Cet article a pour sujet la résurrection du Christ qui est l'oeuvre du Dieu trinitaire, à la fois du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le Christ s'est lui-même ressuscité pour notre salut.

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Jésus s’est-il ressuscité lui-même?

« Jésus leur répondit : Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. Les Juifs dirent : Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours, tu le relèveras. Mais il parlait du temple de son corps. Quand il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela et crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. »

Jean 2.19-21

Est-ce qu’on doit comprendre par ce texte que Jésus s’est ressuscité lui-même? N’y a-t-il pas une grande importance théologique reliée au fait que ce soit Dieu qui l’a relevé d’entre les morts? J’ai déjà entendu que cette distinction est importante puisque ça démontre que le sacrifice du Fils est agréé du Père; la résurrection est le sceau d’approbation du Père, prouve l’efficacité du sacrifice et contribue fortement à notre assurance du pardon. Bref, j’aimerais savoir si c’est correct de dire que Jésus s’est ressuscité lui-même.

Question d’un correspondant

Comme pour d’autres questions théologiques, nous devons faire attention de ne pas poser trop vite une logique du type « ou bien… ou bien ». Dans le cas qui nous occupe, nous devons éviter de dire : ou bien c’est le Père qui a relevé Jésus d’entre les morts, et alors, Jésus est resté totalement passif lorsqu’il est ressuscité; ou bien c’est Jésus qui s’est lui-même relevé d’entre les morts, et alors, il serait non pertinent d’attribuer une signification théologique à une action du Père.

Il est parfois préférable d’opter pour la logique du type « et… et… » : Et le Père a ressuscité son Fils — et cela est d’une importance capitale pour notre salut, puisque le Père a ainsi déclaré être pleinement satisfait du sacrifice de son Fils sur la croix pour notre justification —; et le Fils s’est lui-même ressuscité — et cela est aussi d’une importance capitale pour notre salut, puisque notre Sauveur était assez puissant pour vaincre la mort, nous permettant de compter sur sa même puissance pour nous nous donner la vie nouvelle aujourd’hui et nous relever des morts au dernier jour —; et l’Esprit Saint a aussi ressuscité Jésus d’entre les morts — et cela est aussi d’une importance capitale pour notre salut, puisque c’est cet Esprit qui nous a été donné, qui nous a déjà communiqué la même puissance de résurrection par notre résurrection spirituelle, et qui habite en nous pour nous assurer notre résurrection à venir.

En d’autres mots, c’est le Dieu trinitaire qui a accompli cette action grandiose au matin de Pâques, pour notre salut et pour sa gloire!

Je citerai ici Louis Berkhof :

« L’auteur de la résurrection. Contrairement à d’autres personnes ressuscitées des morts, le Christ est ressuscité par sa propre puissance. Il a parlé de lui-même comme étant la résurrection et la vie (Jn 11.25), il a déclaré qu’il avait le pouvoir de donner sa vie et de la reprendre (Jn 10.18) et il a même prédit qu’il reconstruirait le temple de son corps (Jn 2.19-21). Toutefois, la résurrection n’est pas l’œuvre du seul Christ; elle est fréquemment attribuée à la puissance de Dieu en général (Ac 2.24,32; 3.26; 5.30; 1 Co 6.14; Ép 1.20) ou, plus particulièrement, au Père (Rm 6.4; Ga 1.1; 1 Pi 1.3). Et si la résurrection du Christ peut être qualifiée d’œuvre de Dieu, il s’ensuit que le Saint-Esprit y a également opéré, car tous les opera ad extra sont des œuvres du Dieu trinitaire. C’est d’ailleurs ce qu’implique Romains 8.11.1 »

Les opera ad extra, ce sont les œuvres de Dieu à l’extérieur de lui-même qui se déploient dans le temps et dans l’histoire. Nous les distinguons des opera ad intra, qui sont des œuvres de Dieu à l’intérieur de lui-même depuis toute éternité. Les œuvres éternelles à l’intérieur de Dieu sont des activités propres à l’une ou l’autre personne de la Trinité. Par exemple, le Fils est éternellement engendré par le Père, le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils, ou encore le Père a donné depuis toute éternité des brebis spécifiques à son Fils (Jn 17.2). On ne peut pas inverser les termes et dire que le Père est éternellement engendré du Fils ou qu’il procède du Fils et de l’Esprit, ou que c’est le Fils qui a éternellement donné au Père des brebis spécifiques. Les opera ad extra, pour leur part, sont des œuvres accomplies ensemble par les trois personnes de la Trinité, mais pas de la même manière par les trois. Pensons par exemple aux œuvres de création, de providence et de rédemption. Cela vaut également pour la résurrection du Christ, qui est l’œuvre conjointe du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Herman Bavinck dit à peu près la même chose que Berkhof avec plus de détails2. Il cite également Jean 2.19-21; Jean 10.18 et Jean 11.25 pour prouver que Jésus s’est lui-même ressuscité, sans rien enlever au fait que le Père et l’Esprit ont également participé à cette résurrection. Il ajoute également Actes 26.23; 1 Corinthiens 15.20; Colossiens 1.18; Apocalypse 1.5 et 1.18.

Jean Calvin dit ceci dans son commentaire sur Jean 2.19 :

« Et je le relèverai au troisième jour. Le Christ s’attribue la gloire de sa résurrection, et toutefois l’Écriture témoigne partout que c’est une œuvre de Dieu le Père (Ac 2.24,32; 3.15; 10.40; 13.30,37; Rm 4.24; 8.11; 10.9; 1 Co 6.14; 15.15; etc.); mais les deux affirmations s’accordent très bien. Car l’Écriture, pour nous magnifier la puissance de Dieu, attribue expressément au Père qu’il a ressuscité son Fils des morts; et ici le Christ se propose spécialement en sa majesté divine. S. Paul accorde les deux points, car, faisant l’Esprit auteur de sa résurrection, il le nomme indifféremment maintenant Esprit du Père, maintenant du Fils (Rm 8.11). »

Il est intéressant de noter que, dans le paragraphe précédent, Calvin réfute l’argument de Nestorius qui séparait les deux natures du Christ et qui disait que, lorsque Jésus affirma être le temple, il parlait uniquement de sa nature humaine, alors que Calvin argumente en faveur de l’unité des deux natures en une même personne.

Dans le Catéchisme de Heidelberg, à la question et réponse 45, nous confessons ceci :

« Quel profit nous revient-il de la résurrection du Christ? — D’abord, puisqu’il a vaincu la mort par sa résurrection (1 Co 15.4), nous pouvons participer à la justice qu’il nous a acquise par sa mort; ensuite, par sa puissance nous sommes nous aussi, dès maintenant, ressuscités pour une vie nouvelle (Rm 6.4-11; Ép 2.4-6; Col 3.1-5). »

Cette réponse affirme que le Christ a vaincu la mort par sa résurrection. Il a donc été lui-même puissamment actif, afin que nous puissions participer aux bienfaits de sa justice et de sa puissance dans nos vies! C’est ce que nous déclarons à Pâques et que nous célébrons la victoire de notre Sauveur au moyen de divers chants à sa gloire!

À toi la gloire, ô Ressuscité!
À toi la victoire, pour l’éternité!
Brillant de lumière, l’ange est descendu
Il route la pierre du tombeau vaincu.
À toi la gloire, ô Ressuscité!
À toi la victoire, pour l’éternité!
Vois-le paraître : c’est lui, c’est Jésus,
Ton Sauveur, ton Maître! Oh! Ne doute plus!
Sois dans l’allégresse, peuple du Seigneur,
Et redis sans cesse que Christ est vainqueur.
À toi la gloire, ô Ressuscité!
À toi la victoire, pour l’éternité!

Jésus a lui-même été victorieux sur la mort, non seulement parce que son Père l’a ressuscité, mais parce que lui-même a renversé le pouvoir de la mort qui ne pouvait pas le retenir dans la tombe. C’est aussi par sa puissance — par cette même puissance de résurrection qui vient de lui — que nous sommes nous aussi dès aujourd’hui ressuscités pour une vie nouvelle!

L’article 15 de la Confession de foi de La Rochelle dit ceci :

« En outre, quoique Jésus-Christ, en ressuscitant, ait donné l’immortalité à son corps, nous croyons toutefois qu’il ne l’a pas dépouillé de la réalité propre à sa nature humaine. »

L’article 19 de la Confession de foi des Pays-Bas reprend la même idée, mais de façon un peu plus précise :

« Bien que, par sa résurrection, le Fils ait donné l’immortalité à sa nature humaine, néanmoins, il n’en a pas changé la réalité (Mt 26.11; Lc 24.39; Jn 20.25,27; Ac 1.2-3,11; Ac 3.21; Hé 2.9), puisque notre salut et notre résurrection dépendent aussi de la réalité de son corps (1 Co 15.12-23; Ph 3.21; 1 Jn 1.1-4). »
« … nous confessons qu’il est vrai Dieu et vrai homme; vrai Dieu, pour vaincre la mort par sa puissance, et vrai homme, afin qu’il puisse mourir pour nous selon la faiblesse de sa chair. »

Cet article affirme clairement l’activité du Fils dans sa résurrection : il a vaincu la mort par sa puissance et il a lui-même donné l’immortalité à sa nature humaine! Il est significatif que cette action divine du Christ sur son corps humain mort pour le ramener à la vie soit confessée dans l’article sur la christologie traitant des deux natures du Christ en une seule personne.

L’article 10 de la Confession écossaise ajoute ceci :

« Nous croyons avec certitude que l’auteur de la vie ne pouvait absolument pas demeurer prisonnier de la mort (Ac 2.24; 3.15), que notre Seigneur Jésus, crucifié, mort et enseveli, descendu aux enfers, est ressuscité pour notre justification (Ac 3.26; Rm 4.25; 6.5, 9) et, qu’en anéantissant l’auteur de la mort, il nous a rendu la vie, précédemment vouée à la mort et à son esclavage (Hé 2.14-15). »

Cet article ajoute deux éléments à notre réflexion : D’une part, Jésus, qui est mort, est l’auteur de la vie, raison pour laquelle il ne pouvait pas rester prisonnier de la mort. S’il est ressuscité, ce n’est pas seulement parce que le Père est intervenu en sa faveur, c’est aussi en vertu du fait qu’il est l’auteur de la vie, le Créateur de nos vies. Il avait donc une capacité inhérente à lui-même de se relever d’entre les morts. D’autre part, par sa résurrection, il a anéanti l’auteur de la mort pour nous rendre la vie. Le matin de Pâques, Jésus ne s’est pas seulement lui-même ressuscité, il a vaincu l’auteur de la mort, et cela, pour notre salut!

Enfin, dans l’article 11 de la Seconde Confession helvétique, encore une fois à propos « de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, unique Sauveur du monde », nous lisons ceci :

« Par sa passion, sa mort et tout ce qu’il a fait et souffert pour nous à partir de son incarnation, notre Seigneur a réconcilié le Père céleste avec tous les croyants; il a expié le péché, dépouillé la mort, brisé la condamnation et l’enfer. Par sa résurrection d’entre les morts, il a ramené et restitué la vie et l’immortalité (Rm 4.25; 10.4; 1 Co 15.17; Jn 6.45; 11.25-26). Il est ainsi notre justice, notre vie et notre résurrection, bref, la plénitude et la perfection de tous les fidèles, leur salut et leur entière suffisance. L’apôtre dit en effet : Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude, et vous avez tout pleinement en lui (Col 1.19; 2.10). »

Il est important de voir l’activité du Christ lors de sa résurrection (« il a ramené et restitué la vie et l’immortalité ») qui est mise en parallèle avec son activité « par sa passion, sa mort et tout ce qu’il a fait et souffert pour nous ». C’est l’ensemble de cette activité rédemptrice de notre Sauveur – vie, mort et résurrection – qui fait que nous avons tout pleinement en lui.

Notes

1. Louis Berkhof, Systematic Theology, Eerdmans, 1941, p. 346-347.

2. Herman Bavinck, Reformed Dogmatics, Baker Academics, 2006, vol. 3, p. 436-438.