Cet article a pour sujet le témoignage que le Christ a rendu à l'Ancien Testament, à l'autorité des Écritures, à leur authenticité, attestant que l'Ancien Testament lui-même rend témoignage au Messie promis.

Source: La vie de Jésus. 4 pages.

Le témoignage du Christ rendu à l'Évangile

« Abraham a tressailli d’allégresse (à la pensée) de voir mon jour » (Jn 8.56); « Moïse a écrit à mon sujet » (Jn 5.46); « David m’a appelé mon Seigneur » (Mt 22.45).

Pour se faire comprendre et faire connaître sa mission, Jésus nous renvoie, aujourd’hui comme jadis, à l’Ancien Testament. Pour étayer la foi de ceux qui confessent Jésus Dieu et homme, il n’y a pas d’autre argument que ce même témoignage de Jésus rendu à l’Ancien Testament et confirmé intérieurement par le Saint-Esprit. Il n’aurait pas affirmé qu’Abraham « avait tressailli » à son sujet si ce dernier n’avait été qu’une figure mi-historique, mi-légendaire. Il n’aurait pas déclaré avec autant de certitude « Moïse a écrit à mon sujet » si les livres qui portent le nom de Moïse n’avaient été qu’une simple compilation tardive d’auteurs obscurs, des écrits inauthentiques du grand chef israélite. Jésus n’aurait pas cité le Psaume 110 s’il n’avait pas cru que l’auteur en était bien le roi David, l’ancêtre dont il se dit le fils, et si le recueil des Psaumes n’était qu’un ensemble d’écrits datant de l’époque des Maccabées.

Sa référence aux écrits de Moïse est fréquente, mais, plus que de s’y référer il tire de ses écrits le poids et la force de son argumentation. « Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi? », dit-il aux juifs, et « nul d’entre vous ne la met en pratique » (Jn 7.19). « Si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous en moi? Car il est écrit à mon sujet » (Jn 7.19; 5.46-47). Aussi, au nom même de cette loi mosaïque qui rend témoignage à sa personne et à sa mission et, qui plus est, conduit le lecteur vers lui (accomplissement de la loi et des prophètes), Jésus critiquera la tradition par laquelle pharisiens et scribes de son époque l’avaient rendue nulle d’effet (Mc 7.13).

À un homme qui accourt vers lui cherchant la guérison, Jésus recommande, après celle-ci, d’aller se montrer au prêtre et de lui offrir le signe rituel de reconnaissance pour la purification recouvrée, ce que prescrivait dans un tel cas l’ordonnance mosaïque (Mt 8.4). L’ordre de Moïse se trouve dans le code sacerdotal que certains critiques modernes prétendent postérieur à Moïse. La lecture attentive des Évangiles nous révèle combien souvent l’Ancien Testament revient dans les discours de Jésus. L’autorité de son enseignement se fonde sur cette Bible. L’Écriture se trouve dans son cœur; l’ensemble de son ministère y est ancré et profondément enraciné; il en tire toute sa force. Elle explique la raison de sa présence parmi les hommes et jette la lumière nécessaire sur les discours contenus dans le recueil de Moïse, des Psaumes et des Prophètes pour interpréter son œuvre messianique. Elle éclaire parce qu’il la remplit d’un bout à l’autre.

Lors de sa tentation au désert, dans cet affrontement gigantesque, surhumain, redoutable avec le « prince de ce monde » et sa victoire sur lui, Jésus ne déploiera pas un pouvoir divin extraordinaire ni ne montrera la puissance surnaturelle dont il a été réellement revêtu. Il puisera son inspiration et sa force dans le livre du Deutéronome qu’il va citer à trois reprises (Dt 8.3,6,13-14; 6.16). Ces paroles de l’Ancien Testament qui l’ont soutenu et guidé sont les mêmes qui, à l’heure de notre propre combat spirituel livré contre les mêmes puissances adverses, nous permettront de remporter la victoire. Ici encore, les critiques modernes nous rendent un service négatif; ils voudraient nous faire croire que le livre de Moïse ne fut rédigé qu’à l’époque du roi Josias, quelque six siècles avant Jésus et quatre après Moïse. On a le droit de se demander : le Seigneur de la vérité aurait-il accordé sa confiance à un texte à l’authenticité douteuse et se serait-il appuyé sur un livre qui ne serait finalement qu’une compilation tardive de textes venant d’ici et là?

En inaugurant son ministère public dans la synagogue de Nazareth, Jésus commence par la lecture d’un passage du livre du prophète Ésaïe (Lc 4.17-21). Dans le Sermon sur la Montagne, il déclare : « Je suis venu non pour abolir la loi, mais pour l’accomplir » (Mt 5.17). Trop nombreux sont, à l’heure actuelle, les livres et les études « critiques » sur les discours de Jésus. En revanche, il est à craindre que nous ne manquions, hélas!, d’études sérieuses, solides et honnêtes sur les discours de Jésus et sur le rôle et la place que l’Ancien Testament y occupe, nous permettant avec le secours de l’Esprit de comprendre le lien étroit entre lui et la première partie de notre Bible.

Faisons un rapide inventaire des allusions que fait Jésus à cette partie de l’Écriture. Près de vingt figures vétérotestamentaires sont mentionnées par le Seigneur, et il cite autant de livres. Il se réfère à la création, à l’institution du mariage, à l’histoire de Noé, à celle d’Abraham, à la femme de Lot, à la ruine de Sodome, etc. L’apparition de Dieu à Moïse entre aussi dans son enseignement. La manne descendue du ciel deviendra une figure illustrant le sacrifice de sa personne. Le Décalogue revêtira toute son importance de code de conduite religieuse et morale. Jésus pratiquera la loi cérémonielle comme la loi de Moïse. Certes, la première sera abrogée à cause de son œuvre d’expiation, mais la seconde demeurera le moyen qui mène tout homme vers l’accomplissement de la loi, le modèle de la parfaite obéissance à Dieu. Grâce au Christ, la loi du Décalogue deviendra pour le fidèle de la Nouvelle Alliance une loi pour la glorieuse liberté des enfants de Dieu. D’autres détails de l’Ancien Testament apparaissent à nos yeux pour revêtir une signification nouvelle : le serpent d’airain, la loi concernant les vœux, la fuite du roi David, la gloire de Salomon, le rappel de la reine de Saba, le séjour d’Élie chez une femme de Sarepta, la guérison du lépreux Naaman, la mort du prophète Zacharie, tout ceci concerne des incidents historiques de la vie d’Israël, qui occupent une place de tout premier ordre dans son enseignement.

L’autorité que le Seigneur accorde aux livres des Psaumes et des Prophètes nous paraît encore plus grande. « N’avez-vous pas lu? » ou « il est écrit ». Voilà le terrain familier, sûr et décisif sur lequel il se meut, d’où il puise l’inspiration pour mieux illustrer son ministère, prouver sa filiation divine, annoncer sa passion et sa résurrection. « Les Écritures doivent être accomplies »; c’est là une phrase qui revient tel un leitmotiv : « ce sont elles qui me rendent témoignage ». Il répondra à ceux qui viennent lui tendre un piège au sujet de la résurrection future : « Vous êtes dans l’erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures ni la puissance de Dieu » (Mt 22.29). Et lorsque, vers la fin de son ministère, l’ombre de la croix se dessine, ténébreuse et chargée de menaces mortelles, le témoignage rendu à l’Écriture deviendra plus lumineux encore (Lc 18.31; 22.37). Le soir de sa trahison, sous l’ombre des oliveraies, Jésus mentionnera trois fois l’accomplissement des Écritures (Mt 27.31,53-54). Trois de ses sept paroles prononcées sur la croix sont des citations directes de l’Ancien Testament.

Après avoir prononcé la dernière, il rendra l’esprit. Cependant, le témoignage rendu aux Écritures qui recevra le plus de poids se situe après sa résurrection. Le soir, il rencontre deux de ses disciples se rendant à une bourgade voisine de Jérusalem (Lc 24.25-27). Non seulement il citera alors l’Écriture, mais il offrira aussi une méthode d’interprétation sûre pour toute l’Église chrétienne attentive et soumise à son Évangile. Selon le Christ ressuscité, l’Ancien Testament annonçait déjà l’avènement du Messie, de même que sa passion. Dès ce premier retour vers les siens, il leur expliquera les raisons de sa victoire déjà prédite (Lc 24.44-46). Même si on cherchait à minimiser la connaissance historique du Christ durant l’exercice de son ministère terrestre, on aurait de la peine à soutenir qu’après sa résurrection, ses connaissances pourraient rester très imparfaites. C’est précisément après la résurrection qu’il mettra le sceau définitif de son autorité divine sur les trois parties constituant déjà la Bible hébraïque, à savoir : la Loi, les Psaumes (ou les Écrits), et les Prophètes. Par crainte que cet imprimatur divin ne soit jugé insuffisant par certains, une confirmation supplémentaire sera apportée dans le dernier livre du Nouveau Testament (Ap 1.17-18; 3.7).

Une lumière d’un éclat exceptionnel éclaire la lecture et la compréhension de tout ce qui le concerne. Notons en passant qu’à cet endroit est cité le livre du prophète Ésaïe (És 42.2 et 22). Ainsi, non seulement la clé de la mort et de la vie se trouve entre les mains du divin Sauveur, mais encore, ce qui est capital, les clés de l’Écriture sainte. Celui qui en cherche le sens peut se fier avec assurance à la direction du Seigneur.

Concluons par le rappel d’un incident lors de la résurrection : Le matin même, Marie de Magdala, nous est-il dit, s’étant rendue au tombeau, y cherchait le corps de Jésus. Tandis qu’elle le cherchait en vain parmi les morts, Jésus vint se placer auprès d’elle. Elle pensa d’abord qu’il était le jardinier; mais un mot de sa part lui révéla la réalité inattendue. Elle se trouvait face à face avec le Seigneur vivant. Lorsque nous lisons nous-mêmes certains passages de l’Ancien Testament, nos yeux sont souvent comme embués, nous empêchant d’y voir clair et de saisir le sens du texte. Nous n’y apercevons que de simples récits, figures ou personnages humains. Mais si, comme Marie, nous cherchons le Maître, il nous surprendra, et alors, dans l’étonnement nous aussi, nous nous écrierons avec le premier témoin de Pâques : « Rabbouni », ce qui veut dire « Seigneur exalté ».

Le Christ, dans l’Ancien Testament, se trouve même derrière certains détails qui passent fréquemment inaperçus à notre regard. Or, son Esprit nous est accordé pour éclairer notre intelligence afin de réaliser notre rencontre avec lui, jusque sur les pages mêmes du Vieux Testament. Sans le Christ, l’Ancien Testament ne possède plus aucune signification pour nous. Il n’a qu’une valeur classique, celle d’une religion qui serait sans objet, parce que privée d’espérance, cheminant péniblement vers une destination n’aboutissant nulle part. Mais l’histoire d’Israël, les Psaumes, les livres de sagesse et tous les oracles prophétiques convergent vers le centre unique : Jésus-Christ, le Messie promis, et vers un événement suprême : sa passion et sa résurrection. À partir de ce centre, de nouvelles lignes traverseront le Nouveau Testament afin de nous conduire, dans la communion du Saint-Esprit, vers le Fils de Dieu. Il deviendra le Sauveur de son peuple élu. C’est lui qui ouvrira nos yeux pour lire clairement et correctement la Bible, sa Parole.

Ne cherchons pas Jésus-Christ ailleurs que sur les pages du Livre saint. Autrement, nous ne comprendrions absolument rien, ni à sa personne, ni même à la nôtre.