« Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

Matthieu 6.9-10

La troisième demande du Notre Père, qui est la prière que Jésus a enseignée à ses disciples, ne peut pas être séparée de la seconde : « Que ton règne vienne. » Tout simplement parce que ce règne sera définitivement installé lorsque la volonté de Dieu sera faite sur la terre comme au ciel, en d’autres termes lorsqu’il y aura une parfaite adéquation entre la volonté de Dieu et les actes, paroles et pensées des hommes. En fait, cette troisième demande reconnaît implicitement que la volonté de Dieu est loin d’être reconnue et vécue par les hommes, car si tel était le cas, il ne serait pas nécessaire de demander à Dieu que cette volonté soit faite.

Cela veut-il dire que Dieu n’est pas en contrôle et qu’il ne parvient pas à établir son règne par la reconnaissance et l’application de sa volonté? Rien n’est moins sûr. Dieu gouverne et contrôle les événements du monde d’une manière mystérieuse pour nous, il conduit toutes choses de telle manière que même ce qui s’oppose manifestement à sa volonté contribue en fin de compte à l’accomplissement de son plan.

La Bible est pleine de tels exemples, par exemple avec l’histoire de Joseph, le fils du patriarche Jacob, qui nous est racontée dans le livre de la Genèse. Joseph est vendu comme esclave par ses frères jaloux de lui. Après de nombreuses épreuves et pérégrinations, il est élevé au rang de premier ministre du pharaon d’Égypte. C’est à ce titre que bien des années plus tard il devient aussi l’instrument providentiel du salut de sa famille, durement éprouvée par une famine au pays de Canaan. Ce qui ne signifie aucunement que les frères de Joseph n’ont pas fauté envers lui et envers Dieu en le vendant comme esclave, car leurs motifs étaient totalement impurs, voire criminels.

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Mais où donc trouver cette volonté? Faut-il avoir accès aux sphères célestes, s’élever par soi-même jusqu’à Dieu pour la découvrir? Il n’est pas besoin de tant d’efforts, car Dieu révèle parfaitement sa volonté dans sa loi. Le livre de l’Exode, qui suit celui de la Genèse dans l’Ancien Testament, contient le Décalogue, c’est-à-dire les dix commandements, où se trouve condensée l’essence de la loi divine. Jésus-Christ l’a résumée de la façon suivante :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force, et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de plus grand commandement que ces deux-là » (Mc 12.29-31).

Voilà ce qu’il a répondu à ceux qui lui posaient la question du plus grand commandement dans la loi de Dieu.

Il faut cependant bien comprendre que prier « Que ta volonté soit faite », et le faire en prenant en compte les commandements de Dieu, c’est bien souvent devoir faire plier notre propre volonté, qui s’oppose à celle de Dieu clairement révélée. Soumettre notre propre volonté à celle du Seigneur de notre vie, voilà l’impératif de cette demande. Et cela peut impliquer des décisions drastiques dans notre vie.

Toutefois, sachons en même temps que chaque fois que nous soumettons notre volonté à celle de Dieu, par amour pour lui et pour notre prochain, alors nous contribuons à notre manière à la venue du règne de Dieu sur terre; nous en recueillons aussi à court et à long terme les fruits bénéfiques.