Cet article a pour sujet le Coran, le livre saint de l'islam. Pour les musulmans, il remplace toute autre révélation antérieure et aurait été écrit en arabe au ciel depuis toute éternité. Il surpasse Mahomet en importance.

Source: Connaissance de l'islam. 4 pages.

Connaissance de l'islam - Le Coran

« Coran » est la transcription française de l’arabe « Qur’an », dont le sens premier est « message transmis par la parole ». Pour l’islam, le Coran est la révélation ultime et intangible de la volonté divine, laquelle abroge toutes les révélations antérieures, y compris celle de la Bible. Le Coran parle de la période antérieure, avant Mahomet, comme étant celle de l’ignorance. Cela implique que le christianisme, le judaïsme et le zoroastrisme ne jouissaient plus d’aucune actualité, étant devenus dépourvus de valeur. L’emploi du terme « ignorance » dans le Coran est péjoratif, car les trois religions que nous venons de mentionner étaient établies et bien connues. Rappelons cependant qu’en dépit de la diaspora, depuis la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains en l’an 70 de notre ère, le judaïsme avait de nombreux adeptes en Arabie jusqu’aux débuts de l’apparition de Mahomet.

Le Coran est considéré comme si important que, lors de la récitation publique dans la vie islamique, il est chanté en de lentes phrases mélodiques, dont l’art est enseigné dans les séminaires musulmans. Dans la vie islamique, l’idéal consiste à le mémoriser tout entier, ce qui est une performance religieuse de très haut niveau.

L’islam est une religion de révélation. Dieu a parlé et a donné ses livres à ses prophètes. On dit que le nombre de ces livres serait de cent quatre. Dans le Coran, il y a des références à la Torah (de Moïse), au « Suhyf » (feuilles des livres des prophètes), au « Zabur » (psaumes de David), à « Injil » (l’Évangile de Jésus) et au « Qur’an » (le Coran) de Mahomet.

On suppose qu’Adam, Noé, Abraham et d’autres prophètes avaient leurs livres saints, mais qui ont depuis disparu. Tous ces livres avaient été la parole même de Dieu et l’enseignement qu’ils contenaient y était fondamentalement identique à celui de l’islam. Cependant, lorsque Dieu donne un nouveau livre à l’un des grands prophètes, il abroge les précédents. Pour l’âge présent, seul le Coran est adéquat; après l’avènement de Mahomet, seuls ses commandements ont force de loi sur les fidèles.

Le Coran n’est pas la parole ou le discours de Mahomet, mais la Parole même de Dieu. Il a été écrit depuis toute l’éternité sur des tablettes préservées dans le ciel et il fut apporté en de petits fragments à Mahomet par les soins de l’archange Gabriel pendant une période s’étendant sur 22 ans. Il fut dicté à Mahomet, écrit par ceux qui l’avaient entendu et, finalement, rassemblé en un recueil qui est un peu plus grand que le Nouveau Testament. Pendant quelques années après la mort de Mahomet, il régna une confusion considérable autour de ce qui devait y être inclus. Finalement, sous le califat d’Othman (644-656), un texte établi reçut l’approbation officielle et les autres manuscrits furent éliminés.

Le Coran est immuable. Parce qu’on croit qu’il fut dans sa forme originelle arabe apporté du ciel, l’arabe est considéré comme faisant essentiellement partie de la révélation divine. On ne peut par conséquent le traduire comme on traduit d’autres livres et, jusqu’à maintenant, les musulmans sont réticents à publier des traductions de celui-ci pour des millions d’adhérents qui ignorent l’arabe.

Sa traduction est d’ailleurs une affaire délicate, car il y manque une certaine continuité de la pensée et il abonde en répétitions. Cependant, quand il est lu dans une mosquée à haute voix par un bon lecteur arabe ou à la radio, sa lecture est impressionnante pour ceux qui l’écoutent, même lorsque son contenu n’est pas compris. Selon les musulmans, le Coran est le seul miracle que leur prophète ait accompli, puisqu’il n’a pas pu en produire d’autres. Des croyants le traitent avec respect en l’enveloppant avec des couvertures et ils ne se tiendront jamais debout de manière à le dépasser par leur station verticale.

Aucun livre n’est aussi répandu dans l’islam que le Coran. La personne du prophète, elle, n’offre pas à la foi islamique la même importance essentielle que celle du Christ au regard de la foi chrétienne. L’importance du Coran pour l’islam diffère totalement de celle de la Bible pour l’Église.

Car c’est la personne de Jésus-Christ qui se trouve au centre de la foi chrétienne; c’est à lui que la Bible toute entière porte témoignage. En général et à de rares exceptions, la Bible reste en retrait par rapport à la personne du Christ, n’assumant qu’une fonction ministérielle, de service qui lui est rendu. La Bible est moyen de grâce, mais non la grâce elle-même.

En revanche, Mahomet ne bénéficie aucunement de la même considération. Le prophète arabe est subordonné au livre. Sa tâche n’a consisté qu’à transmettre les paroles d’Allah. Il n’est qu’une voix qui avertit, invite à écouter la voix divine, met en garde contre l’imminent jugement dernier. Le prophète n’est pas l’objet de la foi musulmane. Le contenu de la foi musulmane dans sa totalité est inclus dans le Coran, dans lequel Mahomet a mis le sommaire des paroles d’Allah. Le prophète se tiendra derrière le livre. Il n’assumera qu’une fonction de service par rapport à celui-ci; c’est le livre saint qu’il faut apprendre, car il contient tout ce qui est indispensable pour connaître Allah. Dès lors, les qualités les plus sublimes lui sont attribuées. Il est insurpassable et inimitable, incréé et éternel! Toutes les qualités que la foi chrétienne attribue au Christ, le Logos, l’islam les attribuera au livre. Il est le fondement sur lequel repose l’édifice de la religion tout entier. Tout se tient avec lui et sans lui tout s’écroule. Celui-là seul qui se trouve en état de pureté cérémonielle est autorisé à en toucher un exemplaire. À une époque aussi lointaine que le règne du calife Omar (634-644), des enfants ont dû en apprendre par cœur de larges portions.

La récitation du livre occupe une place importante dans les actes liturgiques. Dans les pays musulmans, certaines tranches horaires radiophoniques sont réservées aux récitations du livre. Des pouvoirs magiques sont reconnus à ses paroles. Très souvent, des textes sont utilisés comme des amulettes. On les rencontre dans des foyers et des édifices publics, ornés avec une très grande élégance.

La loi civile doit se soumettre sans exception aux préceptes coraniques. Le musulman authentique ne peut demeurer neutre à l’égard de l’État : ou bien le prince et le gouvernement sont musulmans, ou bien, dans le cas contraire, il doit les rejeter, s’opposer et faire tout ce qui est en son pouvoir pour les remplacer, soit de manière pacifique, soit par voie de violence.

Parce que le Coran contient la loi de Dieu et que Dieu en personne y parle, ses déclarations sont tellement directes qu’elles n’ont pas besoin d’être interprétées. Par exemple : « Égorge les polythéistes là où tu les rencontres » (9.5); « fais la guerre à ceux qui ne croient pas, même s’il s’agit du peuple du Livre [à savoir chrétiens et juifs], jusqu’à ce qu’ils donnent leur accord délibéré de payer en reconnaissance de leur état de soumission » (9.29); « la religion avec Dieu, c’est l’islam » (3.19); « la sédition vaut plus que le meurtre » (2.191). Voici une citation d’un auteur d’un commentaire sur le Coran :

« Le Coran est le fondement de la vie et de la culture islamiques. Si jamais un livre a transformé un peuple d’un groupe hétérogène de tribus guerroyantes en communauté civilisée, internationale, accordant une identité, façonnant leur personnalité historique et, depuis plus d’un millénaire, devenu la source principale de son inspiration, c’est bien le Livre saint. Son impact n’est pas limité aux musulmans et à leur développement culturel. Il a influencé de plusieurs manières les courants de l’histoire et de la culture dans le monde entier et a pénétré la pensée et le style de vie des gens issus de traditions différentes. »

Comparés superficiellement, on risque de penser que de nombreux éléments du Coran et de la Bible chrétienne présentent des traits communs. Ces éléments ne sont pas des demi-vérités par rapport au christianisme, qui pourraient se développer et s’enrichir, ou encore contribuer à un dialogue entre les deux religions. Les deux doctrines appartiennent à des plans religieux diamétralement opposés.

Mahomet a prétendu que sa prédication était entièrement nouvelle, même lorsqu’il s’agissait d’emprunts faits à la Bible! Le Coran a donné au message central de celle-ci un sens qui lui est entièrement étranger. Une étude approfondie démontrera que la conception coranique ne peut égaler celle de la Bible. L’alliance de Dieu dans le Coran est structurellement différente de l’alliance de grâce biblique. De la même manière, la justice et la sainteté dont parle le Coran sont différentes des notions bibliques. L’image du Jésus coranique est totalement étrangère au portrait qu’en donnent les Évangiles, comme l’est aussi celle d’Abraham. La même remarque s’applique à toutes les autres conceptions bibliques.

On a prétendu que la communication avec les musulmans deviendrait plus aisée si on se servait de ces soi-disant points communs qui apparemment ne soulèveraient aucune difficulté. À vrai dire, nous devrions être extrêmement prudents avant d’affirmer que nous comprenons le Coran, parce que certains termes et expressions offrent une analogie superficielle avec ceux de la Bible. Ce n’est qu’après une considération attentive de l’information contenue dans le Coran aussi bien dans son contexte immédiat que plus large que nous jugerons de leur identité, ce qui exige une étude sérieuse et approfondie.

« À la mort du prophète, on ne se contenta pas seulement de transcrire les révélations qu’il avait reçues de Dieu par l’intermédiaire de l’ange Gabriel; en outre, on recueillit “ses propos” (“hadith”), ainsi que des commentaires sur certains passages obscurs du Coran, des conseils relatifs au culte ou des exemples de morale quotidienne. La masse des “hadiths” constitue la tradition; jointe aux façons d’agir et au comportement du prophète, elle engendre la “Sunna”, c’est-à-dire la règle d’action pour imiter les coutumes du prophète. L’imposant ensemble des “hadiths” qui compose la “Sunna” a été scrupuleusement étudié par les théologiens et les docteurs de l’islam, les “ulémas” qui les classèrent en trois groupes : authentiques, probables, douteux… L’interprétation du Coran s’est faite en grande partie par référence à la “Sunna” et au “hadith”.1 »

Note

1Encyclopédie Bordas, philosophie, religions, p. 137.