Cet article a pour sujet l'oeuvre du Christ en tant que Prophète par sa prédication du Royaume. Sa Parole vivante et pleine d'autorité produit la foi.

Source: Christologie - La personne et l'oeuvre du Christ (AK). 2 pages.

Christologie (29) - L'oeuvre prophétique du Christ

Le fait que Christ est le second Adam, qui par son obéissance amène les siens au salut, implique que son œuvre a aussi un aspect prophétique. Les points culminants de l’obéissance de Christ sont certes sa crucifixion et sa résurrection. Mais la prédication de l’Évangile du Royaume et de la loi du Royaume appartient aussi à cette obéissance (És 40.1; 61.1; Lc 4.17). Christ a été fait pour nous justice, sanctification et rédemption, mais également sagesse (1 Co 1.30). Tous les trésors de la sagesse et de la science sont aussi cachés dans le Chef de l’Église (Ép 1.8; Col 2.3).

Nous avons déjà remarqué que l’on peut considérer l’œuvre de Christ en sa totalité comme une œuvre prophétique. Christ n’aurait pas pu parler sa parole messianique pleine de pouvoir et de puissance sans qu’il se fût livré pour nos péchés (Mt 7.29; 9.6; Mc 1.22; 2.10; Lc 4.32; 5.24). Il devait mourir à la croix et ressusciter le troisième jour, afin de pouvoir être ce Prophète qui ne parle pas seulement de richesse, de pardon et de liberté, mais qui, par sa Parole puissante, fait riche, qui donne vraiment le pardon par sa Parole et qui délivre en effet quand il proclame aux captifs la délivrance. C’est pourquoi la connaissance de Dieu que Christ donne est la vie éternelle (Jn 17.3). Ce qui ne veut pas dire que chacun qui entend la parole de Christ est sauvé. Dieu veut sauver tous les hommes par la foi en Christ (Tt 2.11), mais tous ne croient pas. Il faut donc prendre l’incrédulité au sérieux.

Toutefois, cela ne signifie pas que Christ en sa qualité de Prophète ne nous ouvre qu’une possibilité, que nous devons actualiser par notre foi. On ne peut pas décrire ainsi la relation entre l’Évangile et la foi. La foi n’est que le moyen, entièrement dépendant de la prédication, par lequel Christ nous fait parvenir à la richesse dont il parle : le pardon, la délivrance, la vie éternelle, etc. La foi ne peut pas avoir une fonction créatrice vis-à-vis de l’Évangile, car elle repose entièrement sur l’Évangile. C’est pourquoi la délivrance qui se produit en notre vie par la Parole de Christ est entièrement le résultat de la Parole vivante et pleine d’autorité de Christ. Elle n’est pas partiellement le résultat de notre foi. Notre foi n’a pas une fonction coopérative en ce qui concerne notre salut.

Cela est rendu très clair par la parabole du semeur. Cette parabole attribue le fait que certains grains produisent trente ou soixante ou cent grains nouveaux uniquement au pouvoir germinateur des grains, qui représentent la Parole du Royaume. Toute la semence n’avait pas cependant ce bon résultat. Cela ne s’explique pas par un certain manque de la semence, c’est-à-dire de la Parole de Christ, mais uniquement par le péché qui s’oppose à la prédication de l’Évangile. La pointe de cette parabole est que Christ parle ici de lui-même comme d’un Semeur. C’est pourquoi certains de ses auditeurs ne le comprenaient pas. Même les disciples de Christ n’ont pas compris pourquoi il a revêtu cette forme humble. Comme Jean-Baptiste, ils attendaient la récolte, la gloire, le jugement sur les ennemis de Dieu. Dans cette parabole, Christ veut enseigner qu’il doit commencer son œuvre comme un semeur afin qu’il puisse récolter plus tard. Il n’y aurait rien à récolter s’il n’avait pas semé auparavant.

Nous comprenons maintenant que Christ devait aussi commencer son œuvre dans l’humilité parce qu’il n’y aurait pas de Royaume et pas d’Évangile du Royaume sans la croix. Christ doit donc commencer en humilité, prêcher sa Parole comme un semeur sème la semence. Cela fait mépriser l’œuvre de Christ, cette situation implique une tentation grave. Mais la parabole assure à ceux qui croient en la Parole de Christ qu’ils peuvent avoir confiance dans le pouvoir germinateur de la Parole de Christ. On ne voit pas encore la richesse dont cette Parole nous parle, mais on la verra au jour de la récolte. Alors il deviendra clair que Christ n’a pas parlé comme les scribes, mais qu’il a parlé avec autorité et qu’il peut véritablement disposer des choses qu’il promet. Alors il apparaîtra que Christ n’a pas seulement parlé de justice, de richesse et de délivrance, mais qu’il a vraiment donné la justice, la richesse et la délivrance par sa Parole. Cette parabole est donc pleine de consolation pour ceux qui croient. Christ donne à ceux qui croient en son nom le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1.12).

On peut donc décrire toute l’œuvre de Christ comme étant une œuvre messianique. N’oublions pas que la mort de Christ à la croix est essentielle aussi pour son œuvre prophétique accomplie sur la terre et qu’il continue encore dans le ciel par le ministère des hommes. Christ décrit toute son œuvre comme la proclamation du nom de son Père (Jn 17.26). Il dit cela sur le chemin qui aboutira dans quelques heures à la croix. Christ parle ici du « nom » du Père, parce qu’il s’agit du Père comme il peut être invoqué. L’amour du Père vient dans les hommes (Jn 17.26) s’ils invoquent, par leur foi, le nom de Dieu.