Cet article sur Luc 1.26-38 a pour sujet l'annonciation faite à Marie par l'ange Gabriel, annonçant la conception de Jésus par le Saint-Esprit et la naissance du fils de David pour être le Roi promis.

Première partie audio:

Deuxième partie audio:

5 pages.

Luc 1 - L'annonciation

« Six mois plus tard, Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de Galilée appelée Nazareth, chez une jeune fille liée par fiançailles à un homme nommé Joseph, un descendant du roi David. Cette jeune fille s’appelait Marie. L’ange entra chez elle et lui dit : je te salue, toi à qui une grâce a été faite : le Seigneur est avec toi. Marie fut profondément troublée par ces paroles; elle se demandait ce que signifiait cette salutation. L’ange lui dit alors : N’aie pas peur, Marie, car Dieu t’a accordé sa faveur. Voici : bientôt, tu seras enceinte et tu mettras au monde un fils; tu le nommeras Jésus. Il sera grand. Il sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre. Il régnera éternellement sur le peuple issu de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il, puisque je suis vierge? L’ange lui répondit : L’Esprit Saint descendra sur toi et la puissance du Dieu très-haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Vois : ta parente Élisabeth attend elle aussi un fils, malgré son grand âge; on disait qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant, et elle en est à son sixième mois. Car rien n’est impossible à Dieu. Alors Marie répondit : Je suis la servante du Seigneur. Que tout ce que tu m’as dit s’accomplisse pour moi. Et l’ange la quitta. »

Luc 1.26-38

Qui nous gouvernera, qui sera notre prochain roi, prince ou dictateur? Quel parti politique fera-t-il main basse sur nos possessions, notre économie voire notre personne? Ces questions sont posées aujourd’hui par nombre d’habitants de notre planète. Des pays et des populations entières voient se dérouler autour d’eux des tempêtes politiques et militaires, et se demandent quelle prochaine catastrophe va les atteindre. Je pourrais citer de nombreux exemples, mais tel n’est pas le but de cet article intitulé « l’annonciation ». Ce qui est vrai, c’est qu’en l’an 4 avant notre ère, il y a donc plus de 2000 ans, le peuple juif se demandait très vraisemblablement lui aussi qui allait régner sur lui, maintenant que le roi Hérode avait atteint l’âge avancé de 71 ans. Il était incurablement malade et son état physique ne faisait qu’empirer.

L’homme qui régnait brutalement sur la Palestine depuis quelque trente-trois ans avait eu dix épouses, et beaucoup de fils… Plus d’un d’entre eux faisait des plans pour devenir le prochain roi. Comme Hérode nourrissait à l’égard de certains de ses fils des soupçons, pensant qu’ils cherchaient à le détrôner, il avait fait exécuter trois d’entre eux, avec la permission de l’empereur romain de l’époque, César Auguste. Auguste dominait sur l’ensemble du bassin méditerranéen, et nul pays, contrée ou province de son vaste empire ne pouvait se doter d’un roi ou d’un prince sans sa permission. Or, Archélaüs, Antipas et Philippe, trois autres des fils d’Hérode, allaient se disputer pour essayer de convaincre Auguste que chacun d’eux devait devenir l’héritier du trône de Palestine. Durant son règne, Hérode avait rédigé six testaments, chaque fois en faveur d’un ou deux de ses fils. Lequel de ces testaments allait-il être considéré comme le seul testament légal par César Auguste?

C’est dans ce contexte politique bien trouble que le Dieu tout-puissant choisit d’envoyer son messager, l’ange Gabriel, vers une toute jeune fille, avec un message unique. Elle n’a peut-être que 12 ou 13 ans! Elle est fiancée à un homme nommé Joseph. C’était la coutume à l’époque de fiancer les jeunes filles dès qu’elles atteignaient l’âge de puberté. Lorsqu’on était fiancé, on ne vivait pas encore maritalement, en partageant le lit conjugal, mais on était lié à son ou à sa fiancée tout comme si l’on était marié. Le message que cette adolescente va recevoir, ni Auguste, ni Archélaüs, Antipas ou Philippe ne l’entendront. Les princes et rois du monde qui s’appuient sur leur titre, leur naissance, leur richesse ou leurs armées ne seront pas informés du message divin. C’est à une humble jeune fille entrant dans l’adolescence qu’est accordé le privilège de savoir qui s’assiéra sur le trône du roi David et régnera sur Israël : son propre fils! Le Dieu éternel, et non pas l’empereur César Auguste, décide qui régnera sur Israël.

Comment le Dieu tout-puissant a révélé son plan à une toute jeune fille de Nazareth, ville de la province de Galilée, constitue le cœur de notre réflexion. Alors que le vieux roi Hérode se mourait, trois de ses fils se disputaient la couronne de Palestine, chacun tâchant de se faire reconnaître comme l’héritier légitime du royaume de leur père. L’empereur romain Auguste devait trancher la question. Mais bien au-dessus d’Auguste, c’est Dieu qui allait décider qui régnerait sur Israël : son propre Fils, né d’une vierge dans des conditions humbles, serait le souverain tant attendu et espéré par le peuple juif.

La manière d’agir de Dieu est bien différente de celle des rois terrestres. Gabriel dit à Marie, à propos de son fils Jésus : « et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre ». Ce n’est ni par un coup d’État, ni par une révolution, ni par des intrigues de palais que Jésus parviendra au pouvoir. Le Dieu éternel et tout-puissant lui donnera directement ce trône. Cela s’effectuera cependant en plein accord avec toute une série de révélations commencée longtemps auparavant. Joseph était un descendant de David, comme le dit notre texte. Au troisième chapitre de l’Évangile selon Luc, ceci est confirmé dans la généalogie de Jésus. Luc n’écrit pas que Jésus est un descendant du roi David par sa mère. Peut-être ne le fait-il pas justement pour insister sur l’humilité de Marie. Nous disposons cependant d’assez d’indices pour penser que Marie elle aussi était une descendante de David. L’apôtre Paul écrit en effet au début de sa lettre aux chrétiens de Rome que Jésus-Christ, dans son humanité, descend de David.

Ainsi, devant les hommes, Jésus serait connu comme vrai descendant de David, comme quelqu’un qui aurait le droit de prétendre légitimement au trône de David. Il pourrait passer en Palestine pour quelqu’un ayant le droit de mener une révolte légitime contre la dynastie d’Hérode, ces usurpateurs qui n’étaient même pas des Juifs. Avec le pouvoir surnaturel d’opérer des miracles dont il disposait, il pourrait les chasser, et avec eux, leurs maîtres romains que les Juifs haïssaient tant.

Mais voilà l’élément de surprise qui caractérise la manière d’agir de Dieu : Jésus ne sera pas physiquement le fils de Joseph! Il sera un descendant de David d’une tout autre manière. Même s’il est bien un descendant de David par sa mère, ce n’est pas le lien du sang qui compte le plus. En effet, Jésus sera un tout autre type de roi qu’Archélaüs, Antipas ou Philippe, lesquels, bien que physiquement les fils de leur père Hérode, se disputaient continuellement au sujet de leur droit à devenir l’héritier de celui-ci. En contraste avec eux, Jésus sera appelé Fils du Très-Haut, Fils de Dieu, dit l’ange Gabriel à Marie. Luc insiste sur ce fait dans la généalogie qu’il nous présente au chapitre 3 : il remonte jusqu’à Adam, le premier homme, appelé aussi fils de Dieu, afin de bien faire saisir à ses lecteurs la filiation divine de Jésus.

Afin de mieux comprendre la manière d’agir de Dieu, il nous faut revenir à l’Ancien Testament, et tout d’abord au second livre de Samuel, au chapitre 7. Par l’intermédiaire du prophète Nathan, Dieu avait fait une promesse au roi David qui régnait sur Israël quelque mille ans avant Jésus-Christ : « Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés devant toi, ton trône pour toujours affermi » (2 S 7.16). Lisons ensemble un extrait plus large de cette prophétie :

« Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, je maintiendrai ta descendance après toi, celui qui sera sorti de tes entrailles, et j’affermirai son règne. Ce sera lui qui bâtira une Maison à mon nom, et j’affermirai pour toujours son trône royal. Moi-même je serai pour lui un père, et lui, il sera pour moi un fils. S’il commet des fautes, je le corrigerai avec le bâton des hommes et avec les coups des humains : mais ma bienveillance ne se retirera pas de lui, comme je l’ai retirée de Saül, que j’ai écarté devant toi. Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône pour toujours affermi » (2 S 7.12-16).

Comme vous le voyez, la promesse faite à David s’étend beaucoup plus loin que Salomon, son fils direct. Car si Salomon est infidèle, Dieu promet qu’il emploiera des moyens humains pour le châtier. Et pourtant, il est dit à David que sa dynastie sera affermie pour toujours. Cette idée se retrouve tout au long de l’Ancien Testament, et nous lisons régulièrement des prophéties concernant une royauté éternelle qui sera placée entre les mains d’un tout autre type de roi. Ces prophéties de l’Ancien Testament nous aident à bien comprendre comment le plan de Dieu, annoncé longtemps auparavant, s’est réalisé avec la naissance de Jésus.

Voici par exemple ce que dit le prophète Ésaïe, au chapitre 9 de son livre :

« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté reposera sur son épaule; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Prince de la paix. Renforcer la souveraineté et donner une paix sans fin au trône de David et à son royaume, l’affermir et le soutenir par le droit et la justice dès maintenant et à toujours; voilà ce que fera le zèle de l’Éternel des armées » (És 9.5-6).

Au chapitre 7 du livre du prophète Daniel, nous lisons une prophétie semblable :

« Je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici que sur les nuées du ciel arriva comme un fils d’homme : il s’avança vers l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, l’honneur et la royauté; et tous les peuples, les nations et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas, et sa royauté ne sera jamais détruite » (Dn 7.13-14).

Voici encore cet extrait du Psaume 132, toujours dans l’Ancien Testament :

« L’Éternel a fait serment à David, en vérité il n’y reviendra pas : c’est un de tes descendants que je mettrai sur ton trône. Si tes fils observent mon alliance et mes préceptes que je leur enseigne, leurs fils aussi pour toujours siégeront sur ton trône » (Ps 132.11-12).

Et voici que bien des années après que Nathan, Ésaïe et Daniel eurent prophétisé, l’accomplissement de ces prophéties devient réalité. Nous avons déjà vu que, même si Jésus était physiquement un descendant de David, c’est bien davantage à cause de la fidélité de Dieu à ses promesses qu’il deviendrait le roi attendu. C’est là la manière d’agir de Dieu; il est fidèle. De plus, en contraste avec les grandes affaires politiques humaines, l’accomplissement d’une promesse vieille de plusieurs siècles n’allait pas être répercuté de manière internationale. De nos jours, cela n’aurait pas fait la une du journal télévisé de la chaîne CNN… Au contraire, cette nouvelle est annoncée dans une petite ville insignifiante de Galilée, Nazareth, et l’ange Gabriel la communique à une humble jeune fille. Pourquoi? Parce que foi en Dieu et humilité devant lui sont nécessaires pour servir en quelque sorte de co-ouvrier dans son plan.

C’est là précisément l’attitude de Marie, qui répond à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout ce que tu m’as dit s’accomplisse pour moi. » Il ne lui est pas demandé si elle veut bien coopérer, car ce qui lui est dit va de toute manière se réaliser, mais elle entre de bon gré dans le plan de Dieu, elle accepte d’être un instrument entre ses mains. Sa foi humble est en fait la seule manière possible de communiquer avec Dieu. Ce don fait aussi partie de la grâce que Dieu lui a communiquée. C’est pourquoi l’ange Gabriel, l’envoyé de Dieu, la salue de la manière suivante : « Je te salue toi à qui une grâce a été faite. Le Seigneur est avec toi. » Dans l’Ancien Testament, chaque fois qu’il est dit à un personnage « Le Seigneur est avec toi », nous pouvons être sûrs que ce que Dieu annonce à cette personne va s’accomplir. C’est par exemple le cas de Moïse, de Gédéon ou de Jérémie. C’est ainsi que la manière d’agir de Dieu diffère de celle des hommes. Son amour et sa puissance englobent ses enfants d’une manière indicible.

Le nom que l’humble jeune fille, Marie, doit donner à l’enfant qui va naître d’elle est « Jésus », ce qui, en hébreu, signifie « le Seigneur sauve ». La manière dont Jésus portera son nom témoigne aussi de la façon d’agir de Dieu. Jésus sera un vrai libérateur pour son peuple, non un tyran qui se décerne le titre de « libérateur ». Il sera quelqu’un qui apportera aux citoyens de son Royaume une rédemption éternelle. À l’époque de Jésus, il était courant que des rois ou des princes s’accordent le titre de « libérateur », ou de « bienfaiteur ».

Lisons plutôt comment Jésus, le Fils du Très-Haut, a un jour expliqué à ses disciples ce que signifie être le plus important. L’évangéliste Luc le rapporte au chapitre 22 de son livre :

« Jésus leur dit : les rois des nations les dominent, et ceux qui ont autorité sur elles se font appeler bienfaiteurs. Il n’en est pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Car qui est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert? N’est-ce pas celui qui est à table? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22.25-27).

En effet, Jésus-Christ est un Roi bien différent de ceux que nous connaissons.

Examinons maintenant le rôle du Saint-Esprit de Dieu dans cet acte unique au cours de l’histoire humaine. Qu’est-ce qui a en fin de compte rendu possible que Jésus, pleinement humain par sa mère Marie, devienne un Roi si différent des autres? Notre texte nous le révèle. Gabriel le dit de manière plutôt mystérieuse à Marie : « L’Esprit Saint descendra sur toi et la puissance du Dieu très-haut te couvrira de son ombre » (Lc 1.35). Jésus sera un Roi tout différent, car il est conçu du Saint-Esprit, et ne provient pas d’une lignée humaine quelconque, entachée de péché. C’est pourquoi il sera saint et pourra de plein droit être appelé Fils du Très-Haut, Fils de Dieu.

Il est frappant de voir comment Luc, au début de son Évangile, insiste sur le rôle du Saint-Esprit. Tout d’abord, les parents de Jean-Baptiste, Zacharie et Élisabeth, sont remplis du Saint-Esprit et chantent tous deux un chant de jubilation. Le Saint-Esprit fait savoir à Siméon, un vieil homme croyant qu’il ne mourra pas avant d’avoir vu le Messie de Dieu. Et effectivement, il tiendra dans ses bras l’enfant Jésus au moment de sa circoncision, huit jours après sa naissance. Plus tard, au début du ministère de Jésus, les cieux s’ouvrent et le Saint-Esprit descend sur lui sous la forme d’une colombe, au moment de son baptême par Jean-Baptiste. Au début du chapitre 4, nous lisons encore : « Jésus, rempli du Saint-Esprit, revint de la rivière Jourdain et fut conduit par l’Esprit dans le désert, où il fut tenté par le diable pendant quarante jours » (Lc 4.1-2). Après cette tentation, Jésus retourna en Galilée avec la puissance de l’Esprit, nous rapporte encore ce même chapitre 4.

Le même Esprit descendu sur Marie ou sur Jésus au moment de son baptême est généreusement accordé à tous ceux qui ont une foi humble en Dieu. C’est cet Esprit Saint qui leur permet de chanter un hymne de jubilation, sur les traces de Zacharie et d’Élisabeth, les parents de Jean-Baptiste, ou encore de Siméon et de Marie. Cet Esprit leur permet de regarder au-delà des rois, princes et gouvernants terrestres, et de pointer leur regard sur le Roi éternel, parfait et juste qui nous est donné, Jésus-Christ, le Fils du Très-Haut. Étant devenus citoyens à part entière de son Royaume, nous pouvons désormais vivre une vie de reconnaissance et de service, remplis du Saint-Esprit, qui nous enseigne et nous dirige chaque jour. Avec les anges au jour de Noël, nous pouvons nous exclamer : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée! » (Lc 2.14).