Cette prédication sur Luc 23.46 a pour sujet la dernière parole de Jésus sur la croix par laquelle il remet son esprit entre les mains du Père en guise de victoire sur la mort pour nous donner une espérance.

Source: Homme de douleur - La passion du Christ. 5 pages.

Luc 23 - Père, je remets mon esprit entre tes mains

« Il était déjà la sixième heure environ, et il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. Le soleil s’obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu. Jésus s’écria d’une voix forte : Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et, en disant ces paroles, il expira. Le centenier, à la vue de ce qui était arrivé, glorifia Dieu et dit : Réellement, cet homme était juste. »

Luc 23.44-47

Chers frères et sœurs,

Jésus est mort comme il a vécu. Il a vécu en communion avec son Père, en lui faisant toujours confiance. Il est mort en communion avec son Père, en lui faisant totalement confiance. « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Lc 23.46). Quel bonheur de pouvoir mourir comme on a vécu! Beaucoup de gens ne souhaitent pas mourir comme ils ont vécu. Toute leur vie, ils vivent loin de Dieu, comme si Dieu n’existait pas. Quand la mort approche, ils ont conscience que leur existence ne s’arrêtera pas là. Ils savent bien que la mort n’est pas la fin, mais le drame est que leur vie n’est pas en règle avec Dieu. Oh! Quel malheur de vivre sans Dieu et de mourir en s’apercevant que Dieu nous attend de l’autre côté! Jésus est mort comme il a vécu, en faisant entièrement confiance à son Père. Quel bonheur pour lui! Et quel bonheur pour nous! Jésus nous a ouvert le chemin vers le Père. Si nous sommes unis à lui par la foi, nous pouvons vivre en communion avec Dieu et mourir en communion avec Dieu. Grâce au Christ, nous pouvons nous abandonner dans une entière confiance entre les mains de notre Père céleste, chaque jour de notre vie et au moment de mourir. La dernière parole de Jésus sur la croix est vraiment remarquable. « Père, je remets mon esprit entre tes mains. »

  1. L’objet de cette prière
  2. Le sujet de cette prière
  3. La nature de sa prière
  4. Le but de sa prière

1. L’objet de cette prière🔗

À qui Jésus s’adresse-t-il? À son Père. C’est la deuxième fois, sur la croix, que Jésus s’adresse à son Père. La première fois, il a demandé : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23.34). C’était sa première parole sur la croix. Et maintenant, dans cette dernière parole, il prie encore son Père. Mais avez-vous remarqué? Entre la première parole et la septième parole, Jésus s’est adressé encore à Dieu, mais pas comme à son Père. Sa quatrième parole est la suivante : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Mt 27.46). Mais que se passe-t-il sur la croix? Des choses graves et profondes se déroulent entre le Père et son Fils. D’abord, Jésus est en pleine communion avec son Père. Ensuite, c’est l’angoisse d’être complètement abandonné. La communion avec Dieu est rompue. Et puis, juste avant de mourir, la communion est rétablie! Jésus prie encore « Père ». La pleine confiance est revenue. Comment expliquer tous ces changements?

La réponse nous donne la clé de l’Évangile. Pendant les trois heures d’obscurité, la colère de Dieu a été déversée sur Jésus dans une pleine mesure. Le jugement de Dieu contre nos péchés est tombé sur Jésus. Dieu l’a complètement abandonné à l’enfer que nous méritions. Une souffrance d’une intensité effroyable. Et maintenant que toute cette colère a été déversée sur lui, la justice de Dieu est pleinement satisfaite. « Tout est accompli » (Jn 19.30). Nos péchés sont expiés. Le voile du temple s’est déchiré. Nous avons maintenant libre accès vers Dieu. Et c’est là, juste avant de mourir, que Jésus prie à nouveau son Père. La communion avec son Père est rétablie parce qu’il a terminé d’expier nos péchés. La confiance revient. « Père, je remets mon esprit entre tes mains. »

Quel bonheur de pouvoir s’adresser à Dieu en disant « Père »! Un grand bonheur pour Jésus. Il n’est plus abandonné. Il n’est plus sous la colère de Dieu. Il prie en sachant que son Père est tout à fait disposé à entendre sa prière. Il a pleinement confiance que son Père est prêt à le recevoir. Un grand bonheur également pour nous. Oui, quel bonheur de pouvoir dire « Père », « notre Père »! Jésus nous a réconciliés avec Dieu. Nous avons reçu l’Esprit d’adoption qui nous pousse à prier : « Abba! Père! » Nous pouvons prier en toute confiance parce que, sur la croix, nos péchés ont été punis au complet. Soyons certains que le Père prend soin de ses enfants. La communion entre Jésus et son Père est revenue pour que nous puissions vivre en communion avec le Père. Il n’y a pas d’autre façon de vivre. Il n’y a pas d’autre façon de mourir, dans la confiance en Dieu, notre Père. Nous pouvons vivre et mourir avec une grande espérance parce qu’il est notre Père en Jésus-Christ. Le Père a entendu la prière de son Fils. Ayons confiance qu’il entendra aussi notre prière.

2. Le sujet de cette prière🔗

Pour qui Jésus prie-t-il? Il prie pour lui-même. Il prie pour son esprit. Jésus sait très bien ce que la mort signifie. Son corps et son esprit vont être séparés. Son corps sera placé dans un tombeau. Humiliation complète! Mais son esprit ne peut pas entrer dans la tombe et retourner à la terre. Son esprit doit se sép arer de son corps au moment d’expirer son dernier souffle. Quand Jésus est venu dans le monde, il a pris la nature humaine. Il est devenu comme nous, avec un corps et une âme. Notre esprit s’exprime à travers notre corps. Notre personnalité, nos pensées, nos émotions s’expriment à travers notre corps. Quand nous mourons, une séparation se produit entre le corps et l’esprit. L’Ecclésiaste dit : « La poussière retourne à la terre [] et l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné » (Ec 12.7). Il y a des gens qui disent qu’après la mort, il n’y a plus rien. Nous serions anéantis pour toujours. Pouvons-nous concevoir qu’à notre mort nous n’existerons plus? Bien sûr que non! Nous ne sommes pas des animaux. Nous avons été créés à l’image de Dieu.

Mais Jésus n’est pas seulement un être humain. Il est Dieu et homme. Il est Dieu depuis toute éternité et quand il a été conçu, il a uni sa nature divine à la nature humaine. Il a fait cela pour être notre Médiateur, notre Sauveur. Quand Jésus est mort, son corps est allé dans la tombe, son esprit est retourné à Dieu, mais cette séparation n’a rien changé à l’union de sa nature humaine avec sa nature divine. Son corps et son esprit continuent d’être unis à sa glorieuse personne divine. Jésus continue d’être Dieu et homme, pour pouvoir détruire le péché, le diable et la mort. L’auteur de la lettre aux Hébreux nous dit que le Fils de Dieu a participé à notre nature humaine « afin d’écraser par sa mort celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et de délivrer tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans l’esclavage » (Hé 2.14-15). Par sa mort, il a écrasé le diable et nous a délivrés de l’esclavage de la mort. C’est ce qu’il fait ici, quand son corps et son esprit se séparent. « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Une prière victorieuse. Une prière remplie d’espérance.

N’est-ce pas remarquable? Dans les trois premières paroles de Jésus sur la croix, le Seigneur pense aux autres. À ses bourreaux : « Père, pardonne-leur » (Lc 23.34). Au brigand repentant : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23.43). À sa mère : « Jean, voici ta mère » (Jn 19.27). Dans les trois dernières paroles, le Seigneur pense à lui. À ses souffrances physiques : « J’ai soif » (Jn 19.28). À son travail : « Tout est accompli » (Jn 19.30). Et maintenant, à son repos. Jésus pense à lui, il prie pour lui. Mais même quand il pense à lui, il pense encore à nous. Il le fait pour nous. Nous aussi, un jour, nous devrons faire face à la mort, à moins que Jésus revienne avant. Nous aussi, nous subirons cette séparation du corps et de l’âme. Nous avons besoin du Seigneur Jésus pour affronter les angoisses de la mort avec sérénité. Nous aurons besoin de faire confiance à notre Père céleste quand notre corps et notre âme vont se séparer.

N’attendez pas la veille de votre mort pour commencer à mettre votre confiance en Dieu. C’est aujourd’hui qu’il faut se tourner vers Dieu, être réconcilié avec lui et lui demander son secours. C’est aujourd’hui qu’il faut commencer à prier pour notre âme, pour notre cœur, pour notre vie spirituelle avec Dieu. Jésus est mort comme il a vécu. Il était naturel pour lui de faire confiance à son Père à l’heure de sa mort, il l’a fait toute sa vie. Si nous attendons au dernier instant pour nous tourner vers Dieu, nous risquons de tout perdre. « Que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme? » (Mc 8.36). Vous êtes-vous déjà demandé à quel endroit ira votre âme quand vous allez mourir? Dans la joie complète avec le Sauveur? Ou dans les tourments éternels? Et aujourd’hui, où est votre cœur et où sont vos pensées? Loin de Dieu ou dans la joie de vivre avec Dieu? Commençons aujourd’hui à vivre pour Dieu. Jésus nous a ouvert le chemin par sa mort.

3. La nature de sa prière🔗

La prière exprime une entière dépendance. Au moment de mourir, Jésus dépend entièrement de son Père et il l’exprime à haute voix. Et pourtant, cette prière est aussi la parole du grand Roi. Jésus n’est pas une pauvre victime, un esclave prisonnier de la mort. Il est en parfait contrôle de la situation. Il parle avec puissance. N’est-ce pas surprenant? Un crucifié sur le point de mourir s’écrie d’une voix forte. Non pas un cri de frayeur ou de désespoir, comme ceux qui agonisent sans aucune espérance. Mais une parole d’autorité : « Je remets mon esprit entre tes mains. » C’est une action accomplie par le Seigneur Jésus, le Roi souverain. Sa prière est de nature royale, elle est pleine d’autorité. Dans un sens, Jésus est passif : Il a été capturé par d’autres, cloué par d’autres, crucifié par d’autres. Et maintenant, il va mourir, mais pas sans sa volonté. Jésus l’avait dit :

« Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même; j’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre; tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père » (Jn 10.17-18).

Nous n’avons pas ce pouvoir. Jésus est souverain. Il remet librement et volontairement son esprit entre les mains de son Père.

N’est-ce pas remarquable? La dernière parole de Jésus est une citation du Psaume 31. Jésus meurt comme il a vécu, avec une Parole de Dieu dans sa bouche. Le Psaume 31 a été écrit par le roi David. C’est une prière royale. Bien sûr, David a exprimé sa dépendance. Il dépendait entièrement de Dieu, son refuge dans la détresse. Mais c’est quand même le roi qui priait. Jésus reprend et approfondit la prière de David. Il prononce une parole royale, pleine de confiance et pleine d’autorité.

Il y a une grande différence entre la mort du Christ et notre mort. Notre esprit partira quand Dieu l’enlèvera. Son esprit est parti quand Jésus l’a donné. Nous ne savons pas quand la mort viendra. À l’inverse, la mort ne savait pas quand Jésus viendrait la combattre. La mort nous surprend comme un voleur. Dans le cas de Jésus, c’est lui le voleur. Il est venu surprendre la mort et lui arracher la victoire. La mort ne pouvait rien lui faire tant que Jésus n’a pas dit : « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Plusieurs s’imaginent que la mort ne les atteindra jamais. On se pense capable de repousser la mort. Soyons réalistes. Nous n’avons aucun pouvoir sur la mort. Nous avons besoin de nous réfugier dans le Seigneur Jésus qui détient tout pouvoir, même sur la mort.

4. Le but de sa prière🔗

La prière vise toujours un but. Quel est le but de sa prière? Que son esprit repose enfin entre les mains du Père. Quel but magnifique! Septième parole sur la croix. Le nombre sept symbolise la plénitude. En six jours, Dieu a créé le monde. Le septième, il s’est reposé de ses œuvres et s’en est réjoui. Jésus a reçu un travail à faire. Il a maintenant achevé son travail. Sixième parole : « Tout est accompli » (Jn 19.30). Et maintenant, septième parole, parole de plénitude, il prie pour que son esprit trouve enfin le repos entre les bonnes mains de son Père. Le jour du sabbat, son corps se reposera dans la tombe et son esprit se reposera en Dieu. Jésus respecte le quatrième commandement même dans sa mort! Il prépare une nouvelle création, une vie nouvelle, un nouvea u repos pour ses élus.

Il fallait d’abord qu’il soit livré entre les mains des hommes. Jésus a dit à ses disciples : « Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes » (Mt 17.22). Les mains des hommes l’ont saisi. Les mains des hommes l’ont battu. Les mains des hommes l’ont cloué à la croix. Les mains des hommes ont transpercé son côté avec la lance. Tout ça, maintenant, est terminé. Jésus s’est volontairement livré aux mains des hommes. Il vient maintenant remettre son esprit entre les mains de son Père. Plus jamais il ne sera entre les mains des méchants. Les mains de ses amis prendront soin de son corps. Les mains de son Père prendront soin de son esprit. Son corps ressuscitera glorieux et victorieux. Son corps et son esprit seront de nouveau réunis, pour toujours. Ce sera pour commencer la nouvelle création! Ses pensées, ses émotions, sa personnalité vont désormais s’exprimer encore mieux, à travers un corps parfait, glorieux, incorruptible. En attendant, son esprit doit être gardé précieusement entre les bonnes mains de son Père. C’est le but de sa prière.

Mais Jésus a un autre but, un but pour nous. Jésus n’aurait-il pas dû prier en silence, dans la plus stricte intimité avec son Père? Nous sommes à l’heure la plus tragique de l’histoire. N’est-ce pas indiscret d’entendre la confidence du mourant? Il rassemble ses dernières forces, et c’est à grand cri qu’il la prononce. Pourquoi? Pour que nous sachions tous qu’il n’est plus rejeté par Dieu, mais que son Père va certainement l’accueillir. N’est-ce pas pour nous et pour notre salut qu’il a fait cette dernière prière? Oui, nous qui sommes pécheurs, la dernière parole de Jésus nous ouvre un libre accès aux portes du ciel. Dès aujourd’hui! Nous pouvons vivre dès aujourd’hui entre les bonnes mains du Père. Jésus ne parle pas souvent des mains de son Père. Il le fait ailleurs, à propos de ses brebis : « Mon Père qui me les a données est plus grand que tous; et personne ne peut les arracher de la main du Père » (Jn 10.29). Sur la croix, Jésus donne sa vie pour ses brebis, pour que ses brebis soient toujours entre les bonnes mains de son Père.

Ce bonheur va durer jusqu’à la fin. Même la mort ne pourra pas nous arracher de la main du Père. Quand nous allons mourir, notre esprit ne va pas s’évanouir en fumée. Cette prière de Jésus est une prière en notre faveur. Nous ne savons pas quel genre de mort nous aurons. Accident, crise cardiaque, lit d’hôpital, vieillesse? Quelle importance? La mort de notre Sauveur nous enlève l’angoisse de la mort. Après toutes ses souffrances, Jésus a réclamé à grand cri la bénédiction qu’il méritait, pour nous donner gratuitement cette bénédiction. Son Père est devenu notre Père. Son refuge entre les mains du Père devient notre refuge, en tout temps, tout au long de notre vie, et spécialement à l’heure de notre mort. Quand Étienne a été lapidé, il a dit juste avant de mourir : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » (Ac 7.59). Sommes-nous prêts, nous aussi, à dire cette prière avec la même confiance?

Quel bonheur! Vivons chaque jour en communion avec Dieu. Vivons chaque jour en lui faisant confiance. Quand la mort viendra nous visiter, soyons prêts à mourir comme nous aurons vécu, en paix avec Dieu, en communion avec lui. Quel bonheur nous aurons de lui faire totalement confiance et de nous en remettre entre ses bonnes mains. Amen.