Cet article sur 2 Timothée 4.13 a pour sujet le désir de Paul de retrouver ses parchemins, montrant son assiduité dans l'étude des Écritures, même en prison à la fin de sa vie.

4 pages. Traduit par Paulin Bédard

2 Timothée 4 - Apporte les parchemins

La deuxième lettre de Paul à Timothée est parfois appelée la lettre d’adieu de Paul.

En effet, 2 Timothée est une lettre profondément personnelle écrite par le vieil apôtre à son fils spirituel et compagnon de travail dans le ministère. Les paroles de cette lettre sont empreintes de douleur, car derrière chaque paragraphe se cachent des allusions à la triste situation de Paul.

Paul est en prison à Rome, abandonné de tous à l’exception de quelques-uns, et il attend l’heure de son exécution. Assis dans une cellule, dans la solitude, c’est un bon moment pour s’apitoyer sur son sort, car les grands et coûteux efforts de Paul pour l’Évangile de son Seigneur l’ont conduit à ce résultat : enchaîné, seul, et bientôt mort. Paul avait toutes les raisons de s’apitoyer sur son sort, de regretter, d’être amer et même en colère. Où étaient les gens avec lesquels il avait travaillé? Où était le soutien de tous les chrétiens à qui il avait enseigné?

Cependant, la lettre que Paul adresse à Timothée depuis sa cellule solitaire n’est pas une missive de plainte pessimiste, mais une lettre remplie de préoccupation pastorale. Paul avait presque terminé son service sur terre, et que fait-il? Il encourage Timothée à rester ferme dans son travail et à continuer à prêcher la Parole. Car l’hostilité et la persécution ne manqueront pas de se manifester, et il y aura toujours des gens qui trafiqueront la Parole pour l’adapter à leurs propres fantaisies.

En effet, dans ses adieux, Paul ne cache pas la dure réalité de ce qui peut arriver à ceux qui exercent fidèlement leur ministère : « Car pour moi, me voici déjà offert en libation, et le moment de mon départ approche » (2 Tm 4.6). Malgré cela, Paul peut se considérer comme béni par Dieu. Il est persuadé qu’une grande récompense l’attend, la couronne de justice accordée par le Christ. Ce but merveilleux encourage Timothée et tous les ouvriers de l’Évangile à servir fidèlement, à endurer des épreuves et à rester attachés à la Parole de vérité du Christ.

En regardant vers son but céleste, Paul s’attend à ce que sa fin soit très proche. Cependant, il espère toujours revoir Timothée : « Tâche de venir au plus tôt vers moi » (2 Tm 4.9). Il souhaite que Timothée se rende en hâte à Rome, sans doute pour un temps de communion, d’encouragement mutuel et d’instruction.

Ce chapitre nous fait connaître encore d’autres choses qui occupaient l’esprit de l’apôtre. En effet, au verset 13, il adresse à Timothée cette brève demande : « Quand tu viendras, apporte le manteau que j’ai laissé à Troas chez Carpus, et les livres, surtout les parchemins. »

Le Nouveau Testament ne dit rien de plus sur ce Carpus, mais il semble que Paul se soit rendu récemment chez lui à Troas. Certains ont suggéré qu’au moment de son arrestation, Paul avait été contraint de laisser certains objets chez Carpus alors qu’il était emmené en toute hâte à Rome. Timothée, qui travaille probablement à Éphèse, est prié de s’arrêter à Troas pour récupérer ces objets, puis de poursuivre sa route jusqu’à Rome.

Cette lettre suggère que Paul n’est pas assigné à résidence à Rome comme la première fois qu’il a été emprisonné, mais qu’il est enchaîné dans une véritable prison. Les conditions de détention habituelles à cette époque étaient marquées par l’inconfort, le froid et l’humidité; au verset 21, nous apprenons que l’hiver approchait également, ce qui est une source d’inquiétude supplémentaire.

En demandant le manteau qu’il a laissé à Troas, Paul aspire à une meilleure couverture. Le mot « manteau » désigne un vêtement lourd et circulaire en laine, en peau de mouton ou en poils de chèvre, avec un trou au milieu pour la tête. Un tel vêtement pouvait être utilisé pour se réchauffer et se protéger des intempéries, ou même servir de sac de couchage.

Paul ne se contente toutefois pas de rester oisif en prison, à essayer de se réchauffer, car il demande également à Timothée d’apporter « ses livres et ses parchemins ». Le mot grec pour « livres » fait référence à des rouleaux de livres, à des écrits ou à des collections d’écrits. Il est utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner des écrits profanes (comme un certificat de divorce) et des écrits de l’Ancien Testament, comme le livre du prophète Ésaïe (Lc 4.17) ou le livre de la loi (Ga 3.10). Le papyrus était largement utilisé pour ces rouleaux.

Paul demande également à Timothée de récupérer les « parchemins » et de les apporter à Rome. Le mot grec désigne le parchemin ou le vélin, un matériau d’écriture plus coûteux que le papyrus. Le parchemin pouvait être réutilisé et était également plus durable que le papyrus, car il était fabriqué à partir de peaux d’animaux. Le parchemin était souvent utilisé pour des écrits et des documents de grande valeur, tandis que le papyrus servait pour les livres et les lettres ordinaires.

La question suivante est donc inévitable : Quels étaient ces documents que Paul attendait avec tant d’impatience? Sa demande d’un manteau chaud est compréhensible compte tenu de sa situation en prison. Mais qu’en est-il de ces rouleaux et parchemins?

Les suggestions sur ce qu’il a à l’esprit sont variées. Certains ont identifié les parchemins ou les papyrus aux papiers de citoyenneté romaine de Paul, qu’il aurait été désireux d’invoquer dans toute procédure judiciaire à venir. D’autres ont suggéré que les précieux parchemins étaient les Écritures de l’Ancien Testament : certains volumes de la loi de Moïse, les prophètes, les psaumes, ou même l’Ancien Testament tout entier en grec.

D’autres commentateurs, observant le style rabbinique de Paul ici et là dans ses épîtres, ainsi que son utilisation occasionnelle d’écrits séculiers grecs, proposent que les articles demandés par Paul soient de vieux ouvrages exégétiques juifs ou peut-être une collection d’écrits philosophiques. Les rouleaux moins durables étaient peut-être les carnets de Paul, où l’apôtre consignait ses réflexions et ses observations sur les Églises, où il notait qui était où et quels problèmes persistaient dans chaque lieu, ou encore où il prenait des notes sur son étude personnelle des Écritures.

Il existe des idées plus imaginatives sur ces « rouleaux et parchemins ». La proximité de Marc et de Luc dans ce même contexte (2 Tm 4.11) a conduit certains à penser que Paul aurait pu collaborer à un premier Évangile, un volume contenant le récit de la vie et de la mort du Christ, qui est d’une importance capitale.

Parfois, bien sûr, nous devons admettre qu’il n’y a pas de réponse définitive aux questions qui entourent un verset. Toutefois, Paul n’est certainement pas en train de demander sa copie d’un obscur philosophe grec ou une feuille blanche pour écrire. Car il était avant tout un étudiant des Écritures. Il venait de dire à Timothée que les Écritures sont inspirées par Dieu et utiles pour enseigner, convaincre, redresser et éduquer dans la justice (2 Tm 3.16-17). Les injonctions répétées de Paul à Timothée de maintenir et d’enseigner la saine doctrine ont certainement été modelées par l’apôtre qui se consacrait lui-même à la Parole et à ses doctrines.

Il est frappant de constater que, même s’il n’était pas dans le confort d’un cabinet de travail bien garni, Paul se consacrait aux Écritures. Dans le froid et l’humidité, Paul continuait à ouvrir ses livres et à lire. Il continuait à travailler dans la Parole, il aura été jusqu’à la fin un travailleur infatigable pour l’Évangile.

On trouve dans l’histoire de William Tyndale un parallèle intéressant avec la demande de Paul. Tyndale est le traducteur anglais de la Bible qui a vécu au 16siècle et qui a été persécuté pour sa foi. En 1535, alors qu’il était en captivité à Vilvorde, il écrivit au gouverneur pour lui faire part de quelques demandes simples : des vêtements plus chauds, une chemise de laine et, surtout, a-t-il dit, sa Bible hébraïque, sa grammaire et son dictionnaire. Tyndale, qui souffrait physiquement et certainement mentalement en prison, est resté engagé dans l’important travail de traduction.

Il était évident pour Paul que sa fin était proche, mais il a continué à ouvrir ses livres et à s’équiper pour toute bonne œuvre. Timothée est peut-être arrivé à Rome à temps, peut-être pas. Avec cette deuxième lettre à Timothée, la plume de l’apôtre a cessé d’écrire, mais sa voix continue de se faire entendre. Car les paroles de Paul résonnent encore : Même au terme de sa vie difficile, même s’il connaissait si bien les Écritures — il les a même écrites —, il a continué à explorer la Parole.

Aujourd’hui, vous et moi sommes assis bien plus confortablement et bien plus à l’aise lorsque nous lisons et étudions les Écritures.

Aujourd’hui, nous avons la bénédiction de disposer d’un éventail inimaginable de ressources de qualité et librement accessibles pour cette activité.

C’est pourquoi nous sommes invités à faire preuve d’autant de dévouement à l’égard de la Parole de Dieu que Paul. Jusqu’à sa mort, il a continué à lire, à étudier et à partager l’Évangile. Car c’est un travail qui doit se poursuivre jusqu’au jour du retour du Christ.