Cet article a pour sujet le ministère du pasteur Jopie van der Linden et du Centre d'études réformé en Afrique du Sud. Leur bibliothèque chrétienne sur Internet vient en aide en particulier aux pays d'Afrique et d'Asie.

4 pages. Traduit par RC

De l'or issu du creuset - Un ministère étonnant né de déchets miniers Le Centre d’études réformé à Pretoria

  1. Né de la poussière
  2. Répandre la Parole
  3. Une bibliothèque en action

Pendant les années 1990, la petite fédération des Églises réformées libres d’Afrique du Sud (VGKSA) a courageusement commencé à offrir sa propre formation théologique. J’ai été impliqué depuis le début dans ce projet intimidant et ambitieux, me rendant à Pretoria deux fois par semaine pour apporter ma petite contribution en donnant des cours à notre petit groupe d’étudiants.

Je me souviens très bien d’un de ces jeunes hommes assis dans ma classe, grand et mince, les cheveux blonds, les yeux bleus et un grand sourire éclairant son visage de belle apparence. Johannes (Jopie) van der Linden était exceptionnellement brillant et aspirait à devenir prédicateur de la Parole de Dieu. Jopie avait grandi près de Cape Town et étudiait alors à Pretoria avec deux autres camarades de classe en vue de devenir pasteur. Quelques années plus tard, en 2002, Jopie a été ordonné ministre de la Parole de Dieu et des sacrements de l’Église réformée libre de Johannesburg. Peu de temps auparavant, il avait épousé Jennie Kampman de Pretoria; le nouveau couple entreprenait maintenant une nouvelle aventure passionnante au service de son Sauveur et de son peuple, à temps plein dans le ministère de l’Évangile.

Malheureusement, il ne devait pas en être ainsi. Dès le premier jour de son ministère, le jeune pasteur Van der Linden a contracté une maladie mystérieuse. À la suite d’une grippe, il a rapidement développé de graves problèmes respiratoires. Il a dû être hospitalisé à de nombreuses reprises — huit fois en un an —, les médecins cherchant avec difficulté à déterminer la nature de son problème et à trouver le bon médicament. Pendant cette première année de ministère, c’est à peine si Jopie a pu préparer et prêcher une douzaine de sermons.

À un moment donné, nous avons craint pour sa vie. Les choses ne se sont jamais beaucoup améliorées et, avec ses visites continuelles à l’hôpital, son conseil local a demandé au conseil régional d’approuver sa retraite anticipée, à l’âge de 29 ans! Comme leur Église locale était petite et sans ressource et que leur pays, l’Afrique du Sud, n’avait pas grand-chose à offrir en matière de sécurité sociale, les jeunes mariés, maintenant bénis d’un premier enfant, ont été confrontés à une très dure réalité. Toutefois, derrière tout cela, un Dieu souverain et miséricordieux était en parfait contrôle de la situation.

1. Né de la poussière🔗

La cause de cette maladie qui ne disparaissait pas, et qui à un certain moment a bien failli s’avérer fatale, a fini par être identifiée; il s’agissait de la poussière des mines de la région de Johannesburg. Johannesburg est littéralement construite sur les décharges de mines d’or et les poumons sensibles de Jopie ne supportaient pas l’air pollué de la région. Il est ironique que l’or, qui avait jadis attiré tant de gens vers cette partie du monde, fournissant des emplois et permettant même à certains de devenir riches, mettait maintenant prématurément fin aux rêves d’un jeune ministre prometteur de l’Évangile. Pourtant, du creuset de cette sombre providence, un autre genre d’or allait bientôt commencer à s’écouler, à la louange éternelle de Dieu dans son Église en Afrique.

Tout de suite après le déménagement de la jeune famille loin de Johannesburg, Jopie a progressivement retrouvé ses forces. En raison de la sensibilité de ses poumons, il devait maintenant rester à l’intérieur après le coucher du soleil et planifier ses déplacements avec beaucoup de précautions. Tout lui était et lui est toujours interdit, sauf l’air pur et chaud!

Qu’allait-il faire de sa vie et de ses dons? Où trouverait-il un emploi? Après beaucoup de prières, Jopie et Jennie ont décidé que Jopie utiliserait ses compétences informatiques pour préparer et fournir du matériel biblique solide pour les pasteurs, un peu partout à travers l’Afrique, qui ont un besoin urgent de matériel pour les aider à prêcher la Parole de Dieu. Ils ne pouvaient pas savoir à quel point le Seigneur allait bénir cette entreprise, née en désespoir de cause, pour aider des milliers de pasteurs sur tout le continent africain et même en Asie. À partir de quelques contacts, en moins de dix ans, le ministère a explosé au-delà de toute attente.

2. Répandre la Parole🔗

J’ai demandé à Jopie sur Skype comment cela s’était produit. « Le bouche-à-oreille », m’a-t-il répondu. Partout à travers le vaste continent, de la Côte-d’Ivoire à l’Égypte, du Kenya au Mozambique, de l’Afrique du Sud aux Seychelles, les pasteurs s’en sont parlé entre eux. Jopie a expliqué que 95 % des pasteurs en Afrique n’ont pas de formation théologique suffisante. Ce n’est pas accessible financièrement. En outre, la quasi-totalité d’entre eux s’occupent d’Églises locales — prêchant souvent à plus d’un endroit chaque dimanche — et ne peuvent se permettre de quitter pour prendre le temps nécessaire à l’acquisition d’une formation théologique adéquate.

Pourtant, la grande majorité d’entre eux n’avaient jamais entendu parler de l’excellent matériel qu’ils étaient maintenant en mesure d’obtenir. La demande a augmenté si rapidement qu’il a fallu augmenter le personnel. Le personnel de « La bibliothèque du prédicateur » (nom donné au ministère) compte actuellement sept membres à temps plein, dont trois bénévoles. En outre, plus de deux douzaines de bénévoles à temps partiel aident à numériser le matériel et à répondre aux courriels. Plusieurs d’entre eux travaillent à partir de la maison des Vander Linden, en banlieue nord de Pretoria.

« La bibliothèque du prédicateur » reçoit environ 250 demandes par semaine. Généralement, seuls les deux tiers sont traités, en raison d’un manque de main-d’œuvre. À ce jour, ce ministère a servi plus de 2300 pasteurs dans 36 pays différents. Jopie a mentionné qu’il n’y a pas deux demandes semblables et qu’il doit personnellement s’assurer que chaque information envoyée est solidement fondée bibliquement. Avec la base de données de documents numérisés qui ne cesse de croître, de plus en plus de demandes peuvent être traitées plus rapidement. Toutefois, comme la demande ne cesse d’augmenter, il y a un retard continuel dans le traitement des courriels. Le fait qu’aucun argent ne soit demandé ou offert à qui que ce soit garantit que nul ne s’implique dans ce ministère pour les mauvaises raisons. Il n’y a qu’une seule motivation à ce projet : proclamer le merveilleux Évangile du seul Sauveur de l’humanité, et ce, gratuitement!

Il est pratiquement impossible pour ces hommes africains de suivre une formation rigoureuse telle qu’exigée en Occident. La grande majorité des correspondants de Jopie ne sont pas en mesure d’étudier dans un séminaire de théologie. Il n’est pas toujours sage non plus de les envoyer en Amérique du Nord pour suivre ce type de formation, en raison de l’attrait de la richesse et de la culture occidentale. Ils sont cependant tout à fait disposés à payer un taxi pour se rendre à un café Internet, où, pour une somme modique, ils pourront télécharger et imprimer des documents précieux qui les aideront à préparer leurs sermons ou à conseiller les gens qu’ils servent. Cinquante bébés naissent toutes les heures en Afrique subsaharienne; pendant ce même temps, cinquante-cinq nouvelles personnes vont commencer à naviguer sur l’Internet, semble-t-il! Les téléphones cellulaires sont plus facilement disponibles et beaucoup moins chers en Afrique qu’en Amérique du Nord et l’Internet au Kenya est déjà plus rapide qu’en Afrique du Sud!

Certains pasteurs écrivent du sein de la persécution musulmane, dans des pays comme l’Égypte, le Nigéria ou la Guinée. D’autres écrivent du milieu de troubles civils intenses comme en Côte-d’Ivoire, où de nombreux pasteurs ont tout simplement disparu au cours de la crise politique. À cause de cela, des anciens ont pris la relève pour prêcher la Parole, mais ils ont besoin d’aide et de matériel solide.

3. Une bibliothèque en action🔗

Un homme de l’archipel des Seychelles, au large de la côte du Mozambique, a contacté « La bibliothèque du prédicateur ». Il a fait mention de la façon dont les habitants ont été entraînés à suivre le mode de vie immoral de nombreux vacanciers fortunés. Il s’est alors senti poussé à commencer une étude biblique dans l’un des hôtels somptueux des îles. Le groupe a grandi si rapidement que les participants ont demandé à cet homme de prêcher! Jopie lui a conseillé d’expliquer le texte biblique aussi clairement que possible et d’en tirer des applications s’adressant au cœur de ses auditeurs, en centrant ses explications et ses applications sur Jésus-Christ. À cet effet, il a fourni au nouveau prédicateur des outils homilétiques pratiques et du matériel exégétique approprié.

Il y a aussi l’exemple d’un évêque évangélique basé en Ouganda qui est impliqué dans la formation de centaines d’implanteurs d’Églises au Congo, en Ouganda, au Rwanda, au Burundi et au Soudan du Sud. Cet évêque a demandé du matériel exégétique pouvant aider ces hommes à préparer leurs sermons.

En plus de fournir du matériel exégétique (ce qui constitue la majeure partie des demandes), le ministère fournit également du matériel couvrant un large éventail de sujets théologiques, éthiques, missiologiques et pratiques, avec des applications spécifiques à la situation africaine. « La bibliothèque du prédicateur » permet également d’offrir une bibliothèque en ligne au collège théologique Mukhanyo, situé un peu à l’extérieur de Pretoria.

Jopie a expliqué que les lois sur les droits d’auteur leur permettent de numériser jusqu’à 10 % de n’importe quel livre, pourvu que le texte soit envoyé à un destinataire unique. Parfois, ils concluent un accord précis avec un auteur ou un éditeur, leur permettant de numériser tout ce dont ils ont besoin. Seul le matériel provenant d’auteurs réputés dans le monde réformé et évangélique est rendu disponible.

Jopie a fait mention des auteurs Joel Beeke, James Boice, F.F. Bruce, D.A. Carson, Sinclair Ferguson, William Hendrikson, Simon Kistemaker, Tremper Longman, Wayne Mack, Stuart Olyott, J.I. Packer, John Piper, Herman Ridderbos, R.C. Sproul, John Stott, Robert Raymond, Philippe Ryken et Cornelis Venema. À ce stade, seules les demandes de matériel en anglais peuvent être traitées. Cependant, ils étudient la possibilité de fournir dans le futur du matériel aux pasteurs francophones, en collaboration avec le ministère Foi et Vie Réformée du pasteur Éric Kayayan œuvrant à Pretoria.

À une époque où les principales Églises d’Occident sont en train de mourir et où les Églises évangéliques et réformées de nos pays luttent fréquemment pour leur survie, nous pouvons être profondément reconnaissants et nous réjouir de la façon dont le Dieu vivant bénit l’abondance des ressources qui sont produites en vue de soutenir son Église grandissant rapidement au cœur de circonstances beaucoup plus difficiles.

Que notre Seigneur Jésus-Christ continue de bénir le ministère stratégique de Jopie et de son équipe, que ce soit à travers l’envoi de matériel théologique dont le besoin est si grand, ou peut-être en envoyant en mission à court terme quelques personnes bénévoles qui s’y connaissent en informatique, ou encore par le biais d’un soutien financier.