Cet article a pour sujet les dérives du mysticisme, de l'humanisme et de la sécularisation, et la réponse par le discernement des signes de la nouvelle naissance et l'enseignement des apôtres sur l'amour, l'unité et la sainteté.

3 pages.

Les dérives

  1. Le danger des dérives
  2. Quatre dérives
    a. La dérive mystique
    b. La dérive humaniste
    c. La dérive culturelle
    d. La dérive séculière
  3. Les trois signes visibles de la nouvelle naissance
  4. Les trois axes principaux de l’enseignement des apôtres
  5. Quel rapport avec les dérives?

1. Le danger des dérives🔗

Repérer les dérives ne suffit pas. C’est néanmoins important. Pour soi-même, et pour les autres si on veut respecter la logique de la poutre et de la paille!

Ces dérives peuvent concerner un individu, petit ou grand; mais aussi une Église, un pays, une génération.

Les prophètes ont été envoyés à cause des dérives, par amour. L’esprit prophétique n’est pas moins important aujourd’hui.

Ce qui est désigné comme une dérive n’est pas forcément quelque chose de mauvais en soi. C’est souvent un mauvais usage de cette chose.

William Edgar, par exemple, parle de l’hérésie de l’amour1, non pas que l’amour en soi soit hérétique (!), mais parce que le choix de « privilégier » l’amour en oubliant la sainteté constitue, lui, une hérésie, un gauchissement de l’équilibre biblique.

2. Quatre dérives🔗

Ici, je voudrais désigner quatre dérives qui nous entourent et qui, peut-être, nous serrent de près.

a. La dérive mystique🔗

Cette dérive focalise sur la louange et la guérison. La louange et la guérison sont choses excellentes, qui manquent sans doute ici et là.

Mais on constate également un engouement pour ces deux « activités » qui est pour le moins suspect, comme s’il s’agissait là du « tout » du ministère chrétien. C’est alors nettement une dérive, d’autant plus redoutable qu’elle se pare de louables intentions et touchera maintes personnes pieuses.

b. La dérive humaniste🔗

Cette dérive focalise sur l’humanitaire et le social. Il n’est pas aisé de parler contre l’humanitaire et le social! Il faut néanmoins le faire quand ils se nourrissent d’un pseudo évangile et d’une pseudo espérance, en lieu et place des vrais. Le refus du caractère « scandaleux » de l’Évangile biblique, le désir d’être reconnues par les autres, intégrées, ont conduit maintes Églises, catholiques et protestantes, à donner à l’humanitaire et au social une place qui n’est pas la leur.

c. La dérive culturelle🔗

Cette dérive focalise sur le protestantisme. On aime le protestantisme. Parfois, on a envie de le détester, quand il dessine les contours de notre horizon ecclésial, quand il définit notre identité première et notre jugement, y compris sur des réalités aussi importantes que le baptême ou le repas du Seigneur. Que vaut la référence « protestantisme » dans l’application des enseignements de l’apôtre Paul, par exemple?

d. La dérive séculière🔗

Cette dérive, en particulier en France, focalise sur le fonctionnement associatif. Vive les associations! Mais pas pour définir l’Église, ni le ministère des pasteurs, ni le fonctionnement du collège des anciens. Il ne s’agit pas d’être hors la loi ni de favoriser un fonctionnement dictatorial ou illuminé. Il s’agit de ne pas troquer les injonctions de l’Écriture contre les dispositions établies par le législateur, ni même de les placer à la même hauteur. Or, cette tentation de superposer exactement les deux a considérablement affaibli la vision biblique des choses. Le compromis est devenu compromission…

Je le répète, ces quatre réalités ne sont pas mauvaises en soi, mais elles amoindrissent, quand elles ne sont plus à leur place, la notion biblique d’édification autour de la personne de Jésus-Christ (lire Ép 2.20-22; 4.11-16).

Pour proposer un apport positif, je présente six repères qui me paraissent déterminants pour exercer notre discernement et servir avec fidélité.

3. Les trois signes visibles de la nouvelle naissance🔗

Il fut un temps où cette expression aurait été reçue comme naturelle. Ce n’est plus le cas aujourd’hui dans bon nombre d’Églises, même évangéliques. La Déclaration universelle des droits de l’homme d’un côté, le zèle excessif de certains « évangéliques » peu scrupuleux, l’opprobre qui menace les tendances jugées (par qui?) sectaires, ont dissuadé un grand nombre de serviteurs de Dieu d’avoir à discerner qui est chrétien et qui ne l’est pas. « Il ne faut pas juger! » Combien de fois n’avons-nous pas entendu cet avertissement qui signifie souvent : « Laisse-moi vivre comme je l’entends. »

Il est vrai que « du cœur, Dieu seul juge ». La Bible cependant ne nous laisse pas ignorants sur les signes qui accompagnent la nouvelle naissance, signes non pas infaillibles, mais qui peuvent néanmoins nous éclairer grandement.

L’apôtre Jean notamment, dans sa première lettre, indique très clairement trois signes qui, ensemble, permettent d’attester qu’une personne est chrétienne. Ainsi, sans tomber dans des schémas simplistes, il n’est pas déplacé de dire qu’on reconnaît un chrétien à ces trois signes : il croit Dieu et en Dieu, il aime sa parole et désire faire sa volonté, il aime ses frères et sœurs chrétiens. Cela n’est pas parfait en lui, mais cela y est et se voit.

Il faudrait que vienne un temps où il y ait moins de chrétiens qui doutent de leur foi et plus de non chrétiens qui découvrent qu’ils ne le sont pas, et qu’ils sont donc « sans espérance et sans Dieu ».

4. Les trois axes principaux de l’enseignement des apôtres🔗

Ces trois axes principaux sont : l’amour fraternel, l’unité spirituelle et la sainteté de vie.

Si, sur une feuille de papier, vous tracez trois colonnes qui correspondent à ces trois réalités de l’expérience chrétienne, et si vous classez dans ces colonnes tous les versets des lettres du Nouveau Testament qui s’y rapportent, je crois qu’il en restera bien peu qui n’auront pas trouvé leur place.

Ces trois caractères de la vie chrétienne, de la vie de l’Église, de la vie de Christ dans le chrétien et dans l’Église devraient en conséquence constituer une préoccupation permanente pour tout chrétien véritable, un objectif de veille et d’exhortation permanent pour les serviteurs de Dieu, pasteurs, anciens, diacres. Rien ne devrait les distraire de cela.

5. Quel rapport avec les dérives?🔗

Le rapport, c’est que si ces repères importants que nous donne l’Écriture sont bien gardés, ils nous préserveront des dérives que nous avons mentionnées plus haut.

Cela signifie, a contrario, que ces dérives ne sont pas anodines, car elles privent l’Église et les chrétiens de ce qui devrait faire leur force et constituer leur témoignage dans ce monde. Dommage.

Puisse l’Esprit prophétique ramener l’Église sur le fondement solide des prophètes et des apôtres, Jésus-Christ étant la pierre d’angle. Pas en paroles seulement, mais en action et en vérité.

Note

1. William Edgar, « L’hérésie de l’amour et la discipline biblique », La Revue Réformée, n° 137, 1984/1.