Cet article a pour sujet le refus de la révélation de Dieu dans sa création par les hommes pécheurs qui, selon Romains 1, étouffent la vérité et refusent d'adorer le vrai Dieu, ce qui conduit au paganisme, à l'idolâtrie et à l'immoralité.

Source: La révélation générale. 4 pages.

La révélation générale - (8) Le refus de la révélation générale

La révélation générale ne peut mener au Christ. Quel peut être son résultat dans la vie de ceux qui ne connaissent pas la révélation spéciale? La révélation spéciale ne donne pas la même connaissance de Dieu que la révélation avant la chute. Cette révélation antérieure à la chute n’était pas une révélation spéciale en ce sens qu’elle faisait connaître Dieu comme le Réconciliateur. Car le péché n’existait pas encore. Avant la chute, la révélation divine était beaucoup plus riche que la révélation générale actuelle. Dans un monde sans péché, la Parole aurait eu une très grande place dans la communion entre Dieu et l’homme. La révélation générale actuelle ne donne qu’une connaissance assez vague de Dieu. Romains 1.19 parle de la communication de ce qu’on peut connaître de Dieu, de sa puissance éternelle et de sa divinité. Tous les hommes remarquent cette révélation générale de Dieu. Ce qui peut être connu de Dieu est « manifeste » pour les païens.

Cela ne peut pas être expliqué par le fait que l’homme pécheur aurait une certaine inclination à écouter Dieu. La cause n’en est que l’efficacité de la révélation générale, une efficacité qui contraint le pécheur à remarquer ce qu’il ne veut pas accepter comme la vérité, puisque son cœur est détourné de Dieu. C’est pourquoi le pécheur refoule tout de suite la révélation qui fut manifeste pour lui; il retient injustement la vérité captive (Rm 1.18).

Cependant, ce fait a des conséquences. L’homme éprouve maintenant un vide, qu’il n’aurait pas senti sans la révélation générale. Il refoule la vérité et va combler ensuite l’espace vide qu’il crée en repoussant ce qui peut être connu du Dieu véritable. Il change la gloire de Dieu incorruptible en images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles. Puisque les païens refoulent la vérité divine et la remplacent par des images provenant de leur « sagesse », la Bible peut dire qu’ils ne connaissent pas Dieu (Ps 79.6; Ga 4.8; Ép 4.18), leur cœur se trouve dans les ténèbres. « Le monde avec sa sagesse n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu » (1 Co 1.21). C’est pourquoi Paul doit prêcher aux hommes d’Athènes un Dieu inconnu (Ac 17.23) et les exhorter à la conversion pour mettre fin « aux temps de l’ignorance » (Ac 17.30). Il n’était donc pas question d’une connaissance pure de Dieu chez les hommes d’Athènes.

Cependant, ce passage d’Actes 17.15 dit encore autre chose de ces hommes. Il parle de la construction d’un autel pour « un Dieu inconnu ». On se doutait d’une puissance divine inconnue d’eux, puissance qu’ils voulaient adorer. Paul se réfère à ce culte d’un dieu inconnu pour annoncer le Dieu véritable, le Dieu qui leur est vraiment inconnu. Ce Dieu ne ressemble absolument pas à celui qu’ils se représentent quand ils parlent d’un dieu inconnu. Ils se représentent un dieu que l’on peut vénérer en lui dédiant un temple et un autel. Cependant, « le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve n’habite point dans les temples faits de main d’homme; il n’est point servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne la vie à tous, la respiration, et toutes choses ». Après cela nous trouvons deux citations (ou seulement une?) : « en Dieu nous avons la vie, le mouvement et l’être » et « de Dieu nous sommes la race ». Comme Paul s’est servi du culte d’un dieu inconnu pour annoncer le véritable Dieu inconnu, il se réfère aussi à ces affirmations de poètes grecs pour prêcher le Dieu en qui les hommes ont vraiment la vie, le mouvement et l’être, le Dieu dont l’homme est vraiment l’image. De nouveau, il montre que ce Dieu véritable est un tout autre Dieu que celui à qui les poètes ont pensé. Certes, on peut dire au sujet de ce Dieu véritable les mêmes choses que les poètes païens ont prononcées dans les passages cités. Cependant, par ce que l’apôtre dit ensuite, il devient clair que les païens ne se représentent pas la même chose quand ils se servent des mêmes paroles dont Paul peut aussi se servir. Si un chrétien dit qu’il est de la race de Dieu, il comprend que la divinité n’est pas semblable à de l’or, à de l’argent ou à de la pierre, sculptée par l’art et l’industrie de l’homme. Bien que Paul ait pu citer leurs poèmes dans son message du vrai Dieu, les Grecs n’ont pas compris cela. C’est pourquoi Paul peut par la suite parler « des temps d’ignorance » et annoncer aux hommes d’Athènes qu’ils ont à se repentir.

L’Écriture ne dit nulle part que l’homme peut, par ses possibilités naturelles, pénétrer jusqu’à Dieu. C’est grâce à Dieu même qu’un homme connaît quelque chose de Dieu par les œuvres du Créateur. La réalité créée témoigne de Dieu parce que Dieu a mis dans cette réalité une ressemblance de lui-même et parce qu’il maintient cette ressemblance. C’est grâce à Dieu si un homme remarque ce témoignage dans les ouvrages de Dieu. Le résultat de la révélation générale dans la vie des incrédules est déjà présent dans la religion grecque.

Dans leur poésie comme dans leur culte d’un dieu inconnu, ils n’ont pas franchi les limites du paganisme. Paul les exhorte à laisser tomber leurs idées de Dieu qui sont à l’origine du culte d’un dieu inconnu et des versets cités. Cependant, une question se pose : Pourquoi les Grecs ne sont-ils pas satisfaits de leur religion? Pourquoi ont-ils éprouvé le besoin de construire un autel pour un dieu inconnu? Ils ne connaissent pas le vrai Dieu véritable. Ces paroles font alors penser à autre chose, à une réalité qui se rapporte à ce que les païens pensent, comme la vérité se rapporte au mensonge, comme le vrai culte de Dieu à l’adoration des idoles. Ce fait est-il, peut-être, en rapport avec ce que Paul dit dans Actes 14.17 : Dieu n’a pas cessé de rendre témoignage de ce qu’il est pendant la période que l’apôtre appelle dans le chapitre 17 « les temps d’ignorance ». Avant de répondre à cette question, nous fixerons notre attention encore sur le passage très important de Romains 1.18. Paul parle ici de la colère de Dieu qui se révèle du ciel contre l’impiété et l’injustice des païens; les païens sont soumis à la même condamnation que les juifs. Il n’y a de salut pour eux que par la révélation de la justice de Dieu sans les œuvres de la loi.

Pourquoi les païens ont-ils mérité la révélation de la colère divine? Tel est le sujet dont parle Paul en Romains 1.18. Avec ce sujet, Paul fait, sur la révélation générale, les remarques que nous avons déjà citées. Certes, les païens ne connaissent pas la révélation spéciale. Cependant, ils ne sont pas dépourvus de toute connaissance de Dieu, car ce qui peut être connu de Dieu par ses œuvres était manifeste pour eux. Cependant, ils n’ont pas rendu grâce à Dieu. Ils ont refoulé la vérité de Dieu. Ils l’ont changée en mensonge, ils adorent et servent la créature au lieu du Créateur éternellement béni. C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes.

Ce passage est très important parce qu’il nous montre comment Paul conçoit la relation entre le paganisme et la révélation de Dieu. Toute religion païenne vit, pour ainsi dire, de la révélation générale. Cependant, cela n’implique pas que les religions païennes contiennent des éléments de vérité ou même qu’une religion païenne pourrait être considérée comme une préparation au christianisme. La relation entre la religion de l’Ancien Testament et la religion du Nouveau Testament n’est pas la même que celle entre le paganisme et le christianisme. Le paganisme retient la vérité entièrement captive. Cependant, le fait que les païens adorent des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, etc., ne peut se comprendre sans la révélation divine, sans le fait que la gloire du Dieu incorruptible soit manifeste aux païens.

À cause de l’efficacité de la révélation générale, tous les hommes sont donc des êtres religieux. Toutefois, dans la vie d’un homme dont le cœur n’a pas été régénéré, la révélation générale mène à une religiosité qui remplace le culte du seul vrai Dieu, par le culte de la créature, d’une idole que l’homme s’est créée d’après son image, à sa fantaisie. Cette créature peut aussi être l’homme lui-même comme dans un humanisme athée pour qui l’homme est devenu le critère ultime. L’homme peut déifier toutes sortes de choses, d’idéaux, de systèmes. Cependant, ainsi rend-il toujours témoignage du fait que le Dieu véritable n’a pas cessé de témoigner qu’il est. Le mensonge est la manifestation du refoulement de la vérité.

C’est à la suite du fait que Dieu n’a pas cessé de leur révéler sa puissance éternelle et sa divinité que les hommes d’Athènes ont construit leur temple pour un dieu inconnu, qu’ils ont rêvé d’un Dieu en qui ils avaient la vie, le mouvement et l’être, de qui ils étaient la race. C’est à cause de ce fait de la révélation générale, mais aussi à cause des ténèbres de leurs cœurs. Car la religion grecque et toute religion païenne ne témoignent pas seulement de la révélation divine, mais aussi du fait que les hommes se sont égarés dans leurs pensées, qu’ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en des images représentant des créatures corruptibles, des images visibles, comme l’autel d’un dieu inconnu à Athènes, ou des images dans leur esprit, comme les rêves exprimés dans un poème comme celui d’Aratus, cité dans Actes 17.

La vérité est entièrement refoulée dans le paganisme. Cependant, ce refoulement n’a pas toujours la même intensité. Dans telle idée religieuse, dans telle religion, la révélation générale se reconnaît mieux que dans telle autre idée, dans telle autre religion. Quelquefois, on trouve des expressions, des usages dont on peut se servir dans la prédication missionnaire comme Paul s’est servi dans son discours à l’Aréopage d’une épigraphe d’un autel païen, de deux versets de la poésie religieuse des Grecs.

Nous rappelons toutefois que même dans le dernier cas il ne faut pas penser à des éléments de la vérité dont la pureté n’aurait pas été touchée. Nous avons vu qu’il a un tout autre sens si Paul parle du Dieu inconnu ou si ce sont les hommes d’Athènes qui le font; si Paul parle du Dieu en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être et dont nous sommes la race, ou si ce sont les Grecs qui le font. Paul ne dit pas aux Grecs qu’ils ont déjà une certaine connaissance de la vérité, mais qu’ils ignorent Dieu. Cela ne veut pas seulement dire une connaissance intellectuelle, mais ils rejettent le véritable Dieu en construisant un autel pour un dieu inconnu, en exprimant leurs idées à eux sur le fondement de leur vie, sur l’essence de leur être; de Dieu nous sommes la race. Ils ne reconnaissent pas le véritable Dieu. On doit aussi penser au sens que les juifs donnent au verbe connaître, les juifs pour qui la connaissance de Dieu implique la reconnaissance. On ne peut pas isoler telle pratique religieuse, telle affirmation religieuse de la totalité dans laquelle elles ont une fonction.