Cette prédication sur Ésaïe 40.1-11 a pour sujet la consolation annoncée à Israël en exil à Babylone qui s'est accomplie par la venue du Fils de Dieu à sa naissance et par l'expiation de nos péchés qui nous procure la délivrance.

Source: La Parole faite chair - Prédications sur la naissance du Christ. 5 pages.

Ésaïe 40 - Consolez mon peuple, voici votre Dieu vient

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et criez-lui que son combat est terminé, qu’elle est graciée de sa faute, qu’elle a reçu de la main de l’Éternel au double de tous ses péchés. Une voix crie dans le désert : Ouvrez le chemin de l’Éternel, nivelez dans la steppe une route pour notre Dieu. Que toute vallée soit élevée, que toute montagne et toute colline soient abaissées! Que les reliefs se changent en terrain plat et les escarpements en vallon! Alors la gloire de l’Éternel sera révélée, et toute chair à la fois la verra; car la bouche de l’Éternel a parlé. Une voix dit : Crie! Et l’on répond : Que crierai-je? Toute chair est de l’herbe, et tout son éclat comme la fleur des champs. L’herbe sèche, la fleur se fane, quand le vent de l’Éternel souffle dessus. Certes, le peuple est de l’herbe : L’herbe sèche, la fleur se fane; mais la parole de notre Dieu subsistera éternellement. Monte sur une haute montagne, Sion, messagère de bonheur; élève avec force ta voix, Jérusalem, messagère de bonheur; élève ta voix, sois sans crainte, dis aux villes de Juda : Voici votre Dieu! Voici mon Seigneur, l’Éternel, il vient avec puissance, et son bras lui assure la domination; voici qu’il a son salaire et que ses rétributions le précèdent. Comme un berger, il fera paître son troupeau, de son bras, il rassemblera des agneaux et les portera dans son sein; il conduira les brebis qui allaitent. »

Ésaïe 40.1-11

Si vous avez l’habitude de lire les journaux ou si vous écoutez régulièrement les nouvelles, il ne vous sera pas difficile de constater le nombre de nouvelles qui font état de violence et de scandales qui nous entourent. Chaque jour on nous rapporte un nombre incalculable de meurtres, vols, agressions sexuelles, scandales de nos gouvernants, revendications multiples avec une attitude de violence et de mépris. Devant nous sont étalés avec détail et longues explications le dernier meurtre de la semaine ou encore le plus récent crime d’inceste en ville. Bon nombre de ces descriptions détaillées n’auraient jamais été prononcées ou même imaginées par nos grand-mères. Mais aujourd’hui, tous, y compris nos enfants, ont un libre accès à toute cette information. On s’en nourrit, on vit de ce perpétuel climat d’agression et, si les plus costauds ou les moins sensibles d’entre nous réussissent à ne pas en être trop troublés, les moins solides et les plus fragiles sur le plan émotif ou psychologique en seront parfois grandement affectés.

Même si notre pays n’est pas en guerre ou si nous ne faisons pas face à la famine ou à d’autres calamités, comme c’est tristement le cas dans bien d’autres régions du globe, il n’en demeure pas moins que nous vivons dans l’oppression. Notre société est prisonnière d’un esclavage dont elle est tout à fait incapable de se libérer et qui se manifeste sous des formes très diverses. Le problème n’est pas simplement la violence faite aux femmes, le mépris des personnes âgées ou l’injustice à l’égard de tel ou tel groupe d’employés. Il s’agit d’une oppression de nature spirituelle beaucoup plus profonde et englobante, qui existe depuis la chute de nos premiers parents et qui a comme instigateur le diable lui-même. Il exerce sa cruelle domination à cause du péché des hommes.

Le peuple de Dieu, racheté à grand prix, n’est pas à l’abri de cette oppression. Si nous avons été unis à Jésus-Christ par la foi, mis à part pour servir Dieu, devenus une habitation permanente du Saint-Esprit, nous continuons tout de même de vivre sur cette terre, dans un monde corrompu, avec des frères et des sœurs qui sont toujours pécheurs et avec notre propre cœur pécheur.

L’histoire d’Israël le montre très bien, non seulement par ses luttes spirituelles constantes et ses infidélités, mais aussi par deux périodes importantes d’oppression écrasante : le séjour en Égypte et l’exil à Babylone.

Si le peuple d’Israël s’est beaucoup réjoui de sa délivrance de la fournaise d’Égypte, une fois déporté à Babylone, près d’un millénaire plus tard, on s’est souvenu amèrement de l’oppression égyptienne. C’était comme revivre les souffrances du passé et être humilié sous le sévère jugement de Dieu. À Babylone, une culture païenne florissante se déployait sous les yeux ébahis des déportés d’Israël. Les magnifiques jardins suspendus, les constructions impressionnantes, les grandes processions faites en l’honneur des divinités païennes, tout le prestige de Babylone venaient donner un dur coup au petit peuple de Dieu encore sous le choc de la défaite. Par ses propres fautes et ses nombreuses transgressions contre l’Éternel, Israël a perdu la possession de son pays, cette terre de bonheur promise par Dieu. Le temple de Jérusalem a été détruit par les Babyloniens; toute l’organisation de la vie en Israël a été bouleversée; la paix et la sécurité ont disparu. En exil à Babylone, la conscience du péché était très grande, car c’est pour les châtier que Dieu les a envoyés là-bas.

À Babylone, une assez grande liberté était tout de même permise. On pouvait construire et habiter des maisons, avoir des serviteurs, traiter des affaires. Les juifs pouvaient même occuper des postes élevés dans l’État. Pensons au prophète Daniel et à ses trois amis à la cour du roi. D’ailleurs, lors du retour d’exil plusieurs années plus tard, un certain nombre d’Israélites auraient eu la possibilité de retourner dans leur pays, mais ont trouvé plus avantageux de rester là-bas.

Pourtant, à Babylone, Israël était sous l’oppression des ennemis de Dieu. Les gens adoraient de faux dieux, consultaient astrologues et magiciens, pratiquaient la sorcellerie, vivaient dans l’immoralité et la débauche sexuelle. À Babylone, on cherchait à intégrer les autres peuples, y compris Israël, dans leurs croyances et leur style de vie. On voulait que tous se conforment à une même ambiance, dans un même moule. La fidélité à Dieu et la vraie religion étaient donc gravement menacées.

Dans la suite de l’histoire et le reste de la Bible, la ville de Babylone finira par représenter tout ce qu’il y a de plus corrompu et de plus anti-chrétien. Babylone, c’est le symbole de la confusion d’un monde éloigné du règne de Dieu. Son roi représente Satan lui-même, ennemi de Jérusalem et du peuple fidèle. Dans l’Apocalypse, Babylone est opposée à la nouvelle Jérusalem. C’est la prostituée qui veut prendre la place de l’Épouse de l’Agneau, l’Église du Seigneur, et qui veut la détruire. Babylone représente toute la culture anti-chrétienne qui opprime les nations et, s’il est possible même, le peuple de Dieu. Son pouvoir de séduction met en danger la foi. Ses moyens d’action directs ou plus subtils et détournés cherchent à combattre de toutes ses forces l’Église du Seigneur.

Le prophète Ésaïe a longtemps d’avance annoncé, bien avant les événements, que Babylone, cette ville orgueilleuse, serait détruite et deviendrait un tas de ruines. Dans le contexte de notre texte, nous lisons en Ésaïe 47 :

« Descends, assieds-toi dans la poussière, vierge, fille de Babylone! Assieds-toi à terre, sans trône, fille des Chaldéens! On ne t’appellera plus délicate et voluptueuse. […] Un malheur viendra sur toi, sans que tu en connaisses l’aurore; la calamité tombera sur toi, sans que tu puisses la conjurer; et la ruine fondra sur toi tout à coup à l’improviste » (És 47.1,11).

Mais c’est avant tout au peuple d’Israël que le prophète Ésaïe s’est adressé. La ruine de Babylone et le retour à Jérusalem seraient leur consolation. L’intervention de Dieu contre ses ennemis leur serait favorable.

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et criez-lui que son combat est terminé, qu’elle est graciée de sa faute, qu’elle a reçu de la main de l’Éternel au double de tous ses péchés. […] Monte sur une haute montagne, Sion, messagère de bonheur; élève avec force ta voix, Jérusalem, messagère de bonheur; élève ta voix, sois sans crainte, dis aux villes de Juda : Voici votre Dieu! Voici mon Seigneur, l’Éternel, il vient avec puissance, et son bras lui assure la domination » (És 40:1-2,9-10).

Comme à la sortie d’Égypte, la force de son bras procure la délivrance.

La guerre est finie! Le jugement de Dieu sur Israël est terminé! Ésaïe annonçait cette bonne nouvelle au peuple de l’alliance : Jérusalem, tu as été gracié, tes péchés sont expiés, pardonnés; tu n’as plus rien à faire à Babylone, tu peux retourner chez toi en paix. Consolez mon peuple; parlez à son cœur pour le réconforter; annoncez-lui cette bonne nouvelle!

« Une voix crie dans le désert : Ouvrez le chemin de l’Éternel, nivelez dans la steppe une route pour notre Dieu. Que toute vallée soit élevée, que toute montagne et toute colline soient abaissées! » (És 40.3).

Entre Babylone et Jérusalem, des travaux de voirie allaient se mettre en marche; on allait construire une belle route. Qu’on relève les vallées, qu’on abaisse les montagnes! Les sections raboteuses seront nivelées! Ce sera une route bien pavée, une autoroute directe, sur laquelle Dieu marchera devant nous pour nous ramener à Jérusalem. L’oppression de Babylone est terminée! Nous nous apprêtons à retourner à Jérusalem. La route est sans obstacle! Tel est le message prophétique annoncé au peuple humilié.

« Voici, votre Dieu! Voici mon Seigneur, l’Éternel il vient avec puissance, et son bras lui assure la domination » (És 40.10). « Alors, la gloire de l’Éternel sera révélée, et toute chair à la fois la verra, car la bouche de l’Éternel a parlé » (És 40.5). Dieu lui-même se préparait à intervenir du haut du ciel, il allait même venir en personne au milieu de son peuple. Personne ne peut voir Dieu et vivre. Pourtant, il avait annoncé qu’il viendrait et qu’il se ferait voir dans sa gloire. Pour Babylone, cette annonce représentait la ruine et le malheur. Pour Jérusalem, elle signifiait le salut et la délivrance, le réconfort et la consolation.

Après l’exil, Israël a goûté en partie à cette consolation. Le peuple de Dieu, du moins une partie, a quitté providentiellement Babylone pour reconstruire Jérusalem et restaurer leur pays. Pourtant, la consolation annoncée n’était toutefois pas encore complète, le réconfort promis n’était pas total. Encore bien des obstacles, bien des luttes spirituelles et des oppressions allaient obstruer la route vers la cité promise et le royaume de paix. On attendait encore la pleine réalité de la promesse. On attendait de manière plus concrète et tangible la venue de ce Dieu Rédempteur et Consolateur.

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et criez-lui que son combat est terminé, qu’elle est graciée de sa faute. […] Voici votre Dieu! Voici mon Seigneur, l’Éternel, il vient avec puissance, et son bras lui assure la domination. […] Comme un berger, il fera paître son troupeau, de son bras, il rassemblera des agneaux et les portera dans son sein » (És 40.1-2,9-11).

Ce message d’Ésaïe, n’est-ce pas le joyeux message que nous célébrons à Noël? « La Parole s’est faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père », dira l’apôtre Jean au début de son Évangile (Jn 1.14). Jean-Baptiste, le précurseur, a préparé la venue du Messie. Les quatre Évangiles citent Ésaïe 40 et comprennent que c’est lui, Jean-Baptiste, qui criait dans le désert pour préparer le chemin du Seigneur. Préparez une route pour notre Dieu, car il vient, il vient pour régner!

Jésus-Christ apporte pleinement la délivrance et la consolation promise à Jérusalem! Il est celui qui a expié parfaitement nos péchés et combattu nos pires ennemis à notre place, pour les vaincre et nous procurer la délivrance. Il est, lui, le bon Berger, le Messie qu’on attendait depuis si longtemps. Il rassemble son troupeau pour le faire sortir de cette ville orgueilleuse, la société anti-chrétienne, et le ramener au bercail, dans la ville sainte, dans le Royaume de Dieu. Il vient pour mettre en ruine Babylone en même temps que pour réconforter son peuple. Il vient plein de force, son bras déployé pour exercer la domination et le règne éternel.

Peuple du Seigneur, Église de Jésus-Christ rassemblée pour adorer ton Roi, toi qui vis encore dans un monde corrompu, dans une société agressive et hostile à Dieu, toi qui es en lutte avec le péché et les forces du mal dans ta propre vie, relève la tête! Babylone n’est pas encore complètement en ruine, mais déjà elle a été vaincue. Nous célébrerons bientôt Noël, parce que notre Dieu est venu dans ce monde. Sa route a été aplanie devant lui. Il est venu en Jésus-Christ, dans l’humilité du Serviteur afin de payer la dette de nos péchés à la croix, mais il est venu aussi avec la force du Roi de gloire pour nous sortir de Babylone et de son oppression spirituelle. Réconfortez mon peuple, Jérusalem, ton oppression est finie! Ton péché est pardonné!

Nous fêtons la naissance de Jésus, mais en même temps, nous attendons encore son retour en gloire. Nous fêtons un événement passé, parce que nous savons qu’un autre événement vient bientôt. Lorsque le Seigneur tout-puissant reviendra dans sa gloire, il établira la nouvelle Jérusalem qu’il a préparée pour nous. Mais déjà, entre ces deux événements, nous pouvons trouver le réconfort, la consolation que procure le Saint-Esprit. Le grand Consolateur est avec nous aujourd’hui et pour toujours! Acclamons notre Roi de gloire!