Cet article sur Zacharie 4:10 a pour sujet la vision de Zacharie annonçant que Dieu ne méprise pas les petits commencements. C'est vrai de l'humiliation du Christ comme de la construction de l'Église.

Source: Récits d'hier pour la foi d'aujourd'hui. 3 pages.

Zacharie 4 - Le jour des petits commencements

« Qui donc a méprisé le jour des petits commencements? L’on se réjouira en voyant le fil à plomb dans la main de Zorobabel. Ces sept-là sont les yeux de l’Éternel qui parcourent toute la terre. »

Zacharie 4.10

Zacharie, le prophète de l’Ancien Testament, vivait une époque particulièrement déprimante. Il faisait partie des Israélites qui venaient de rentrer au pays après de longues années d’exil. Ces hommes, après avoir ressenti une grande joie, étaient à présent perplexes et sans doute découragés devant un avenir incertain. Peu nombreux, disposant de ressources matérielles insuffisantes, ils n’étaient pas équipés pour une telle restauration. Leur ville en ruines, le Temple complètement rasé, une écrasante tâche de reconstruction les attendait. Or, ils n’étaient pas équipés pour une telle tâche. Leur chef Zorobabel et ses officiers avaient établi des plans et pris les mesures nécessaires; ils avaient rassemblé les matériaux. Mais de toute évidence, c’était un jour de recommencements modestes, presque insignifiants; de quoi décourager les plus vaillants…

C’est dans ce contexte-là que s’explique la vision du prophète Zacharie, vision qui contient un message autant qu’une interrogation. On sait que les prophètes de l’Ancien Testament transmettaient le message divin. Ils étaient les oracles de Dieu, non pas uniquement pour annoncer les choses célestes, mais aussi pour permettre aux hommes de vivre leur foi, jour après jour, sur la terre. Le message particulier de la vision de Zacharie n’en renferme pas moins des encouragements adressés aux faibles et aux hésitants. Il est aussi le défi à ceux qui les méprisaient et s’opposaient à eux avec hostilité.

Il a dû y avoir ceux qui, découragés, ont abandonné le travail à mi-chemin. Il y avait certainement les opposants, ceux qui jetaient le discrédit sur une telle entreprise ou mettaient des bâtons dans les roues. Le travail de restauration nationale et religieuse semblait aux uns et aux autres une chimère. Or, affirme le prophète, Dieu ne méprise pas les petits commencements. Il a promis son Esprit, et les obstacles qui ne cessent de surgir vont disparaître. Le fondement a été posé. La construction ne se terminera pas par la force ni par la puissance matérielle, mais grâce à l’Esprit divin. Les yeux de Dieu se réjouiront du résultat des petits efforts. Parmi les cris exultants de joie, on entendra : « Bravo, bravo! » ou « Grâce, grâce! » Dieu offre une assurance certaine. Que personne ne vous méprise ni ne s’oppose à vous.

Ce message pourrait bien s’appliquer à une autre période de commencement dans la marche du peuple de la foi. Je pense au Seigneur Jésus et au ministère qu’il inaugura, en constituant le nouveau peuple de Dieu. Rappelons-nous qu’il est le véritable successeur de Salomon et de Zorobabel, à la fois l’Architecte du nouveau Temple et son Fondement. Rappelons-nous aussi la façon dont il apparut : « Il n’avait ni apparence ni éclat pour que nous le regardions, et son aspect n’avait rien pour nous attirer », écrivait un prophète (És 53.2). Il vint comme un petit enfant, né dans une famille fort modeste, dont on n’attendrait pas grand-chose. Il connut les vexations qui sont le lot de tout nouveau venu au monde. Il dut dépendre, lui, le Fils de Dieu par qui tout a été créé, d’hommes fragiles et pécheurs. Tout au long de son existence terrestre, il connut la pauvreté. Il fut soumis à la tentation et il rencontra le refus. Il fut méprisé et rejeté et il refusa délibérément de se plier aux ambitions et aux rêves de grandeur et de domination de ses contemporains, de faire de Jérusalem un centre d’attraction nationale et internationale.

Lorsqu’il se présenta ouvertement comme celui qui était venu pour souffrir et pour mourir, il n’accueillit aucun suffrage. Une foule déchaînée, violente et fanatique, parce que déçue et frustrée dans son attente, cria le matin d’un certain vendredi : « Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous » (voir la parabole en Lc 19.14). Des adversaires haineux se moquèrent de lui, et quand il fut attaché à la croix, il apparut comme la victime de ses illusions. À ses disciples, il offrit la pauvreté et le mépris de la part du monde à la place des avantages d’un royaume terrestre, du pouvoir et des honneurs; la tribulation et la persécution au lieu de trônes et de couronnes…

Si nous faisons le bilan du ministère de Jésus basé sur les apparences, nous ne verrons en lui que l’homme de douleur, l’exemple parfait du faible écrasé. Mais dans ce cas, aurions-nous compris l’entreprise la plus importante de toute l’histoire? Aurions-nous saisi la grande aventure de l’amour de Dieu venu sauver les hommes? Il faut regarder la vie, le ministère, la passion et la mort de Jésus à travers la large baie de la vision prophétique. Les événements de sa vie, apparemment absurdes, ont posé le fondement de l’Église, dont il est devenu la pierre d’angle. Mais pour le devenir, il a fallu auparavant la croix et la tombe, afin que la résurrection commence à édifier le nouveau Temple.

Ce ne sont pas les événements fracassants de l’histoire qui ont édifié l’Église de Jésus-Christ, mais les tout petits débuts, des commencements et recommencements apparemment insignifiants. C’est pourquoi le message du livre de Zacharie nous est indispensable pour comprendre la situation de l’Église. Il rejoint celui d’un autre serviteur de Dieu, Jean, disciple de Jésus, emprisonné dans une île, qui aura la force de déclarer : « Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes! Il habitera avec eux, ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux » (Ap 21.3).

Alors nous savons que ce message du prophète s’applique aussi à l’Église de notre époque. Il stimule notre foi et nous appelle à rester vigilants. Il nous encourage dans notre détermination de bâtir avec Dieu jour après jour avec fidélité, même dans les choses les plus ordinaires, lorsque rien d’apparemment passionnant ne se passe… Notre expérience est semblable à celle des fidèles d’autrefois. Les moments de grande exaltation dans la vie du croyant sont rares, et j’ai même beaucoup de méfiance à l’égard de ceux qui prêchent un christianisme du merveilleux et du miraculeux à chaque instant. L’Évangile n’est pas un produit que l’on vend à coups de publicité. Les sommets spirituels ne courent pas les rues; nous vivons, en général, ce qui est ordinaire et routinier, parfois même pénible et pesant. Il nous faut simplement l’endurance de la foi. Or, comme dans le passé, la trame des événements dont est tissée la vie ordinaire de la foi paraîtra peut-être, aux yeux de certains, ainsi qu’à nos propres yeux, insignifiante. Nous risquons alors de tomber dans la tristesse sinon le découragement…

Or, l’Église de Jésus-Christ, la véritable et la fidèle, est plutôt pauvre, humble, souffrante… Elle supporte l’épreuve dans la soumission, sans révolte aucune contre Dieu. Nous devons nous attendre à ne pas être compris, souvent même de nos proches s’ils ne partagent pas notre foi. Pour reprendre une expression de saint Paul, nous serons considérés comme « les balayures du monde » (1 Co 4.13). Mais il nous dit encore que la puissance du Christ « s’accomplit dans la faiblesse » (2 Co 12.9).

On se demande parfois : « À quoi bon le baptême? À quoi sert la sainte Cène? Pourquoi persister à faire publiquement profession de foi? Et les cultes du dimanche, sont-ils vraiment si importants? » Car nous aimerions courir à grandes enjambées, voler d’un vol impétueux comme celui de l’aigle… Nous sommes fascinés par ce qui sort de l’ordinaire. Je crains que parfois nous soyons trop vaniteux, et en tout cas toujours impatients. Nous avons oublié que Dieu pose les fondements et que son Esprit achève la construction. Pourtant, le règne du Christ est comme une petite semence, comme un peu de levain. Mais ce n’est pas notre force qui le défendra. Dieu a donné l’ordre à toutes choses, et même aux plus douloureuses des circonstances, pour qu’elles « concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8.28).

L’histoire de l’Église et notre propre vie ne se déroulent pas sous le signe d’une destinée sans cœur et sans intelligence, mais sous celui de l’amour de Dieu, vigilant et tout-puissant. Autour de nous, tout semble encapuchonné de nuages et d’incertitude quant à l’avenir, mais cette période aussi est une étape d’un chemin qui va aboutir, qui va trouver son issue en Dieu. Dieu donne, pour chaque jour, une provision suffisante de courage, de force, de patience. Sa puissance ne s’emmagasine pas.

Une chose est pourtant certaine : avant même que le soleil ne se lève, l’Esprit de Dieu se lèvera pour agir en notre faveur. Restons donc fidèles et persévérants. L’Église sera bâtie, avec ou sans nous. Prenons garde seulement à ne pas nous trouver, par lassitude ou découragement, par crainte ou par lâcheté, en dehors de l’équipe qui travaille pour elle. Prenons garde que la grande œuvre de Dieu ne se fasse pas sans nous.