Cet article a pour sujet l'espérance de la vie à venir; nous y aspirons, car Dieu nous convainc de la vanité de la vie présente qui, malgré qu'elle soit bonne, nous fait désirer la résurrection et la gloire à venir.

Source: Espérer contre toute espérance. 6 pages.

Méditation sur la vie à venir

  1. Pour que nous aspirions à la vie future, le Seigneur nous convainc de la vanité de la vie présente.
  2. Pour que nous n’aimions point trop cette terre, le Seigneur nous y donne à porter notre croix.
  3. Nous ne devons pourtant point haïr cette vie, qui porte en annonce toutes les marques de la bonté de Dieu.
  4. Ce que nous ôtons à l’estime de la vie présente est transféré au désir de la vie céleste.
  5. Le chrétien ne doit point craindre la mort, mais désirer la résurrection et la gloire.
  6. Détournons nos regards des choses visibles, pour les porter sur les invisibles.

1. Pour que nous aspirions à la vie future, le Seigneur nous convainc de la vanité de la vie présente.🔗

En outre, de quelque genre de tribulation que nous soyons affligés, il nous faut toujours regarder cette fin, nous accoutumer au mépris de la vie présente afin d’être, par là, incités à méditer la vie future. Car parce que le Seigneur connaît très bien à quel point nous sommes enclins à un amour aveugle et même brutal de ce monde, il use d’un moyen fort propre pour nous en retirer et réveiller notre paresse, afin que notre cœur ne s’attache trop un tel fol amour.

Il n’y a personne d’entre nous qui ne veuille être vu aspirer tout le cours de sa vie à l’immortalité céleste, et s’efforcer d’y parvenir. Car nous avons honte de n’être en rien plus excellents que les bêtes brutes, dont la condition ne serait en rien inférieure à la nôtre, s’il ne nous restait quelque espoir d’éternité après la mort. Mais si l’on examine les conseils, délibérations, entreprises et œuvres de chacun, on n’y verra rien que terre. Or cette stupidité vient de ce que notre entendement est comme ébloui de la vaine clarté qu’ont les richesses, honneurs et puissances, en leur apparence extérieure, et ainsi ne peut regarder plus loin. Pareillement, notre cœur étant occupé d’avarice, d’ambition, et d’autres mauvaises concupiscences, est ici attaché tellement qu’il ne peut regarder en haut. Finalement, toute l’âme étant enveloppée et comme empêtrée en délices charnelles, cherche sa félicité en cette terre.

Le Seigneur donc, pour obvier à ce mal, enseigne ses serviteurs de la vanité de la vie présente, les exerçant assidûment en diverses misères. Afin donc qu’ils ne se promettent en la vie présente paix et repos, il permet qu’elle soit souvent inquiétée et molestée par guerres, tumultes, brigandages ou autres injures. Afin qu’ils n’aspirent point d’une trop grande cupidité aux richesses caduques, ou acquiescent en celles qu’ils possèdent, il les réduit en indigence, tantôt par stérilité de la terre, tantôt par le feu, tantôt d’autre façon; ou bien il les contient en la médiocrité. Afin qu’ils ne prennent point trop de plaisir en mariage, ou il leur donne des femmes rudes ou de mauvaise tête, qui les tourmentent, ou leur donnent de mauvais enfants pour les humilier, ou il les afflige en leur ôtant femmes et enfants. S’il les traite doucement en toutes ces choses, toutefois afin qu’ils ne s’enorgueillissent point en vaine gloire, ou s’élèvent en confiance désordonnée, il les avertit par maladies et dangers, et quasi leur met devant les yeux combien sont fragiles et de nulle durée tous les biens qui sont sujets à la mortalité.

Par suite, nous profitons alors très bien en la discipline de la croix, quand nous apprenons que la vie présente, si elle est estimée en soi, est pleine d’inquiétude, de troubles, et totalement misérable, et n’est bienheureuse en nul endroit; que tous ses biens qu’un a en estime sont transitoires et incertains, frivoles et mêlés avec des misères infinies. Ainsi nous en concluons qu’il ne faut ici-bas rien chercher ou espérer que bataille; quand il est question de notre couronne, qu’il faut élever les yeux au ciel. Car c’est chose certaine, que jamais notre cœur ne s’adresse à bon escient à désirer et méditer la vie future, sans être premièrement touché d’un mépris de la vie terrestre.

2. Pour que nous n’aimions point trop cette terre, le Seigneur nous y donne à porter notre croix.🔗

Il n’y a nul moyen entre ces deux extrémités : c’est qu’il faut que la terre nous soit en mépris, ou qu’elle nous tienne attachés en un amour intempéré de soi. C’est pourquoi si nous avons quelque souci de l’immortalité, il nous faut diligemment efforcer à cela, que nous nous dépêtrions de ces mauvais liens. Or parce que la vie présente a toujours force délices pour nous attirer, et a grande apparence d’aménité, de grâce et de douceur pour nous amieller, il nous est bien nécessaire d’être retirés d’heure en heure, pour que nous ne soyons point abusés et comme ensorcelés de telles flatteries. Car qu’est-ce qu’il adviendrait, je vous prie, si nous jouissions ici d’une félicité perpétuelle, vu qu’étant piqués assidûment de tant d’éperons, nous ne nous pouvons assez réveiller pour réputer notre misère? Non seulement les gens savants connaissent que la vie humaine est semblable à une ombre ou fumée, mais c’est aussi un proverbe commun entre le populaire. Et parce qu’on voyait que c’était une chose fort utile à connaître, on l’a célébré par plusieurs belles sentences.

Néanmoins, il n’y a chose au monde que nous considérions plus négligemment, ou dont il nous souvienne moins, car nous faisons toutes nos entreprises comme constituant notre immortalité en cette terre. Si on ensevelit un mort, ou si nous sommes en un cimetière entre les sépulcres, parce qu’alors nous avons une image de la mort devant les yeux, je confesse qu’alors nous philosophons très bien de la fragilité de cette vie. Encore que cela ne nous advienne pas toujours, car parfois ces choses ne nous émeuvent guère! Mais quand cela advient, c’est une philosophie transitoire, qui s’évanouit sitôt que nous avons tourné le dos, tellement qu’il n’en reste nulle mémoire : bref, elle s’écoule tout comme un cri de peuple en un théâtre. Car ayant oublié non seulement la mort, mais aussi notre condition mortelle, comme si jamais nous n’en eussions ouï parler, nous retombons en une confiance folle et trop assurée de l’immortalité terrestre. Si quelqu’un cependant nous allègue le proverbe ancien, que l’homme est un animal d’un jour, nous le confessons bien : mais c’est tellement sans y penser, que cette cogitation demeure toujours fichée en notre cœur, que nous avons ici à vivre perpétuellement.

Qui est-ce donc qui niera que ce nous est une chose très nécessaire, je ne dis point d’être admonestés, mais aussi d’être convaincus par tant d’expériences qu’il est possible, combien la condition de l’homme est malheureuse quant à la vie mondaine vu qu’en étant convaincus, à grand-peine laissons-nous de l’avoir en elle admiration, que nous en sommes quasi tous étourdis, comme si elle contenait en soi toute félicité? Or s’il est nécessaire que le Seigneur nous instruise ainsi, notre office est d’écouter ses remontrances, par lesquelles il réveille notre nonchalance, afin que, méprisant le monde, nous aspirions de tout notre cœur à la méditation de la vie future.

3. Nous ne devons pourtant point haïr cette vie, qui porte en annonce toutes les marques de la bonté de Dieu.🔗

Toutefois, les fidèles doivent s’accoutumer à un mépris de la vie présente, tel qu’il n’engendre point une haine de cette vie ni de l’ingratitude envers Dieu. Car bien que cette vie soit pleine de misères infinies, toutefois, à bon droit, elle est nombrée entre les bénédictions de Dieu, qui ne sont point à mépriser. Par conséquent, si nous ne reconnaissons nulle grâce de Dieu en elle, nous sommes coupables d’une grande ingratitude. Singulièrement, elle doit être aux fidèles un témoignage de la bienveillance du Seigneur, vu qu’elle est entièrement destinée à avancer leur salut. Car le Seigneur, avant de nous révéler pleinement l’héritage de la gloire immortelle, se veut déclarer Père à nous en choses moindres : à savoir en ses bienfaits que nous recevons journellement de sa main.

Puisque cette vie nous sert à entendre la bonté de Dieu, n’en tiendrons-nous donc aucun compte, comme si elle n’avait nul bien en soi? C’est pourquoi il faut que nous ayons ce sentiment et affection, de la réputer comme un don de la bénignité divine, qui n’est point à refuser. Car quand les témoignages de l’Écriture manqueraient, qui néanmoins ne manquent pas, encore la nature même nous exhorte que nous devons rendre action de grâces à Dieu, d’autant qu’il nous a créés et mis en ce monde, d’autant qu’il nous y conserve et nous administre toutes choses nécessaires pour y subsister. En outre, cette raison est encore plus grande, si nous réputons qu’il nous y prépare à la gloire de son royaume. Car il a une fois ordonné que ceux qui doivent être couronnés au ciel bataillent premièrement sur la terre, afin de ne triompher qu’après avoir surmonté les difficultés de la guerre, et avoir obtenu la victoire.

Or l’autre raison a aussi son poids : c’est que nous commençons ici à goûter la douceur de sa bénignité en ses bienfaits, pour que notre espoir et désir soit incité à en rechercher la pleine révélation. Après que nous aurons cela arrêté, à savoir que c’est un don de la clémence divine que la vie terrestre, pour lequel, comme pour lui sommes obligés, il nous en faut aussi être reconnaissants : alors il sera temps de descendre à en considérer la malheureuse condition, afin de nous développer de cette trop grande cupidité, à laquelle (comme nous avons montré) nous sommes enclins naturellement.

4. Ce que nous ôtons à l’estime de la vie présente est transféré au désir de la vie céleste.🔗

Or tout ce que nous ôterons à l’amour désordonné de cette vie, il faudra le transférer au désir de la vie céleste.

Je confesse bien que ceux qui ont jugé que notre souverain bien serait de ne naître jamais, le second, de mourir bientôt, ont eu bonne opinion selon leur sens humain. Car vu qu’ils étaient des païens destitués de la lumière de Dieu, et de vraie religion, que pouvaient-ils voir en la vie terrestre sinon toute pauvreté et horreur? Ce n’était pas aussi sans raison que le peuple des Scythes pleurait à la nativité de ses enfants, et quand quelqu’un de leurs parents mourait, qu’ils s’en réjouissaient et faisaient fête solennelle : mais ils ne profitaient de rien en cela. Car, parce que la vraie doctrine de la foi manquait, ils ne voyaient point comment ce qui n’est ni bienheureux ni désirable de soi-même tourne au salut des fidèles. Ainsi, la fin de leur jugement était le désespoir.

Que les serviteurs de Dieu donc suivent toujours ce but en estimant cette vie mortelle : c’est que voyant qu’il n’y a que misère en elle, ils soient plus libres et plus dispos à méditer la vie future et éternelle. Quand ils seront venus à les comparer ensemble, alors non seulement ils pourront passer légèrement la première, mais aussi la mépriser, et ne l’avoir en nulle estime au prix de la seconde. Car si le ciel est notre pays, qu’est-ce autre chose de la terre qu’un passage en terre étrangère, et selon qu’elle nous est maudite à cause du péché, un exil même et un bannissement? Si le départ de ce monde est une entrée dans la vie, qu’est-ce autre chose de ce monde qu’un sépulcre? Et y demeurer, qu’est-ce autre chose que d’être plongés en la mort? Si c’est la liberté que d’être délivré de ce corps, qu’est-ce autre chose du corps qu’une prison? Et si notre souveraine félicité est de jouir de la présence de Dieu, n’est-ce pas misère de n’en point jouir? Or jusqu’à ce que nous sortions de ce monde, nous serons comme éloignés de Dieu (2 Co 5.6). Si donc la vie terrestre est comparée à la vie céleste, il n’y a doute qu’elle peut être méprisée, et aussi estimée comme fiente. Bien est vrai que nous ne la devons jamais haïr, sinon d’autant qu’elle nous détient en la sujétion du péché : encore que proprement cela ne lui est pas à imputer.

Quoi qu’il en soit, encore nous faut-il être las ou fâchés, de telle sorte qu’en désirant d’en voir la fin, nous soyons cependant appareillés à y demeurer au bon plaisir de Dieu, afin que notre ennui soit loin de tout murmure et impatience, car c’est comme une station en laquelle le Seigneur nous a colloqués, et en laquelle il nous faut demeurer jusqu’à ce qu’il nous en rappelle. Paul déplore bien sa condition, de ce qu’il est détenu comme lié en la prison de son corps plus longtemps qu’il ne voudrait, et soupire d’un désir ardent qu’il a d’être délivré (Rm 7.24). Toutefois pour obtempérer au vouloir de Dieu, il proteste qu’il est prêt à l’un et à l’autre, parce qu’il se connaissait débiteur de Dieu pour glorifier son nom, fût-ce par sa vie, fût-ce par sa mort (Ph 1.23-24). Or c’est à faire au Seigneur de déterminer ce qui est expédient pour sa gloire. Dès lors, s’il nous convient de vivre et mourir pour lui (Ph 1.20), laissons à son bon plaisir tant notre vie que notre mort (Rm 14.7-8), en sort néanmoins que nous désirions toujours notre mort, et la méditions assidûment, méprisant cette vie mortelle au prix de l’immortalité future, et désirant d’y renoncer toutes les fois qu’il plaira au Seigneur, à cause qu’elle nous détient en la servitude du péché.

5. Le chrétien ne doit point craindre la mort, mais désirer la résurrection et la gloire.🔗

Mais cela est une chose semblable à un monstre, que plusieurs qui se vantent d’être chrétiens, au lieu de désirer la mort l’ont en telle horreur que dès qu’ils en entendent parler, ils tremblent comme si c’était le plus grand malheur qui leur pût advenir. Ce n’est point merveille si le sens naturel est ému et étonné quand nous entendons dire que notre corps doit être séparé de l’âme; mais cela n’est nullement tolérable, qu’il n’y ait point assez de lumière en un cœur chrétien, qu’elle ne puisse surmonter et opprimer cette crainte, quelle qu’elle soit, par une grande consolation. Car si nous considérons que ce tabernacle de notre corps, qui est infirme, vicieux, corruptible, caduc, et tendant à la pourriture, est défait et quasi démoli, afin d’être après restauré en une gloire parfaite, ferme, incorruptible et céleste : la foi ne nous contraindra-t-elle point de désirer ardemment ce que la nature fuit et a en horreur? Si nous pensons que par la mort nous sommes rappelés d’un misérable exil, afin d’habiter en notre pays, voire notre pays céleste n’aurons-nous pas à concevoir une singulière consolation de cela?

Mais quelqu’un objectera que toutes choses désirent de persister en leur être. Je le confesse, et pour cette cause je maintiens qu’il nous faut aspirer à l’immortalité future, là où nous aurons une condition arrêtée, qui n’apparaît nulle part sur la terre. Car Paul enseigne très bien les fidèles de marcher allègrement à la mort, non pas comme s’ils voulaient être dévêtus, mais parce qu’ils désirent être mieux revêtus (2 Co 5.2-4). Est-ce raison que les bêtes brutes, et même les créatures insensibles jusqu’au bois et aux pierres, ayant comme quelque sentiment de leur vanité et corruption, soient en attente du jour du jugement pour en être délivrées (Rm 8.19-21), et que nous, au contraire, ayant premièrement quelque lumière de nature, mieux encore, étant illuminés de l’Esprit de Dieu, quand il est question de notre être, n’élevions point les yeux par-dessus cette pourriture terrestre?

Mais ce n’est pas mon intention de disputer ici au long contre une si grande perversité. Et de fait, j’ai dès le commencement déclaré que je ne voulais point ici traiter chaque matière par forme d’exhortation. Je conseillerai à telles gens d’un courage si timide, de lire le livre de S. Cyprien, qu’il a intitulé De la Mortalité, n’était qu’ils sont dignes qu’on les renvoie aux philosophes, auxquels ils trouveront un mépris de la mort qui leur devra faire honte.

Toutefois, il nous faut tenir cette maxime, que nul n’a bien profité en l’école de Christ, sinon celui qui attend avec joie et liesse le jour de la mort, et de la dernière résurrection, car Paul décrit tous les fidèles par cette marque (2 Tm 4.8; Tt 2.13); et l’Écriture a cette coutume de nous y rappeler, quand elle nous veut proposer matière de réjouissance : Réjouissez-vous, dit le Seigneur, et levez la tête en haut, car votre rédemption approche (Lc 21.28). Quel propos y a-t-il, je vous prie, que ce que Jésus-Christ a pensé être propre à nous réjouir, n’engendre en nous sinon tristesse et étonnement. S’il en est ainsi, pourquoi nous glorifions-nous d’être ses disciples? Retenons-nous donc en meilleur sens! Et bien que la cupidité de notre chair, comme elle est aveugle et stupide, y répugne, ne doutons point de souhaiter l’avènement du Seigneur comme une chose très heureuse, et non seulement par simple désir, mais jusqu’à gémir et soupirer auprès. Car il nous viendra rédempteur pour nous introduire en l’héritage de sa gloire, après nous avoir retirés de ce gouffre de tous maux et misères.

6. Détournons nos regards des choses visibles, pour les porter sur les invisibles.🔗

En vérité, il en est ainsi : c’est qu’il faut que tous les fidèles, cependant qu’ils habitent en cette terre, soient comme brebis destinées à la boucherie (Rm 8.36), afin d’être faits conformes à leur Chef Jésus-Christ. Ils seraient donc désespérément malheureux, sinon qu’ils dressassent leur entendement en haut pour surmonter tout ce qui est au monde, et outrepasser le regard des choses présentes (1 Co 15.29-32).

Au contraire, s’ils ont une fois élevé leurs pensées par-dessus les choses terrestres, quand ils verront les iniques fleurir en richesses et honneurs, être en bon repos, avoir toutes choses à souhait, vivre en délices et pompes; voir même quand ils seront traités par eux inhumainement, quand ils endureront l’opprobre, quand ils seront pillés ou affligés de quelque manière d’outrage que ce soit : encore leur sera-t-il facile de se réconforter en tels maux. Car ils auront toujours devant les yeux ce jour dernier, auquel ils sauront que le Seigneur doit recueillir ses fidèles dans le repos de son Royaume, torcher les larmes de leurs yeux, les couronner de gloire, les vêtir de liesse, les rassasier de la douceur infinie de ses délices, les exalter en sa hautesse, en somme, les faire participants de sa félicité (És 25.8; Ap 7.17); au contraire, jeter en extrême ignominie les iniques qui se seront magnifiés en cette terre, changer leurs délices en horribles tourments, leurs ris et joie en pleurs et grincements de dents, inquiéter leur repos par d’affreux troubles de conscience : en somme, les plonger dans le feu éternel, et les mettre en la sujétion des fidèles, qu’ils auront maltraités iniquement. Car telle est la justice comme en témoigne Paul, de donner repos aux misérables et injustement affligés, et rendre affliction aux méchants qui affligent les bons, en cette journée-là où le Seigneur Jésus sera révélé du ciel (2 Th 1.6-7).

Voilà certes notre consolation unique; si elle nous est ôtée, ou il nous sera nécessaire de perdre courage, ou bien de nous flatter et amieller par des consolations vaines et frivoles qui nous tourneront en ruine. Car le prophète même confesse qu’il a vacillé, et que ses pieds ont quasi glissé, cependant qu’il s’arrêtait trop à réputer la félicité présente des iniques, et qu’il n’a pu consister jusqu’à ce qu’il ait réduit sa cogitation à contempler le sanctuaire de Dieu, c’est-à-dire à considérer quelle sera une fois la fin des bons et iniques (Ps 73.2-3,17-20, etc.).

Pour conclure en un mot, je dis que la croix de Christ alors finalement triomphe dans le cœur des fidèles à l’encontre du diable, de la chair, du péché, de la mort et des iniques, s’ils tournent pareillement les yeux à regarder la puissance de sa résurrection.