Cet article sur Jacques 5.9-13 a pour sujet la patience qui supporte et accepte la souffrance, grâce à Jésus qui a lui-même souffert pour nous. Cette patience se manifeste dans l'obéissance active à la volonté de Dieu.

Source: Grandir en maturité - Méditations sur l'épître de Jacques. 4 pages.

Jacques 5 - De la patience encore

« Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères, afin que vous ne soyez pas jugés; voici que le juge se tient devant la porte. Prenez, mes frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. Voici : nous disons bienheureux ceux qui ont tenu ferme. Vous avez entendu parler de la fermeté de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de compassion et de miséricorde. Avant tout, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par aucun autre serment. Mais que votre oui soit oui, et que votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement. Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance? Qu’il prie. Quelqu’un est-il dans la joie? Qu’il chante des cantiques. »

Jacques 5.9-13

Nous entendons de nouveau parler de patience. Nous disions lors de notre précédent exposé qu’être patient c’est avoir un cœur généreux qui, même dans la souffrance et la misère, se sait soutenu par la main puissante du Père et connaît la patience de Dieu pour les enfants des hommes. Dieu est puissant et use de miséricorde envers nous. Jacques l’atteste en disant : « Le Seigneur est plein de compassion et de miséricorde ». Celui qui le sait apprend la patience.

Mais la patience n’est pas quelque chose dont on peut disposer comme d’une somme d’argent. Au contraire, elle est quelque chose de vivant et de constructif qui nous entraîne à l’action. Un cœur généreux et patient nous rend obéissants; la Parole de Dieu qui nous promet la patience est en même temps un commandement qui nous appelle à l’action et qui nous y entraîne. En Jésus-Christ, Dieu nous rappelle qu’il est notre Dieu, que nous lui appartenons et qu’il veut notre bien. C’est dans sa patience et dans sa fidélité qu’il nous parle ainsi, et si nous l’écoutons, un chemin nouveau s’ouvrira devant nous. Et lorsque ce chemin s’ouvre devant nous et que nous y marchons, nous pouvons dire que nous avons écouté convenablement la Parole de Dieu, car c’est le chemin de l’obéissance à ses commandements. Pour être vraiment patient, il faut cheminer, travailler et combattre avec patience.

Ne nous étonnons donc pas que Jacques nous donne ici des instructions précises, qui sont comme des ordres de marche adressés aux hommes patients; ce sont là des commandements extrêmement précis, car on ne peut être patient que dans la mesure où l’on obéit à la volonté de Dieu, qui veut une obéissance précise. Sa parole nous ordonne la patience, et cela signifie que nous devons accepter cette épreuve, cette souffrance qui est la nôtre, telle qu’elle se présente à nous.

Nous comprenons pourquoi Jacques commence par dire : « Ne vous plaignez pas les uns des autres ». Se plaindre signifie ici, traduit littéralement, être à l’étroit, se trouver dans une impasse, ne voir aucune issue. Cela nous ramène à la misère quotidienne de notre vie. N’y a-t-il pas chaque jour de nouvelles portes qui se ferment devant nous? Alors, nous nous plaignons. Se plaindre est devenu une habitude. Or, Dieu nous dit de ne pas le faire. Mais pouvons-nous ne pas nous plaindre? N’avons-nous pas cent motifs de nous plaindre? Car se plaindre est, au fond, se décharger sur les autres de tout ce qui nous arrive de pénible, de triste, de contrariant, de désespérant. N’est-ce pas une injustice impensable, une chose scandaleuse, que ce soit justement nous qui devions souffrir?

Nombre d’entre nous pensent que, s’il existait un Dieu juste et saint, il ne manquerait pas de nous délivrer, car si tout le monde était aussi paisible, juste et reconnaissant que nous, le monde irait mieux! Prenons garde à ce que nous disons. Jacques nous ôte toute possibilité de fuite et d’excuse.

Qui est le juge? N’est-ce pas Jésus-Christ, que nous avons crucifié au Calvaire? Après cela, il n’y a plus rien à ajouter. Pourquoi la souffrance, pourquoi les épreuves, pourquoi la misère, pourquoi la maladie, pourquoi les rigueurs de ce monde, pourquoi la guerre et toujours la guerre? La réponse est là, indiscutable : parce que nous vivons dans un monde où a eu lieu le drame de Golgotha, dans un monde dont Jésus-Christ a été chassé. Qui mesure les profondeurs des ténèbres du Vendredi saint ne s’étonne pas des ténèbres qui peuvent régner dans ce monde, d’aucune souffrance ni d’aucune épreuve sévissant dans sa propre vie. Nous sommes tous, en effet, enfants du péché, nous avons tous cloué le Christ sur la croix. Pourquoi dès lors nous plaindre, pourquoi vouloir nous décharger de ce qui n’est que notre juste punition? Donc : « Ne vous plaignez pas, mes frères! », car vous êtes en présence de Jésus-Christ, le juge. Mais ce juge « qui se tient à la porte » peut vouloir toute autre chose. Sa venue signifie la fin du monde. Mais la fin peut aussi signifier le but. C’est ainsi qu’il faut comprendre : « Le Seigneur est plein de compassion et de miséricorde ».

Le but et la fin que Dieu veut atteindre par le jugement de son Fils ne sont autre chose qu’une grande miséricorde. Juger signifie, quand Jésus-Christ est le juge, décider, cela signifie aussi révéler; mais décider et révéler selon la justice. Le Seigneur nous révèle, à la fin, que c’est lui qui a le dernier mot, que c’est sa justice qui triomphe; mais le miracle de cette fin, c’est que la justice de Dieu a pour but sa miséricorde. Voilà le but du jugement. Ce monde doit mourir, afin que l’homme nouveau puisse paraître. S’il en est ainsi, comment pouvons-nous encore nous plaindre?

Jacques nous cite l’exemple de Job et des prophètes. Job est le précurseur de Jésus-Christ dans l’Ancien Testament et nous révèle le degré de souffrance que l’homme peut atteindre dans ce monde, mais aussi ce qu’il peut en retirer. C’est dans son abaissement le plus grand, dans sa souffrance la plus cruelle, qu’est révélé à Job que son Rédempteur est vivant; et cette certitude ne l’abandonnera plus. C’est là le jugement et la fin, mais c’est aussi le but, car c’est là qu’apparaît l’homme nouveau, tiré de la poussière et de la cendre, le Ressuscité. Il y a une préfiguration de la résurrection du Christ d’entre les morts, une préfiguration du Golgotha, où le péché a été jugé publiquement sur la croix, où il a été ôté, où Dieu l’a fait disparaître dans la mort de son Fils. C’est pourquoi, ne vous plaignez pas, mais persévérez, prenant comme exemple la patience de Job.

Être patient signifie donc, nous le savons déjà, supporter notre souffrance et accepter de suivre le monde dans son abaissement et sa mort, où nous rencontrerons notre Rédempteur qui veut, à travers sa mort, nous donner la vie. C’est pourquoi nous n’avons aucune raison de nous plaindre, aucune raison de vouloir nous décharger de tout ce qui nous accable; c’est pourquoi nous devons avoir la patience.

Jacques cite aussi l’exemple des prophètes. Dans l’Ancien Testament, dans les livres des prophètes plus particulièrement, on nous dit ce qu’est la patience. Les combats et les souffrances des témoins de Dieu nous révèlent cette patience, qui vient de Jésus-Christ. Ces hommes furent patients; dans tous leurs combats, dans toutes leurs souffrances, ils ont gardé un cœur libre et généreux. Ils ont annoncé le nom de Dieu à un peuple récalcitrant et infidèle, « au cou raide », à un peuple qui voulait sans cesse entendre un autre nom que celui de l’Éternel. Avant de pouvoir accomplir leur mission, ces hommes ont dû commencer par ébranler et démolir tous les refuges où ce peuple se retirait pour vivre sans Dieu. Nous aurions aussi besoin de prophètes qui, au nom de Dieu, viennent ébranler et démolir tous les refuges trompeurs dans lesquels nous nous retirons, nous privant ainsi de la seule protection, du seul secours, qui pourrait nous sauver.

Les prophètes ont rencontré l’opposition et récolté la haine des hommes. Il ne pourrait pas en être autrement. Mais ils n’ont pas bronché, ils ont persévéré, ils ont supporté. Voilà pourquoi les apôtres ont pu dire : « Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment ». Souffrir patiemment signifie supporter toutes les souffrances et les maux qui nous arrivent, parce que nous aussi nous faisons partie de ce peuple faux et « au cou raide », et parce qu’il y a en nous tant de choses qui doivent mourir. Et maintenant, nous voulons qu’elles meurent, afin qu’arrive la vie nouvelle que Dieu nous offre. Vous êtes bienheureux si vous souffrez patiemment! Car la main qui nous frappe est la même main qui nous sauve.

Nous comprenons maintenant que Jacques termine son exhortation en nous disant : « Avant tout, mes frères, ne jurez ni par le ciel ni par la terre, […] mais que votre oui soit oui et que votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement ». Jurer c’est encore autre chose que se plaindre, bien que la cause soit la même. Ne pas jurer ne signifie pas, par exemple, que nous devions refuser, comme l’accès à certaines charges l’exige, de prêter serment. Mais cela signifie en tout cas que nous n’avons pas le droit, surtout pas au nom de Dieu, de nous révolter. Jurer est donc tout le contraire de supporter patiemment. C’est le cas de ceux qui s’élèvent et protestent, comme s’ils en avaient le droit, contre la souffrance et les épreuves qui surviennent dans leur vie. Et c’est encore au nom de Dieu qu’ils le font! Ils protestent, ils refusent de supporter quoi que ce soit. C’est le cas de ceux qui confondent la providence de Dieu et leurs propres voies.

Nous pouvons choisir librement nos voies, même les plus audacieuses, mais chacun de nous sait bien que nos propres voies ne sont pas celles de Dieu. Celui qui jure, qui prend Dieu à témoin de ses pensées, de ses paroles et de ses œuvres, comme s’il était le prophète de Dieu, comme si Dieu n’avait rien à faire que de lui donner raison, cet homme court à sa perte et tombe sous le jugement. Or, pourquoi Dieu nous épargnerait-il nous aussi? Qui sommes-nous donc devant Dieu? Si Dieu nous épargne, c’est par pure miséricorde. C’est pourquoi, « que votre oui soit oui et que votre non soit non ». Ce qui veut dire : Abstenez-vous de jurer, de prendre audacieusement Dieu à témoin. Ceci nous rappelle que nous avons à parler peu et avec humilité. Un oui qui est oui et un non qui est non sont suffisants.

Enfin, Jacques ajoute : Soyez donc joyeux et chantez des cantiques chaque jour. Soyez obéissants à la Parole de notre Dieu. Demandons à Dieu qu’il crée en nous un cœur largement ouvert, afin que nous suivions la voie de ses commandements.