Cette prédication sur Romains 8.17-25 a pour sujet l'espérance de notre résurrection et de la transformation complète de toute la création actuelle fondée sur la résurrection du Christ.

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Romains 8 - Une Pâque universelle

« Si nous sommes enfants [de Dieu], nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. Or j’estime qu’il n’y a aucune proportion entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui doit être manifestée en nous. En effet, la création attend, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés. Car la création tout entière a été assujettie à la vanité, non pas volontairement, mais à cause de celui qui l’y a assujettie. Et elle espère qu’elle aussi sera délivrée de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Car nous savons que, jusqu’à ce jour, toute la création ensemble soupire et qu’elle est comme en travail; et non seulement elle, mais nous, qui avons reçu les prémices de l’Esprit, nous soupirons, nous aussi, en nous-mêmes, attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. En effet, c’est en espérance que nous sommes sauvés. Mais, espérant ce que nous ne voyons pas, c’est avec patience que nous l’attendons. »

Romains 8.17-25

Jour de Pâques, joie de la résurrection du Christ! Jour de Pâques, joie de notre résurrection! Le salut est accompli. Enfants de Dieu, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, pour être glorifiés avec lui par une résurrection semblable à la sienne, une gloire déjà donnée, nous le savons (Jn 17.22), mais qui alors, qui bientôt, doit être manifestée en nous!

Chers amis, connaissez-vous cette joie? La vivez-vous? La voulez-vous? Au long du cheminement précaire et douloureux de nos vies, de cet enfantement qu’est la fidélité chrétienne, cette gloire de la résurrection, cause de la joie de Pâques, de la joie chrétienne, a-t-elle pour vous quelque attrait? Vous êtes-vous fait, ici, une solide conviction? Écoutons l’apôtre Paul.

« Tout bien compté, dit-il, j’estime qu’il n’y a aucune proportion entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui doit être manifestée en nous! » D’un côté, tout le lot de souffrances dont nous sommes tributaires dans les conditions concrètes de notre existence terrestre, qu’il s’agisse des nécessités de la vie, des infirmités de notre corps, de l’inimitié des hommes, de nos propres péchés; de l’autre, un monde nouveau qui nous attend, la gloire qui doit être manifestée en nous et pour nous! Entre les deux, il n’y a aucune proportion, aucune commune mesure. Est-il vraiment possible d’avoir l’esprit à ce point tendu vers l’avenir — tout en ne négligeant rien du service chrétien — et d’être animé d’une telle espérance et d’une telle patience que, tout en vivant dans ce monde, il n’y ait pas de comparaison valable entre nos souffrances et la gloire à venir? Cette affirmation que Paul nous apporte, après mûre réflexion, « tout bien compté », n’est-elle pas une pieuse hyperbole? Sinon, pourquoi?

Parce que cette gloire à venir consiste dans la venue du Seigneur lui-même, non seulement pour notre propre transformation, mais pour la rédemption de l’univers entier. Car la résurrection du Christ est chargée de sens et recèle une espérance non seulement pour nous, mais pour la création tout entière. La résurrection du Christ a une portée cosmique, comme l’a eue et l’a encore, pour un temps, la puissance du péché. C’est pourquoi l’attente d’une libération, d’une participation à la gloire de l’Église glorifiée, est imprimée au plus profond de toute la création.

« Nous savons, en effet, dit saint Paul, que la création attend, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés » (v. 19). « La création », à savoir tout ce qui existe, dans ce monde visible, en dehors de nous.

L’apôtre s’exprime ici dans une langue admirable. Le mot que nous traduisons par « attend » est composé de trois éléments : « La tête… s’attendre… de loin ». Autrement dit : « Attendre, la tête levée et le regard fixé vers un point de l’horizon d’où doit venir l’objet attendu. » Celui que nous traduisons par « un ardent désir » correspond au verbe « recevoir » auquel s’ajoutent deux prépositions : « des mains de… » et « de loin… », c’est-à-dire : « recevoir quelque chose des mains de quelqu’un qui vous le tend de loin ». Quelle merveilleuse image de l’espérance nous dépeignent ces deux termes grecs!

Nous prenons ici conscience de l’unité de la création en celui qui lui avait été donné pour couronne et pour chef : l’homme, et de cette solidarité mystérieuse qui nous lie à tout ce qui est. De même que la rupture du bouton frappe de stérilité le rameau qui le portait, ainsi la chute de l’humanité a entraîné celle de toute la création, car l’âme du monde visible, c’est l’homme! Ses ténèbres se sont communiquées à toute la nature, et la terre, par sa faute, a revêtu un vêtement de deuil (voir Gn 3.17; És 24.4). Avec son charme mélancolique, la nature ressemble à une fiancée qui, toute parée pour l’heure de ses noces, a vu mourir, au jour même fixé pour le mariage, l’époux auquel elle devait s’unir! Elle est encore là, avec sa fraîche couronne et sa parure d’épouse, mais ses yeux sont pleins de larmes. Et pourtant, elle reste la fiancée à laquelle est promis un nouvel époux, car l’unité de la création est restaurée et annoncée en celui qui lui est maintenant donné pour couronne et pour chef : le Christ, dont la résurrection contient la promesse d’une Pâque cosmique!

Nous ne sommes donc pas seuls, nous, les hommes, à attendre la libération de nos souffrances; en vérité, toutes les créatures au monde souffrent aussi avec nous et sont dans la détresse; mais nous savons qu’elles sont, aussi, avec nous, soutenues et soulagées par l’espérance, dans l’attente de leur restauration, quand nous entrerons nous-mêmes dans la liberté de gloire, quand la résurrection du Christ produira tous ses effets et manifestera sa puissance universelle. Mes amis, n’êtes-vous pas bouleversés par cette certitude : l’univers entier sympathise avec les croyants, avec vous, avec moi, et dans la souffrance, et dans l’obéissance, et dans l’attente, et dans l’espérance, parce qu’il est promis avec nous aux gloires du règne du Messie?

Considérez l’obéissance des créatures muettes : elle procède de l’espérance, où Dieu les maintient, de leur propre renouvellement, par quoi elles se soutiennent et se consolent, différant dans l’espérance leur désir ardent, jusqu’à ce que l’incorruptibilité qui leur a été promise soit manifestée. C’est bien à la vision de la création, et de son sens, que Dieu offre à notre foi! Comment donc, nous qui avons reçu les prémices du Saint-Esprit, aurions-nous moins d’espérance, de persévérance et de désir que n’en ont les créatures muettes animées de cet instinct secret? Car voici venir le jour où la Cité sainte et la terre verront se nouer entre elles une éternelle union, où toutes les créatures renouvelées participeront à la même gloire qui doit être révélée en nous et pour nous; où la servitude sera changée en liberté, autorisant l’épanouissement sans frein de toutes les puissances de vie, de beauté, de perfection, d’harmonie dont sera douée cette nature renouvelée, qui ne différera de l’ancienne, comme nos corps ressuscités, que par sa constitution et ses lois de justice, de mesure et d’ordre (voir És 11.9; 65.25; Ap 21.4).

En attendant toute foi, « la création ensemble soupire et elle est comme en travail d’enfantement » (v. 22), jusqu’à ce qu’elle soit délivrée, mais avec l’espérance de la femme qui enfante, car la vieille création porte le germe d’une nature parfaite et sent déjà bondir en elle un nouvel univers.

Nous aussi, vous et moi, nous sommes aujourd’hui dans les mêmes douleurs et dans la même attente. Tout bien pesé, sachons qu’il n’y a aucune proportion entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui doit être révélée en nous. Ayons, par la foi, une juste appréciation du monde où nous vivons : sans regarder à nos pieds où nous ne verrions que poussière et corruption, cramponnons-nous à la promesse! Tête levée, les regards fixés sur l’horizon, pour les recevoir des mains du Christ qui nous les tend déjà, attendons ces nouveaux cieux et cette terre nouvelle où la justice habitera (2 Pi 3.13).

Ne considérons point quels nous sommes maintenant pour en gémir, mais quels nous serons demain pour nous en réjouir : tel est le sens de notre destinée que nous partageons et portons avec toute la création. Nous ne sommes pas seuls : la création tout entière, avec ses mystères et ses merveilles, nous accompagne, nous soulage et nous console, tout au long de cet enfantement, parce qu’elle vit elle-même ce que nous vivons, et attend avec nous, d’un ardent désir, ce que nous espérons sans le voir encore.

« Réjouissez-vous et soyez pour toujours dans l’allégresse, à cause de l’œuvre que je vais créer, dit l’Éternel. Oui, je vais créer une Jérusalem où régnera l’allégresse, et un peuple qui vivra dans la joie » (És 65.18).

Joyeuses Pâques, mes amis!