Cet article a pour sujet la gestion de nos biens au milieu des incertitudes de l'économie. Nous devons prendre des risques, apprécier notre pain quotidien, éviter trop de dettes et exercer la générosité, car notre travail n'est pas vain dans le Seigneur qui n'oublie pas les siens.

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Vivre avec le risque - Au milieu de l'incertitude économique

« Partout dans le monde, des risques énormes ont été pris. Des milliards de dollars se sont évaporés en l’espace d’à peine quelques jours. Le résultat : panique à la Bourse. Panique dans les vies humaines également? »

  1. Stupide?
  2. Jette ton pain
  3. Apprécier le pain quotidien
  4. Partager notre pain
  5. Jamais en vain

1. Stupide?🔗

Il y a beaucoup d’incertitude à notre époque : incertitudes en ce qui touche la société, mais aussi dans les domaines financiers et économiques. Notre économie n’est pas protégée, c’est une économie ouverte. Partout dans le monde, des gens subissent toutes sortes de revers sur le plan matériel, des revers qui peuvent avoir des répercussions sur nous. Alors, est-il correct de commencer quelque chose de nouveau, de démarrer une entreprise ou d’y prendre part? Ne serait-ce pas prendre un risque irresponsable?

Un jour, j’ai parlé à un homme dont l’entreprise avait fait faillite. Il se sentait extrêmement coupable. « Aurais-je dû monter cette entreprise? Ai-je été stupide? Maintenant, j’ai perdu tout cet argent! » Il ne fait aucun doute qu’à notre époque de nombreuses personnes ont perdu de l’argent à l’insu des autres. C’est une situation qui peut engendrer plusieurs problèmes, y compris au niveau relationnel, surtout quand les personnes concernées reçoivent des reproches du genre : « Comment avez-vous pu être aussi stupide? »

2. Jette ton pain🔗

Premièrement, ne nous énervons pas. Une vie sans risques, ça n’existe pas. Nous devons tous travailler pour subvenir à nos besoins, mais il n’y a aucune garantie que tout notre labeur sera profitable. Nous devons planter, mais nous dépendons de la température pour les récoltes. Nous montons dans nos voitures, mais nous ne savons jamais quel accident peut nous arriver sur la route. À un certain âge, nos enfants se rendent seuls à l’école. Nous craignons parfois le pire, mais nous devons les laisser partir. Nous ne pouvons pas toujours leur tenir la main.

Il y a de nombreux autres exemples. La seule véritable certitude est Dieu lui-même. Tout le reste peut s’écrouler et nous décevoir. Pourtant, nous devons vivre et nous mettre à l’œuvre.

Dans le livre de l’Ecclésiaste, le Prédicateur écrit dans toute sa sagesse :

« Qui observe le vent ne sèmera point, qui fixe les regards sur les nuages ne moissonnera pas. Comme tu ne connais point le mouvement du vent ni de l’embryon dans le ventre de la femme enceinte, tu ne connais pas non plus l’œuvre de Dieu qui fait tout » (Ec 11.4-5).

Le message dans ce passage est le suivant : Lève les yeux vers Dieu, qui est le commencement de toute sagesse (y compris la sagesse sur le plan économique).

Le monde est dur et de nombreux plans échouent. La tromperie règne ou du moins les gens font des choix à leur propre avantage. Quand ça devient difficile, la règle « chacun pour soi » prévaut.

Des désastres s’abattent sur la terre. Pourtant, Dieu est présent dans ce monde. Au milieu du tumulte des peuples se dresse la croix de Jésus avec tout ce qu’elle signifie. Il a payé, il porte, il soutient, il règne. L’été et l’hiver, la pluie et la sécheresse, le jour et la nuit sont maintenus par lui, selon l’alliance qu’il a établie avec Noé et toutes les créatures.

Travaillez en gardant les yeux fixés sur lui. « Jette ton pain à la surface des eaux », dit le même Prédicateur (Ec 11.1). Ne mangez pas tout, mais investissez aussi : dans le transport, dans le commerce, dans une entreprise ou dans votre travail. Cependant, répartissez votre pain; ne mettez pas tout dans le même bateau, car vous ne savez jamais ce qui réussira ou ce qui échouera. Merveilleuse sagesse! Soyez sage, répartissez les risques, mais osez faire quelque chose. Ne restez pas assis dans votre coin. Ne laissez pas la peur vous dominer. Soyez prudent, mais agissez.

Tout ne réussira pas; vous subirez des revers. Vous ne pouvez pas tout contrôler, mais Dieu ne fait pas d’erreurs en nous donnant la vie sur cette terre, en ce moment précis de l’histoire. Il maintient les conditions nécessaires à la vie sur la terre. Il est en contrôle de tout, pour notre bien à nous les humains. Ses promesses s’accompliront, d’une manière ou d’une autre. Dieu ne dépend pas de nos succès et de nos réalisations pour accomplir ses promesses. Nous le savons d’ailleurs très bien. Nous faisons face à ce monde en étant pleinement conscients que c’est un monde en train de s’éteindre.

Tout cela est possible; nous sommes en route; nous ne devons pas fixer nos buts trop haut pour notre vie présente ici-bas.

3. Apprécier le pain quotidien🔗

C’est pourtant là le piège dans lequel nous tombons : nous nous fixons des buts trop élevés pour cette vie présente ici-bas! Dans le monde occidental, l’homme veut tout et tout de suite. Les fournisseurs et les financiers répondent massivement à cet appel. L’un veut nous vendre toutes sortes de choses, l’autre est prêt à les payer pour nous. Jusqu’à ce que nous soyons pris dans le cercle vicieux des paiements et que nous ne puissions plus acquitter nos dettes.

C’est une des causes les plus importantes du fouillis financier dans lequel se trouvent les États-Unis. Selon des statistiques recueillies il y a quelques mois, la dette moyenne par habitant serait de 9000 $. Ces statistiques se basent sur le crédit accordé aux consommateurs. De plus, les prêts hypothécaires ne font qu’augmenter dans l’espoir de voir s’accroître la valeur des propriétés. Tout cet argent a été dépensé à l’avance. Je vous le demande : Pourquoi les banques font-elles cela? Pourquoi sont-elles prêtes à aller jusqu’à l’extrême limite pour soutenir des projets financiers très risqués? La réponse, c’est que les prêts à risque élevé génèrent davantage de revenus d’intérêts. Les banques en retirent un bon profit! Pour le temps que ça dure. Les gens aiment acheter des actions dans de telles banques parce que la valeur de ces actions augmente plus rapidement. C’est ainsi que s’est formé un énorme nœud, difficile à défaire, nourri par la cupidité.

Ce n’est pas que la situation soit bien meilleure ici, de notre côté du grand océan atlantique (N.D.T. L’auteur néerlandais parle du point de vue de l’Europe). On dit que notre économie peut encaisser de rudes coups. Cependant, ici aussi, il est courant d’échanger la valeur excédentaire de nos maisons contre des fonds qui nous permettent de nous offrir ce qui nous plaît. Mais qui détermine à quel montant s’élève la valeur excédentaire? Pour combien de temps? Les prix des maisons ont atteint des records. Ne pourrait-il pas arriver la même chose ici que ce qui s’est produit aux États-Unis? Je ne suis pas un économiste, mais la Bible me dit de ne pas m’engager « dans des questions trop grandes et trop merveilleuses pour moi » (Ps 131.1), c’est-à-dire : ne cherche pas le bonheur à l’extérieur des limites de ce que tu possèdes!

On nous a enseigné à prier pour notre pain quotidien, c’est-à-dire pour le pain dont nous avons besoin aujourd’hui. La personne qui fait cette demande au Seigneur promet implicitement d’être reconnaissante et contente (!) lorsqu’elle reçoit son pain. Nous ne demandons pas le pain dont nous aurons besoin demain. Ceci implique que nous ne sommes pas censés consommer aujourd’hui le pain de demain. C’est exactement cela qui se produit avec le système du crédit au consommateur. On donne l’occasion aux gens de dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas encore gagné. Remarquez bien que ceci se produit dans un monde où abondent les déceptions et les échecs, un monde dans lequel même la santé n’est qu’une possession fragile.

La dette par consommateur dans notre population, ici aux Pays-Bas, n’est probablement pas si basse que cela non plus. Les gens et les banques ne reculeront devant rien, jusqu’à ce que nous soyons remplis d’orgueil à cause de nos possessions ou jusqu’à ce que le désespoir nous envahisse. C’est à ce moment que le Prédicateur de l’Ecclésiaste vient vers nous au nom du Seigneur. Par qui ou par quoi laissez-vous votre vie être dominée? Nous ne devons pas laisser la peur régner sur nous, c’est la première chose. Les possessions matérielles ne doivent pas nous dominer non plus, car tout n’est que vanité, tout passe. Certains jours, nous pourrons construire, mais d’autres jours viendront où nous devrons faire face à la destruction. Nous ne savons pas quand, nous ne savons pas combien; ne laissons pas nos possessions dominer notre vie!

Jeter son pain à la surface des eaux, c’est investir dans l’intention de récolter des montants d’une valeur équivalant au moins à celle des montants investis au départ. Ce n’est pas le pain que nous consommons. Cependant, le crédit au consommateur — le nom lui-même l’indique — n’est pas un investissement dont la valeur se maintient. C’est une façon de consommer ce que nous n’avons pas encore gagné et ce que Dieu n’a pas encore donné. Nous recevrons notre pain quotidien pour 2012 en 2012 et non aujourd’hui, pour ne donner qu’un exemple. Si nous consommons ce pain maintenant, ne nous surprenons pas si tout à coup il n’y a plus de pain. De plus, comment prierons-nous? Comment pourrons-nous continuer à dire au Seigneur que nous sommes reconnaissants et contents de ce qu’il nous a donné pour aujourd’hui?

4. Partager notre pain🔗

Un autre risque, c’est que les autres aient à faire face à des problèmes à cause de notre comportement. Si nous consommons autant, il n’y aura pas grand-chose à partager avec les pauvres. Les gens qui prennent de trop grands risques devront réduire drastiquement leurs dépenses. Seul ce qui est absolument nécessaire pourra encore être payé. Les dons et les cadeaux seront parmi les premières choses coupées. Dommage. Oui, c’est vraiment dommage. C’est même très mal, car nos « possessions matérielles » n’ont jamais été les nôtres seulement; elles nous ont aussi été données afin que l’amour de Dieu soit manifesté à travers les soins prodigués à notre prochain. Tous les jours, nous sommes témoins de l’ampleur des besoins partout dans le monde. L’aide est nécessaire, l’aide est bonne également. Dieu donne afin que les gens s’entraident.

Cependant, ceux qui permettent à la cupidité de les dominer ne se soucient que d’eux-mêmes. Ils n’ont qu’une seule façon de calculer : « Qu’est-ce que je vais en retirer? » Et cela ne fait qu’empirer lorsqu’ils commencent à être très serrés financièrement à cause d’emprunts exorbitants. Les gens qui dépendent d’eux deviennent des victimes. C’est une injustice. La miséricorde n’est pas un luxe. C’est la constitution même du royaume de Dieu.

5. Jamais en vain🔗

On ne peut pas conclure qu’une personne a bien agi ou mal agi sur la base des résultats de ses actions. Bien que nous devions nous servir de notre tête, c’est tout d’abord une question de cœur. Pourquoi concentrons-nous notre attention sur ce que nous entreprenons? Pourquoi prenons-nous les risques que nous prenons?

Il est utile de présenter toutes ces choses au Seigneur dans la prière. Il est bon de le reconnaître dans toutes nos voies (Pr 3.6). Nous devons continuellement nous demander : Nos motivations sont-elles pures? Pouvons-nous parler de nos plans au Seigneur ou préférerions-nous plutôt qu’il n’en sache rien? Est-ce notre désir de dépendre du Seigneur en toutes choses et de le servir avec les gains que nous faisons? C’est ce que nous devrions promettre d’abord et avant tout et qui ne peut que faire du bien.

Si nous faisons cela, nous verrons que notre soif de succès sera fortement relativisée, car le Seigneur donne bien davantage que tout ce que nous pourrions gagner ou accomplir. C’est le cadre dans lequel nous devrions travailler… Nous verrons alors qu’un cœur pur est plus important que tout. Le plus important, c’est de pouvoir se tenir devant Dieu avec une bonne conscience, dans la prospérité comme dans l’adversité.

Il est également d’une grande importance de croire que tout notre travail, qu’il soit difficile ou non, n’est jamais vain dans le Seigneur. Nous en avons littéralement la promesse en 1 Corinthiens 15.58 : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, progressez toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur. » Essayer de bien agir ne porte pas toujours de fruit dans ce monde; les gens peuvent nous ridiculiser ou porter des accusations contre nous, mais le Seigneur n’oubliera jamais ce que nous faisons si nous lui consacrons toutes choses, laissant tout entre ses mains. Il se souviendra que, dans ce monde rempli de risques, nous avons osé aller de l’avant, que nous avons écouté sa voix qui nous encourage à oser exister, car le Seigneur ne regarde pas les résultats dans notre compte bancaire, mais dans notre cœur.