Cette fiche de formation a pour sujet la transmission de la foi à nos enfants dans le cadre de la maison et de la famille, lieu privilégié de transmission fondé sur les promesses de Dieu pour l'éducation de nos enfants.

Source: Transmettre la foi à nos enfants. 6 pages.

Transmettre la foi à nos enfants (1) - Le cadre de la foi

  1. Y a-t-il des promesses?
  2. Le Dieu des maisons
    a. La maison au bénéfice du sang de l’agneau
    b. La maison comme lieu privilégié de transmission
    c. Des paroles de sagesse pour la famille
    d. Des promesses de bénédiction pour la famille
    e. La maison est une petite Église

1. Y a-t-il des promesses?🔗

Avant de tenter de repérer ce qu’il y a à faire, voyons s’il y a au moins une promesse sur laquelle nous pourrions nous reposer, que nous pourrions saisir. C’est un bon principe, n’est-ce pas, pour ordonner notre vie, pour choisir le cap?

La manière de Dieu, c’est toujours d’associer un commandement et une promesse. « Va dans le pays que je te montrerai et je ferai de toi une grande nation » (Gn 12.1-2). « Honore ton père et ta mère […] afin que tu sois heureux » (Ép 6.2-3).

Cela n’est pas le principe des mérites ni celui « du bâton et de la carotte ». C’est plutôt le signe que les commandements de Dieu sont des principes de vie, tout comme les lois naturelles (voir Ps 19; 119.89-93; Pr 3.1-2; Mt 7.24; 1 Pi 3.10-11). En d’autres termes, le Dieu qui a créé le ciel et la terre, le Dieu qui nous sauve et le Dieu qui nous montre comment nous devons vivre est un seul et même Dieu!

Nous devons bien retenir cela, sachant que ce n’est pas la vision du monde qui est inculquée à nos enfants, qui est véhiculée par notre culture marquée par une laïcité qui exclut Dieu et qui cloisonne les domaines…

Des promesses, il y en a beaucoup, mais il y en a une que nous pouvons mettre sous nos yeux tout de suite, c’est celle qui est rappelée en Actes 2.39 : « La promesse [le don de l’Esprit] est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. »

Notons qu’il n’est pas écrit ici que nos enfants seront automatiquement sages, qu’ils garderont la foi ou seront nécessairement sauvés. Mais il est écrit qu’ils sont concernés par « la promesse ».

Est-ce important? Oui, car le même acte, la même parole, n’ont pas la même portée selon qu’ils sont ou pas portés par une promesse, nourris ou pas de la grâce, vécus ou pas dans l’amour. Beaucoup de parents semblent partir vaincus, ou du moins avec des inquiétudes ou des doutes qui risquent de se transmettre à l’enfant.

La promesse réduit-elle notre responsabilité? Non. Elle lui donne un cadre, un appui, une espérance. Elle y met une limite aussi (nous ne sommes pas Dieu), mais elle ne la supprime pas : elle la nourrit et la guide, plutôt. Il y a beaucoup à transmettre!

2. Le Dieu des maisons🔗

Derrière la promesse, il y a Dieu lui-même. Remontons jusqu’à lui (on devrait toujours procéder ainsi). Que nous dit Dieu de lui-même et de son propre regard, concernant ce sujet?

Quand je considère l’ensemble de l’Écriture, il y a une pensée qui s’impose à moi. Le Dieu de la Bible est le Dieu des maisons!

On ne va pas faire ici toute une étude sur « la maison dans la Bible », mais considérer cela : entre l’individu, la communauté et la ville, la maison revêt une grande importance, y compris pour Dieu. « Quand tu pries, entre dans ta chambre… » (Mt 6.6)1.

Je retiens quelques textes parmi beaucoup d’autres, qui le montrent très clairement. Nous allons tenter d’en tirer quelques enseignements généraux (et peut-être précis déjà!) sur lesquels nous pourrons revenir plus tard, quand nous nous pencherons sur les enfants et sur le couple.

a. La maison au bénéfice du sang de l’agneau🔗

« Allez, servez l’Éternel. […] Et vos enfants pourront aller avec vous » (Ex 10.24). « On prendra un agneau pour chaque famille, un agneau pour chaque maison » (Ex 12.3). « C’est le sacrifice de la Pâque en l’honneur de l’Éternel, lorsqu’il frappa l’Égypte et qu’il sauva nos maisons » (Ex 12.27).

Ce passage est nécessairement important, car c’est Exode 12, le chapitre où est instituée la Pâque! C’est le chapitre qui inaugure la délivrance du peuple de Dieu. C’est aussi à ce moment-là que ce qui est encore la famille de Jacob va devenir le peuple de Dieu, distingué des autres peuples (Ex 11.7). Quand Dieu révélera sa loi (Ex 20), il le fera en tant que celui « qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » (Ex 20.1). La Pâque, c’est aussi l’annonce directe du sacrifice de Jésus, de la victime expiatoire, de l’importance du sang, du jugement détourné (Ex 12.12).

Dans ce contexte si important, nous voyons le cadre que constitue la maison. Il correspond à la famille, bien sûr, mais en un sens, il l’emporte sur la famille, car si un membre de la famille était hors de la maison, il n’était pas « couvert », tandis que si un étranger s’était réfugié dans cette maison, il aurait été au bénéfice du sang (Ex 12.13).

C’est ce que dit Paul aux parents (quand un des deux parents au moins est chrétien) : « Vos enfants sont saints » (1 Co 7.14). Il ne dit pas « sauvés », mais « saints », c’est-à-dire au bénéfice d’une position privilégiée, avec une responsabilité particulière. Nous notons que ces enfants n’ont pas choisi d’être là!

« Allez, servez l’Éternel. […] Et vos enfants pourront aller avec vous » (Ex 10.24). Ce verset montre que les enfants sont concernés. Ils sont au bénéfice de la foi de leurs parents. Ils sont témoins de ce que Dieu opère. Ils vont être invités à s’associer, comme de petits disciples.

b. La maison comme lieu privilégié de transmission🔗

« Ces commandements que je te donne aujourd’hui seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison. […] Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes » (Dt 6.6-9).
« Il a ordonné à nos pères d’enseigner [cette loi] à leurs enfants, pour qu’elle fût connue de la génération future, des enfants qui naîtraient, et que, devenus grands, ils en parlent à leurs enfants, afin qu’ils mettent en Dieu leur confiance et qu’ils n’oublient pas les œuvres de Dieu » (Ps 78.5-8).

« Dans ton cœur. » On observe que si la transmission passe par la bouche et l’oreille, elle concerne aussi (et avant tout) le cœur. La vraie transmission est « de cœur à cœur »2. Attention, il ne s’agit pas là de la dimension sentimentale ou émotionnelle, mais de la conscience, du centre de notre être qui implique la personne tout entière3. C’est une autre manière de dire : ces commandements seront à la première place dans ta vie, comme Dieu lui-même4. Cela nous parle aussi de la constance dans cet attachement, dans l’attitude qui en découle en toutes circonstances.

En un sens, la foi ne se transmet pas, puisqu’elle est un don de Dieu, fruit de la régénération par le Saint-Esprit! Mais il y a quand même quelque chose à transmettre5. Il apparaît ici que cette transmission est réellement comparable à celle de la nourriture, comme Jésus le dit en Matthieu 4.4.

On peut en déduire qu’il n’est jamais trop tôt pour évoquer la présence de Dieu à un enfant. Dieu, en effet, n’est pas une réalité à découvrir parmi d’autres : il est celui devant qui l’enfant va vivre ses découvertes. L’enfant devrait découvrir le monde au travers de Dieu, à partir de Dieu. C’est ce que dit ce passage si important de Deutéronome 6 (le fameux Shema Israël que les juifs récitent solennellement chaque sabbat) qui commence par « Écoute! ». La transmission commence donc par une écoute : celle des parents!

Ce passage mentionne la maison comme le lieu privilégié de la transmission. Parce que c’est le lieu privilégié de la vie, tout simplement. C’est de là qu’on part; c’est là qu’on se prépare; c’est là qu’on revient. La mention des portes est, à cet égard, très significative.

Le Psaume 78 souligne l’importance de ne pas oublier les œuvres de Dieu. Ne pas oublier d’où nous venons. Ne pas manquer d’être reconnaissants. Dire merci est sans aucun doute le B.A.BA de l’éducation. Je ne mérite rien. J’ai tout reçu.

Calvin recommande aux parents de diriger leur maison comme une petite Église, ce qui signifie qu’on n’y recherche pas moins qu’à l’Église ce qui est agréable à Dieu.

c. Des paroles de sagesse pour la famille🔗

« C’est par la sagesse qu’une maison s’élève, et par l’intelligence qu’elle s’affermit » (Pr 24.3). « Celui qui trouble sa maison héritera du vent » (Pr 11.29).

On comprend ici que le mot « maison » désigne plus que les murs de pierres ou de briques6. Ce verset en Proverbe 24 s’exprime à la manière hébraïque et répète la même vérité deux fois avec des mots différents. On comprend que la sagesse et l’intelligence sont synonymes. L’une comme l’autre implique la capacité à comprendre ce que Dieu aime et ce qu’il réprouve. Cela n’a rien à voir avec les diplômes (voir Ps 73.17; Rm 12.1-2).

La Bible nous apprend que la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse, le principe de la sagesse. Cela implique de « s’éloigner du mal » (Jb 28.28). Ces deux notions risquent de ne pas dire grand-chose à beaucoup de nos contemporains qui les croient dépassées. C’est oublier que ces principes sont aussi permanents que les lois naturelles; c’est oublier que c’est aussi une question de vie et de mort, à divers égards. Notons déjà que le mot « piété » est employé par Paul pour désigner l’attitude des enfants vis-à-vis de leurs parents (1 Tm 5.4).

Ces textes nous parlent de l’importance de la transmission par l’exemple, de l’utilité de convaincre par les fruits! La Bible ne dissocie jamais la théorie et la pratique, comme le rappelle Jacques en reliant la foi et les œuvres de la foi (Jc 2.18). La parole qui a autorité est celle qui est portée par un vécu.

Une des implications est le rejet de toute forme d’hypocrisie ou de mensonge. On ne ment pas devant Dieu. On ne ment jamais. Je n’ai pas deux attitudes, je n’en ai qu’une.

Enfin, le verset de Proverbes 11.29 nous parle de l’importance de préserver nos maisons. Ce qui est souillé ne devrait pas y entrer7; ce serait inviter Dieu à en sortir8.

Dans la Bible, la maison n’est pas un lieu d’oisiveté, mais c’est un lieu de repos, dans le sens profond du terme (Ruth 1.9). Repos pour les parents, pour les enfants, pour ceux qui y bénéficieront de l’hospitalité9.

d. Des promesses de bénédiction pour la famille🔗

« Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta famille » (Ac 16.31). « Lorsqu’elle eut été baptisée, elle et sa famille… » (Ac 16.15).

Ces versets sont sujets à diverses interprétations qui dépassent le cadre de notre sujet. Ils sont cependant dans l’Écriture! Ils nous rappellent l’importance de la maison-famille comme lieu de bénédiction partagée. Le verbe « sauver » n’est pas toujours à prendre au sens le plus fort : il peut aussi être compris dans le sens de préserver, de bénir, ce qui n’est pas rien.

Ces versets nous parlent aussi de la maison comme un lieu de partage, comme un lieu où les plus petits sont au bénéfice de ce que vivent les plus grands.

e. La maison est une petite Église🔗

« Il faut que [l’ancien] dirige bien sa propre maison. […] Car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu? » (1 Tm 3.4).
« Enfants, obéissez à vos parents, selon le Seigneur, car cela est juste. Honore ton père et ta mère (c’est le premier commandement avec une promesse), afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre » (Ép 6.1-3).

Nous reviendrons sur ce passage en parlant des enfants. Pour le moment, remarquons que pour Paul (pour Dieu) la maison est, en un sens, prioritaire par rapport à l’Église. Ce qui s’y vit (de connu ou de caché) révèle le degré de maturité. On peut dire également que ce qui s’y vit influencera le vécu de l’Église, plus qu’on le croit.

Quand Calvin dit que les parents doivent « gouverner leurs maisons comme de petites Églises », il ne dit pas qu’on doit y lire la Bible du matin au soir, mais qu’on doit, pas moins qu’à l’Église, y aimer et y rechercher la volonté de Dieu. Comme l’Église, la maison doit être un lieu de repos (Ruth 1.9), en vue du service.

Cela nous parle de l’importance de l’action préventive : de nature parentale dans la maison, de nature pastorale dans l’Église. Mieux vaut ne pas attendre les difficultés pour aborder les questions.

Remarquons qu’il n’est pas dit que les enfants doivent être « convertis », mais qu’ils doivent être « tenus dans la soumission », c’est-à-dire que la maison doit être ordonnée, au bénéfice d’une autorité équilibrée. Cela ne signifie pas que toute difficulté rencontrée doive être comprise comme un échec ou entraîner un sentiment de culpabilité.

Notons que le verbe diriger (qui concerne habituellement les hommes, 1 Tm 2.12) est utilisé par Paul pour les femmes (1 Tm 5.14) au sujet de la maison. Est-ce à dire que le rôle de la femme est limité à la maison? Proverbes 31 nous montre que non10. Il paraît clair cependant que la maison est une sphère d’activité et de responsabilité privilégiée pour les femmes, concernant les enfants, mais pas seulement.

Dans le même sens, nous nous rappelons que le livre des Proverbes associe étroitement l’homme et la femme dans l’éducation des enfants, dans la transmission de la foi (Pr 1.8; 4.1-4; 6.20). Dans le même sens, le cinquième commandement du Décalogue (Ex 20.12), repris par Paul (Ép 6.2), demande aux enfants d’honorer leur père et leur mère, et cela de manière inconditionnelle.

Nous verrons plus loin que les vocations des pères et des mères sont différentes et complémentaires. Ici, nous voyons déjà qu’elles sont étroitement associées et d’égale importance.

Notes

1. Voir mon article intitulé D’abord dans nos maisons.

2. Noter qu’il en est exactement de même entre Dieu et nous. « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est très éloigné de moi » (Mt 15.8).

3. Le « cœur », dans la Bible, c’est la dimension de l’Esprit, qui nous est trop peu familière… (Pr 23.26; Rm 5.5).

4. Rappelons le premier commandement de la loi : « Aimer Dieu de tout ton cœur, toute ta force, toute ta pensée… »

5. Nos bébés ne sont pas « nidifuges », comme certains oisillons qui savent déjà courir et se nourrir en naissant (poussins, canetons); ils sont « nidicoles » comme les petits passereaux qui naissent aveugles et nus et le demeurent longtemps. Dans les deux cas, le rôle des parents est important, mais il l’est bien davantage dans le second cas!

6. Comme en Matthieu 7.24, d’ailleurs.

7. Relire Josué 7.10-33 sur l’impact pour le peuple de Dieu de ce qui se passe dans les maisons…

8. Par exemple, ceux qui ont un poste de télévision (ce n’est pas obligé par la loi) doivent être conscients des risques et donc des responsabilités que cela implique. Mais il n’y a pas que la télévision. Il y a aussi l’usage de la parole (Ép 4.29; Jc 3).

9. C’est très probablement ce qu’impliquent les recommandations de Paul concernant les anciens (1 Tm 3.4).

10. Bien d’autres passages en témoignent, comme Ex 1.21; 1 Co 11.12…