettant ce point fondamental et en faisant de sa personne et de son œuvre une évaluation correcte, nous pourrons aussi lui adresser notre humble et joyeuse adoration, au même titre qu’aux deux autres personnes.

4. La personnalité du Saint-Esprit🔗

À bien des égards, le « discours d’adieux » de Jésus dans l’Évangile selon Jean (chapitres 14 à 16) constitue le sanctuaire, le lieu très saint où nous rencontrons dans toute sa majesté et dans son œuvre magistrale la personne de l’Esprit. Le Fils qui lui rend témoignage le traite au masculin. Dans l’original grec, il est nommé « Paraclètos ». Toujours dans l’original grec, les pronoms qui l’accompagnent, « ekeinos », « autos », sont du genre masculin. Cette précision ne relève pas d’un détail secondaire. Elle atteste que l’Esprit, loin d’être une puissance neutre, est une personne divine. Ce n’est pas à une influence spirituelle, mais à une personnalité spirituelle que nous avons affaire. L’Esprit est l’assistant accordé à l’Église qui se trouvera bientôt privée, après le départ du Seigneur, de la présence physique de celui-ci. Alors l’Esprit viendra comme son Substitut, son « Vicaire », selon l’expression de Tertullien. En l’absence physique et temporelle du Seigneur, actuellement au ciel, il sera chargé, entre autres choses, d’apporter aux disciples l’indispensable assistance dont ils auront besoin s’ils ne tiennent pas à rester « orphelins » dans le monde.

L’emploi du masculin n’est pas la seule preuve de sa personnalité distincte, car celle-ci est principalement révélée dans l’intensité même et la profondeur du discours de Jésus. C’est avec une tendresse particulière que le Sauveur en parle pour persuader de la réalité de la présence de l’autre Paraclet. C’est de lui qu’il s’agit, et non d’un impersonnel « ce ». Comme tel, il exercera activement et consciemment une volonté personnelle. Il est l’Agent de l’amour de Dieu comme le fut Jésus, le premier Paraclet. Il l’est en sa qualité d’Avocat-Défenseur, au même titre que Jésus, le premier Avocat-Défenseur.

Dès l’origine, sa lumière et sa puissance étaient actives. Il « se mouvait au-dessus des eaux » (Gn 1.2); il combattit l’esprit des hommes rebelles; il dirigea ses agents humains; il accompagna Joseph en Égypte; il se tint près de Moïse dans le désert; il suscita les juges et choisit les souverains du peuple élu. Il adressa à Israël des oracles prophétiques. Lors d’une vision grandiose, il éleva Ézéchiel jusqu’à ses pieds. Il rendit visite à Marie à Nazareth et il abrita de sa sainte ombre le fruit miraculeux des entrailles de la vierge mère du Christ. Aux bords du Jourdain, lors du baptême de Jésus, il oignit celui-ci pour le conduire ensuite dans le désert en vue de sa confrontation avec le tentateur; il le ramena à Nazareth, où il l’introduisit dans la synagogue. Le jour de la Pentecôte, il rendit possible la proclamation publique de l’Évangile. Il enleva Philippe l’évangéliste pour le placer sur le chemin de Gaza et, une fois la mission de celui-ci achevée, il l’en retira de manière surnaturelle. Il guida Paul, l’apôtre des Gentils, vers l’Europe, ouvrant ainsi un vaste champ missionnaire.

Actuellement, c’est lui qui effectue la régénération des élus. Il fait du vieil homme déchu une nouvelle création. Grâce à sa présence active, le fidèle fait mourir les œuvres mortelles de la chair afin de porter des fruits dignes de la vocation qu’il a reçue. Il l’habite et le remplit tout entier. Il est l’Esprit de la foi. Il fait naître la foi au Christ; il invite sans cesse les âmes tourmentées et vagabondes aux sources du salut, à la conversion et à la repentance.

Mais lorsqu’il agit et qu’il « parle », c’est en tout premier lieu pour révéler le Père et le Fils. Comme les auteurs humains de la Bible qu’il a inspirés, il témoigne afin que l’amour de Dieu le Père et la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ puissent briller dans tout leur éclat. Néanmoins, il accorde suffisamment de lumière pour que nous sachions exactement qui il est et quelle est la mission dont il est investi. Il applique les bénéfices résultant de la mort et de la résurrection du Christ. C’est dans les trésors de la divinité du Christ qu’il puise. Bien que son témoignage soit principalement rendu à l’œuvre du Sauveur, il prend néanmoins possession de notre personne dans sa totalité. Une fois que nous aurons compris la divinité de sa personne, et l’éclairage biblique est surabondant à ce sujet, nous serons amenés à l’adorer comme nous adorons le Père et le Fils. Nous l’invoquerons et nous l’adorerons comme l’Écriture nous y invite; d’ailleurs, ce n’est que par l’Esprit que nous pouvons prier. Ainsi, l’Esprit préside à toute notre destinée.

L’Apocalypse parle de lui de manière symbolique comme « des sept Esprits », rendant hommage à sa plénitude. Nous prierons non seulement en Esprit, mais encore l’Esprit.

En dehors de lui, il n’y a pas de communication de la grâce, point de résurrection des morts et nulle espérance de rétablissement total et définitif de l’ordre créationnel.

5. Le rapport entre le salut achevé et son application🔗

Quel est le rapport précis entre le salut achevé par le Christ et l’application de celui-ci par l’Esprit? L’Esprit, qui applique le salut dans notre vie de peuple de Dieu est celui qui fonde l’Église. Il forme une nouvelle unité organique à partir de ceux qui se sont mis au bénéfice de la rédemption.

Lorsque nous abordons ces points, nous nous rendons compte combien les questions soulevées par la troisième personne de la Trinité sont d’une nature autre que celles soulevées par la deuxième personne. Nous n’avons pas à établir une hiérarchie entre elles; nous avons appris que le salut est aussi bien l’œuvre du Père que du Fils et du Saint-Esprit. Comme le disaient les théologiens réformés du passé : « Opera Trinitatis ad extra indivisa sunt », c’est-à-dire les œuvres externes de la Trinité ne peuvent se séparer.

Actif lors de la création, l’Esprit reste actif lors de la rédemption. Son rôle est déterminant dans les deux cas. Si la théologie chrétienne cessait d’être une méditation constante sur l’expérience chrétienne, cette dernière ne tarderait pas à dégénérer en une mystique panthéiste et panenthéiste, comme c’est le cas dans certaines positions libérales et chez des spiritualismes modernes. Lorsque la méditation chrétienne ne tient pas suffisamment compte de l’œuvre concrète de l’Esprit dans la sphère créatrice et dans la sphère rédemptrice, un tel panthéisme ne manque jamais de faire une apparition triomphante.

Avec Eduard Schweizer, nous reconnaissons que même avant de devenir une doctrine, l’Esprit était une expérience. Ceci admis, il faut exercer une grande vigilance pour éviter que l’expérience ne s’arroge le droit de devenir la matière première, voire exclusive, de la foi en l’Évangile, indifférente à l’objectivité de celui-ci et se passant de toute réflexion théologique.

6. La continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament🔗

Avant la Pentecôte chrétienne, l’Esprit n’était certes pas un inconnu! On pourrait même dire, tout en gardant les nuances, que l’essentiel de la doctrine biblique du Saint-Esprit se trouve déjà dans l’Ancien Testament. Son nom y revient à plusieurs reprises, en particulier dans le Psaume 51 et dans Ésaïe 63.10 où il est appelé Saint-Esprit.

Les Israélites appelaient rarement Dieu leur Père. La paternité de Dieu nous est acquise sur la base de la rédemption et de notre adoption filiale, ce qui explique que même le plus petit dans le Royaume sera appelé plus grand que Jean-Baptiste. Depuis la nouvelle dispensation, les fonctions de prêtre et de roi sont communes à tous les fidèles; les distinctions de classes au sein de l’Église ont été abolies, l’Esprit est accordé sans discrimination à tout membre fidèle.

De nombreux passages dans l’Ancien Testament attribuent explicitement la vie religieuse d’Israël à l’œuvre régénératrice de l’Esprit. Dans l’Ancienne Alliance, la foi est le fruit de son activité rénovatrice. C’est pourquoi nous pouvons chanter encore aujourd’hui les mêmes psaumes que l’Israélite de l’Ancienne Alliance, car il a vécu, lui aussi, par le même Esprit qui nous habite. Par ailleurs, de nombreuses indications du Nouveau Testament montrent que la période inaugurée le jour de la Pentecôte n’est pas essentiellement différente de celle qui l’a précédée. Le livre des Actes des apôtres, qui rapporte l’effusion générale de l’Esprit, nous informe également que, dans le passé, des hommes avaient résisté à l’Esprit de Dieu.

Saint Paul rappelle le ministère du Christ par le Saint-Esprit pendant le séjour d’Israël dans le désert. Selon 1 Pierre 1.10, l’Esprit avait été donné aux prophètes pour témoigner de la souffrance et de la gloire du Christ. La différence entre les deux périodes consiste en ce que l’Esprit sera répandu sur le Serviteur de l’Éternel comme Esprit de plénitude, de sagesse, de connaissance et de puissance. Quoique déjà à l’œuvre pendant la période de l’Ancienne Alliance, il n’avait pas encore été accordé indistinctement à tous les croyants. Pourtant, même à cette époque lointaine, existait la certitude que, sans l’Esprit, la vie d’Israël n’aurait pas été possible, ainsi que le précisent des passages tels que Romains 4 et Hébreux 11. La nature de la foi est essentiellement la même durant les deux dispensations. On peut comparer le ministère de l’Esprit avant la Pentecôte à celui du Christ avant son incarnation. L’Esprit était actif avant la Pentecôte; il animait la foi du peuple de Dieu, mais la Pentecôte élargira les limites de son action et étendra celle-ci à d’autres nations afin de faire bénéficier « toute chair » du salut de Dieu.

Pour les auditeurs de Jésus, de même que pour les lecteurs Juifs des écrits apostoliques, le Saint-Esprit ne constituait pas une nouveauté; le livre de la Genèse et l’Évangile selon Matthieu parlent du même Esprit. Dans chaque partie, si ce n’est dans chaque livre de l’Ancien Testament, on trouve des traces de sa présence. À quelques nuances près, la lecture de l’Ancien Testament nous permet de saisir l’essentiel de cette doctrine élaborée de manière plus complète, sinon systématique, dans les pages du Nouveau Testament.

L’histoire d’Israël fournit aux auteurs des livres de l’Ancien Testament l’excellente occasion de parler de l’Esprit et d’en établir l’identité. Aussi bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau, l’Esprit opère en sa qualité d’Agent exécutif de Dieu. Il n’y a ni rupture ni discontinuité à son sujet. Le premier ne rend pas encore totalement compte de l’activité rédemptrice de l’Esprit et, en ce sens, on peut reconnaître le caractère limité de son activité. Sa participation à l’œuvre rédemptrice apparaîtra clairement et suffisamment lors de l’avènement du Messie. Cependant, déjà dans l’Ancien Testament, l’activité de l’Esprit cherche à conduire l’homme vers Dieu.