Cet article a pour sujet la manière dont un pasteur devrait réagir face à la critique, à la ressemblance de la réaction de l'apôtre Paul face aux critiques des Corinthiens

3 pages. Traduit par Paulin Bédard

La critique qui démolit ou qui bénit

  1. Paul sous le feu des critiques
  2. Réaction n° 1 — N’ayez pas une trop haute opinion de moi
  3. Réaction n° 2 — Je parle devant Dieu en Christ
  4. Réaction n° 3 — J’ai besoin de la grâce

Tout pasteur est critiqué.

Il y a le redoutable courriel du lundi matin, qui détruit le sermon de la veille. Il y a la plainte qui circule discrètement dans l’Église sur le manque d’empathie du pasteur. Et bien que ce soit l’ensemble du conseil des anciens qui ait pris la décision de changer de traduction de la Bible, la plupart des critiques sont adressées au pasteur.

Lorsqu’un pasteur est critiqué, il est facile pour lui de mal réagir.

L’une des réactions consiste à se mettre en colère et à éprouver du ressentiment.

Il peut aussi se mettre sur la défensive et s’empresser de dresser la liste de ses qualités et de ses contributions.

Comme certaines personnes sont facilement mécontentes, il peut être tentant d’écarter les critiques en rappelant simplement qu’il faut « tenir compte de la source ». En d’autres termes, parce qu’elle émane d’une Noéla négative ou d’un Pierre pessimiste, la critique ne doit pas être prise au sérieux.

La réponse classique est la stratégie de l’abri : ériger des murs émotionnels, de peur que quelqu’un ne s’approche suffisamment pour infliger plus de blessures à l’avenir.

1. Paul sous le feu des critiques🔗

Paul était apôtre du Seigneur Jésus, et pourtant, il était souvent critiqué. Il est frappant de constater qu’une grande partie des critiques dirigées contre lui provenait de croyants pour lesquels il avait investi beaucoup de temps et d’énergie sur le plan pastoral. Sa deuxième lettre aux Corinthiens reflète leurs nombreuses plaintes. Ils ont critiqué son changement d’itinéraire de voyage (2 Co 1.15-23), ils n’étaient pas satisfaits de sa capacité à prêcher (2 Co 10.10) et s’offusquaient qu’il refuse leur soutien financier (2 Co 11.7-11).

Face à ces critiques, il n’est pas étonnant que Paul ait eu l’impression que les Corinthiens lui refusaient leur amour (2 Co 6.12). A-t-il alors réagi de l’une des manières qui nous caractérisent : la colère, l’orgueil, le rejet ou le repli sur soi?

Paul a répondu à la critique de manière différente, un exemple dont les pasteurs peuvent s’inspirer.

2. Réaction n° 1 — N’ayez pas une trop haute opinion de moi🔗

Paul était constamment sous les feux de la rampe, mais il ne voulait pas que les gens aient une trop haute opinion de lui. Lorsqu’il réfléchissait à ses nombreuses compétences et expériences ministérielles, il a écrit :

« Si je voulais me glorifier, je ne serais pas un insensé, car je dirais la vérité; mais je m’en abstiens, de peur que quelqu’un ne m’estime au-dessus de ce qu’il voit ou entend de moi » (2 Co 12.6).

Il craignait que certains aient une opinion élevée de lui et préférait qu’ils le considèrent comme un insensé.

Cette déclaration est tellement contraire à la culture que l’on pourrait penser que Paul n’était pas sincère. Il voulait toutefois que les Corinthiens le voient correctement, comme un être faible et inadéquat, afin qu’ils se reposent plus entièrement sur le Christ glorieux.

La crainte de Paul que les gens aient de lui une opinion plus favorable que celle qu’ils devraient avoir est précisément le contraire de ce que nous craignons. En particulier lorsque nous avons été critiqués, nous souhaitons ardemment être à nouveau estimés! Cependant, le souci permanent de Paul est que les pécheurs regardent vers le Christ et non vers lui. Cet objectif l’emporte sur tout, même sur le désir naturel de Paul de se défendre ou de passer à l’offensive contre ses ennemis.

C’est une leçon stimulante pour le pasteur critiqué : la gloire du Christ est toujours plus importante que notre propre prestige. Son honneur doit passer avant notre propre réputation. Avec cet état d’esprit humble, nous pouvons commencer à supporter les critiques.

3. Réaction n° 2 — Je parle devant Dieu en Christ🔗

La réponse surprenante de Paul à ses détracteurs révèle une deuxième vérité clé : il exerçait son ministère sous le regard de Dieu. Il se soumettait volontiers au jugement et à l’évaluation de Dieu. Par exemple, lorsqu’il défendait sa pratique d’autosuffisance (et son refus du soutien financier des Corinthiens), il a demandé : « Pourquoi? Parce que je ne vous aime pas? Dieu le sait! » (2 Co 11.11).

Paul était réellement motivé par son souci pour eux, et Dieu le savait, même s’ils en doutaient. Dans le chapitre suivant, il a déclaré : « C’est devant Dieu, en Christ, que nous parlons » (2 Co 12.19).

Sachant qu’il exerçait son ministère sous la direction de Dieu, Paul ne se préoccupait pas des jugements des autres. Il cherchait avant tout à plaire au Seigneur. Comme il l’a écrit dans 1 Corinthiens, « Celui qui me juge, c’est le Seigneur » (1 Co 4.4). L’évaluation de Dieu pèse infiniment plus lourd que n’importe quelle opinion humaine.

Cette prise de conscience a libéré Paul, comme elle peut libérer le pasteur critiqué lorsqu’il confie son travail à Dieu dans la prière. La critique reste difficile à recevoir. Les critiques non fondées sont particulièrement décourageantes. Toutefois, un pasteur accomplit sa tâche d’abord devant le Seigneur et surtout sous son regard.

Ainsi, Dieu sait quand nous avons donné le meilleur de nous-mêmes dans un sermon. Dieu sait ce qui a motivé notre décision dans une situation pastorale difficile, et il sait aussi si nous avons été injustement jugés. C’est la clé pour avoir la bénédiction de la paix de Dieu quand on est critiqué : se rappeler à tout moment que l’on sert le Christ. C’est à lui que nous devons rendre des comptes.

4. Réaction n° 3 — J’ai besoin de la grâce🔗

La réponse de Paul à ses détracteurs est remarquable et audacieuse. Elle est peut-être typiquement apostolique, car il ne semble reconnaître aucun tort! Pourtant, il était conscient de sa dépendance totale à l’égard de la grâce de Dieu (2 Co 12.9). Sans la grâce, il n’était rien et ne pouvait rien faire. C’est une troisième leçon, qui donne à réfléchir : aucun travail de pasteur n’est exempt de défauts ou d’échecs. Nos meilleurs efforts ont constamment besoin de la grâce sanctifiante de Dieu.

Il est peut-être vrai que certaines personnes ne remarqueront le travail d’un autre que lorsqu’il est mal fait. Mais même dans ce cas, la réponse du pasteur peut être, encore et encore : « J’ai aussi besoin de la grâce. »

Car il ne peut jamais prétendre qu’il n’a pas besoin d’apprendre ou de grandir. Tout serviteur du Christ a besoin de réflexion, de correction et de réorientation dans son saint ministère.

Lorsqu’il reçoit des critiques, un pasteur peut les accepter comme un moyen de croissance donné par Dieu. Lorsque nous lisons 2 Corinthiens, nous avons l’impression que Paul a eu une excellente occasion de grandir à travers la tension et le stress de cette relation. C’est à travers ce conflit qu’il a acquis de précieuses connaissances sur la nature du ministère et sur la nature de l’Évangile lui-même, des connaissances dont nous tirons encore des leçons aujourd’hui.

Ainsi, pour un pasteur d’aujourd’hui, les critiques qui sont remisent à Dieu et à sa grâce peuvent être utilisées par lui pour sanctifier, enseigner et faire mûrir ses serviteurs.